Éblaïte

Éblaïte

L'éblaïte est une langue sémitique parlée entre le XXIVe et le XXIIIe siècle av. J.-C. dans la ville d'Ebla, en Syrie centrale. Elle nous est connue par la documentation en écriture cunéiforme retrouvée dans cette ville. C'est donc avec l'akkadien la plus ancienne langue sémitique connue.

Sommaire

Les découvertes

Sites principaux de Syrie.

La découverte en 1964 sur le site de Tell Mardikh en Syrie du nord, dune antique cité de la seconde moitié du IIIe millénaire av. J.-C., bouleversa les données archéologiques alors en vigueur, révélant lexistence dune culture urbaine contemporaine de la période Proto-dynastique en Mésopotamie, au cœur dune zone géographique, jusque , les fouilles précédentes navaient rien mis de tel à jour.

Conformément à ce quavait avancé Ignace Gelb au sujet de tous les centres habités de Syrie de la même époque, il apparaissait que lidentité culturelle de la civilisation de Tell Mardikh, ne devait pas relever du cadre sémitique[1]. Or, en 1968, la découverte sur ce même site, dune statue comportant une dédicace en ancien akkadien, mentionnant le roi Ibbit-Lim dEbla, vint aussitôt contredire cette thèse[2]. Il devenait alors, non seulement, possible didentifier cette ville avec lantique cité dEbla, mentionnée dans de nombreuses sources mésopotamiennes et égyptiennes, mais de surcroît, considérant les fortes connotations linguistiques du nom de son souverain[3], den préciser lidentité amorrite.

Il fallut néanmoins corriger à nouveau ces conclusions, après la découvertes en 1974 dans les vestiges du palais de lâge du Bronze Ancien (2400-2225 avant notre ère) de 42 tablettes cunéiformes, puis de 17 000 autres lannée suivante, révélant une langue qui navait rien de commun avec lamorrite, présentant des caractères morphologiques archaïques, attestés en akkadien parallèlement à dincontestables similitudes lexicales avec les langues sémitiques occidentales telles que lhébreu, ou laraméen.

Cette opposition entre un lexique ouest sémitique et une morphologie akkadisante, alimenta dès lors les discussions et les controverses sur la nature de cette langue. Pour P. Fronzaroli il sagissait de caractéristiques vraisemblablement révélatrices dun dialecte de lakkadien soumis à une forte influence occidentale[4]. En revanche G. Garbini préférait, de son côté, nuancer cette approche, attirant lattention sur la fragilité dune comparaison trop étroite avec lakkadien, rappelant quil nexiste aucun autre modèle contemporain à partir duquel il est possible détablir des rapprochements. Dans ses « Considérations on the Language of Ebla »[5], il mit dailleurs en évidence le caractère artificiel de cette opposition entre morphologie et lexique, considérant que « Akkadian differs from Western Semitic as we knew it hitherto because the latter was documented only on the phase following Amorite innovation. If it is traced back to the time before these innovations, a northwestern pre-Amorite Semitic begins to emerge, which is concordant with Akkadian just because the latter preserved its earlier characters after Amorite innovasion »[6]. Basant essentiellement son étude sur le lexique, G. Pettinato fut néanmoins le premier à annoncer en 1975, la découverte dune nouvelle langue sémitique, à laquelle il donna alors le nom de « Paléo-Cananéenne »[7]. Si la communauté scientifique accueillit alors assez favorablement cette idée, lappellation proposée par Pettinato, ne fit pas, quant à elle, lunanimité. En effet, tout en présentant lavantage de rappeler sa proximité avec lhébreu, lougaritique ou le phénicien, elle se révélait néanmoins impropre à indiquer sur le plan morphologique ses encrages dans lespace sémitique oriental. A son tour, G. Garbini proposa alors le terme de « Paléo-Syrien »[8] mais ici encore, se montrant tout aussi inadéquat que le précédent à rendre compte de ses spécificités mésopotamiennes, ce terme ne fit pas école. Aussi, faute dune appellation en accord avec les différentes caractéristiques linguistiques de cette nouvelle langue, lon retint finalement le nom « déblaïte ».

