- BEOS
-
BeOS
BeOS est un système d'exploitation développé par la société américaine Be Inc., fondée par le français Jean-Louis Gassée, un ex-dirigeant d'Apple à partir de 1991. Initialement conçu pour un ordinateur spécifique, la BeBox, il a d'abord été adapté au Macintosh, puis au PC en 1998.
BeOS est un système présentant des caractéristiques innovantes pour l'époque :
- support multiprocesseur (SMP)
- entièrement multitâche et multi-thread
- système de fichier journalisé, 64 bits et utilisant certaines techniques des bases de données, le BeOS file system (BFS)
- interface homme-machine (IHM) très intuitive, car dépouillée et allant à l'essentiel
- une API native presque entièrement objet, écrite en C++
Sommaire
Les versions libres ou basées sur BeOS R5
La dernière version sortie est BeOS R5. Il n'y aura plus de version éditée par Be Inc., qui a été rachetée par Palm en 2001. Toutefois, plusieurs projets libres et/ou gratuits contribuent au développement de différents successeurs à BeOS 5.
- Haiku (anciennement OpenBeOS) : basé sur le noyau NewOS, Haiku a pour principal but d'être le plus proche possible de BeOS R5, dans sa version R1, avec notamment une compatibilité binaire (les applications n'auront pas besoin d'être recompilées). C'est un projet libre.
- (fr) BeOS 5 Developer Edition, basé sur BeOS 5 Personal Edition, ce projet, abrégé "Deved" et maintenu par un Français, propose une distribution à jour et en permanente évolution.
- BeOS Wind, une projet similaire à BeOS Deved ci-dessus.
Une version propriétaire
La société allemande yellowTab, éditée par Magnussoft, a développé une version mise à jour de BeOS, qui s'appelait ZETA. Cette version était basée sur la version 5.1 de BeOS qui était encore en version bêta dans les bureaux de Be Inc. lors de son rachat par Palm. De nombreux ajouts ont été faits afin de le maintenir face à un Windows toujours plus puissant.
Afin d'écarter tous problèmes juridiques, l'éditeur Magnussoft a purement et simplement arrêté de distribuer ZETA à compter d'avril 2007.
Historique
Be Inc.
L'entreprise est fondée en octobre 1990 par Jean-Louis Gassée, un français et Steve Sakoman, deux exilés d'Apple et d'Hewlett-Packard.
Jean-Louis Gassée commence sa carrière informatique chez Hewlett-Packard en 1968, il crée Apple France en janvier 1981.
Sakoman a lui aussi commencé sa carrière chez HP, il fut ensuite engagé par Apple en 1984, pour ses connaissances sur les ordinateurs portables. Il sera ensuite à la tête du groupe Newton PDA, qui pour rappel était l'un des premiers PDA (Assistant Personnel Digital). Steve Sakoman a également été directeur des produits et technologies chez Silicon Graphics lors du projet de la Nintendo 64.
Jean-Louis Gassée (JLG) voulait appeler la société 'United Technoids Inc.', Sakoman n'aimait pas et se proposa de chercher l'inspiration dans le dictionnaire. Quelques jours plus tard, Jean-Louis lui demanda s'il avait trouvé, Steve dit qu'il s'était arrêté de fatigue à la lettre de 'B'. Jean-Louis comprit « Be » - être en anglais - et trouva que cela sonnait bien. Ils se sont alors rendu compte du quiproquo, en rirent et décidèrent de garder « Be » comme nom de société.
Be s'implante à Menlo Park en Californie et aura ensuite son antenne européenne à Paris ainsi qu'une à Tōkyō pour l'Asie. Leur rêve était de concevoir un système nouveau, dédié aux applications multimédia, dans la lignée des Amiga.
La BeBox
À peine un an après, un premier prototype basé sur le processeur Hobbit d'AT&T est prêt ; fortuitement, celui-ci est le même que dans les premiers modèles Newton. Le second prototype voit son apparition en 1991, il s'agit alors d'une machine sans interface graphique, utilisant pas moins de 2 processeurs et 3 DSP : pour la téléphonie, l'audio et la vidéo ; elle préfigure l'orientation multimédia.
