Valeur travail (idéologie)

Valeur travail (idéologie)
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Pour l'économie politique classique et pour Marx qui s'en inspire, la « valeur travail » est une catégorie proprement économique. Pour cette acception, on se référera aux articles spécifiques : valeur travail (économie) et théorie de la valeur (marxisme)

De nos jours, l'expression valeur travail a aussi acquis un sens moral. Nous sommes ici dans le domaine de l'idéologie, en tant que moyen de représentation du monde. Selon le système de valeur, le travail peut y avoir une place plus ou moins importante et il peut y être plus ou moins bien considéré. La valorisation du travail a une histoire, qui est en particulier liée à l'avènement du travail moderne, soit du travail salarié. Ainsi, Dominique Méda a distingué trois étapes de cette valorisation : au cours de la première période, au XVIIIe siècle, le travail est valorisé comme facteur de production ; au cours du XIXe siècle , il est consacré comme l'essence de l'homme ; au XXe siècle, il devient le pivot du système de distribution des revenus, des droits et des protections[1].

Sommaire

Historique de la valeur travail comme idéologie

La valeur travail dans l'Antiquité

La valeur travail est inexistante dans la Grèce antique. Seul le travail agricole est parfois loué. Les activités sont classées dans diverses catégories sans que la notion générale de travail s’impose. Les Grecs distinguent deux grands groupes de tâches, l’une désignée par le terme ponos qui regroupe les activités pénibles, exigeant un effort et un contact avec la matière, considérées comme dégradantes. Les autres, identifiées comme ergon (œuvre), sont associées à des arts, tous particuliers, ne pouvant faire l’objet d’une commune mesure : le travail. L’idéal grec se trouve au contraire dans le digne loisir qui permet l’entretien du corps (gymnastique) et de l’esprit (science comme contemplation du vrai), et surtout la participation aux affaires de la Cité. De cette conception dérive l’usage fréquent des esclaves dont la valeur n’est pas estimée en termes de travail mais d’utilité. Ainsi, selon Karl Popper, Platon considère que « les travailleurs, marchands et autres, font partie de cette tourbe dont l'unique fonction est de pourvoir aux besoins matériels des gouvernants »[2].

L'étymologie du mot travail qui vient du latin tripalium, un instrument de torture à trois pieux, nous renseigne par exemple sur la valeur attribuée au travail dans la Rome antique.

Le travail et Confucius

La pensée confucianiste voit le travail comme une chose secondaire. Lorsque, dans le Lunyu, le maître évoque sa vie, il tient les propos suivants: « A quinze ans, je résolus d’apprendre. A trente ans, j’étais debout dans la voie. A quarante ans, je n’éprouvais plus aucun doute. A cinquante ans, je connaissais le décret du Ciel. A soixante ans j’avais une oreille parfaitement accordée. A soixante dix ans j’agissais selon les désirs de mon cœur, sans pour autant transgresser aucune règles. » [3] Cette phrase, outre le résumé de la vie de Confucius, définit également le canon de la vie d'un homme confucéen (le maître étant un exemple), l'insignifiance de la valeur travail par rapport aux questions du savoir, de la morale et de la société.

Plus tard, Mencius définira le travail comme simple activité humaine devant permettre à la société de subvenir à ses besoins[4]. Le travail n'est pas présenté comme une valeur centrale, il est au service de la société. Il faut, selon Mencius, travailler le nécessaire, mais ne pas exploiter jusqu'à l'usure les ressources[4].

Ce sont en revanche les légistes, opposants radicaux et frontaux des confucéens à l'époque des royaumes combattants [réf. nécessaire], et notamment le réformateur Shang Yang, qui donnent une importance cruciale au travail. Durant son gouvernement, il fut interdit à tout sujet du royaume de Qin de pratiquer toute activité autre que agricole et militaire (arts, commerce, oisiveté furent prohibés)[5]. Pour Jean Lévi, le travail sous le règne des légistes est d'abord un instrument de domination pour s'assurer la docilité d'un peuple : « faciliter la surveillance de la population en empêchant sa mobilité, interdire la formation de puissances économiques qui pourraient s’ériger en rivale de l’Etat et annihiler les facultés intellectuelles des hommes ». [réf. nécessaire].