La nature des documents

Sur lensemble du corpus éblaïte dont la publication commença, nous lavons vu, dès 1974, la plupart des documents mis au jour relèvent du domaine administratif ou économique, aux côtés desquels, existent toutefois une petite centaine de tablettes historiques ainsi que quelques écrits à nature scolastique : lexiques, syllabaires ou bilingues. A cet ensemble, il convient également de rajouter quelques rares textes littéraires : fragments de mythes, dépopées, dhymnes, mais aussi de proverbes, ainsi que quelques documents à caractère conjuratoires.

Tablette d'Ebla

Dun point de vue linguistique, bien quun grand nombre de ces documents soit effectivement rédigé en sumérien, une proportion assez large dentre eux nutilise cette langue que dun point de vue idéographique ainsi que le confirment certains éléments sémitiques, ajoutés aux sumérogrammes, tels que les marqueurs morphologiques, les pronoms suffixes ou certaines prépositions, qui trahissent une langue sous-jacente distincte du sumérien.

in U4 DINGIR a-mu-su3 NIDBA
« le jour le dieu de son père eut sa fête »

De telles habitudes décriture rendent évidemment lapproche de léblaïte difficile. Fort heureusement, quelques rares documents, lettres ou tablettes bilingues, principalement rédigés de manière syllabique, permettent de franchir cette barrière graphique et précisent notre connaissance de la langue.

Si lon peut certes, ajouter à cet ensemble le matériel onomastique qui en sémitique constitue habituellement de courtes phrases, la part du corpus éblaïte, utilisable dans une perspective linguistique, reste relativement restreinte et limitée dun point de vue morphologique, syntaxique ou lexical.

La barrière graphique et les habitudes décriture

La principale difficulté à laquelle se heurte notre connaissance de la langue dEbla relève essentiellement de problèmes décriture. En effet, léblaïte partage avec les langues sumérienne, akkadienne, hittite, hourrite ou élamite, un système graphique appelé écriture cunéiforme, chaque signe peut avoir conjointement ou séparément une valeur idéographique et/ou phonétique. Dans le premier cas, le signe ou la chaîne de signes désigne simplement une idée qui nous est intelligible par le biais de sa valeur sumérienne ; dans le second cas, il indique, avec une plus ou moins grande approximation liée aux habitudes décriture, la forme du vocable éblaïte suivant un principe de décomposition syllabique.

Létude comparée des signes éblaïtes révèle un certain nombre de différences avec les systèmes utilisés par les autres écoles de scribes. En revanche, sans pour autant lui être identique, le syllabaire éblaïte présente dimportantes similitudes avec celui de lancien akkadien utilisé à Kish à lépoque des Dynasties archaïques (DA II).

Pratiquement, lon relève parmi les textes dEbla, trois habitudes de transcription de la langue : lune exclusivement syllabique, lautre usant conjointement du syllabisme et de lidéographie et enfin une dernière utilisant essentiellement le principe de lidéographie. Dans la première catégorie se retrouvent principalement les textes incantatoires et lécriture des anthroponymes ; dans la deuxième se rangent les documents épistolaires, historiques, et littéraires sans oublier quelques documents diplomatiques ; enfin dans la troisième se retrouvent textes économiques et administratifs, en rapport avec la gestion et lintendance du palais lidéographie est un principe suffisant pour lécriture des realia. Dun point de vue qualitatif et quantitatif, cette situation sapparente pleinement à celle du corpus mésopotamien.

La faible proportion de documents syllabiques par rapport à la grande quantité de textes rédigés au moyen de logogrammes sumériens avait dailleurs conduit G. Pettinato[9] à considérer, dans un premier temps, que ces documents étaient écrits en sumérien. Une telle thèse ne tient évidemment plus aujourdhui au regard de nos connaissances sur les habitudes décriture et de formulation spécifiques aux scribes sumériens et éblaïtes. Ces conventions graphiques sont si spécifiques quelles suffisent bien souvent à identifier sous lidéographie la langue sous-jacente[10]. Ainsi, par exemple, lhabitude sumérienne décrire la filiation suivant la formule X DUMU Y « X fils de Y » soppose-t-elle aux habitudes akkadiennes et éblaïtes qui lui préfèrent la tournure X DUMU.NITA Y[11].

Toutefois si lon sait, comme nous venons de le voir, identifier, derrière un sumérogramme, un signifié dorigine sémitique, il reste en revanche difficile de dégager son signifiant. Fort heureusement, la restitution de la valeur phonétique de ces signes est rendue possible par lexistence de listes lexicales bilingues, chaque idéogramme sumérien voit sa forme éblaïte précisée au moyen dune glose en écriture syllabique.

