Économie informelle

Économie informelle

L'économie informelle se définit par rapport à l'économie officielle et moderne qui assure aujourd'hui, dans les pays économiquement développés, l'essentiel de la production des biens et des services. L'expression « secteur informel » (ou « secteur non structuré ») vient du Bureau international du travail.

Sommaire

La définition

Plusieurs critères ont été retenus pour caractériser le travail dans le secteur informel :

  • la facilité d’accès aux activités ;
  • l’utilisation de ressources locales ;
  • la propriété familiale des entreprises ;
  • l’échelle restreinte des opérations ;
  • l’utilisation de techniques simples et le nombre réduit de travailleurs ;
  • des qualifications qui s’acquièrent en dehors du système scolaire officiel ;
  • des marchés échappant à tout règlement et ouvert à la concurrence.

Les différentes économies informelles

L'économie familiale et domestique

L'économie familiale était autrefois la composante la plus importante de l'économie et assurait l'essentiel des activités de production. Son déclin relatif est dû au développement de l'économie de marché, au développement de l'économie sociale qu'il a fallu financer — assurance maladie, retraites, chômage, services sociaux — et au besoin des économies modernes de contrôler les flux économiques.

Les principaux travaux réalisés dans le cadre de l'économie familiale sont :

  • la transformation des achats alimentaires en biens de consommation (repas) ;
  • les activités de service, telles : le ménage et les travaux de couture, le jardinage, bricolage et petites réparations ;
  • les activités de service à la personne : garde des enfants, garde des malades et des personnes âgées, transports des personnes.

Selon une étude de l'INSEE (organisme français), s'il fallait valoriser au prix de marché cette économie familiale, elle représenterait au moins une somme égale au deux-tiers du PIB. De plus, favorisée par le haut niveau de chômage, et le temps libre, cette économie semble en pleine expansion.

Si à ses activités de base, on ajoute d'autres activités plus commerciales ou de services telles que l'aide à l'exploitation familiale agricole ou artisanale (récolte de productions agricoles, petite comptabilité, accueil et renseignements des clients, etc.), l'économie familiale représenterait plus des trois-quart du PIB.

L'économie conviviale

L'économie conviviale semble très proche de l'économie familiale, mais elle est tournée vers l'extérieur de la cellule familiale. Il s'agit d'une forme de dons gratuits qui prennent en charge une partie de la vie sociale et économique. Elle est donc constituée pour l'essentiel par des activités d'entraide, d'animation sociale et de loisirs hors de la famille, et ne donnant pas lieu à une quelconque rémunération au sens de l'économie formelle.

Cette forme d'économie peut prendre appui sur des structures associatives plus ou moins organisées (association de quartier, organisations religieuses, sportives, syndicales ou politiques). Les principaux travaux réalisés dans le cadre de l'économie conviviale sont :

  • les services rendus à des voisins ou à des personnes âgées ou handicapées ;
  • la production de petits objets et d'aliments vendus lors de fêtes et coup de main à leur organisation ;
  • la participation gratuite à l'organisation et au déroulement d'activités culturelles, cultuelles, syndicales ou politiques.

Le phénomène le plus récent et le plus marquant concernant cette économie est le fait qu'elle est de plus en plus soutenue et encouragée par la société civile et par les mass media ("Les Restos du Cœur", "Sidaction", "Opération Pièces Jaunes", etc).

Aucune étude disponible ne semble avoir été faite sur la richesse générée par cette économie, mais elle semble être du même niveau que celle générée par l'économie familiale, soit deux-tiers du PIB.

Dans certains cas, l'économie conviviale semble être la solution la plus souple, la plus efficace et la moins onéreuse, pour prendre en charge certaines activités de service public, telles, par exemple :

  • les réseaux d'entraides aux personnes hospitalisées, âgées ou handicapées ;
  • le développement de l'animation culturelle et sportive des quartiers ;
  • le développement des activités culturelles sur Internet — comme Wikipédia ;
  • les activités de parrainage ou de service public assurées par les retraités : associations d'aide aux petits entrepreneurs ou aux chômeurs, activités de conseils divers et de soutien aux personnes en difficulté ;
  • etc.