La valeur travail dans le christianisme[6]

Contrairement à une idée qui est plus ou moins répandue, le travail n'est pas un châtiment divin qui viendrait punir le péché originel. Dieu avait donné la Terre à l'Homme pour qu'il la cultive avant même le péché originel. Toutefois, à cause du péché originel, le travail est devenu pénible par certains aspects: « Puisque tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé de l'arbre au sujet duquel je t'avais donné cet ordre : Tu n'en mangeras point ! le sol sera maudit à cause de toi. C'est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie, [...] C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris ; [...] Et l'Éternel Dieu le chassa du jardin d'Éden, pour qu'il cultivât la terre, d'où il avait été pris. »[7]

La Bible n'encourage pas à la paresse : « lorsque nous étions chez vous, nous vous disions expressément, si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus. »[8]

Mais l'exploitation inconsidérée du travail y est également clairement dénoncée : « À vous maintenant, riches ! Pleurez et gémissez, à cause des malheurs qui viendront sur vous. Vos richesses sont pourries, et vos vêtements sont rongés par les teignes. Votre or et votre argent sont rouillés ; et leur rouille s'élèvera en témoignage contre vous, et dévorera vos chairs comme un feu. Vous avez amassé des trésors dans les derniers jours ! Voici, le salaire des ouvriers qui ont moissonné vos champs, et dont vous les avez frustrés, crie, et les cris des moissonneurs sont parvenus jusqu'aux oreilles du Seigneur des armées. » [9]

Le travail a été une valeur judéo-chrétienne mise en avant par la suite par notamment saint Jean-Baptiste de la Salle et plus récemment saint Josémaria Escriva. Le travail est également un des fondements idéologiques du protestantisme[10]. Plus récemment, l'Eglise catholique a solennellement réaffirmé la valeur sanctificatrice du travail lors du concile Vatican II. La doctrine sociale de l'Eglise consacre elle aussi une grande partie de son enseignement aux rapports des hommes avec le travail [11].

Au Moyen Âge

Au Moyen Âge, les théologiens attribuent des valeurs contradictoires au travail. À l'époque carolingienne, les clercs occidentaux distinguent deux types de travail : le travail intellectuel (arts libéraux) et le travail physique (arts mécaniques)[12]. Le travail des paysans est méprisé par les lettrés : au Xe siècle, Adalbéron de Laon décrit dans son Poème au roi Robert une société hiérarchisée dans laquelle « ceux qui travaillent » sont considérés comme inférieurs au clercs et aux chevaliers. Les paysans doivent à leur seigneur un travail gratuit, la corvée, mais l'esclavage recule à la fin des temps carolingiens. L'Église interdit le travail le dimanche, mais également les jours de fêtes, qui sont fort nombreux au Moyen Âge : vers 1350, un jour sur deux est férié[13].

Dans les monastères, la règle bénédictine prévoit le travail des moines pour la communauté, ainsi que d'autres tâches comme la copie de manuscrits. Au XIIe siècle, l'abbé Bernard de Clairvaux revalorise le travail manuel, en réaction au mode de vie clunisien et de certains évêques. Les cisterciens cultivent leurs domaines en faire-valoir direct, avec l'aide de frères convers. À la même époque, la scolastique réhabilite le travail.