Même lorsque la valeur phonétique du mot est précisée, perdure également toute une série des problèmes dordre sémantique qui gênent encore notre compréhension. Ainsi lorsquun scribe éblaïte utilise le signe LUGAL signifiant « roi » en sumérien, il le transcrit avec sa valeur akkadienne šarrum mais le traduit par « dignitaire ». Ce simple exemple montre les écarts dinterprétation auxquels on risque daboutir en lisant les signes éblaïtes avec pour seule considération, leurs valeurs sumériennes.

De son côté, lécriture strictement syllabique nest pas non plus exempte de problèmes. La rareté des signes du type V[oyelle] + C[onsonne] oblige à certaines approximations dans la transcription des mots. Aussi trouve-t-on le vocable ʾummum « mère » rendu syllabiquement par u3-mu-mu. Par ailleurs, alors que le sumérien procède quelquefois morphologiquement par réduplication du mot pour rendre le pluriel, léblaïte réutilise ce procédé avec la même signification, mais en le transformant en simple signifié graphique. Ainsi trouve-t-on des formes du type nasi11-nasi11 pour écrire le pluriel de nas11 « le peuple ». Il nest pas rare dautre part, que lécriture présente un caractère défectif, tous les marqueurs morphologiques ne sont pas indiqués : ḫa-za-an šu-ba-ti = *ḫazānum yimḫur « le maire le prend »[12].

A ces problèmes viennent se joindre également tous ceux qui sont liés aux limites intrinsèques de lécriture sumérienne, incapable de rendre une partie du système phonologique du sémitique. Organisé comme le précise Diakonoff sur une opposition tendu ~ lâché, le système phonologique du sumérien ne peut en effet rendre quavec difficultés lopposition sourde ~ sonore, de même que les emphatiques du sémitique. Aussi trouve-t-on transcrit avec le même signe DA les syllabes /da/, /ṭa/, /ta/, ou encore avec le signe GU les syllabes /gu/, /ku/, /qu/.

Pour les mêmes raisons, il est également impossible à lécriture sumérienne de rendre le jeu des laryngales et des pharyngales de léblaïte. Toutefois pour pallier ces difficultés, on utilise, à linstar de ce qui se passe en ancien akkadien, des conventions graphiques telles que lusage des signes E et MA pour rendre les phonèmes // ou /ʿ/ ou encore en jouant sur des signes syllabiques terminés par la voyelle /e/ qui nest autre que la trace vocalique dune des deux articulations précédentes.

Par ailleurs comme le montrent, par exemple, les graphies la-ḫa pour /laḫān/ ou ba-da-a pour /baytay/, les phonèmes /w/, /y/, /m/, et /n/ ne sont pas rendus graphiquement en position finale, et initiale. Reprenant ces deux exemples, notons dune part que la quantité des voyelles nest pas rendue par lécriture (la graphie da-za-a pour /taṣṣaʾā/ « ils sortiront » nous montre que les consonnes géminées subissent de leur côté le même sort) et dautre part que la voyelle /a/ sert également à noter les syllabes /ʾa/, /ya/ et /ay/.

Aperçu linguistique

Le système phonologique

Comme nous venons de lentrevoir, les difficultés de lecture des textes éblaïtes, rendent difficile lapproche de son système phonologique.

Létude du contexte dutilisation des signes I, I2, A, ʾA, ḪA, etc. au regard des conventions décriture des scribes akkadiens, a permis de conclure, au-delà des difficultés didentification posées par la barrière graphique, à « lexistence et lautonomie des phonèmes /h/, // et // que confirme la réalisation de la voyelle /a/ en [ɛ] dans les syllabes fermées /ḥaC/ et /ʾaC/, de même que la tendance à étendre ce phénomène à la voyelle /a/ suivie dune pharyngale. On manque actuellement déléments pour juger de lexistence dun phonème /ġ/ ou dune variante [ġ] »[13].

Toujours sur la base dune analyse contextuelle des signes z + V[oyelle: ze2, s + V : se11, š + V, Pelio Fronzaroli confirme lexistence des phonèmes /s/, //, // et // ainsi que des phonèmes /s/, /š/ et //, séries auxquelles il faut peut-être également ajouter /z/[14].

