- Théorie des intelligences multiples
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La théorie des intelligences multiples suggère qu'il existe plusieurs types d'intelligence chez l'enfant d'âge scolaire et aussi, par extension, chez l'Homme. Cette théorie fut pour la première fois proposée par Howard Gardner en 1983.
L'origine de la théorie
Lorsque Howard Gardner publia son livre "Frames of Mind: the Theory of Multiple Intelligence" en 1983, il introduisit une nouvelle façon de comprendre l'intelligence des enfants en échec scolaire aux États-Unis. Une traduction française de ce livre a été publiée en 1997 sous le titre "Les formes de l'intelligence" (Odile Jacob). Il y présentait sept catégories d'intelligence. Beaucoup de discussions eurent lieu (et ont encore lieu) sur ces intelligences. Avec le temps, une autre intelligence fit son entrée : l'intelligence naturaliste.
Intelligences multiples et polymathes
Selon certains auteurs, l'existence de polymathes invalide cette théorie[1]. En effet, les formes d'intelligence sont pour Gardner exclusives : un individu est soit porté vers les sciences, soit vers les arts. Or, les polymathes réunissent couramment et simultanément quatre ou cinq formes d'intelligence.
L'intelligence sociale
Avec ses rapports L'état social de la France, Jean-François Chantaraud développe une autre forme d'intelligence : l'intelligence sociale est la capacité à réfléchir ensemble pour définir ensemble la notion existentielle de l'être ensemble, support à l'agir ensemble pour réussir ensemble dans la durée.
Les diverses catégories d'intelligence pour Howard Gardner
L’intelligence logico-mathématique
Les personnes qui ont une intelligence logico-mathématique développée possèdent la capacité de calculer, de mesurer, de faire preuve de logique et de résoudre des problèmes mathématiques et scientifiques. Ils analysent les causes et les conséquences d'un phénomène ou d'une action et sont capables d'expliquer le pourquoi des choses. Ils ont aussi tendance à catégoriser et à ordonner les objets. Ils aiment les chiffres, l'analyse et le raisonnement.
Il existe une dimension non verbale et abstraite dans cette intelligence car des solutions peuvent être anticipées avant d'être démontrées.
Plusieurs moyens existent pour tester et développer ce type d'intelligence, généralement qualifiée de quotient intellectuel[2] :
- mots croisés, casse-tête, puzzles, jeux de stratégie (exemple : Monopoly, échecs), jeux de cartes demandant une logique précise, jeux de déduction (exemple : Cluedo), etc.
L’intelligence spatiale
L’intelligence spatiale permet à la personne d’utiliser des capacités intellectuelles spécifiques pour avoir mentalement une représentation spatiale du monde. Les Amérindiens voyagent en forêt à l’aide de leur représentation mentale du terrain. Ils visualisent des points de repère : cours d’eau, lacs, types de végétation, montagnes… et s’en servent pour progresser ; des navigateurs autochtones font de même et naviguent sans instrument dans certaines îles du Pacifique.
Toute activité qui demande de résoudre des problèmes et de créer dans le domaine visuo-spatial exige l’utilisation de ce type de capacités intellectuelles. Les géographes, les peintres, les dessinateurs de mode, les architectes, les dessinateurs industriels, les pilotes d'avions, pilotes d'engins mécaniques(Moto, F1, railly, karting), les photographes, les caméramans, les adeptes de courses d'orientations, chirurgiens, dentistes, radiologues mettent à profit ce potentiel intellectuel. L’architecte Le Corbusier en est un bon exemple.[réf. nécessaire]
L'intelligence interpersonnelle
L’intelligence interpersonnelle (ou sociale) permet à l’individu d’agir et de réagir avec les autres de façon correcte et adaptée. Elle l’amène à constater les différences et nuances de tempérament, de caractère, de motifs d’action entre les personnes. Elle permet l’empathie, la coopération, la tolérance. Elle permet de détecter les intentions de quelqu’un sans qu’elles soient avouées. Cette intelligence permet de résoudre des problèmes liés à nos relations avec les autres ; elle nous permet de comprendre et de générer des solutions valables pour les aider. Les personnalités charismatiques ont toutes une intelligence interpersonnelle très élevé.
