- Yi Sun-sin
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Dans ce nom coréen, le nom de famille, Yi, précède le prénom.
Yi Sun-sin Hangeul 이순신 Hanja 李舜臣 Romanisation révisée I Sunsin McCune-Reischauer Yi Sunsin modifier Yi Sun-sin (이순신 en écriture hangul) est un amiral coréen, né le 28 avril 1545 et mort le 16 décembre 1598 au cours de la bataille de No-Ryang (노량해전), qui conclut la guerre Imjin. Ayant sauvé deux fois son pays au cours de cette guerre, en mettant ses qualités de courage, de compétence technique, de droiture, de hauteur de vue et de culture raffinée au service d'un patriotisme sans faille, il est considéré en Corée comme un héros national à l'égal d'une Jeanne d'Arc ou d'un amiral Nelson.
Sommaire
Un fonctionnaire ordinaire
À la fin du XVIe siècle, la Corée des Chosŏn est un pays prospère, dont l'administration efficace obéit aux principes du confucianisme. Né à Séoul, dans le quartier de Gonchong dong (건천동 en hangul ; 乾川洞 en sinogrammes), Yi Sun-sin mène une carrière de fonctionnaire tout à fait banale jusqu'à la guerre Imjin. Fils d'un fonctionnaire, il fait des études et entre à 31 ans dans l'armée après avoir passé les concours d'entrée dans la fonction publique. Il commence sa carrière en 1576 par un poste en garnison dans les fortifications de la frontière du nord-est, qui protègent le pays contre les incursions de nomades de Sibérie. Après avoir gravi les échelons de la hiérarchie un à un, il est nommé amiral de l'escadre basée à Yeosu, dans le sud du pays, en 1591.
Un amiral prévoyant
Article détaillé : Bateau tortue.La Corée possède à cette époque une flotte de guerre depuis deux siècles. Elle avait été constituée pour éliminer la menace des pirates japonais, et depuis toujours entretenue. Cette marine se tenait à jour des progrès techniques, et était notamment équipée de diverses armes à feu. Les principaux navires étaient les pan'ok-sòn, de gros navires pontés, lourds à la manœuvre. Ils avaient toutefois permis une évolution du combat marin : l'éperonnage et l'abordage pouvaient être avantageusement remplacés par le combat d'artillerie.
Craignant une agression japonaise, l'amiral Yi fait réparer et améliorer les 24 présents dans l'escadre du sud-ouest. Il fait notamment faire des essais sur l'artillerie. Il entreprend un programme de réparation des fortifications des arsenaux, intensifie l'entraînement et prépare un navire d'un nouveau type, le bateau-tortue (Kòbuk-Sòn). Ce navire, dont les plans ont été perdus, est le premier cuirassé de haute-mer de l'histoire navale, deux siècles et demi avant la Gloire, lancée en 1859 à Toulon. Navire à voile lorsqu'il naviguait, il escamotait ses mats lors des combats et marchait alors à la rame. Très manœuvrable et bien dessiné, il était très rapide, ce qui lui donnait un avantage immédiat sur les lourds et maladroits navires japonais. Il était armé de douze pièces d'artillerie, faisant feu par des sabords ouverts dans la cuirasse, et vingt-deux meurtrières permettaient la mise en œuvre de mousquets, fusées et flèches à feu.
Note : il a existé une quinzaine d'années avant le bateau-tortue un navire cuirassé japonais, le Tekkōsen mais qui était incapable de prendre la haute-mer.
La guerre Imjin
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Guerre de Corée
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La guerre Imjin (du nom d'un affluent du fleuve Han, dans le centre de la péninsule) commence en avril 1592, soit un an à peine après la nomination de Yi Sun-sin à la tête de l'escadre du sud-ouest. L'invasion japonaise, qui visait la Chine, est minutieusement préparée de longue date. Une grande flotte de transport a été réunie pour le débarquement et le ravitaillement d'une armée de plus de deux cent mille hommes.
Cette armée écrase la résistance de l'armée coréenne et occupe la capitale Hanyang (proche de l'actuelle Séoul) en moins de trois mois. La flotte sert aussi à transporter le produit du pillage de la Corée vers le Japon : biens, vivres, esclaves livrés aux Portugais, mais aussi les artisans qui sont déportés. Cet afflux de main-d'œuvre qualifiée revivifie l'artisanat japonais.