L'invention du travail au sens moderne

On peut dater l'invention de la notion moderne de travail du XVIIIe siècle. Adam Smith l'exprime au mieux dans sa Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations. Le travail est défini comme ce qui crée de la richesse (notre actuel « facteur de production »). Mais il n'est pas « valorisé » : il reste synonyme de peine et d'effort. Au début du XIXe siècle, une autre conception du travail se fait jour : le travail est désormais défini comme une liberté créatrice, "l'essence de l'homme". Marx poussera cette définition à son acmé. À la fin du XIXe siècle, l'idée du travail comme valeur reste fortement ancrée chez les socialistes, mais les Etats-Providence vont se mettre en place en faisant du lien salarial le canal par lequel les droits, les protections et les revenus se mettent en place : alors que Marx voyait dans l'abolition du rapport salarial le moyen de rendre le travail (actuellement aliéné) conforme à son essence (travail épanouissant), le rapport salarial devient au contraire ce par quoi transitent les revenus, les droits et les protections (notamment le droit du travail et le droit social). Il incombe dès lors à l'Etat-Providence de maintenir à tout prix le plein emploi. Mais le "citoyen est dédommagé pour la pénibilité qui reste, quoi qu'il en soit, attachée au statut de salarié, même s'il est plus confortable...Le levier permettant de pacifier l'antagonisme de classe reste donc la neutralisation de la matière à conflit que continue de recéler le travail salarié (Habermas)[14].

Au XIXe siècle

Le concept de travail est fondamental dans le débat économique et politique dans la mesure où, comme le dit Marx, la politique c'est « l'organisation de la production à l'échelle sociale ». Hegel développe l'idée du travail libérateur : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).

Au XXe siècle

Idéologie pendant la Seconde Guerre mondiale

Le régime nazi reprend le thème du travail libérateur et positif, par opposition à la vieille image allemande antisémite du juif, usurier inactif et parasite, profitant du travail des autres. Le slogan Arbeit macht frei (« Le travail rend libre ») sera même apposé à l'entrée des camps d'extermination.

Le régime de Vichy, imitant l'Allemagne nazie et voulant tourner le dos aux conceptions du Front populaire (semaines des 40 heures, congés payés, etc.), où il voit la source de la défaite, reprend la glorification du travail. Une nouvelle devise nationale voit le jour en 1941 dans le cadre de la Révolution nationale voulue par le maréchal Philippe Pétain : Travail, Famille, Patrie. Le droit de grève est supprimé, de même que l'activité syndicale. Les syndicats sont remplacés par des corporations contrôlées par l'État. Le retour à la terre est encouragé. Le travail des femmes, en revanche, est découragé : la politique nataliste du régime veut qu'elles soient des mères, pas des travailleuses : la division sexuelle du travail est officiellement légitimée[15].

De la valeur du travail à sa remise en cause : vers une société du loisir ?

À la suite à la Seconde Guerre mondiale, la France (mais aussi les pays développés) connaissent une période de croissance importante lors des Trente Glorieuses. On voit ainsi que les classes moyennes bénéficient de l’élévation de leurs niveaux de vie et de l’essor de la consommation de masse. Les activités liées aux loisirs participent dès lors de l’épanouissement personnel aux côtés des activités professionnelles, et remettant en cause l'idée du travail au profit de la société du loisir (congés payés, baisse du temps de travail…).

En parallèle, l’évolution de la nature des tâches provoque un déplacement de valeur : on passe de l’effort physique à l’intellectualisation des tâches. Au début des années 1970, grâce à une croissance économique qui s’inscrit dans la durée, la situation des salariés leur est dans l'ensemble favorable : plein emploi, niveau de salaire garanti, protection sociale, améliorations des conditions de travail… De la même manière, les conditions de vie s’améliorent : santé, logement, éducation, consommation, loisirs… Il faut cependant nuancer ce mieux social : en effet, la modernisation des entreprises après-guerre ne concerne que les entreprises de pointe. Dans les secteurs plus classiques de l’industrie (automobile, métallurgie, textile), les conditions de travail sont quasiment restées les mêmes dans les usines, de la Première Guerre mondiale aux années 1970 : électrification, mécanisation des tâches, organisation scientifique du travail… L’évolution par automatisation vers des tâches plus cognitives sera plus tardive.

La contestation du travail comme valeur atteint son apogée en mai 68 avec le mouvement social. Les ouvriers dénoncent leurs conditions de travail et la jeunesse, qui se constitue en entité spécifique, les valeurs de rationalité, de productivisme, de consumérisme qui ne font plus sens pour elle. Cette génération est « allergique » au travail.

