- Yvonne Baseden
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Yvonne Baseden, née le 20 janvier 1922 à Paris XVe, fut un agent du service secret britannique Special Operations Executive pendant la Seconde Guerre mondiale.
Sommaire
Identités
- État civil : Yvonne Jeanne Thérèse de Vibraye Baseden, épouse Bailey puis Burney.
- Comme agent du SOE
- Nom de guerre (field name) : « Odette »
- Nom de code opérationnel : BURSAR (en français ÉCONOME)
- Faux papiers : établis au nom de Jeanne Bernier, sténo-dactylo.
Parcours militaire : SOE, section F ; grade : Section Officer (capitaine) ; matricule WAAF : 4189.
Pour accéder à des photographies d'Yvonne Baseden, se reporter à la section Sources et liens externes en fin d'article.
Famille
Pilote du Royal Flying Corps pendant la Grande Guerre, le père fait un atterrissage forcé près de la maison des Vibraye (famille anoblie en 1349 par Philippe VI de Valois) dont il épouse la fille.
Éléments biographiques
Premières années
Yvonne Baseden naît à Paris XVe le 20 janvier 1922. Après sa naissance, ses parents nomadisent par toute l’Europe (France, Belgique, Hollande, Italie, Espagne). Bilingue anglais-français, Yvonne a de bonnes notions d’autres langues. En 1937, la famille s’installe à Londres. En 1938, Yvonne quitte l’école pour la cueillette des pommes dans le Bedfordshire. En 1939, elle trouve un job de sténo-dactylo à Southampton.
Women's Auxiliary Air Force
Le 4 septembre 1940, Yvonne (18 ans) s’engage dans la Women's Auxiliary Air Force comme employée de bureau. Passée officier, elle est mutée au service de renseignement de la RAF qui l’emploie aux interrogatoires d’aviateurs et de sous-mariniers allemands. Dans l’exercice de cette fonction, elle est signalée au SOE.
Special Operations Executive
Le 24 mai 1943, la Section Officer (capitaine) Baseden est affectée au SOE. Comme beaucoup de femmes, elle y reçoit une formation de sans-filiste.
Dans la nuit du 18 au 19 mars 1944, accompagnée de Gonzague de Saint-Geniès « Lucien », chef du réseau, elle est parachutée à Herré (Landes), à 40 km à l'ouest de Condom (Gers). La mission, nom de code SCHOLAR, est de redresser le circuit DIRECTOR du SOE et de fédérer les maquis du Jura.
Les deux agents parviennent séparément à Dole. « Lucien » conseille Charles Allouin qui assure l'intérim de la direction du réseau, avec des contacts dans plusieurs départements, mais surtout, dans le Jura, autour de Dole, de petits groupes de résistants ou de maquisards, dix à vingt hommes, qu'il s'agit d'armer sous la houlette de Radio-Patrie, couverture locale du SOE. Après la guerre, Yvonne écrira : « Nous avons travaillé ensemble, la plupart du temps, parce que c’était plus pratique en ce qui concerne les transmissions. Toutes les questions concernant les opérations étaient discutées avec moi… La seule affaire que j’entends mal et que LUCIEN manipulait seul était le côté financier du travail… En me tenant informée de toutes les décisions, il espérait qu’au cas où n’importe quoi lui arriverait, je serais capable de continuer seule sur le terrain.[1] »
Arrestation
Le 26 juin 1944, l'état-major du circuit SCHOLAR est réuni dans une fromagerie de Dole, la Maison Graff (dite Maison des Orphelins[2]), pour fêter un parachutage massif d’armement. Les convives s'attardent. Il y a des barrages en travers du chemin de leur prochain rendez-vous. Un jeune maquisard capturé, non loin de là, portant la valise-radio d'Odette, par un véhicule de Feldgendarmes, donne l'adresse du refuge, pensant que ses chefs l'ont déjà quitté comme prévu. Devant le bâtiment, les Feldgendarmes trouvent plusieurs bicyclettes neuves. À l'intérieur, l’épouse du gardien et une tablée de nombreux couverts. Plusieurs soldats sont alors postés dans l'immense maison. À la nuit tombante, le garde du grenier entend un bruit. Il tire dans le plafond. Une tache de sang apparaît. Il appelle ses camarades. Une grenade est lancée dans le double toit. Blessé, Saint-Geniès s’empoisonne. Yvonne et presque tous les autres sont battus et menottés deux à deux, moribonds compris. Seul Fréderic Mayor (gardien de la fromagerie) caché dans la cave échappe au coup de filet.
