- Épiphanie
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Épiphanie L'adoration des Mages peint par Matthias Stom (vers 1600-1650)Autre nom Théophanie Observé par les chrétiens Type Célébration religieuse Signification Adoration des Mages Date 6 janvier Observances Galette des Rois Lié à Noël L'Épiphanie est une fête chrétienne qui célèbre la visite des mages à l'enfant Jésus, le Messie dans le monde. Elle a lieu le 6 janvier[1]. En France et en Belgique, puisque ce jour n'est pas férié, elle est célébrée le deuxième dimanche suivant Noël.
« Épiphanie » est un mot d'origine grecque, Ἐπιφάνεια (Epiphaneia) qui signifie « manifestation » ou « apparition » – du verbe φαίνω (faïnò), « se manifester, apparaître, être évident » – et dont l'utilisation est antérieure au christianisme[2]. Les Épiphanes sont, dans la culture grecque, les divinités qui apparaissent aux hommes, comme Zeus, Athéna, Hermès, Héra, Poséidon, Déméter, Héphaïstos, Aphrodite, Arès, Artémis, Hestia. L'Épiphanie chrétienne ne s'inspire pas du culte païen des Épiphanes, car il s'agit d'une célébration de la manifestation publique du Fils de Dieu incarné (Jésus) au monde, non pas à partir d'une révélation extérieure à l'humanité ou sous les apparences de l'humanité, comme dans la mythologie grecque, mais dans la naissance d'un enfant dans le peuple juif et qui en est le messie, et sa rencontre avec le monde païen, symbolisé par les mages de l'évangile.
La fête s'appelle aussi « Théophanie », qui signifie « manifestation de Dieu ». Au XIXe siècle on l'appelait le jour des Rois en référence des Rois mages[3].
La fête était à l'origine, jusqu'à la fin du IVe siècle, la grande et unique fête chrétienne de la manifestation du Christ dans le monde : incarnation, Nativité, manifestation par la venue des mages, manifestation par la voix du Père et la colombe sur le Jourdain, manifestation par le miracle de Cana. Depuis l'introduction d'une fête de la Nativité (Noël) le 25 décembre, l'Épiphanie s'est spécialisée de façons diverses selon les confessions, et a adopté des sens variés.
Sommaire
Les origines de la fête
Une fête de la Lumière
L'Épiphanie, tout comme le cycle de Noël, est loin d'être d'origine purement chrétienne, mais tire son fond et son sens des célébrations païennes de la Lumière.
En effet, Noël, avant d'être un jour, est d'abord un cycle, qui atteint son apogée au jour du solstice d'hiver (ou en tout cas un des jours associés au solstice) le 25 décembre. Cette nuit du solstice, qui est la plus longue de l'année, signifie le retour de la Lumière ou, mieux, la renaissance de la Lumière à l'origine de toutes choses. Puis la célébration se prolonge durant un nombre de jours hautement symbolique : 12 jours. Ainsi Noël est-elle une fête qui dure 12 jours et 12 nuits, le 12 représentant entre autres la Totalité (12 mois, 12 heures, 12 Apôtres, 12 Dieux Olympiens, 12 Tribus d'Israël, etc.)
Le cycle prend fin le 6 janvier. C'est à ce moment que les jours commencent à s'allonger de façon sensible, que la promesse de la nuit solsticiale est tenue. On célèbre alors l'Épiphanie, la manifestation de la Lumière. La galette symbolise par sa forme ronde le soleil. Il est à noter également que c'est ce jour (en tout cas son équivalent, car le calendrier de la Rome antique n'était pas le nôtre) qu'avait lieu la fête des 12 Dieux Épiphanes (autrement dit les 12 Olympiens).
Le christianisme a repris tout ce fonds symbolique en assimilant la lumière au Christ, puisqu'il est compris comme la parole qui éclaire le monde.
Le sens chrétien de la fête
Dans l'Église latine
Cette fête célèbre la visite de l'enfant Jésus par les mages, relatée dans l'Évangile selon Matthieu. Bien que la Bible ne donne pas leur nombre et ne parle que de savants venus d'Orient, ils sont couramment appelés les trois Rois mages et nommés respectivement : Gaspard, Melchior et Balthazar.
Dans certains pays, la célébration liturgique de la fête est reportée à un dimanche, en vertu d'un indult papal. Il s'agit de permettre aux gens de célébrer la fête dans les cas où ils doivent travailler le 6 janvier si ce jour n'est pas férié. Ainsi, en France et en Belgique, cette fête est célébrée le deuxième dimanche après Noël. En Espagne, la célébration de l'Épiphanie est particulièrement importante, le jour en effet est férié.
Dans les Églises byzantines
La fête commémore le baptême du Christ dans le Jourdain, la descente du Fils de Dieu au milieu de sa création, la stupeur de cette création qui reconnaît son Créateur (le Jourdain retourne en arrière) et la manifestation de la Divine Trinité (la voix du Père et la colombe rendent témoignage au Fils).
