- Énurétique
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Énurésie nocturne
L’énurésie nocturne est une affection caractérisée par la survenue pendant le sommeil de mictions involontaires et inconscientes chez l’enfant de plus de cinq ans ou l’adulte. C’est ce que désigne familièrement l’expression « faire pipi au lit ». L’énurésie est due à un sommeil trop profond, à un manque de maturité du réflexe de miction ou à un trouble psycho-affectif. Dans de rares cas, l’énurésie nocturne est le signe d’une malformation de l’appareil urinaire.
L’énurésie nocturne est dite primaire si l’enfant a toujours mouillé son lit et secondaire si une période de propreté de 6 mois a été observée. Dans ce cas, la cause est souvent un trouble psycho-affectif.
Elle est dite monosymptomatique si elle est isolée, c’est-à-dire si elle n’est pas associée à une énurésie ou à des problèmes mictionnels diurnes.
Sommaire
Épidémiologie
10 à 20 % des enfants en souffrent à 5 ans, 3 à 4 % des enfants en souffrent à 10 ans, 1 à 2 % des enfants en souffrent à 15 ans[1],[2]. On estime qu’une personne adulte sur 500 en reste affectée à vie. Les garçons en souffrent deux à trois fois plus souvent que les filles.
Causes
Les causes peuvent en être multiples : problèmes psychologiques, de sommeil ou proprement urologique (cystite). Une constipation y est assez fréquemment associé[3].
Deux gènes sur les chromosomes 12 et 13 ont été isolés dans certaines familles d’énurétiques, mais leur rôle réel n’est pas clair[4]. Si l’un des parents était énurétique, il y a 44 % de chances que l’enfant le soit. Si les deux parents étaient énurétiques, il y a 77 % de chance que l’enfant le soit. Un enfant énurétique a respectivement une probabilité de 23 % et 35 % d’avoir une mère ou un père anciennement énurétique[4].
Examen
Un examen clinique permet d’éliminer les arguments en faveur d’une maladie neurologique.
De manière systématique, un examen cytobactériologique des urines (prélèvement de manière stérile d’un échantillon d’urines pour examen au microscope et mise en culture) est fait de manière à éliminer une infection urinaire. L’absence de sucre dans les urines permet d’éliminer un diabète.
Si l’énurésie est également diurne, un avis spécialisé est nécessaire. L’échographie vésicale permet d’évaluer le volume de la vessie et son résidu (volume après miction). Une exploration urodynamique peut être parfois proposée.
Traitement
Règles hygiéno-diététiques et abord comportemental
Il s’agit du traitement de première ligne dans l’énurésie isolée ; il est efficace dans 30 % des cas[5]. Différentes mesures hygiéno-diététiques sont préconisées : il est ainsi conseillé de favoriser la miction avant le coucher, d’éviter les boissons dans les deux heures qui précèdent celui-ci. Il est préconisé d’adopter une attitude visant à dédramatiser la situation et à responsabiliser l’enfant (explication de la physiologie de la miction, tenue d’un calendrier de propreté, participation de l’enfant au nettoyage, abolition des couches protectrices). En revanche, les brimades, moqueries et réprimandes sont à éviter de même que la pratique de levers nocturnes systématiques qui désorganisent le sommeil de l’enfant.
Le traitement d’une constipation associée peut aider à la résolution du problème[6].
Systèmes d'alarme
Il existe différents systèmes d’alarme commercialisés qui amènent à un réveil de l’enfant dès le tout début de la miction nocturne. Ils fonctionnent sur le principe de la conductivité électrique de l’urine qui agit comme un interrupteur et enclenche une sonnerie. Ces systèmes ont fait la preuve de leur utilité dans le traitement de l’énurésie primaire monosymptomatique[7],[8].
Traitements médicamenteux
Le traitement médicamenteux ne doit pas être prescrit en première intention et sera discuté en cas d’échec des mesures générales et lorsque l’énurésie devient mal tolérée par l’enfant ou l’adolescent. Il convient de retenir deux médicaments : la desmopressine et l’oxybutinine. Les antidépresseurs tricycliques (imipramine et clomipramine) ne sont plus indiqués dans l’énurésie chez l'enfant en raison de leurs effets secondaires potentiellement graves[9]. Seule la desmopressine, qui est un analogue structural de l’arginine vasopressive de synthèse (hormone antidiurétique ou ADH), à l’indication dans le traitement de l’énurésie isolée avec une efficacité démontrée[10]. Elle aurait pour action principale de diminuer la diurèse nocturne en augmentant la réabsorption d’eau au niveau du tube collecteur du néphron. Son effet secondaire principale serait la survenue d’une baisse sanguine du taux de sodium (hyponatrémie) qui peut être prévenue en recommandant de ne pas boire entre la prise du comprimé et le sommeil[11]. L’oxybutinine est indiquée dans l’énurésie associée à des troubles mictionnels diurnes à type d’instabilité vésicale (impérisosités mictionnelles et fuites urinaires[12]. Elle agit sur le détrusor en diminuant l’amplitude des contractions non inhibées de la vessie et augmente ainsi sa capacité fonctionnelle[13].
Divers
L’acteur américain Michael Landon (Charles Ingalls dans « La petite maison dans la prairie »), énurétique durant son adolescence, a produit et interprété un film sur ce sujet : « The Loneliest Runner », où un étudiant de 18 ans arrive à guérir de ce handicap, malgré les quolibets de ses condisciples, grâce à la course de fond.
Notes et références
- ↑ Hellstrom AL et al. Micturition habits and incontinence in 7-year-old Swedish school entrants. Eur J Pediatr 1990;149:434-7
- ↑ Scharf MB et al. Childhood enuresis, a comprehensive treatment program. Psychiatr Clin North Am 1987;10:655-66
- ↑ McGrath KH, Caldwell PHY, Jones MP, (en)The frequency of constipation in children with nocturnal enuresis: a comparison of parental reporting, J Paediatr Child Health, 2008;44:19-27
- ↑ a et b von Gontard A et al. The genetics of enuresis: a review. J Urol 2001; 166: 2438-43
- ↑ Moutard ML. Traitement de l’énurésie. Médecine thérapeutique/pédiatrie 1998;1(5):453-457.
- ↑ Loening-Baucke V, (en)Urinary incontinence and urinary tract infection and their resolution with treatment of chronic constipation of childhood, Pediatrics, 1997;100:228-232
- ↑ Évaluation des systèmes d’alarme dans le traitement de l’énurésie nocturne primaire mono symptomatique [pdf], ANAES/HAS, mars 2003.
- ↑ Glazener CM, Evans JH, Peto R, (en)Alarm interventions for nocturnal enuresis in children, Cochrane Database Syst Rev, 2005;2:CD002911-CD002911
- ↑ P. Berlier, « Traitements médicamenteux » in P. Cochat, Enurésie et troubles mictionnels de l’enfant, Elselvier, 1997, p. 107-114.
- ↑ Glazener CM, Evans JH, (en)Desmopressin for nocturnal enuresis in children, Cochrane Database Syst Rev, 2002;3:CD002112-CD002112
- ↑ Robson WLM, Norgaard JP, Leung AKC, (en)Hyponatremia in patients with nocturnal enuresis treated with DDAVP, Eur J Pediatr, 1996;155:959-962
- ↑ Nevéus T, (en)Oxybutynin, desmopressin and enuresis, J Urol, 2001;166:2459-2462
- ↑ M. Averous, « Le contrôle mictionnel au cours du sommeil », Revue du Praticien, 1991, no 41, p. 2282-2287
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