Villeneuve de Grenoble

Villeneuve de Grenoble

45° 09′ 49″ N 5° 44′ 10″ E / 45.163491, 5.736065

Parc Jean Verlhac à la Villeneuve

La Villeneuve est le quartier le plus au sud de la ville de Grenoble. Si la Villeneuve est la plus importante opération durbanisme quait connu Grenoble, elle est aussi celle qui aura suscité le plus dintérêt et de polémique.

En 1973, le journal « Le Monde » titrait un article sur la Villeneuve de Grenoble : « Un grand ensemble réussi ? ». En 2009, dans un article sur Grenoble, le même journal évoquait la Villeneuve comme « le symbole décrépi du socialisme municipal ».


Sommaire

Historique

Emprise foncière de la Villeneuve de Grenoble (en rouge) et d'Echirolles (en noir)
Emprise foncière de la Villeneuve de Grenoble et d'Echirolles

Grenoble dans les années 1960 connaissait à la fois une expansion démographique exceptionnelle, un sous-équipement chronique et une nette situation denclavement. La construction anarchique correspondait tellement mal à la demande que quelques milliers de logements en accession restaient vides faute dacquéreurs solvables alors quune demande égale en locatif restait insatisfaite.

Après plusieurs tentatives pour donner à lagglomération un plan daménagement cohérent, lEtat désignait Henri Bernard, grand prix de Rome, comme urbaniste; mesure dautant plus nécessaire que Grenoble venait dêtre choisie comme ville daccueil des Jeux olympiques d'hiver de 1968.

Simultanément, les villes de Grenoble et dÉchirolles, mitoyennes, décidaient de créer chacune une Zone à Urbaniser en Priorité sur un vaste espace entre les deux communes occupé par l'Aéroport de Grenoble-Mermoz. Chacune désignait un architecte en chef, Grenoble choisissant lurbaniste chargé du plan daménagement de lagglomération. Celui-ci remit ses projets début 1965.

Approuvés par lEtat, ils furent rejetés par la commune dEchirolles et lopposition municipale à Grenoble.

Or les élections de mars 1965 reconduisirent la municipalité dEchirolles et amenèrent au pouvoir lopposition grenobloise. De nouveaux projets devenaient possibles dautant que se constitua rapidement un syndicat intercommunal pour létude des problèmes durbanisme, groupant toutes les communes de lagglomération et quétait mise en place une agence durbanisme, municipale puis dagglomération.

La Villeneuve dans lagglomération

Village olympique de Grenoble

Les deux municipalités de Grenoble et dÉchirolles décident détudier leurs deux ZUP dans le cadre du Schéma Directeur de lAgglomération et selon un plan daménagement commun, chacune se réservant de réaliser son opération en fonction de ses besoins propres.

Lesquisse daménagement des deux ZUP est approuvée par les deux communes en 1967. Cohérente avec le Schéma Directeur de lagglomération, elle propose de créer, à la jonction des deux communes, une zone centrale destinée à accueillir :

  • les équipements et services nécessaires à toute la partie sud de lagglomération
  • un centre secondaire destiné à accueillir également les grands équipements dagglomération ne pouvant trouver leur place dans le centre ville.

Sur chacune des deux communes, trois quartiers de deux mille logements chacun sont reliés à ce centre et accompagnés de zones dactivités.

Ces projets intègrent évidemment les dispositions prévues précédemment pour la bonne tenue des Jeux Olympiques, dont le village daccueil.


La mise en place

Maquette en bois de la Galerie de l'Arlequin, Villeneuve de Grenoble
Maquette en bois de la Galerie de l'Arlequin, Villeneuve de Grenoble

La municipalité de Grenoble, conduite par Hubert Dubedout, confie à lAgence durbanisme le programme de sa ZUP et à lAtelier d'urbanisme et d'architecture le parti architectural.

Elle confirme la SADI (Société dAménagement de lIsère) comme aménageur; puis précise ses objectifs :

  • mixité des logements,
  • simultanéité de mise en service des logements et dune large gamme déquipements publics,
  • priorité aux transports en commun et aux cheminements piétons,
  • création de zones demplois les plus intégrées possible aux quartiers et au centre, construction par tranche correspondant à la totalité dun quartier,
  • constitution sur place dune équipe commune à tous les organismes impliqués dans les études et la réalisation : léquipe Villeneuve[1].

Le choix du projet

Croquis des Villeneuves de Grenoble et Echirolles reliées par un centre

Fin 1967, le Conseil Municipal choisit, parmi trois projets durbanisme qui lui sont proposés, celui qui correspond le mieux à ses objectifs.

Au nord du « centre secondaire », deux quartiers constitués dimmeubles assez hauts pour dégager entre eux un grand parc, mais de hauteurs variables et formant un ensemble permettant de disposer du rez-de-chaussée pour une galerie piétonne reliant logements et équipements au centre.

Côté parc, les équipements collectifs, côté opposé les accès voitures et les transports en commun. Un troisième quartier est prévu à lest du centre.

Chacun de ces quartiers est accompagné de petites zones daccueil dactivités ou de services. Le « centre » lui-même est accessible côté Echirolles et côté Grenoble par les cheminements piétons issus des quartiers. Il accueille la gare des transports en commun qui longent les quartiers. Des parkings publics sont prévus sous la dalle piétonnière sur laquelle il est bâti.

Ce projet est approuvé par lEtat début 1968.

