Vipère du Gabon

Vipère du Gabon
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 Bitis gabonica
Bitis gabonica
Classification selon ReptileDB
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Classe Reptilia
Sous-classe Lepidosauria
Ordre Squamata
Sous-ordre Serpentes
Infra-ordre Alethinophidia
Famille Viperidae
Sous-famille Viperinae
Genre Bitis
Nom binominal
Bitis gabonica
(Duméril, Bibron & Duméril, 1854)
Synonymes
  • Echidna gabonica
    Duméril, Bibron & Duméril, 1854
  • Vipera rhinoceros Schlegel, 1855

La Vipère du Gabon (Bitis gabonica) est une espèce de serpent venimeux, issue des forêts tropicales Sub-saharienne[1],[2].

Plus grand et plus lourd représentant de la sous-famille des Viperinae[3], la vipère du Gabon mesure en moyenne 120 cm de longueur, bien quelle puisse rarement atteindre 180 cm. Elle possède les plus longs crochets venimeux parmi les serpents et produit la plus grande quantité de venin[4].

Serpent à la parure extrêmement colorée, qui lui permet un camouflage de premier choix sur les sols feuillus d'Afrique équatoriale, c'est une bête aux mœurs nocturnes et plutôt calme.

Sommaire

Description

Les adultes mesurent en moyenne 122-152 cm de longueur avec un maximum relevé de 205 cm pour un spécimen capturé en Sierra Leone. Le sexe peut être déterminé par le rapport entre la longueur de la queue et la longueur totale du corps: approximativement 12 % pour mâles et 6 % pour les femelles. Les adultes, particulièrement les femelles, sont lourds et puissants. Exemple de dimensions relevées sur une femelle[4]:

Longueur totale 174 cm
Largeur maximale du corps : 12 cm
Circonférence 37 cm
Poids (estomac vide) 8,5 kg

Dans leur description de B. gabonica Spawls et al. (2004) donnent une longueur moyenne de 80 à 130 cm, avec une taille maximale de 175 cm, en précisant : Cette espèce peut atteindre une plus grande taille. Ils mentionnent des rapports sur des spécimens de plus de 1,90 mètre, ou même plus de 2 mètres de longueur, mais stipulent qu'il n'y a aucune preuve pour soutenir ces assertions[5].

La tête est large et triangulaire, tandis que le cou est considérablement réduit : seulement un tiers de la largeur de la tête[4]. Une paire de cornes est présente entre les narines redressées - minuscules chez la sous-espèce B. g. Gabonica, mais beaucoup plus importantes chez B. g. rhinoceros[5] Les yeux sont grands et mobiles[4], situés plutôt vers l'avant de la tête[5], et entourés de 15 à 21 écailles circumorbitaires[4]. Il y a 12-16 écailles interoculaires sur la partie supérieure de la tête. 4-5 rangées d'écailles distinctes des suboculaires et des supralabiales. On observe 13 à 22 écailles supralabiales [4] Les crochets peuvent atteindre une longueur de 55 mm[3] soit plus que chez tout autre serpent venimeux[4].

Au milieu du corps, il y a 28-46 écailles dorsales en lignes, qui sont toutes fortement carénées, sauf pour les lignes extérieures de chaque côté. Les écailles latérales sont très légèrement obliques. Les écailles ventrales sont entre 124 et 140 : rarement plus de 132 chez les mâles, et rarement moins de 132 chez les femelles. Il y a 17-33 paires d'écailles sous-caudales : les mâles n'en ont jamais moins de 25, les femelles jamais plus de 23. On observe une écaille anale unique[4].

Le coloration se compose d'une série de pâles taches rectangulaires qui passent au centre du dos, avec des espaces foncés, tranchant avec des marques jaune sable. Les flancs sont ornés d'une série de losanges brun fauve et de barres verticales claires. Le ventre est pâle avec des taches irrégulières brunes ou noires. La tête est blanche ou crème avec une fine ligne centrale sombre, des taches noires sur les coins arrière, et un triangle bleu foncé-noir derrière et en dessous de chaque œil[5]. L'iris est crème, jaune ou blanc[5], orange ou argenté[6].

Distribution

Répartition des B. Gabonica (en noir)[3]

Cette espèce se rencontre dans les pays suivants[2] : Guinée, Sierra Leone, Liberia, Côte d'Ivoire, Ghana, Togo, Nigeria, Cameroun, Guinée équatoriale, Gabon, République démocratique du Congo (Congo-Kinshasa), République du Congo (Congo-Brazzaville), République centrafricaine, Soudan, Tanzanie, Angola, est du Zimbabwe, Mozambique, au nord-est du KwaZulu-Natal en Afrique du Sud. Sa présence est incertaine au Bénin.