Sakoman construira une trentaine de BeBox I dans son garage, avec l'aide de plusieurs ingénieurs de Be Inc. et de son fils de 12 ans. Il continuera à développer plusieurs adaptateurs. AT&T décidant de mettre fin à la production des 'Hobbit', Be Inc. se tourne alors vers les PowerPC (PPC) d'IBM qu'Apple a intégré dans ses Macintosh en remplacement des 68000 de Motorola.
La première révision de la BeBox PowerPC n'est pas moins qu'une BeBox I hybride munie d'une carte d'adjonction (soit 2 Hobbit/3DSP/2PPC), celle-ci permettra aux développeurs de concevoir le port PPC.
Le 3 octobre 1995, la première BeBox fait son apparition publique et génère l'effervescence des utilisateurs et des développeurs.
La BeBox, munie de ses 2 processeurs PowerPC, est commercialisée en 1996 avec la version DR5 (Developer Release) du logiciel, mais ne sera livrée en quantité qu'à partir de la version suivante. La raison de ce délai est notamment dû à la demande trop importante et à la finalisation de la DR7.
BeOS
Le système d'exploitation de la BeBox trouvera enfin son nom en février 1996 : BeOS.
La version DR8 suit, un port pour Macintosh apparaît pour Power Macintosh en janvier 1997 avec la DR8.2.
La société interrompt la production de ses BeBox en janvier 1997, elle concentre alors ses efforts sur le système d'exploitation. BeOS attire déjà l'attention de nombreux développeurs.
Apple
Apple, qui recherche alors de nouvelles technologies pour son futur système d'exploitation (qui deviendra Mac OS X), voit BeOS à la fois comme un concurrent et comme un associé potentiel. L'entreprise demandant un prix trop élevé selon Apple, 200 millions de dollars, ce dernier préférera investir le double dans la plate-forme NeXTSTEP de Steve Jobs, ce qui n'est pas surprenant étant donné la position que celui-ci avait occupé chez Apple, auparavant. Il reprendra d'ailleurs rapidement la tête de l'entreprise.
Intel
Contraint d'abandonner le monde d'Apple qui n'autorise plus les clones basés sur le G3, Be Inc. migre alors vers la plate-forme x86, communément appelée PC, dominée par Intel et AMD. Intel devient même actionnaire de la petite société en 1997, la Preview Release arrive la même année.
BeOS version R3 (Release 3) arrive en mars 1998, marquant une grande étape : BeOS est enfin disponible pour le grand public. Il est disponible pour PC et un port pour PowerPC apparaît logiquement un mois après.
...puis Microsoft
Avec une cinquantaine d'ingénieurs seulement, BeOS 4 arrive en novembre 1998 : le système continue de séduire toute une communauté d'utilisateurs, BeOS est rapide, simple, intuitif et stable. Mais il grignote une part de marché insignifiante.
La société conclut des contrats avec certains géants de l'informatique, tel Hitachi, dans le but de fournir des ordinateurs préinstallés avec BeOS et Windows. L'entreprise est trop petite pour prétendre à concurrencer Microsoft et c'est d'ailleurs dans l'esprit de Be Inc. de fonctionner en harmonie au côté d'autres systèmes.
Be ne parvient pas à signer de contrat avec les fabriquants, cela prive ainsi l'entreprise du principal vecteur de distribution.
En 1999 sort la version 4.5 qui lève encore plus haut la barre du multimédia temps réel. BeOS fonctionne toujours sur les BeBox, les PowerPC et les processeurs x86. Le site web est particulièrement sympathique. Outre les petites phrases Haïku, il permet de consulter le développement interne. Un accord est obtenu avec Opera qui fournit un navigateur Web, plus évolué que celui fourni en standard, NetPositive.
L'entreprise est cotée au Nasdaq le 20 juillet, elle propose 6 millions d'actions.
BeIA
En janvier de l'an 2000, l'entreprise n'arrive toujours pas à atteindre la rentabilité sur un marché largement dominé par Microsoft.
Elle décide donc de se focaliser complètement sur un marché prometteur, et non monopolisé, celui des "appareils communiquants".
BeIA (Be Internet Appliances) est donc développé sur base de BeOS, il s'agit d'un système d'exploitation allégé destiné aux futurs appareils connectés à l´Internet, tels que TV, PDA, etc.
Il y eut plusieurs accords pour fournir BeIA avec, entre autres, Compaq et Sony.