Dans certains pays de tradition byzantine, en particulier en Grèce, en Bulgarie, en Roumanie, en Serbie et en Russie, une croix est lancée par l'évêque dans un fleuve ou dans la mer et les jeunes gens rivalisent, en cette saison froide, pour plonger et la rapporter. La fête s'appelle généralement Théophanie et elle est préparée par un jeûne strict le 5 janvier.
À Jérusalem, à l'Athos, en Russie, en Serbie et en Géorgie, la fête est célébrée le 6 janvier selon le calendrier julien qui coïncide actuellement avec le 19 janvier du calendrier grégorien.
Dans l'Église arménienne
La fête est une des plus grandes fêtes de l'année car Noël n'est pas fêté le 25 décembre mais, selon l'usage chrétien ancien, le 6 janvier.
Cela correspond aussi aux anciennes traditions des premières églises chrétiennes (antérieures à la conversion de l’Empire romain) et même aux traditions familiales de l’époque, selon lesquelles un enfant ne devient le fils de son père que le jour de sa présentation à lui et la reconnaissance du fils par son père, et ce jour là, on rend aussi grâce à la mère pour cet enfant reconnu par son père et qui se soumet à sa volonté.
Le baptême de Jésus dans le Jourdain correspond donc à cette présentation du Fils au Père, c’est aussi l’acte de la soumission de Jésus à la volonté divine et c’est aussi la date où le Père se révèle à lui. La nativité fêtée prend alors une signification plus théologique que dans l’Église catholique romaine, puisque c’est aussi traditionnellement la date par laquelle il reçoit du père la révélation de sa mission prophétique : ce qui est fêté est plus la naissance du « Christ sauveur » et la manifestation de Dieu (théophanie), que celle de l’enfant Jésus, même si cette célébration est directement liée à sa naissance.
L'Épiphanie dans la tradition populaire
Tirer les Rois
La tradition veut que l'Épiphanie soit l'occasion de « tirer les rois » : une figurine est cachée dans une pâtisserie et la personne qui obtient cette fève devient le roi de la journée. Cette pratique trouverait son origine dans les Saturnales de la Rome antique.
En France, depuis le XIVe siècle, on mange la galette des Rois à l'occasion de cette fête. La tradition veut que l'on partage la galette en autant de parts que de convives, plus une. Cette dernière, appelée « part du Bon Dieu », « part de la Vierge » ou « part du pauvre », était destinée au premier pauvre qui se présenterait au logis.
Un usage moderne veut aussi que la traditionnelle fève soit accompagnée ou remplacée par un petit sujet caché à l'intérieur de la pâte de la galette des Rois. La personne ayant dans sa part la fève sera symboliquement couronnée roi ou reine et devra offrir la prochaine galette ; quant à celui qui a le sujet, il devra offrir la boisson (mousseux, muscat, ou champagne selon la bourse... ).
Lorsqu'il y a des enfants, l'un d'entre eux – en général le plus jeune – doit se placer sous la table et, tandis que la personne qui fait le service choisit un morceau, l'enfant désigne le destinataire de cette portion.
Des variantes se sont développées. Certaines familles s'arrangent pour que la fève ou la figurine revienne à un des plus jeunes enfants. Il est couronné roi ou reine. Il choisit alors son roi ou sa reine qui est souvent sa mère ou son père. Fréquemment, les « Rois » sont tirés plusieurs fois au cours de la période.
Dans le sud-ouest de la France, traditionnellement, on ne prépare pas une galette, mais un gâteau des rois qui est une brioche en forme de couronne, que l'on nomme « còca » en occitan et qui est couverte de sucre granulé. Dans le sud-est, cette même couronne est, en plus du sucre, garnie et couverte de fruits confits. Un santon (généralement santon-puce) tend à remplacer la fève. Cette « couronne des Rois » est toujours très présente mais se fait souvent concurrencer par la galette, moins chère (les fruits confits sont coûteux) mais aussi de fabrication et conservation (voire de manipulation !) plus facile.
On trouve des coutumes similaires en Espagne, au Portugal (Bolo Rei) et dans les pays d'Amérique latine. Le Día de los Reyes Magos y est souvent un jour férié et les enfants y reçoivent leurs cadeaux plutôt qu'à Noël.
Les artisans boulangers-pâtissiers offrent tous les ans la galette de l'Élysée. Cette galette ne contient pas de fève de façon à ce que le président de la République ne puisse pas être couronné. Cette tradition remonte à l'année 1975, date à laquelle fut offerte à Valéry Giscard d'Estaing une galette géante d'un mètre de diamètre[4].
En Belgique et aux Pays-Bas : on mange également une galette à la pâte d’amande. Le plus jeune se cache sous la table pour désigner les parts et le roi du jour choisit sa reine. Pendant la journée les enfants parcourent les rues en chantant la chanson de l’étoile et font du porte à porte pour recevoir des mandarines et des bonbons. Cette coutume tend à disparaître en Belgique. Dans les campagnes flamandes cela se fait encore. Notons au passage qu’en Wallonie, c’est à ce moment qu’on commence la préparation du Carnaval.
