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Théorie de la valeur (marxisme)
La théorie de la valeur est la conception de Karl Marx de la formation de la valeur. Au plan théorique elle s'inspire de la théorie de la valeur présentée par David Ricardo[1], mais dont il critique l'association de valeur avec la rareté. La théorie de Marx s'intéresse surtout à la notion de plus-value, c’est-à-dire la différence entre la quantité de valeur ajoutée par le travail à la marchandise initiale et la valeur du travail nécessaire pour produire (le salaire de l'employé appelé "salaire de subsistance" par Karl Marx, en simplifiant un peu).
Marx reprend la théorie classique[2] de la valeur travail afin de montrer les contradictions dans les raisonnements de ces auteurs libéraux. En ce sens il est parfois considéré comme le dernier des classiques bien qu'il contredise la plupart des conclusions des auteurs de cette école[3].
L'utilité d'un bien (sa « valeur d'usage ») n'est pas déterminante pour expliquer la valeur d'un bien. Pour Marx, la comparaison de deux biens en vue d'en échanger certaines quantités (une certaine quantité de farine contre une certaine quantité de fer par exemple) ne peut se faire que par l'intermédiaire d'une troisième variable, la valeur, faisant office d'étalon (cette variable permettra d'établir combien d'unités de fer il faut pour valoir une unité de farine et inversement)[4]. C'est en fait le travail nécessaire à la production des biens qui est retenu par Marx pour expliquer leur valeur d'échange[5].
Pour qu'il y ait un échange entre les biens, il faut que les utilités des objets soit différentes, et qu'il y ait un moyen de comparer les deux.
Ce qu'il y a de commun entre deux objets, c'est le travail qu'il a fallu fournir pour leur production[6].
En tant que valeurs toutes les marchandises ne sont que du travail humain cristallisé.
Cela ne s'applique selon Marx qu'au travail fourni pour produire des marchandises susceptibles d'être échangées. Ainsi, le travail domestique (cuisiner, nettoyer, peindre un tableau pour décorer son intérieur) a une utilité, mais ne produit pas de marchandises susceptibles d'être échangées et est donc sans valeur. De même, des marchandises produites impossibles à échanger n'ont pas non plus de valeur (Une entreprise qui essaierait de commercialiser des chaussures de taille trop grande, par exemple).
Ce qui fonde donc la valeur selon Marx, c'est la quantité de travail incorporé à la marchandise. C'est la consommation de la vie qui a été nécessaire à produire l'objet, la dépense de la vie de l'homme qui a été nécessaire. La valeur de la marchandise est proportionnelle au temps de travail humain.
Un équipement, que Marx appelle le capital, transmet indirectement de la valeur aux marchandises. Quand une machine est utilisée pour fabriquer un objet, la valeur transmise doit prendre en considération le temps de travail humain qui fut nécessaire pour fabriquer la machine, qu'on répartira ensuite sur le nombre total d'objets qu'est capable de fabriquer la machine avant d'être détruite. Lorsque les machines sont performantes, ou lorsqu'elles sont faciles à construire, la valeur des objets baisse car elles transmettent moins de travail humain à chaque objet. C'est effectivement le cas pour les métiers fortement automatisés aujourd'hui.
Le prix de l'objet est la mesure de la valeur. Ce prix peut varier (à la différence de la valeur intrinsèque définie précédemment), selon la monnaie et le marché, c’est-à-dire l'offre et la demande totale en marchandises. Le prix oscille autour de la valeur moyenne de l'objet.
Les échanges (les ventes de marchandises) permettent de faire circuler le capital. Le produit de la vente permet de racheter les matières premières, qui permettent de refabriquer les marchandises. Comme l'échange se fait à une valeur plus élevée que son coût réel, chaque cycle permet d'augmenter le capital total. Plus il y a d'échanges, plus le capital augmente.
Notes et références
- ↑ David Ricardo, Des principes de l'économie politique et de l'impôt.
- ↑ David Ricardo et Adam Smith
- ↑ Par la suite, les néoclassiques abandonneront la théorie de la valeur travail et adopteront celle de l'utilité marginale. L'utilité marginale est définit comme l'utilité de la dernière unité d'un bien consommé. A titre d'exemple le premier verre d'eau a beaucoup de valeur pour un assoiffé, mais le quarantième en a aucune. Cette définition de la valeur domine l'économie actuelle.
- ↑ La différence d'utilité entre fer et la farine n'ayant « rien de vague et d'indécis » tandis que leurs valeurs d'échange sont un « rapport qui change constamment avec le temps et le lieu ». Si la valeur d'échange est changeante tandis que l'utilité est constante, c'est que la première n'est pas fonction de la seconde.
- ↑ On pourra notamment se référer à ce passage du Capital, Livre I : L'utilité d'une chose fait de cette chose une valeur d'usage. Déterminée par les propriétés du corps de la marchandise, elle n'existe point sans lui. Ce corps lui-même, tel que fer, froment, diamant, etc., est conséquemment une valeur d'usage, et ce n'est pas le plus ou moins de travail qu'il faut à l'homme pour s'approprier les qualités utiles qui lui donne ce caractère. Quand il est question de valeurs d'usage, on sous-entend toujours une quantité déterminée, comme une douzaine de montres, un mètre de toile, une tonne de fer, etc. Les valeurs d'usage des marchandises fournissent le fonds d'un savoir particulier, de la science et de la routine commerciales.
- ↑ Karl Marx, Le Capital, Livre 1 — « La marchandise et la monnaie ».
Articles connexes
- Marxisme économique
- Valeur travail (économie)
- Plus-value (marxisme)
- La pensée de Karl Marx
- Théorie de la valeur
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