- Traite anglo-irlandais
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Traité anglo-irlandais
Le traité anglo-irlandais ou traité de Londres signé le 6 décembre 1921 donne naissance à l'État libre d'Irlande à l'issue de la guerre d'indépendance irlandaise et organise la partition du pays, le nord de l'Irlande à majorité protestante restant au sein du Royaume-Uni.
Sommaire
Origine
Lassé par une guerre qu'il ne peut gagner et constatant que l'écrasante majorité des Irlandais a basculé du côté des nationalistes, le gouvernement de David Lloyd George s'accorde avec Éamon de Valera, président de la République d'Irlande sur les termes d'un cessez-le-feu. Les nationalistes, et en particulier l'organisateur de l'IRA pendant la guerre d'indépendance irlandaise, Michael Collins, de leur côté, se sont aperçus qu'il ne pourraient obtenir une victoire complête après le semi-échec de leur stratégie d'attaque frontale contre les forces britanniques. Les deux parties sont donc contraintes de négocier, Éamon de Valera refuse de se rendre à Londres et nomme Arthur Griffith chef de la délégation irlandaise pour négocier avec le gouvernement britannique.
Négociateurs
- Pour le gouvernement britannique
- David Lloyd George, Premier Ministre du Royaume-Uni.
- Winston Churchill, Secrétaire aux colonies.
- Lord Birkenhead, ministre de la justice.
- Austen Chamberlain, leader du Parti Conservateur.
- Gordon Hewart, Procureur Général d'Angleterre et du Pays de Galles
- Pour le gouvernement irlandais
- Arthur Griffith, chef de la délégation irlandaise.
- Michael Collins, ministre des finances et chef officieux de l'IRA.
- Robert Barton, ministre des affaires étrangères
- Éamonn Duggan
- George Gavan Duffy
Termes du traité
- Est créé l'État libre d'Irlande, constitué de la majeure partie de l'Irlande.
- Les forces britanniques doivent évacuer le territoire de l'État libre à l'exception de quelques points stratégiques.
- L'État Libre a le statut de dominion à l'image du Canada ou de l'Australie, le souverain britannique est le chef de l'État et est représenté par un Gouverneur Général.
- Les membres du Dáil Éireann doivent prêter allégeance à la couronne britannique.
- Six comtés de l'Ulster forment l'Irlande du Nord, libre à la nouvelle entité de choisir de s'intégrer au Royaume-Uni ou à l'État Libre.
- Une commission de tracé de la frontière doit être désignée si l'Irlande du nord choisit de demeurer au sein du Royaume-Uni.
- L'État Libre devra assumer une partie de la dette contractée par le Royaume-Uni pendant la guerre.
Ratification
Le traité est signé à Londres le 6 décembre 1921 par les membres des délégations. Pour entrer en vigueur, il doit être ratifié par la Chambre des communes britannique et le Dáil Éireann, rassemblant les élus du Sinn Féin. Il est ratifié facilement à la Chambre des communes par un vote de 401 contre 58 le 14 décembre 1921.
L'opposition au traité est vive au sein du Dáil, Éamon de Valera et Cathal Brugha affrontent violemment Michael Collins et Arthur Griffith, refusant la partition et le serment d'allégeance et demandent son rejet. Après des débats houleux, le traité est finalement ratifié par 64 voix contre 57 le 7 janvier 1922. Sa proclamation royale, le 6 décembre 1922, au Royaume-Uni entraîne sa mise en vigueur. Ce vote entraine la démission de de Valera en tant que président du Dáil, remplacé par Griffith qui forme alors le gouvernement provisoire de l'État Libre, dont la Constitution sera votée en décembre 1922 par l'assemblée. En accord avec les termes du traité, des élections générales sont organisées pour réélire un nouveau Dáil remplacant à la fois le Dáil précédent et la Chambre des communes d'Irlande du sud instituée auparavant par les britanniques. Ces élections sont avant tout une approbation du traité par le peuple irlandais qui donne à ses partisans la victoire.
Conséquences
Refusant les résultats du vote, Éamon de Valera, ancien leader du mouvement indépendantiste et opposant au traité, plonge alors le pays dans la Guerre civile d'Irlande contre ses anciens compagnons de lutte, Michael Collins et Arthur Griffith. La guerre fut finalement gagnée par les partisans du traité.
En décembre 1931, le statut de Westminster accorde l'indépendance formelle à tous les dominions, donc également à l'Irlande. En pratique, cette modification reste cependant plus symbolique que pratique, les pouvoirs du gouvernement irlandais s'étendant déjà à tous les domaines classiques de la souveraineté.
En 1932, le Fianna Fáil de de Valera gagne les élections. La plupart des limitations du traité, à l'exception de la division de l'Irlande, sont alors révoquées. Le serment est supprimé, les versements financiers à la Grande-Bretagne cessent et l'institution de Gouverneur général représentant la couronne est abolie. En décembre 1936, une réforme constitutionnelle fait d'un président élu par le Dail le chef de l'état, achevant ainsi de rompre les liens constitutionnels avec Londres. Pour des raisons symboliques, la république n'est cependant pas officiellement proclamée, cette proclamation étant renvoyée à la réunification avec le nord. Les successeurs de de Valera la proclameront en 1949, malgré l'absence de cette réunification.
Voir aussi
Articles connexes
- Guerre d'indépendance irlandaise
- Guerre civile irlandaise
- Dáil Éireann
- Éamon de Valera
- Michael Collins
Liens externes
Sources
(fr)
- Pierre Joannon, Histoire de l'Irlande et des Irlandais, Perrin, 2005.
(en)
- Lord Longford, Peace By Ordeal (long out of print)
- Tim Pat Coogan, Michael Collins (ISBN 0-09-174106-8)
- Tim Pat Coogan, DeValera (ISBN 0-09-175030-X)
- Winston Churchill, The World Crisis; the Aftermath (Thornton 1929) pp.277-352.
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Catégorie : Histoire constitutionnelle de l'Irlande
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