Grâce aux luttes syndicales et à la bonne santé économique des Trente Glorieuses, la société acquiert un niveau de vie satisfaisant dans lequel les loisirs font irruption et occupent rapidement une place importante. Dans les années 1970, des auteurs (utopistes ?) ont alors prédit la fin du travail. La productivité des agents économiques, des homo economicus, atteignant un tel degré de perfection qu’il leur serait possible de ne travailler qu’en fonction des besoins et de passer le reste de leur temps à se divertir. Cette thèse fait encore débat aujourd’hui.

Emploi aujourd’hui

L'expression de valeur travail est souvent usitée dans les rapports politiques droite/gauche.

Ainsi s'exprime par exemple le parlementaire français Gilles Carrez (UMP) [16]:

  • «Le travail comme valeur fondatrice d'une droite moderne et populaire»
  • «Le travail comme fondement de la politique économique du gouvernement»

La « valeur travail » serait une valeur des personnes qui pensent que «le travail est la condition du sens de la vie». S'appuyant sur cette valeur, les aides sociales seront une idée plutôt déconsidérée, car elles pourraient permettre de vivre sans travailler. Ainsi les propos de Nicolas Sarkozy lorsque celui-ci affirme que « le travail est une libération, le chômage est une aliénation »[réf. souhaitée].

À cette vision, s'opposerait une vision dite « de gauche », qui présenterait le travail comme un simple moyen de subsistance, voire une aliénation à abolir selon Karl Marx ou Lafargue[17]. S'ensuivrait une moindre réticence à mettre en place des aides sociales, permettant aux personnes les plus pauvres de survivre, même en cas de contexte économique difficile.

Critique de la valeur travail

La notion de valeur travail, au sens moral ici retenu, est employée aussi bien par la gauche que par la droite pour mesurer la contribution de chaque individu à la société et ainsi déterminer son mérite et sa juste rémunération. Cette vision est contestée par les libéraux qui considèrent que le marché rémunère spontanément ceux qui rendent service aux autres, c'est-à-dire que le marché est mécaniquement altruiste alors que la rémunération du travail en tant que tel revient à rémunérer la force ou le mérite indépendamment des services rendus. En d'autres termes il n'y a pas de valeur travail inconditionnelle. La valeur d'un travail varie en fonction de l'intérêt que d'autres lui portent.

Voir aussi

Notes et références

  1. Dominique Méda, Le Travail. Une valeur en voie de disparition, Aubier, 1995 ; Id. Le Travail, Puf, coll. "Que sais-je ?", 2007. Voir aussi François Vatin, Le Travail et ses valeurs.
  2. Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis, Tome 1: L'ascendant de Platon, Seuil, 1980, p.49.
  3. Les entretiens de Confucius chapitre 2 verset 4 traduit par Anne Cheng
  4. a et b Mencius traduit pas André Levy, édition Youfeng, Paris, 2003 p. 24-25
  5. Shang Yang, le livre du prince Shang, trad. Jean Levi, Flammarion, Paris, 1982 p. 63 et suiv.
  6. P. Debergé, « Le travail dans la Bible, dans la tradition judéo-chrétienne et dans l’enseignement de l’Église », in Travailler et vivre. LXXVe session des Semaines sociales de France, Bayard, Paris, 2001.
  7. Genèse, III, 17-23
  8. Thessaloniciens 3:10
  9. Jacques 5:1-4
  10. Voir par exemple Max Weber, L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme
  11. Compendium de la doctrine sociale de l'Eglise, éditions du Cerf
  12. Jacques Le Goff, article « Travail » dans Cl. Gauvard, A. de Libera, M. Zink (dir.), Dictionnaire du Moyen Âge, PUF, 2002, p.1404
  13. André Vauchez, « Jésus, Marie, Satan... A quoi croyait-on vraiment ? », dans L'Histoire, n°305, janvier 2006, p.56.
  14. D. Méda, Le travail. Une valeur en voie de disparition, Champs-Flammarion, 1998.
  15. L'État français (Cours d'histoire)
  16. [PDF]Rapport de Gilles Carrez sur la valeur travail
  17. Paul Lafargue, Le Droit à la paresse, Mille et une nuits, Paris, 1994.

Bibliographie

Liens externes


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