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Tréma en français
Le tréma est un des diacritiques utilisés en français. Il peut se placer :
- au-dessus d'un e ou d'un i dans les mots français (et au-dessus du u si l'on suit les rectifications orthographiques de 1990) ;
- au-dessus d'un u et d'un o dans des emprunts à des langues étrangères dont on a gardé l'orthographe ;
- au-dessus d'un y dans de rarissimes noms propres : Aÿ, Moÿ-de-l'Aisne, Faÿ-lès-Nemours et L'Haÿ-les-Roses.
Il possède plusieurs fonctions :
- il fait se prononcer une voyelle normalement muette parce qu'utilisée dans un digramme (diérèse) ;
- il rend une voyelle muette ;
- il représente un signe d'umlaut germanique.
Assez rare en français, le tréma se rencontre par exemple dans les mots suivants :
- boësse, boëte, canoë, foëne, maërl, moëre, Azraël, Gaël, Ismaël, Israël, Joël, Judicaël, Michaël, Nathanaël, Noël, Raphaël, Staël, Laëtitia. Les mots goëland et poëme de graphie archaïque peuvent exister dans le langage poétique ;
- aïeul, ambiguïté*, amuïssement, stoïle, naïf, païen, pagaïe, baïonnette, coïncider, stoïque, archaïque, haïr, ouïe, ouïr, astéroïde, maïs, paranoïa, voltaïque, laïc, Loïc, etc. ;
- aiguë*, ambiguë*, béguë*, capharnaüm, ciguë*, Ésaü, Emmaüs, bisaiguë*, crapaüter (variante de crapahuter), contiguë*, exiguë*.
Les rectifications orthographiques de 1990 font remonter le tréma sur la voyelle effectivement prononcée pour en faciliter la prononciation. Par exemple, ambiguë devient ambigüe. Les mots concernés sont signalés ici par l'astérisque.
Sommaire
Histoire
L'utilisation de ce diacritique remonte au XVIe siècle, époque à laquelle on a copié les usages grecs (cf. Diacritiques de l'alphabet grec). Il semble que ce soit John Palsgrave qui, le premier, l'ait introduit en français en 1530. Il a ensuite été imité par les imprimeurs de son temps. Cependant, les premiers usages ont été assez fluctuants concernant et son utilité et son placement : ainsi, on trouve dans l'édition de 1548 de l'Art pöétique François de Thomas Sébillet pöéte, poéte, Möise, Moïse, Déiphobé, Déïphobé, etc.
Diérèse
Quand, dans un digramme constitué de voyelles, la deuxième voyelle doit se prononcer (alors qu'elle est normalement muette), elle porte un tréma, sauf si c'est la lettre u qui est effectivement prononcée. Par exemple, dans le mot mais, le digramme ai représente la voyelle unique /ɛ/ (comme dans père). L'adjonction du tréma permet d'obtenir la diérèse : maïs devient /mais/, en deux syllabes.
D'une manière semblable, pour éviter que le u soit considéré comme une lettre diacritique dans le groupe gu servant à noter le phonème /g/ (de gare) devant e, on utilise le tréma. Cette fois-ci, cependant, il ne coiffe pas la voyelle effectivement prononcée, u, mais le e suivant. Cet usage se retrouve particulièrement dans la flexion des adjectifs en /gy/ : aigu /egy/ et ambigu /ãbigy/ font leur féminin en aiguë et ambiguë et non *aigue et *ambigue, qu'on lirait respectivement /ɛg/ et /ãbig/. Depuis les rectifications orthographiques de 1990, il est possible d'écrire le tréma sur le u : on peut ainsi écrire ambigüe, ambigüité, argüer, gageüre, rongeüre, et vergeüre. Ainsi, dans toutes les graphies c'est la voyelle portant le tréma qu'on prononce.
Un accent circonflexe, dans l'unique mot piqûre, tient une fonction similaire : il indique ici que q est suivi directement de /y/ et qu'on ne doit pas lire /pikr/ (Peut également être écrit piqure depuis les rectifications orthographiques de 1990).
Signe d'effacement
Le tréma sur une voyelle sert aussi à indiquer que celle-ci est muette. Cette orthographe est ancienne et est bien attestée, surtout dans des groupes eu qu'on lisait /y/, le e étant devenu muet. L'orthographe ayant hésité entre une graphie ëu ou eü et û s'est fixée sur û à la fin du XVIIIe siècle. Ainsi, le mot mûr pouvait être écrit mëur (ou, plus simplement meur). Consulter Accent circonflexe en français pour d'autres détails.
Un patronyme comme de Staël /stal/ (cf. Madame de Staël) porte la trace de cet archaïsme.
Umlaut
Certaines langues germaniques (allemand, norvégien, suédois...) marquent la métaphonie (ou umlaut, modification du timbre d'une voyelle) par un signe proche du tréma. Dans des emprunts, le tréma a pu être utilisé pour garder le signe germanique, principalement sur une voyelle o, qui devient alors /ø/ : maelström /malstrøm/ (du norvégien via le néerlandais), Angström ou Ångström /angstrøm/, physicien suédois et unité de mesure.
De même, certaines langues finno-ougriennes (hongrois, finnois, estonien), fortement influencées par la graphie des langues germaniques, ont adopté le tréma dans ce but de modification de timbre de voyelles.
Articles connexes
Catégories : Diacritique de l'alphabet latin | Histoire du français
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