- Transposition (musique)
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En musique, transposer un morceau consiste à en changer la tonalité sans en changer la perception par l'auditeur — exception faite de la hauteur absolue des sons.
Pour que ce but soit exactement atteint, les valeurs relatives des intervalles doivent être conservées, ce que ne permet de façon universelle que la gamme au tempérament égal.
Dans les autres types de gammes, les tempéraments mis au point par les théoriciens ont permis de s'en rapprocher mais seulement pour certaines tonalités de départ et d'arrivée.
Il existe des instruments dits « transpositeurs » qui permettent d'émettre un son différent de celui qui est joué par l'exécutant. Sur certains instruments à clavier — clavecin et harmonium entre autres —, le déplacement latéral du clavier permet de modifier la hauteur des sons émis sans avoir à réaccorder l'instrument. La plupart des claviers électroniques ont une fonction de transposition intégrée qui permet, par appui sur une touche ou en tournant une molette, de monter ou descendre la tonalité de l'instrument par pas d'un demi-ton. En guitare, on utilise plus simplement le capodastre à cette fin.
Sommaire
À quoi sert de transposer ?
Les circonstances pouvant amener un musicien à transposer, que ce soit à la volée ou en réécrivant la partition, sont diverses. L'une des plus courantes est l'accompagnement d'un chanteur dont la tessiture est inadaptée à la tonalité originale : par exemple, un pianiste accompagnant une mezzo-soprano pourra baisser d'un ton la tonalité d'un air écrit pour soprano. Dans le même esprit, les instruments à tonalité fixe imposent leur tonalité aux instruments qui les accompagnent. Ainsi une guitare ou un piano qui accompagne des instruments traditionnels diatoniques (accordéon diatonique, tin whistle, bombarde, vielle, etc.) devra accompagner dans la tonalité de l'instrument soliste.
Les musiciens jouant d'un instrument transpositeur (clarinette, cor, trompette...) peuvent être également amenés à cette pratique, lorsqu'ils doivent jouer une partie qui n'a pas été écrite originellement pour leur instrument. En particulier les partitions des XVIIIème et XIXème siècles, écrites pour des instruments à vent rares (clarinette en la) ou n'ayant plus cours (cuivres naturels à tons de rechange...) doivent souvent être transposées par le musicien.
Méthodes de transposition
Si l'on met de côté la transposition par réécriture de la partition, le musicien expérimenté peut utiliser deux procédés très différents, éventuellement combinés entre eux : la transposition spontanée et la transposition à vue.
Transposition spontanée
La transposition spontanée — dite encore transposition d'oreille — est fondée sur la mémorisation du morceau à transposer, et l'utilisation de réflexes instrumentaux — digitaux notamment —, telles les différentes gammes jouées quotidiennement, qui entrent automatiquement en jeu. Sa pratique est particulièrement encouragée dans certaines méthodes éducatives, comme la méthode Martenot, en tant que préparation à l'improvisation musicale. Martenot conseille notamment de commencer avec des mélodies simples, puis d'augmenter progressivement la difficulté, jusqu'à pouvoir transposer des pièces polyphoniques (par exemple, pour le clavier, d'abord les inventions à 2 voix de Bach, puis, du même compositeur, les chorals à 4 parties, etc.) Il insiste également sur la nécessité de ne faire ces exercices que sur des morceaux préalablement connus par cœur et aisément maîtrisés, autant mentalement que numériquement, sans quoi l'on ne saurait parler de transposition spontanée. Le but de cet entraînement est de créer des réflexes digitaux en connexion totale avec la "pensée musicale" (l'oreille intérieure), nécessaire à tout musicien. Il faut remarquer que, dans le cas des instruments à clavier, le fait d'avoir des connaissances en harmonie (enchaînements d'accords les plus fréquents) est une aide précieuse pour ce type de transposition.
De la même manière, l'apprentissage des techniques du jazz comporte aussi très souvent des exercices consistant à transposer, dans tous les tons, des "modes" (c'est-à-dire, ici, des gammes types servant de réservoir pour l'improvisation mélodique) ou encore des enchaînements d'accords, voire des séquences ou des solos d'un jazzman réputé.