La localité type est : "Gabon" (Afrique) [1].

Habitat

La vipère Gabon se rencontre généralement dans les forêts humides et les terres boisées, surtout à basse altitude[6], mais jusque 1500 m d'altitude[4]. Spawls et al. (2004) mentionne une altitude maximale de 2 100 m[5]. Selon Broadley et Cook (1975), elle se plait généralement dans des environnements proches de ceux occupés par son proche parent , B. Arietans qui se trouve normalement des environnements plus ouverts[7].

En Tanzanie, on trouve cette espèce dans les fourrés denses, les plantations de noix de cajou, et dans les terres agricoles sous les buissons et dans les fourrés. En Ouganda, on la trouve dans les forêts et les prairies avoisinantes. Elle se plait également dans les zones d'exploitations forestières, les plantations de cacao en Afrique de l'Ouest et de café en Afrique de l'Est. Elle a été trouvée dans les forêts à feuilles persistantes en Zambie. Au Zimbabwe, elle ne se rencontre que dans les zones de fortes précipitations le long de l'escarpement boisé de l'est du pays. Parfois, on peut également la rencontrer dans les marais, ainsi que près des rivières lentes. On la trouve généralement dans les zones agricoles à proximité des forêts et sur les routes la nuit[4].

Éthologie

Principalement nocturne, la vipère de Gabon a la réputation d'être lente et placide. Elle chasse habituellement en embuscade, passant souvent de longues périodes, immobile, dans l'attente d'une proie qui lui convienne. Par contre, il est fréquent qu'elle pratique une chasse active au cours des six premières heures de la nuit. A Kumasi, Ghana, plusieurs vipères étaient régulièrement tuées autour des écuries, à proximité d'une forêt située à 500 mètres - signe qu'elles étaient venues chasser des rats dans la prairie. Ce sont généralement des serpents très calmes, même lorsqu'ils sont manipulés, et il leur arrive rarement mordre ou siffler. Toutefois, des morsures par des individus de mauvaise humeur arrivent parfois[5].

Comme prédateur embusqué, ses couleurs lui procurent un excellent camouflage. Bitis gabonica rhinoceros

La locomotion est essentiellement rectiligne, dans une lente « marche » des écailles ventrales. Elle peut ramper de manière plus rapide lorsqu'elle est effrayée, mais seulement sur de courtes distances[4]. Ditmars (1933) l'a même décrite comme étant capable de locomotion latérale[8].

Lorsqu'il se sent menacé, ce serpent peut émettre un sifflement bruyant, profond et régulier en guise d'avertissement, en aplatissant légèrement la tête à l'expiration de chaque respiration[4],[5],[4],[8]. Malgré cela il reste peu enclins à mordre à moins d'avoir été sérieusement provoqué.

Il y a eu de nombreuses descriptions de leur nature peu agressive. Sweeney (1961) a écrit qu'ils sont si dociles qu'ils « peuvent être traités aussi librement que toute espèce non venimeuse », bien que ce ne soit absolument pas recommandé. Lane (1963) explique qu'il capture des spécimens d'abord en les touchant légèrement sur le dessus de la tête avec une paire de pinces pour tester leurs réaction. La colère est rarement affichée, les pinces sont généralement mises de côté et le serpent fermement saisi par le cou avec une main et le corps avec l'autre porté dans une boîte de confinement. D'après lui les serpents n'ont presque jamais lutté[4].

Parry (1975) décrit cette espèce comme ayant un plus large éventail de mouvements oculaires que les autres serpents. Le long d'un plan horizontal, le mouvement des yeux peut être maintenu même si la tête est tournée vers le haut ou vers le bas à un angle de 45 °. Si la tête est orientable sur 360 °, un œil, sera basculé vers le haut et l'autre vers le bas, selon le sens de rotation. En outre, si un œil regarde en avant l'autre regardera en arrière, comme si les deux étaient reliés à une position fixe sur un axe entre eux. En général, les yeux balaient d'avant en arrière de façon rapide et saccadée. Durant le sommeil, il n'y a pas de mouvements oculaires et les pupilles sont fortement contractés. Les pupilles se dilatent brusquement et le mouvement des yeux reprend lorsque l'animal se réveille[4].

Alimentation

En raison de leur grande taille et de leur corpulence, les adultes n'ont pas de difficultés à manger des proies aussi grande qu'un lapin adulte. Lorsqu'une proie passe à leur portée, ils frappent rapidement et avec précision, et généralement enserrent ensuite leur proie comme un constricteur jusqu'à ce que le venin fasse effet, ce qui peut prendre quelques minutes selon la taille de la proie. Ces serpents s'alimentent d'une grande variété d'oiseaux et de mammifères, tels des colombes, de nombreuses espèces de rongeurs, y compris les mulots et les rats, ainsi que les lièvres et les lapins. Il existe également des rapports citant des proies peu probables, comme des singes arboricoles, l' athérure (Atherurus) et même de petites antilopes royales (Neotragus)[4].