Lexistence de diphtongues est quant à elle sujette à caution. La diphtongue /ay/ semble sêtre conservée en éblaïte comme lillustrerait la forme /ʿayn-ʿayn/. Toutefois, la réalité de ce phonème est fortement discutée par I. Gelb « The main difference between Fronzarolis treatment of the diphtong /aj/ at Ebla and mine is that Fronzaroli believes (...) that the original diphtong /aj/ was preserved in Eblait (even though not written), while I take it to have developped to /ā/ »[15].

Il convient également de signaler le problème de la réalisation instable des liquides avec alternance de /r/ et /l/. I. Gelb envisage deux raisons à ce phénomène : « If the weakness of the r / l phoneme (which is amply exemplified at Ebla) should be considered as an indication of the Hurrian influence on Eblaic phonology, then we should note that this feature is characteristic not only of Hurrian (and other language in the general area), but also of Egyptian, and may therefore be either a surviving feature of the Semito-Hamitic (or Afro-Asiatic) or a cross-linguistic areal feature »[16].

La Morphologie

Le système pronominal

Léblaïte possède deux formes de pronoms personnels, lune indépendante, lautre suffixée. Par ailleurs, les textes ont également révélé une forme pronominale déterminative ainsi que des formes à valeur interrogative. Le matériel épigraphique ne permet pas toujours une restitution complète des paradigmes, et les lacunes doivent être comblées sur la foi de comparaisons linguistiques, ainsi que sur la base de reconstitutions internes tenant compte des structures propres de la langue.

Les pronoms indépendants

À lexception de la première personne du singulier, lanalyse du système pronominal indépendant laisse apparaître une morphologie identique à celle que lon rencontre en akkadien ainsi que dans certains dialectes de lArabie du sud, comme le qatabanite ou le minéen.

Singulier Pluriel
Personnes graphie valeur graphie valeur
1e com. ANA /ʾanā/ - */naḥnu/
2e masc. AN-DA /ʾantā/ AN-DA-NU /'antanu/
2e fém. - */ʾanti/ - */ʾantina/
3e masc. SU-WA /šuwā/ SU-NU /šunū/
3e fém. SI-A /šiyā/ - */šinā/

Notons quil existe, également, pour les deuxième et troisième personnes du masculin singulier, des formes spécifiques pour laccusatif ainsi que pour le datif.

Singulier Pluriel
Personnes graphie valeur graphie valeur
2e masc. GU-WA-TI /kuwāti/ GU-WA-SI /kuwāši(m)/
3e masc. SU-WA-TI /šuwāti/ SU-WA-SI /šuwāši(m)/
Les formes suffixées

Parallèlement aux formes indépendantes, léblaïte possède des formes suffixées du pronom personnel qui peuvent être attachées au verbe ou au nom avec valeur accusative, génitive, ou dative.

Singulier
Génitif Accusatif Datif
Personnes graphie valeur graphie valeur graphie valeur
1e com. -I /-iyV/ -NI /-ni/[17] - -
2e masc. -GA /-ka/ -GA /-ka/ -KUM /-kum/
2e fém. -GI /-ki/ -GI /-ka/ - -
3e masc. -SU, -SU /-šu/ -SU, -SU /-šu/ -SU-UM /-šum/
3e fém. -SA /-šā/ - - - -
Pluriel
Génitif Accusatif Datif
Personnes graphie valeur graphie valeur graphie valeur
3e masc. -SU-NU /-šunu/ - - - -
3e fém. -SI-NA /-šina/ -SI-NA-AT /-šināt/ - -

Des formes duales de ces pronoms suffixes sont également attestées pour la deuxième personne, au génitif et au datif : -kumay(n), ainsi que pour la troisième personne à laccusatif et au génitif : -šumay(n)[18]. La présence de ces formes duales dans le paradigme du pronom suffixe laisse supposer lexistence de ce nombre pour les pronoms indépendants.

Le pronom déterminatif

Lexistence de ce pronom est attestée par lutilisation du sumérogramme LU2 utilisé en sumérien comme pronom relatif masculin de la classe des animés. En éblaïte, lopposition animé ~ inanimé nexistant pas à ce niveau, lusage de ce signe sest élargi au féminin. Les textes syllabiques permettent, dans une certaine mesure, den donner un paradigme.