Dans les sociétés primitives, l’organisation sociale était importante, la chasse nécessitait la collaboration et la participation du clan. Les groupes gravitaient autour d’un chef qui en assurait la solidarité et la cohésion. Actuellement, cette aptitude à comprendre les autres de façon correcte est propre aux professions de politicien, commerçant, enseignant, manager d'équipe et guide spirituel[3].
L’intelligence corporelle-kinesthésique
L’intelligence kinesthésique est la capacité d’utiliser son corps pour exprimer une idée ou un sentiment ou réaliser une activité physique. Elle est particulièrement utilisée par les professions de danseur, d'athlète, de chirurgien et d'artisan[3]. L'ancien joueur de hockey Mario Lemieux en était un bon exemple; on disait de lui qu’il faisait des feintes et des passes intelligentes[réf. nécessaire]. Il existe donc un potentiel intellectuel, qui permet par exemple, au joueur de basket-ball de calculer la hauteur, la force et l’effet du lancer au panier. Le cerveau anticipe le point d’arrivée du ballon et met en branle une série de mouvements pour résoudre le problème. Les possibilités de création et d’expression de ses émotions par le corps montrent la présence d’un potentiel intellectuel à ce niveau.
L'intelligence verbo-linguistique
C’est l’aptitude à penser avec des mots et à employer le langage pour exprimer ou saisir des idées complexes. C’est la forme d’intelligence la plus commune. On la retrouve chez les écrivains et les poètes, les traducteurs et les interprètes.
L'intelligence verbo-linguistique (ou verbale) consiste à utiliser le langage pour comprendre les autres et pour exprimer ce que l'on pense. Tout comme l'intelligence logico-mathématique, on la mesure dans les tests de QI. Elle permet l'utilisation de la langue maternelle, mais aussi d'autres langues. C'est aussi l'intelligence des sons, car les mots sont des ensembles de sons. Les personnes auditives ont ainsi beaucoup plus de facilité à entendre des mots que de voir et de retenir des images. Tous les individus qui manipulent le langage à l'écrit ou à l'oral utilisent l'intelligence linguistique : orateurs, avocats, poètes, écrivains, mais aussi les personnes qui ont à lire et à parler dans leur domaine respectif pour résoudre des problèmes, créer et comprendre. Statistiquement, les femmes ont une meilleur aptitude à cette forme d'intelligence que les hommes. Ces derniers ayant un corps calleux présentant moins de connexions entre les deux hémisphères, leur cerveau étant plus spécialisé, plus « monotâche ». Victor Hugo maîtrisait à merveille ce type d'intelligence.
L’intelligence intra-personnelle
L'intelligence intrapersonnelle permet de se former une représentation de soi précise et fidèle et de l'utiliser efficacement dans la vie[4]. Elle sollicite plus le champ des représentations et des images que celui du langage. Il s'agit de la capacité à décrypter ses propres émotions, à rester ouvert à ses besoins et à ses désirs. C'est l'intelligence de l'introspection, de la psychologie analytique. Elle permet d'anticiper sur ses comportements en fonction de la bonne connaissance de soi. Il est possible mais pas systématique, qu'une personne ayant une grande intelligence intrapersonnelle, soit qualifiée par son entourage de personne égocentrique.
L’intelligence musicale-rythmique
L’intelligence musicale constitue l’aptitude à penser en rythme et en mélodies, de reconnaitre des modèles musicaux, de les interpréter et d'en créer[5].