Yi Sun-sin ne dispose donc que de son escadre, composée de 24 pan'ok-sòn et de 80 navires légers, dont quelques dizaines de navires légers et rapides destinés à la patrouille côtière. Ces navires étaient tous en parfait état de marche, mais avaient à faire face à la flotte japonaise, composée de 500 navires de guerre, dont les plus gros étaient les atake, équipés de teppo (mousquets fabriqués au Portugal), et de 700 navires réquisitionnés pour l'occasion.
Yi Sun-sin harcèle les lignes de communication japonaises, et met ainsi en danger le ravitaillement de l'armée d'invasion. Tout au long de la guerre, il utilise habilement ses navires et ses hommes, les ménageant afin de durer, profitant de leur année d'entraînement pour battre les Japonais, utilisant les succès obtenus afin de maintenir la motivation de ses marins.
La première grande victoire est remportée dans un archipel, à Sach'on. Il met en embuscade ses bateaux-tortues (Kòbuck-Sòn) dans les îles, puis calcule le moment de la bataille afin d'être aidé par la marée. Il attire ensuite une forte flotte japonaise à l'ancre (environ 400 navires) en se montrant avec quelques navires. Tous les navires ennemis qui le suivent sont coulés grâce à sa supériorité en artillerie. Blessé à l'épaule au cours des combats, Yi Sun-sin attend la fin de la bataille pour extraire lui-même la balle de mousquet.
À la bataille de Tangp'o, il attaque avec son Kòbuck-Sòn l'atake amiral japonais, qui avait un château de dix mètres de haut. L'amiral japonais Kurushima Michiyuki est tiré de l'eau, décapité et sa tête utilisée pour orner le mât porte-drapeau de Yi Sun-sin.
La bataille de Han-San (ou Han-San-do) est considérée comme la Salamine d'Orient. À la bataille d'Angolpo, vingt et un atake japonais sont surpris et envoyés par le fond. Parmi ces navires, figure le Nihon-Maru, navire amiral de la flotte japonaise. Ce succès est poursuivi dans la baie de Pusan, où 130 navires japonais s'étaient réfugiés, pensant être protégés par les batteries côtières installés par les Coréens. La flotte coréenne subit cependant de grosses pertes lors de cette bataille. Environ 31 morts lors de l'attaque de la baie de Pusan.
La tournure de la guerre est cependant différente à partir de ce moment. Les troupes du suzerain chinois affrontent désormais l'envahisseur japonais. Celui-ci est alors affaibli car Yi Sun-sin réussit à couper également la route de ravitaillement maritime entre l'armée japonaise stationnée près de Pyongyang et ses dépôts situés dans le sud de la péninsule. À l'arrivée de l'armée chinoise à Pyongyang les Chinois n'ont aucune envie de se battre contre l'armée japonaise . Ils commencent à piller les ressources de la Corée ou Choson et négocient même avec les Japonais, leur laissant le sud de la péninsule. L'amiral Yi Soon Shin doutera et ne comptera pas sur les Chinois pour finir la guerre. Il devait finir la guerre de ses propres mains. Il est aussi nommé le dieu de la guerre par les Japonais, car il fut toujours vainqueur dans les 23 batailles navales qu’il livra.
La guerre de 1593 à 1597
Les Japonais n'ont donc pas tout perdu, puisqu'ils conservent une tête de pont sur le continent, avec le sud de la péninsule. Le roi de Corée conserve sa cour à Hanyang (incluse dans l'actuelle agglomération de Séoul). Quant à Yi Sun-sin, il conserve l'île fortifiée de Hansan, mais sa popularité provoque des haines parmi les courtisans. Il est accusé de trahison, et destitué. Il aurait pu rester sur son île, mais préfère se livrer. Il est emmené à Hanyang enchaîné. Il est ensuite jugé et acquitté, mais est rétrogradé au rang de soldat en sortant de prison.
La campagne de 1597-1598
Cependant, en juin 1597, les Japonais repassent à l'attaque. Ils battent la flotte coréenne et prennent l'île de Hansan.