Nominatif Génitif Accusatif
singulier pluriel singulier pluriel singulier pluriel
masc. SU - SI SU-TI SA -
fém. SA-DU SA-DU SA-TI SA-TI - -

Il est difficile de proposer ici une transcription de ces valeurs graphiques, dans la mesure lambiguïté de lorthographe éblaïte ne permet pas de déterminer si la reconstruction de ces formes doit être modélisée sur celle de lancien akkadien ou celles des langues ouest sémitiques[19].

Les pronoms interrogatifs

Les pronoms interrogatifs de léblaïte obéissent de même que ceux de lakkadien à une opposition animé ~ inanimé.

Nominatif Génitif Accusatif
graphie valeur graphie valeur graphie valeur
animé MA-NU /mannu/ MA-NA /manna/ - -
inanimé. MI-(NU) /mīnu/ MI-NA /mīna/ MI-NE-IS /mīniš/

Notons quil existe certaines variantes dans les graphies de ces formes : ainsi MA-NU possède-t-il également une occurrence en MA-NI, de même MI-NU que lon retrouve aussi sous la forme ME-NU.

Les pronoms indéfinis

Comme cest aussi le cas en akkadien, le pronom indéfini est formé en éblaïte par la suffixation dun élément -ma aux formes du pronom interrogatif. A linstar de ce dernier il obéit également à lopposition animé ~ inanimé.

Nominatif Génitif Accusatif
graphie valeur graphie valeur graphie valeur
animé MA-NU-MA /mannuma/ MA-NA-MA /mannama/ - -
inanimé. MI-NU-MA /mīnuma/ ME-NA-MA /mīnama/ ME-NE-MA /mīnema/

Ici encore lon peut noter certaines variantes dans lécriture des formes de ce pronom. Ainsi MI-NU-MA peut aussi se rencontrer sous la forme ME-NU-MA. Par ailleurs, lécriture ME-NA-MA-MA de laccusatif inanimé, avec redoublement de lélément /-ma/, peut éventuellement être interprétée comme la marque dune gémination du type /mīnamma/.

Le système nominal

Léblaïte présente un système nominal comparable à celui que lon rencontre en akkadien et dont on trouve des traces dans certaines langues sémitiques. On y distingue, en particulier, trois catégories flexionnelles : le genre, sopposent formes masculines et féminines ; le nombre, avec un singulier, un duel et un pluriel ; enfin les cas, couvrant à la fois des relations dordre syntaxique comme le nominatif, laccusatif et le génitif, mais aussi des relations à caractère plus concret comme le datif et le locatif[20]. Cette organisation de la morphologie nominale fut vraisemblablement celle de toutes les langues sémitiques, jusquau premier millénaire avant notre ère. Aujourdhui, seul larabe en garde encore la trace.

La déclinaison du nom

La restitution de ces formes se heurte à nouveau ici au problème de la barrière graphique. En effet, dans les textes lécriture logographique domine, les marqueurs casuels ne sont pas toujours précisés. Par ailleurs, il nest pas rare, que ces marques lorsquelles existent, fassent lobjet dune graphie abrégée. Au-delà de ces difficultés, il est toutefois possible den établir un paradigme assez complet.

Substantif masculin
Nominatif Accusatif Génitif Datif Locatif
Sing. -u(m) -a(m) -i(m) - -um
Plur. -ū -ī -ī - -
Duel -ān -ayn -ayn - -
Substantif féminin
Nominatif Accusatif Génitif Datif Locatif
Sing. -atu(m) -ata(m) -ati(m) - -
Plur. -ātu(m) -ātim - - -
Duel -ātān - - - -

Lanalyse du matériel épigraphique montre que la « mimation » de même que la « nunation » sont souvent omises aux formes du masculin. Il semble que cette omission ne réponde à aucune raison morphologique, mais relève plutôt dirrégularités graphiques.

En ce qui concerne la déclinaison des adjectifs, il est vraisemblable quune désinence spécifique pour le masculin pluriel ait existé comme semble le suggérer la formule : māw-ū ḥamma-ūtumeau chaude ”.

Les états du nom

A linstar des autres langues sémitiques, les substantifs éblaïtes semblent connaître trois formes détat dans la proposition : létat construit, létat prédicatif et létat absolu.