Les équipements publics

Léquipe Villeneuve poursuit alors les études, en particulier pour les équipements publics de quartier selon les orientations municipales. Il sagit des équipements correspondant aux besoins quotidiens des habitants au delà des découpages par ministères financeurs, ce qui implique bientôt un arbitrage de la DATAR (Délégation à lAménagement du Territoire et à lAction Régionale) et la création des « équipements intégrés », chaque ministère versant sa participation à un ensemble commun, sans exiger une propriété spécifique de bâtiments.

Lobjectif était en effet dabord une série dinnovations dans les programmes des équipements éducatifs, de santé et autres, innovations qui nétaient pas acceptés par chacun des ministères.

La réalisation

Galerie de l'Arlequin

Mis en chantier en 1970, le premier quartier, dénommé lArlequin[2] en référence à ses façades colorées, est habité en avril 1972, avec la moitié adjacente du parc Jean Verlhac et les équipements collectifs prévus. La répartition des logements est sensiblement conforme aux objectifs de mixité, mais son architecture innovante dans des logements accessibles par de longues coursives, souffre quelque peu dun financement insuffisant.

les quartiers

La première tranche du Centre secondaire de lagglomération, commun aux deux ZUP de Grenoble et dEchirolles, est mise en service en 1975 avec le centre commercial Grand'place, des bureaux et des équipements dagglomération.

Le deuxième quartier, les Baladins, est habité entre 1978 et 1981 en même temps que lachèvement du parc. Si le schéma durbanisme est proche de celui de lArlequin, son architecture est plus diversifiée et son programme déquipements tient compte des enseignements tirés du premier quartier.

Les zones dactivités accueillent progressivement activités de service et grandes entreprises de nouvelle technologie comme Bull.

de 1983 aux années 2000

En 1983, la municipalité dUnion de la gauche nest pas reconduite. La nouvelle équipe abandonne la construction du troisième quartier et modifie quelque peu le contenu des zones dactivités.

En 1987, la première ligne A de tramway de lagglomération, prévue dès la fin des années 1970, remplace la ligne dautobus 15. Elle traverse la Villeneuve du nord au sud, avec deux arrêts et arrive dans la gare centrale qui est modifiée en conséquence.

Progressivement, dans les années 1990 et 2000, le centre se complète avec des bureaux et des équipements dagglomération comme la Patinoire Pôle Sud. Les anciennes zones industrielles, non comprises dans la ZUP, accueillent un nouveau quartier : Vigny-Musset, achevant ainsi de souder la Villeneuve au tissu urbain résidentiel grenoblois.

Pour mémoire les municipalités successives dEchirolles maintiendront leur programme et termineront le troisième quartier et les zones dactivités et de services au début des années 1980.

La Villeneuve : image et vécu

Plus importante peut-être que lhistoire de sa réalisation est celle de son vécu. Dès sa création, pour tous ses aspects innovants, la Villeneuve fut la cible de multiples critiques, dont celle, systématique, de lopposition municipale. Trente cinq ans plus tard il convient dêtre nuancé.

  • Dune part parce que ni la société française ni la société grenobloise ne sont les mêmes en 2009 quau milieu des années 1960. Aux "trente glorieuses" a succédé la crise. Les aspirations douverture et dacceptation des différences ont fait place au repli sur soi et à la hantise de la sécurité. A la croissance a succédé le chômage, en particulier des jeunes, partie importante de la population dans ces quartiers les plus jeunes de Grenoble.
  • Dautre part, parce quaprès la période de création dun mode de vie qui se voulait nouveau et lenthousiasme militant que cela impliquait, est venue la période la municipalité en place de 1983 à 1995 a considéré la Villeneuve comme le quartier daccueil privilégié des populations en difficultés[réfnécessaire], entraînant un certain retrait des classes moyennes sur qui reposait en grande partie louverture sociale. Labandon, dans certains équipements, des programmes expérimentaux en ont changé la perception, voire lutilisation, par les groupes sociaux qui en avaient porté la conception.

Enfin, un sous entretien des logements sociaux et des équipements collectifs en a dégradé limage. Les efforts, parfois timides, parfois dampleur inapplicable, entrepris depuis 1995, nont pas permis de rattraper partout une certaine dégradation du bâti. Les problèmes inhérents aux quartiers dont une partie de la population est en difficulté, sont apparus.

Toutefois, la Villeneuve reste un quartier apprécié[3] de ses habitants pour la qualité des logements, lagrément du parc, la multiplicité de ses équipements et la vigueur de ses associations. Mais son image à lextérieur pâtit de celle des « grands ensembles ».

Le quartier a été secoué en juillet 2010 par de violentes émeutes et affrontements avec la police, faisant suite à une fusillade entre des braqueurs et la police au cours de laquelle un malfaiteur est décédé.

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

  • René Jullian : Histoire de larchitecture moderne en France, ed Philippe Sers 1984, pages 238 sqq.
  • Jacques Joly, Jean-François Parent : Grenoble de 1965 à 1985, paysage et politique de la ville, PUG 1988.
  • Jean-François Parent, Jean Louis Schwartzbrod : Deux hommes, une ville :Grenoble, La Pensée Sauvage 1995.
  • J.Joly : Formes urbaines et pouvoir local ,Grenoble dans les années 1960-1970, Presses Universitaires du Mirail 1995.

Notes et références

  1. chef de projet Jean-François Parent qui a donné le fond de cet article
  2. La galerie de l'Arlequin est construite à l'emplacement même du stade se sont déroulées les cérémonies d'ouverture et de clôture des jeux olympiques de 1968.
  3. Villeneuve de Grenoble, la trentaine, paroles dhabitants, Hervé Bienfait; éditions Cnossos; 2005.


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Villeneuve de Grenoble de Wikipédia en français (auteurs)

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