- Valeur de la biodiversité
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Plusieurs types et modes d'estimation de valeur de la biodiversité commencent depuis les années 1980/1990 à être utilisés par les économistes pour estimer la valeur économique de la biodiversité ou sa valeur en tant que source de services écosystémiques ou en tant que bien public ou bien commun, ou pour la comparer avec des indices tels que le PIB ou la richesse d'une pays ou d'une région.
Sommaire
Principes et enjeux
De fait, avec la perte de certains services rendus par les écosystèmes (ressources halieutiques surexploitées, érosion et salinisation des sols suivant certaines déforestations...) et compte tenu de l’évolution du droit de l’environnement (européen notamment avec notamment la directive 2004/35/CE relative à la responsabilité environnementale, et en raison des obligations de plus en plus fréquentes d'éviter les impacts négatifs ou payer pour les limiter ou dédommager (écotaxes), la biodiversité, de res nullius apparait peu à peu comme ayant une valeur aménitaire, éthique ou monétaire.
Les services rendus par la biodiversité commencent à être mieux, bien que très imparfaitement compris. Ils restent néanmoins difficiles à quantifier et monétariser.
De nombreux économistes, cherchent à appliquer à la biodiversité les méthodes utilisées pour estimer la valeur économique d'un bien, ou d'un service, qu'on mesure souvent selon des critères d'utilité, et plus difficilement d'aménités (contribution au bien-être, à la santé globale) qu'il procure aux individus.
Dans le cadre de l'évaluation économique de la biodiversité, on distingue généralement les valeurs suivantes :
- Valeurs d'usage directes : production de denrées alimentaires, de bois pour le feu, de matière première pour les médicaments, cadre touristique...
- Valeurs d'usage indirectes : elles sont essentiellement dérivées des fonctions écologiques, protection du sol contre l'érosion, filtrage de l'eau, équilibre des écosystèmes
- Prix d'option : c'est le prix accordé à la conservation d'un actif en vue d'un usage futur (par exemple, la préservation d'une plante connue pour son intérêt médical)
- Prix de quasi-option : il est relatif à la conservation d'un actif, dont l'intérêt n'est pas encore démontré, en vue d'un usage futur (par exemple, la préservation de plantes inconnues, pour des usages encore inconnus)
- Valeurs de non-usage, ou valeurs intrinsèques : elles sont relatives à la satisfaction de savoir qu'un actif ou un état de fait désirable existe. Ces valeurs sont souvent liées aux notions de justice, de droit des générations futures ou de respect de la Nature et permettent de justifier la protection d'espèces ou de sites naturels connus. On parle de valeur de leg lorsqu'elle est liée au fait de transmettre un patrimoine aux générations futures et de valeur d'existence lorsqu'elle est simplement liée au fait d'exister.
Dans un approche de type Croissance verte, une autre estimation indirecte passe par la valeur des métiers de la biodiversité, par exemple définis en France dans le cadre du Grenelle de l'environnement comme « ceux contribuant à la prise en compte des enjeux de biodiversité dans les autres activités économiques »[1]
Limites
Un risque est qu'en donnant une valeur monétaire à la biodiversité, se mette en place un système de privatisation du vivant autorisant les riches (individus, sociétés, États...) à détruire ou acheter de la biodiversité en échange d'argent.
A ce propose, en 2010, Jean-Michel Salles (CNRS, et Vice-président du Groupe de travail sur l’étude « Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes - Contribution à la décision publique. » rappelait que « l'évaluation de la biodiversité n’implique pas qu'elle devienne un bien marchand et les « valeurs » n’ont pas vocation à devenir le prix de permis de détruire » [2]Voir aussi
Articles connexes
- Biodiversité
- Service écosystémique
- Évaluation économique de la biodiversité
- Stratégie d'investissement durable
- Biodiversité marine
Bibliographie
- ROCHE P., CHAUVET M ; Stratégie mondiale de la biodiversité ; Lavoisier, Juillet 1994, 260 pages env. (traduction française de travaux ayant abouti à la Stratégie mondiale de la biodiversité, publiée en anglais en 1992, à partir de recherches et enquêtes initiées en 1989, six consultations et six ateliers de travail, ayant impliqué plus de 500 personnes et traduit dans de nombreuses langues) ;
- Bernard Chevassus-au-Louis (Président du groupe de travail (Composition du groupe de travail) Rapport Biodiversité : L’approche économique de la biodiversité et des services liés aux éco systèmes ; Contribution à la décision publique (rapport du Centre d’analyse stratégique) et Résumé du rapport (fr));
- Frédéric Denhez (Écrivain et journaliste vulgarisateur français) ; La Nature, combien ça coûte ? Pourquoi l'écologie n'est pas l'ennemie de l'économie, ; Editeur : Delachaux & Niestle, 27/9/2007.
Liens externes
- Enquête d'opinion sur biodiversité (Eurobaromètre/Commission européenne) Attitudes of Europeans towards the issue of biodiversity, Analytical Report (71 pages) (en)
- Hotspot La valeur de la biodiversité, Biodiversité : dialogue entre recherche et pratique, oct 2005. Editorial de Bernhard Schmid (Directeur de l’Institut des sciences de l’environnement de l’Université de Zurich), Forum Biodiversité suisse ; Plate forme de l'académie suisse des sciences.
Notes et références
- communiqué Croissance verte : identifier et valoriser les métiers de la biodiversité et des services écologiques ; 1er juillet 2010 (mis à jour le 7 juillet 2010, consulté 2010/07/10)
- Synthèse de la conférence REVERSE : La Biodiversité : un enjeu environnemental et économique pour les territoires ; 25 juin 2010 à bordeaux, voir p6/8) Source : Jean-Michel Salles, Chargé de recherche au CNRS, lors de la Réunion de lancement du programme Reverse (European project to preserve biodiversity) (Voir
Wikimedia Foundation. 2010.