Létat construit

Le nom à létat construit correspond à la forme du substantif dépourvu de mimation, conservant les marques casuelles. Il arrive quon utilise les formes construites avec les pronoms suffixes à initiale consonnantiques.

ib-du-ND
Serviteur de ND
Létat prédicatif

À létat prédicatif, les noms suivent deux modes de formation qui ne se présentent pas en distribution complémentaire, puisquils sont attestés indifféremment dans le même type de contexte. Dans un premier cas, le nom apparaît sous sa forme au nominatif, dépourvue de la mimation, dans le deuxième cas, lon suffixe la désinence -a au radical du substantif.

a-pu3-ND ou a-ba-ND
ND est un père
Létat absolu

À létat absolu ou indéterminé, le nom éblaïte est simplement privé de ses désinences casuelles.

itiza-lul
le mois de Zalul

Pour I. M. Diakonoff, cette distinction entre un état prédicatif ena et un état absolu en -Ø, ne paraît pas fondée en éblaïte. Pour lui, ces variantes doivent être regardées comme des allomorphes dun seul et même état à valeur prédicative[21].

Le système verbal

Le système verbal de léblaïte est construit sur la même structure que celle des autres langues sémitiques, le cadre paradigmatique sorganise suivant un axe double : laxe dérivationnel dune part, au sein duquel la forme de base du verbe connaît un certain nombre de modifications et laxe flexionnel dautre part, par un système de suffixation et de préfixation, le verbe se voit pourvu dune valeur aspectuelle, personnelle ou modale.

Le cadre dérivationnel

Suivant la classification établie par W. von Soden pour la grammaire akkadienne[22], le matériel éblaïte présente à ce jour au moins quatre thèmes dérivationnels appelés également formes élargies : le thème G (Grundstamm) ou thème de base. Le thème D (Doppelungsstamm) appelé également forme intensive-factitive, que lon retrouve aux formes de laccompli et de linaccompli u9-ga-da-ra > /yuqaṭṭaram/, au participe actif mu-wa-li-tum > /muwallidum/, ainsi que les noms daction comme ga-du-ru12 > /qaṭṭuru/. Le thème Š ou forme causative est attesté quant à lui aux formes de laccompli et de linaccompli -da-si-ir > /yuštaysir/, au niveau du participe actif mu-sa-ti-sa > /mušadiy-/ ou encore au niveau des noms daction sa-ḫu-sum > /šaḫuṯ̣um/. Enfin la forme doublement dérivée se mêlent les valeurs de la forme D et de la forme Š, attestée au participe actif mu-sa-ga-i-nun2 > /mušakaʿʿinum/ “ serf ”. En revanche, lexistence de la forme réflexive N connue en akkadien, reste quant à elle à démontrer. Pour I. Gelbthe name transliterated as ip-pi5-ḫir in Pettinato Cat., n°892, is transcribed in Pettinato, Ebla p. 74 as ippiḫar and taken as a form of the N stem. This is doubtful mainly because of the spelling with double consonnants[23]. Thèse que suit par ailleurs I. M. DiakonoffEblait had no N stirp (an isogloss with aramaic, but no with akkadian). A few form in onomastics which could be regarded as belonging to the N stirp are possibly Amoryte and not Eblait or must be interpreted in another way[24].

Pour chacune de ces formes élargies, existent des schèmes surdérivés au moyen de linfixe -ta-. Les formes attestées sont celles des thèmes Gt, Dt, Št, et DŠt. Le thème Gt se rencontre aux formes de laccompli et de linaccompli avec une forte occurrence des formes à laccompli -da-ma >/yiš-ta-maʿ/ “ il écouta ”, le thème Dt se retrouve dans certains noms verbaux du-da-li-gu2-um > /tu-ta-ll-ikum/ “ exercice de la royauté ”, le thème Št est attesté par -da-si-ir > /yu-š-ta-wšir/ “ il a libéré ”, enfin le thème DŠt se retrouve quant à lui dans la forme du nom verbal du--a-gi-lum > /tu-š-ta-kk-ilum/.

Lexistence de linfixe -tan- est quant à elle, encore sujette à caution, dans la mesure les formes Gt, Dt, et Št peuvent également être interprétées comme des forme comprenant linfixe -tan-. Pour P. Fronzaroli, “ in base a considerazioni semantiche questo infisso puo essere probabile in alcuni dei nomi verbali di significato iterativo-abituale, che glossano sumerogrammi contenanti un elemento ripetuto ; un participio tn/1 (Gtn) è probabilmente da considerare mu-da-bil-du, in base alla comparazione con lakkadico[25].