L'intelligence naturaliste
L'intelligence naturaliste est l’intelligence de la personne capable de classer, de discriminer, de reconnaître et d’utiliser ses connaissances sur l’environnement naturel, sur les animaux, sur les végétaux ou sur les minéraux. Elle a une habileté à reconnaître des traces d’animaux, des modèles de vie dans la nature, à trouver des moyens de survie ; elle connaît les animaux ou les plantes qu'elle doit éviter, les espèces qui lui permettront de se nourrir. C'est l'intelligence du chasseur-cueilleur de la forêt, du pêcheur, du biologiste, du botaniste, du zoologiste, du cuisinier, de l’écologiste, etc.
Les personnes qui possèdent cette intelligence aiment tenir un cahier de notes d’observations ; elles aiment prendre soin d’animaux, cultiver un jardin et sont en faveur de l’établissement de parcs dans leur ville ; elles sont adeptes de la conservation de leur environnement. Les individus dans les sociétés traditionnelles utilisent cette intelligence de façon exceptionnelle.
L’intelligence existentielle
L'intelligence existentielle, ou intelligence spirituelle, chez Howard Gardner, se définit par l’aptitude à se questionner sur le sens et l’origine des choses (Winston Churchill[6]). C’est la capacité à penser nos origines et notre destinée. Cette intelligence spirituelle, existentielle ou morale est encore définie comme l’aptitude à se situer par rapport aux limites cosmiques (l'infiniment grand et l'infiniment petit) ou à édicter des règles ou des comportements en rapport aux domaines de la vie.
Il est à noter que Howard Gardner ne définit celle-ci que comme la "huitième et demi", et non comme une intelligence à part entière[7].
Intelligences multiples et créativités multiples
Sur un continuum intelligence pure (intelligence cristallisée) — intelligence créative (intelligence fluide)— créativité intelligente (créativité appliquée) — créativité pure (créativité artistique), il est très difficile de faire la différence entre intelligence et créativité.
Le paradigme de créativités multiples distinguant les formes concrètes de créativité des adultes rend actuellement mieux compte des différentes formes de talents ou d'intelligence que la théorie des intelligences multiples de Gardner présentés en 1983.
Les créativités multiples prennent aussi mieux en compte le phénomène des très nombreux polymathes, aux multiples intelligences, que ne le fait la théorie des intelligences multiples explicatives des rares monomathes.
Propositions alternatives
Howard Gardner n'est pas le seul à avoir présenté une théorie sur la multiplicité des intelligences. Dans le cas des adultes, Peter Koestenbaum a présenté la sienne. Tony Buzan dans Your Head First ajoute l'intelligence sexuelle. Daniel Goleman présente une autre liste en mettant l'accent sur l'intelligence émotionnelle.
Notes et références
- blog de Paul Jorion voir Paul Jorion,Polymathe diplômé ou non-diplômé ?,sur le site
- Sciences et Avenir, novembre 2008, page 69. Nouvelles découvertes sur l'intelligence: interview de Howard Gardner,
- Howard Gardner, Sciences et Avenir, novembre 2008, page 69. Nouvelles découvertes sur l'intelligence: interview de
- Nouvelles découvertes sur l'intelligence: interview de Howard Gardner, Sciences et Avenir, novembre 2008, page 69.
- Howard Gardner, Sciences et Avenir, novembre 2008, page 69. Nouvelles découvertes sur l'intelligence: interview de
- Christophe Deville, l'Intelligence Existentielle en Martinique, UAG, Schoelcher, 2009, p. 54
- Bruno Hourst, Hachette éducation, 2006 Voir le livre: "À l'école des Intelligences multiples",
Bibliographie
- Les intelligences multiples : La théorie qui bouleverse nos idées reçues. Howard Gardner. Retz, juin 2008. ISBN 978-2-7256-2787-8
- À l'école des intelligences multiples. Bruno Hourst. Hachette Éducation, juillet 2006. ISBN 978-2-01-170898-4
- Management et intelligences multiples : La théorie de Gardner appliquée à l'entreprise. Bruno Hourst. Dunod, octobre 2008. ISBN 978-2-10-052158-6
- L'Intelligence Collective en action. Vincent Lenhardt. Village mondial, février 2009. ISBN 978-2-74-406366-4
Articles connexes
Voir aussi
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