Le roi fait alors appel en catastrophe à Yi Sun-sin, qui dispose des trois bateaux-tortue de 1592 et de 10 pan ook san. Il vainc le 16 septembre 1598 la flotte japonaise dans la passe de Myong-Yang. Les 333 navires japonais sont gênés par la marée, et la tête de l'amiral Kurushima Michifusa monte orner le mât du bateau-tortue amiral. Les Coréens considèrent cette bataille comme un miracle, car il a vaincu 333 navires japonais avec seulement 13 bateaux. Lors de cette bataille il y eut 2 morts et 3 blessés et aucun bateau coulé du côté coréen contre 18 466 morts et 113 bateaux coulés dans le camp japonais. Cette victoire regonfle le moral des soldats coréens et empêche l'invasion de la capitale (Séoul ou Do Sang) par les mers.
C'est alors que l'utilisation du renseignement permet à Yi Sun-sin de tendre une embuscade. Il avait en effet appris que la flotte japonaise se portait, en difficulté à Suncheon (순천). Le combat a lieu le 16 décembre entre l'île de Namhæ et la péninsule, dans le détroit de Noryang (노량). La flotte coréenne donne le coup de grâce à une armée japonaise rembarquée et s'estimant heureuse de pouvoir revenir au Japon. Touché d'une balle au corps au cours du combat, Yi Sun-sin cache sa blessure pour ne pas décourager ses hommes. Il meurt à la fin de la bataille de No Ryang, après avoir coulé trois cent navires japonais sur cinq cent, et surtout deux cent des deux cent cinquante navires de guerre. Seuls 7 navires de guerre retournent au Japon.
L'héritage du héros national
Yi Sun-sin est le héros national de Corée, par toutes les qualités démontrées au cours de sa vie se terminant par une apothéose. Il fut nommé à titre posthume Seigneur de Loyauté et de Chevalerie (Chungmu-gong, 충무공; 忠武公), titre repris dans un ordre militaire coréen, le Cordon de Chungmu de l'ordre du Mérite et de la valeur militaire. Une avenue du centre historique de Séoul est aussi appelée ainsi : Chungmuro (충무로; 忠武路). La ville de Tongyeong fut fondée en son honneur sur le site de son quartier général, et nommée primitivement Chungmu. On dit toujours de lui qu'il n'a jamais perdu un navire, et qu'il en a coulé plus de mille à ses ennemis, chiffre démontré par des preuves écrites.
Il suscita une telle admiration chez les Japonais, qu'il devint la divinité officielle de la flotte impériale japonaise jusqu'au début du XXe siècle.
Le journal qu'il tenait, comme les rapports qu'il rédigeait à destination de la Cour, ont été édités dans de nombreuses langues.
Une statue lui est élevée sur l'une des principales artères de Séoul, l'avenue Séjong, non loin du palais Gyeongbok (경복궁), en plein centre du quartier historique. Un mausolée, le Hyeonchungsa lui est dédié, à 6 km de Onyang (온양).
Il est possible de voir une reproduction d'un bateau-tortue grandeur nature, au Mémorial de la guerre, à Séoul.
Liens
- Amiral immortel Yi Sun-shin, feuilleton télévisé sud-coréen retraçant la vie de Yi Sun-sin.
- "Cheongun" (Guerriers Célestes), film coréen fantastique de Min Jun-gi réalisé en 2005, reprenant le concept du saut temporel confrontant une escouade de soldats de notre époque à une période charnière de leur histoire nationale, ici au début de la vocation de Yi Sun-sin, à l'instar du film Japonais "Sengoku Jieitai" présenté aussi sous les titres "Time Split", "G.I. Samourai" et "Les Guerriers de l'apocalypse", réalisée en 1979 par Mitsumasa Saito avec Sonny Chiba, ayant inspiré Don Taylor l'année suivante pour le film américain Nimitz, retour vers l'enfer (The final countdown) avec Kirk Douglas.
Liens externes
- La Corée, 5000 ans d'histoire en raccourci - L'Amiral Yi Sun-shin fait face au péril japonais par Léon Rochotte
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