Le cadre flexionnel

Le second axe paradigmatique est, nous lavons vu, celui de la flexion des thèmes dérivationnels. Pour chacune des formes énumérées plus haut, léblaïte possède un système aspectuel organisé sur la double opposition dune forme *yi-qtul pour laccompli et *yi-qattal pour linaccompli, lune et lautre conjuguées au moyen dune flexion par préfixation qui soppose à son tour à la forme *qatal(a) du statif conjuguée quant à elle au moyen dune flexion par suffixation. Chacune de ces formes se déclinant quant à elles selon la personne, le genre et le nombre

Ce type de morphologie verbale est identique à celui que lon retrouve en akkadien. Lopposition formes suffixées ~ formes préfixées ne distingue pas comme cest le cas pour les autres langues sémitiques les formes de laccompli de celles de linaccompli, mais semblent plutôt relever dune opposition entre conjugaison processive et conjugaison stative.

Les préfixes personnels

Il existe en éblaïte, comme en akkadien, deux séries allomorphes de préfixes personnels qui entrent conjointement dans la conjugaison des formes *yi-qtul de laccompli et *yi-qattal de linaccompli. Ces deux séries diffèrent essentiellement par lapophonie de leur élément vocalique a/i~u. La distribution de ces formes dépend du thème dérivationnel utilisé. Ainsi avec le thème G sont utilisées les formes en -a-, tandis quaux formes D, Š et , la série en -u- est préférée.

Notes

  1. « Our sources pertaining to the West Semites in Syria and Palestine flow almost uninterruptedly from the Old Babylonian period on. Two important conclusions can be drawn on the basis of the study of geographical names and of other, less important considerations : 1) The Semites entered Syria in mass in the Old Babylonian period, encountering a population of unknown, but certainly not Hurrian ethnic affiliation. 2) The Semites must have been established in Palestine long before the Old Babylonian period, and nothing prevents us from assuming that they may have been native to the area from time immemorial » in I. GELB, 1961 b, p. 45
  2. G. PETTINATO, 1967-1968
  3. M. LIVERANI, 1965
  4. P. FRONZAROLI, 1977, p. 40
  5. ibidem
  6. idem p. 79
  7. G. PETTINATO, 1975, pp. 361-374
  8. G. GARBINI, 1974, pp.65-68
  9. R.B. I., 25. 1977, p. 238
  10. I. GELB, 1977 p. 7
  11. I. GELB, 1981, pp. 13-14
  12. G. PETTINATO, Catalogo dei testi cuneiformi di Tell Mardikh (MEE 1, 1979) n° 6424-30
  13. P. FRONZAROLI, 1978, p.137
  14. idem pp. 137-139. Cf. également P. FRONZAROLI 1980, pp. 65-89 in Studi Ebaiti 1
  15. I. GELB, 1981, p. 24
  16. idem p. 65
  17. Nous retenons ici la thèse de I. Gelb, selon laquelle, cette forme du pronom suffixe première personne correspondrait à la forme du singulier et non à celle du pluriel. Cf. I. GELB 1981, pp. 26-30.
  18. P. FRONZAROLI, 1988.
  19. It is unknown whether one should reconstruct an Old akkadian pronunciation (šu = /tšu/) or a West Semitic pronunciation (šu = /dzū/ ; Cf. Arabic /ḏu/, aramaic */ḏī/). As mentioned above, Eblaite orthography allows both reading. It can thus be either an Eblaite-East Semitic isogloss or an Eblaite-West Semitic isogloss. I would prefer the secondin I. M. DIAKONOFF, 1990 p. 25
  20. I. M. Diakonoff, préfère aux appellations conventionnelles de datif et de locatif, les termes de datif-locatif et de locatif-adverbial, afin de mieux couvrir le champ sémantique de ces cas. Cf. DIAKONOFF, 1990, p. 25
  21. idem p. 26
  22. SODEN W. von, 1995, § 86 pp. 139-140
  23. I. J. GELB, 1981, p. 39
  24. I. M. DIAKONOFF, 1990, p. 28
  25. P. FRONZAROLI, 1980, pp. 117-118

Bibliographie

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Liens

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Eblaitica vol.4 at Google Books

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