Captivité
Jeanne Bernier est conduite à la Feldgendarmerie de Dole. Les enquêteurs ne savent pas qui elle est. Aucun de ses compagnons ne la trahit. Elle joue la belle idiote. Un soudard lui écrase les pieds à coups de brodequins. Fin juin, transférée à Dijon et gardée au secret, elle est soumise à un simulacre d’exécution. Le 25 août 1944, elle est déportée à la prison de Sarrebruck. Le 4 septembre 1944, toujours anonyme, elle est envoyée au camp de Ravensbrück : « Les Allemands ne savaient pas que j’étais un agent. J’avais juste été raflée avec un tas d’autres et je n’avais sur moi ni documents ni rien du tout. Le fait qu’il n’y ait eu aucun document m’a sauvé la vie.[3] »
Fin février 1945, épuisée, elle est admise au Revier (infirmerie). Quatre agentes du SOE identifiées en tant que telles lors de leur arrestation sont exécutées au camp pendant cette période: Violette Szabo, Denise Bloch, Lilian Rolfe et Cecily Lefort. Le 25 avril 1945, Jeanne Bernier est remise à la Croix-Rouge suédoise, dans le cadre des accords Himmler-Bernadotte qui sauvent la vie de centaines de détenues.
Reconnaissance
Distinctions
Yvonne Baseden a reçu les distinctions suivantes :
- France : Chevalier de la Légion d’Honneur, Croix de Guerre
- Royaume-Uni : Member of the British Empire à titre militaire.
Monument
À Losse (quartier de Lapeyrade) (Landes), une stèle honore le nom d'Yvonne Baseden parmi les sept agents amenés en France lors de cinq parachutages réalisés entre août 1943 et avril 1944 sur les terrains d'alentour :
- pour le réseau STATIONER : Maurice Southgate « Hector », chef du réseau, largué le 28 janvier 1944 à Lubbon (Landes) ;
- quatre agents pour le réseau WHEELWRIGHT de George Starr « Hilaire » :
- Yvonne Cormeau « Annette », opérateur radio, parachutée le 22 août 1943 en Gironde, qui servit dans le Gers ;
- Anne-Marie Walters « Colette », courrier, parachutée le 4 janvier 1944 à Créon-d'Armagnac ;
- Claude Arnault, instructeur-saboteur, parachuté en même temps qu'Anne-Marie Walters ;
- Denis Parsons « Pierrot », opérateur radio, parachuté le 12 avril 1944 à Ayzieu, ayant agi dans le Gers ;
- deux agents pour le réseau SCHOLAR, parachutés le 19 mars 1944 à Herré (Landes) :
- Gonzague de Saint-Geniès « Lucien », chef de réseau ;
- Yvonne Baseden « Odette », opérateur radio.
La stèle, érigée à l'initiative de l’amicale du réseau Hilaire-Buckmaster (c'est-à-dire du réseau WHEELWRIGHT), a été inaugurée le 23 mai 2002[4].
Bibliographie et filmographie
- Robert et les ombres, documentaire de Jean-Marie Barrère, 2005. Histoire de résistants français et d'agents du SOE, dans le Gers et les Landes. Yvonne Baseden intervient dans ce documentaire.
- Michael Richard Daniell Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8) / (EAN 9782847343298). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004.
Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France. Une référence essentielle sur le sujet du SOE en France.
Annexes
Notes
- Dossier SOE de Saint-Geniès
- Adresse actuelle de la Maison des Orphelins : 173, avenue Jacques Duhamel, 39100 Dole.
- Déclaration au Daily Telegraph
- Source : Libre Résistance, n° 7, p. 5.
Sources et liens externes
- Fiche Yvonne Baseden, avec photographies : site Special Forces Roll of Honour
- Cahiers dolois n°10, Dole 1944, Revue des amis de la bibliothèque et des archives de Dole, 1994.
- Germaine Tillion : Ravensbruck, Paris, Seuil, Point-Histoire, 1997
- Archives Nationales, Réseaux Buckmaster, 72AJ39 et 40.
- National Archives, Saint-Geniès SOE File, HS9/576/2.
- Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon.
- Daily Telegraph du 11 octobre 2002.
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