Transposition à vue
La transposition à vue consiste stricto sensu à transposer en même temps que l'on déchiffre la partition. Il s'agit d'un acte assez ardu nécessitant un entraînement particulier, plus cérébral que l'entraînement à la transposition spontanée. Plusieurs méthodes sont possibles, mais la plus reconnue, en particulier en France et en Belgique par l'enseignement officiel du solfège, est la « transposition par les clefs ». Elle consiste à remplacer imaginairement la clé utilisée sur la partition — clé de sol, par exemple — par une autre clé qui donne la note correspondant à la transposition. Parallèlement, il faut changer imaginairement l'armure et dans certains cas, les altérations accidentelles — dièses, bémols, etc. — indiquées ponctuellement sur la partition, en suivant une logique d'ordre mathématique (voir le tableau ci-dessous).
La maîtrise de cette technique est particulièrement nécessaire pour lire les partitions d'orchestre comprenant des instruments transpositeurs.
Dans la pratique, il est cependant rare qu'un musicien transpose totalement à vue. Souvent cet acte ne lui est suggéré que dans le cas de morceaux assez simples, utilisant un style musical qui lui est familier — ce qui revient à avoir partiellement recours au processus de la transposition spontanée. Ainsi, pour revenir à l'exemple du pianiste accompagnateur, si celui-ci doit transposer, avec la partition, une mélodie qu'il a déjà accompagnée une ou plusieurs fois mais qu'il ne connaît pas par cœur, il effectuera en réalité une combinaison des deux procédés.
Tableau de transposition systématique Armure 8 7 6 5 4 3 2 1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 Tonalité majeure Fa Do Sol Ré La Mi Si Fa Do Sol Ré La Mi Si Fa Do Sol Tonalité mineure Ré m La m Mi m Si m Fa m Do m Sol m Ré m La m Mi m Si m Fa m Do m Sol m Ré m La m Mi m I[1] ou III[2] fa do sol ré la mi si fa do sol ré la mi si fa do sol fa do sol ré la mi si fa do sol ré la mi si fa do sol sol ré la mi si fa do sol ré la mi si fa do sol ré la II[1] ou IV[2] sol ré la mi si fa do sol ré la mi si fa do sol ré la sol ré la mi si fa do sol ré la mi si fa do sol ré la la mi si fa do sol ré la mi si fa do sol ré la mi si III[1] ou V[2] la mi si fa do sol ré la mi si fa do sol ré la mi si altération très rare ! la mi si fa do sol ré la mi si fa do sol ré la mi si altération strictement théorique ! si fa do sol ré la mi si fa do sol ré la mi si fa do IV[1] ou VI[2] si fa do sol ré la mi si fa do sol ré la mi si fa do si fa do sol ré la mi si fa do sol ré la mi si fa do do sol ré la mi si fa do sol ré la mi si fa do sol ré V[1] ou VII[2] do sol ré la mi si fa do sol ré la mi si fa do sol ré do sol ré la mi si fa do sol ré la mi si fa do sol ré ré la mi si fa do sol ré la mi si fa do sol ré la mi VI[1] ou I[2] ré la mi si fa do sol ré la mi si fa do sol ré la mi ré la mi si fa do sol ré la mi si fa do sol ré la mi mi si fa do sol ré la mi si fa do sol ré la mi si fa VII[1] ou II[2] mi si fa do sol ré la mi si fa do sol ré la mi si fa altération strictement théorique ! mi si fa do sol ré la mi si fa do sol ré la mi si fa altération strictement théorique ! fa do sol ré la mi si fa do sol ré la mi si fa do sol Ce tableau s'utilise ainsi :
- on repère en ligne 2 ou 3 les colonnes C1 et C2 correspondant respectivement à la tonalité de départ et à la tonalité d'arrivée
puis, pour chaque note à transposer :
- on cherche la ligne L qui contient en colonne C1 la note à transposer
- on lit sur la même ligne L mais dans la colonne C2 la note transposée correspondante.
Exemple : dans la transposition de Fa mineur à Mi mineur, un ré se transpose en un do.
Notes :
- degré concerne seulement le cas d'une tonalité majeure Cette indication de
- degré concerne seulement le cas d'une tonalité mineure naturelle Cette indication de
Transposition électronique
On peut transposer des sons enregistrés en les jouant au ralenti ou en accéléré, mais cela change le timbre de la voix comme des instruments, ainsi que la vitesse à laquelle est joué le morceau. Toutefois, les techniques actuelles de traitement du signal permettent une transposition sans changement de timbre ni de vitesse, même sur un simple PC domestique à condition qu'il soit équipé d'une carte son et des logiciels adéquats. Ce dispositif est très utilisé dans les studios d'enregistrement pour permettre à un chanteur de s'accompagner à la quinte, par exemple.
Voir aussi
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