Be Inc. développe BeIA MAP, la première plate-forme de gestion complète des « appareils communiquants ». MAP comporte un serveur qui permet de gérer les clients BeIA à distance.
BeOS R5
L'entreprise étant clairement préoccupée par BeIA, BeOS est mis temporairement de côté, au détriment des utilisateurs.
Dans un même temps, elle offre une version gratuite (la PE, pour Personal Edition) de la R5 en mars 2000, le succès fut rencontré avec plus d'un million de téléchargements, mais ne fut pas profitable économiquement à Be.
We loved Being
Compaq brisera l'accord de coopération confidentiel (NDA, de l'anglais non-disclosure agreement), en faisant part à Microsoft de son projet d'appareil Internet avec BeIA. Finalement, Compaq utilisera une version allégée de Windows.
Les investisseurs placeront plus de 100 millions de dollars en 10 ans, alors que les revenus ne dépasseront jamais plus de 3 millions par an.
Les finances s'amenuisent et Be Inc. est contraint de cesser ses activités en 2001.
Après avoir revendu (pour 11 millions de dollars) sa propriété intellectuelle à Palm, où la plupart des ingénieurs trouvent refuge, Be intente un procès à l'égard de Microsoft. Le 6 septembre 2003, elle obtient 23,25 millions de dollars, alors qu'à une époque, Be était évaluée à 1 milliard de dollars. Cette somme, dérisoire, sera reversée à ses actionnaires, et le géant informatique n'admettra aucun méfait.
Haïku et les autres
Après l'annonce de la fermeture de Be, plusieurs initiatives voient le jour pour faire revivre une version libre de BeOS, comme BlueEyedOS, BeFree ou encore Cosmoe, qui se basent sur un noyau Linux ou FreeBSD (pour BeFree). Depuis, tous ces projets sont à l'abandon, seul Haïku (anciennement OpenBeOS) est toujours actif.
Pourtant ce projet est le plus ambitieux, car ayant pour objectif de redévelopper de zéro BeOS, tout en gardant la compatibilité au niveau de l'exécutable (là où les autres projets gardaient une compatibilité avec les sources uniquement). Aujourd'hui, Haïku démarre avec l'interface graphique et plusieurs logiciels fonctionnent, dont un des plus spectaculaire est Quake 3.
BeOS a inspiré un autre projet de système d'exploitation libre, Syllable, qui lui est toujours actif et déjà bien avancé.
ZETA
YellowTab, une société allemande, a repris le flambeau où Be l'avait laissé ; elle a continué l'évolution de BeOS avec ZETA. En 2006, YellowTab a été judiciairement liquidée. Le développement et la distribution de ZETA a été repris par la société Magnussoft.
Zeta se veut être la R6 de BeOS, (zêta est la 6e lettre de l'alphabet grec) et est d'ailleurs basée sur la version qui était en cours de développement par Be lors de leur fermeture. Elle apporte maintes nouveautés, telles des icônes vectorielles (SVG), une réécriture complète de la couche réseau, un support plus complet de l'USB. D'autres technologies sont annoncées telles que Java ou encore OpenGL.
La société YellowTAB n'a jamais expliqué comment elle avait obtenu les sources du système d'exploitation de Be, celui-ci étant la propriété de Palm Computing. Un doute subsiste donc sur la légalité du projet.
Lorsque le japonais ACCESS a racheté Palm Source, société qui détenait la propriété intellectuelle de BeOS, des contacts ont été établis avec YellowTab afin de clarifier la situation concernant ZETA. Mis au courant, l'éditeur de ZETA, Magnussoft, préféra stopper temporairement la distribution du système. Sans réponse de YellowTab, et pour éviter tout problème juridique avec ACCESS, l'éditeur mit définitivement un terme à la distribution de ZETA en avril 2007.
L'accord de distribution conclu entre YellowTab et Magnussoft expirant fin 2007, ZETA restera au point mort.
Liens externes
- (en) BeOS News
- (en) Le site officiel d'Haiku
- (en) Le site officiel de ZETA
- (fr) Le portail francophone BeOSFrance
- (en) Un site dédié aux Bebox
- Portail de l’informatique
Catégorie : Système d'exploitation
Wikimedia Foundation. 2010.