L'économie souterraine ou clandestine

L'économie souterraine ou clandestine regroupe trois formes d'activités très différentes :

  • l'économie souterraine générée par le travail au noir ;
  • l'économie générée par les délits économiques ;
  • l'économie générée par les activités criminelles ;

mais avec au moins trois points communs :

  • elle échappe aux règles économiques et sociales et à l'intervention de l'État ;
  • elle ne donne lieu à aucun prélèvement obligatoire (fiscal ou social) ;
  • elle fausse le jeu de la libre concurrence par rapport aux activités légales, soit du fait de leur propre activité — travail au noir —, soit du fait de l'intégration de sommes provenant d'activités délictuelles ou criminelles, cherchant à se réinvestir — blanchiment d'argent.

Dans certains cas la réglementation permet de lutter efficacement contre certaines pratiques, même si leurs applications peuvent heurter la morale, par exemple :

  • la réglementation des casinos et le développement de l'offre de jeux officiels à prix accessibles — lotos divers, loteries et PMU — permet de lutter contre les jeux et paris clandestins ;
  • la suppression des lois de prohibition, aux États-Unis avait fait reculer les distilleries clandestines ;
  • les amnisties fiscales incitent au rapatriement de fonds placés à l'étranger ;
  • en France, l'abrogation en 1984 de l'ancienne législation sur l'inscription des étrangers au registre des métiers, a permis la création de nombreuses entreprises artisanales ;
  • la légalisation et la prise en charge par les services publics des pratiques d'avortement a permis d'intégrer dans l'économie officielle cette activité et de sauver de nombreuses vies ;
  • en France, la réglementation des activités de prostitution par le roi Saint-Louis avait permis d'éviter le pire, alors que la loi Marthe Richard d'après-guerre contre les maisons closes a eu comme première conséquence de repousser cette activité dans l'économie souterraine ;
  • la dépénalisation des drogues douces et la fourniture gratuite ou quasi-gratuite aux drogués de leur drogue, permettrait de "casser" un pan important du marché du crime.

L'existence d'une importante économie souterraine est avant tout le signe d'un dysfonctionnement grave de l'économie formelle ou des services publics de l'État. Si le travail au noir existe, c'est que le marché officiel du travail connaît des rigidités qui paralysent le développement de l'emploi officiel ou qui en empêche l'accès, cela peut aussi indiquer que dans certains domaines, le coût réel du travail — salaire et cotisations sociales — est devenu insupportable pour la demande. Le dysfonctionnement peut être caractérisé par :

  • la lourdeur de la pression fiscale qui pousse les entreprises à fuir l’impôt en créant une activité informelle ;
  • la lenteur des règles administratives qui décourage toute initiative d’investissement ;
  • la réglementation sociale sur le salaire minimum, les allocations familiales, ou les charges parafiscales.
  • l'ouverture des frontières à la concurrence du marché mondial.

Il semble impossible de lutter contre le marché souterrain avec une garantie de succès par seulement la répression — même dans l'ancienne URSS où la fraude économique était punie de la peine de mort, le travail au noir et ses mille petites astuces étaient florissant —, seule une plus grande flexibilité des règles régissant l'emploi officiel permet une lutte efficace. Dans certains cas, seul le travail informel est capable d'assurer les services attendus par le marché, par exemple :

  • les ateliers clandestins de la confection à Paris ;
  • les vendeurs à la sauvette sur les lignes de transports publics, vendant des objets de pacotilles que les commerces classiques ne parviennent plus à distribuer.

L'utilité de l'économie informelle

Certains[Qui ?] ont cru voir dans l'économie informelle un simple résidu de l'économie pré-industrielle — l'économie familiale —, un manque de l'État-providence et de la société des loisirs — l'économie conviviale —, ou le résultat des perversions de l'économie moderne — le travail au noir. En fait, l'économie informelle, loin de disparaître, semble jouer le rôle de soupape de sécurité des économies normalisées et être un gage de flexibilité des sociétés, dans le cadre desquelles les performances toujours plus élevées qu'on y attend n'y sont obtenues qu'au prix d'une "suradaptation", elle-même source de nouvelles rigidités.

Voir aussi

Lien interne

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