La tradition de tirer les Rois existe aussi dans le sud des États-Unis, sous le nom de king cake (en). Ceux-ci sont mangés pendant toute la période qui va de l'Épiphanie jusqu'au carnaval de mardi gras. La fête a lieu le 6 janvier.
En Grèce et à Chypre, il n'y a pas de galette « des rois » à proprement parler. La Vassilopita est aujourd'hui une galette en l'honneur de saint Basile de Césarée. Cette galette est préparée la veille du nouvel an et ce n'est qu'au 1er janvier, jour anniversaire de la mort du saint qu'elle est coupée. On y dispose traditionnellement une pièce en or, mimant ainsi une disposition que fît adopter le saint pour répartir de manière égale la rançon non utilisée pour stopper le siège de Césarée. Toutefois, l'origine de la tradition byzantine remonte très certainement aux Kronia de la Grèce antique et aux Saturnales de Rome, comme l'a démontré l'anthropologue Margarett Hasluck[5].
Fêtes locales
Selon les pays, des festivités particulières issues de traditions locales, sont organisées. Ainsi, en Bulgarie, les hommes exécutent une danse traditionnelle, le horo, dans l'eau glacée.
Le village des Mages
Un couplet ajouté à la version en occitan de la chanson La Marche des Rois raconte que les Mages, après être repartis de Bethléem, se seraient arrêtés dans un village du Gard qui, depuis, s'appellerait Les Mages :
« De retorn
Faguèr' un viratorn
E s'arrestèran dins nòstre vilatge
De retorn
Faguèr' un viratorn
Restèr' aicì crese dos o tres jorns
E desempuei, ieu o creiriei
Nòstre païs a portat lo nom das Mages
E desempuei, ieu o creiriei
Que per patrons avem los tres grands Reis. »Depuis le 6 janvier 2000, à Les Mages, un spectacle basé sur un texte brodé autour de cette légende est souvent représenté à l'occasion de l'Épiphanie.
Prénoms fêtés
C'est le jour de l'Épiphanie que l'on fête les Tiphaine (en français), Tifenn (en breton), Tiffany (en anglais) ou Théophano, Théano (en grec). Ce prénom correspond en effet au mot Théophanie, ou manifestation de Dieu, autre nom de la fête. On fête les Jordan et les Jordane. On fête aussi les Noël ... s'ils sont Arméniens.
Durant les quatre premiers siècles de l'histoire chrétienne, l'Église avait l'habitude de fêter le 6 janvier toutes les manifestations de Dieu sur la terre : la Nativité (Noël), l'Adoration des mages, le baptême du Christ et les noces de Cana. Le changement de l'eau en vin et la multiplication des pains (ou Phagiphanie) étaient ainsi commémorés par une même fête avec la Nativité.
Les fêtes ont ensuite été dissociées : pour le 6 janvier, les Latins ont retenu l'Adoration des mages et les Grecs le Baptême du Christ. Les Éthiopiens et les Arméniens ont conservé une fête unique pour la célébration de Noël, le 6 janvier pour les Arméniens et le 6 ou le 7 janvier pour les Ethiopiens en fonction du calendrier.
Iconographie
Iconographie néotestamentaire
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Cappadoce, fresque XIIe siècle
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Icône byzantine
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Boticelli (1475), Galerie des Offices
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Maître de Messkirch (1538), église Saint-Martin de Messkirch
Peinture de genre
- Gabriel Metsu (Provinces-Unies, 1629-1667), Fête des Rois ou Le Roi boit, v.1650-1655 (Alte Pinakothek, Munich).
- Jacob Jordaens (Flandre, 1593-1678), Le Roi boit !, v.1656 (Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles).
- Jan Steen (Provinces-Unies, v.1625-1679), La Fête des Rois, v.1668 (Staatliche Museen, Kassel).
Notes et références
- page 793, colonne de droite, ligne 6. Lire le texte transcrit sur wikisource Dictionnaire universel françois et latin, dit de Trévoux, 6e édition (1771), notice « Épiphanie »,
- Antiochus IV dit « Épiphane ». cfr. p. ex. le surnom donné à
- Ambroise Guillois, Les Saints Evangiles des Dimanches et principales fêtes de l'année, Le Mans, 1840 [lire en ligne], p. Depuis qu'on célèbre, d'une manière particulière, chacun des trois mystères dont nous venons de parler, on a laissé l'adoration des Mages au jour même de l'Epiphanie, qui pour cela est appelé le jour des Rois.
- http://www.metrofrance.com/x/metro/2009/01/07/XPTlDNbWCm6Y/index.xml
- JSTOR Margaret M. Hasluck, "The Basil-Cake of the Greek New Year", Folklore 38:2:143 (June 30, 1927)
Voir aussi
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