Reproduction

Au cours du pic de la période d'activité sexuelle, les mâles s'affrontent. Cela commence par l'un frottant son menton le long du dos de l'autre. Le deuxième mâle va ensuite lever la tête aussi haut que possible. Comme ils font tous deux la même chose, les cous s'entrelacent. Lorsque les têtes sont au même niveau, ils se tournent vers l'autre et poussent. Leurs corps se mêlent comme ils changent de poste. Ils deviennent inconscients de tout le reste, et continuent même après leur chute sur une surface dure ou dans l'eau. Parfois, ils se s'entrelacent et serrent si fort que leurs écailles se détachent sous la pression. Ils ont également été observés frappant l'autre avec la bouche fermée. Parfois, les deux rivaux se fatiguent et cessent l'affrontement par « consentement mutuel », se reposent quelque temps avant de recommencer. Le combat est réglé lorsque l'un des deux réussit à pousser la tête de l'autre au sol et de se dresse de 20-30 cm. En captivité, les affrontements peuvent se produire 4-5 fois par semaine jusqu'à ce que se termine la cour et que le vainqueur s'accouple avec la femelle[4].

La gestation dure environ un an, ce qui suggère un cycle de reproduction de 2-3 ans. Un cycle de reproduction de 5 ans est également possible. Habituellement, les petits naissent en fin d'été. B. g. Gabonica produit de 8 à 43 jeunes vivants (ovivipare). Bitis gabonica rhinoceros peut donner naissance jusqu'à 60 juvéniles. Toutefois, le nombre moyen de jeunes dépasse rarement 24. Les nouveau-nés mesurent de 25 à 32 cm de longueur[4] et pesent de 25 à 45 g[3].

Envenimation

Pour consulter un article plus général, voir : Envenimation.

Le venin de cette vipère est extrêmement toxique, cependant la dangerosité de ce serpent provient surtout du très important volume qu'il injecte a chaque morsure (de 10 a 15 ml). Cette nécessité d’injecter un fort volume a engendré des glandes à venin très développées, donnant sa forme triangulaire a la tête de la vipère.
En cas de morsure, l'injection d'un sérum adéquat et une sérothérapie doit être faite au plus vite. Cette vipère possède les crochets à venin les plus longs de tous les serpents, mesurant jusqu'à 5 cm de longueur[9].

Liste des sous-espèces

Selon Reptarium Reptile Database (9 août 2011)[10] :

Publication originale

  • Duméril, Bibron & Duméril, 1854 : Erpétologie générale ou histoire naturelle complète des reptiles. Tome septième. Deuxième partie, comprenant l'histoire des serpents venimeux, p. 781-1536 (texte intégral).

Liens externes

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Notes et références

  1. a et b McDiarmid RW, Campbell JA, Touré T. 1999. Snake Species of the World: A Taxonomic and Geographic Reference, vol. 1. Herpetologists' League. 511 pages, ISBN 1-893777-00-6 (series). ISBN 1-893777-01-4 (volume).
  2. a et b Référence Reptarium Reptile Database : Bitis schneideri (en)
  3. a, b, c et d Spawls S, Branch B. 1995. The Dangerous Snakes of Africa. Ralph Curtis Books. Dubai: Oriental Press. 192 pp. ISBN 0-88359-029-8.
  4. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, q et r Mallow D, Ludwig D, Nilson G. 2003. True Vipers: Natural History and Toxinology of Old World Vipers. Krieger Publishing Company, Malabar, Florida. 359 pp. ISBN 0-89464-877-2.
  5. a, b, c, d, e, f, g et h Spawls S. , K Howell, R Drewes, Ashe J. 2004. Un guide de champ des reptiles de l'Afrique de l'Est. Londres: A & C Black Publishers Ltd 543 p. ISBN 0-7136-6817-2
  6. a et b Mehrtens JM. 1987. Vivre serpents du monde en couleurs. New York: Editeurs Sterling. 480 p. ISBN 0-8069-6460-X.
  7. Broadley, G.;. Cock, EV (1975). Serpents de la Rhodésie. Afrique Longman, Salisbury. (OCLC 249318277)
  8. a et b Ditmars RL. 1933. Reptiles du monde. La Société MacMillan. Revised Edition. plaques 329 p. 89.
  9. Référence Animal Diversity Web : Bitis gabonica (en)
  10. Reptarium Reptile Database, consulté le 9 août 2011


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Vipère du Gabon de Wikipédia en français (auteurs)

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