- The Count of Monte Cristo
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Le Comte de Monte-Cristo
Le Comte de Monte-Cristo Auteur Alexandre Dumas
avec la collaboration d'Auguste MaquetGenre Roman feuilleton Pays d'origine France Date de parution 1844 Le Comte de Monte-Cristo est un roman d’Alexandre Dumas, écrit avec la collaboration d’Auguste Maquet et achevé en 1844. L’ouvrage raconte l’histoire d’un jeune homme injustement accusé de bonapartisme et emprisonné sans jugement pendant quatorze ans, qui, évadé et devenu très riche, entreprend de se venger de ceux qui ont œuvré à son arrestation.
Le roman est l’une des œuvres les plus connues de l’écrivain, avec Les Trois Mousquetaires, autant en France qu’à l’étranger. Il a d’abord été publié en feuilleton dans Le Journal des débats du 28 août au 26 novembre 1844 (1re partie), puis du 20 juin 1845 au 15 janvier 1846 (2e partie).
Sommaire
Résumé
Au début du règne de Louis XVIII, Edmond Dantès, marin, second du navire Le Pharaon est accusé à tort de bonapartisme et enfermé dans une geôle du château d'If, sur l’île du même nom, au large de Marseille. Après quatorze années, il réussit à s’échapper et s’empare du trésor de l’île de Monte-Cristo, dont l’emplacement lui a été révélé par un compagnon de captivité, l’abbé Faria. Devenu riche et puissant, il entreprend, sous le nom de « comte de Monte-Cristo », de se venger de ceux qui l’ont accusé ou ont bénéficié directement de son incarcération pour s’élever dans la société.
Analyse
Le Comte de Monte-Cristo est une des principales œuvres d’Alexandre Dumas, avec la saga des Trois Mousquetaires. C’est avant tout l’histoire d’une vengeance, longuement élaborée et méticuleusement menée. C’est aussi le cheminement d’un homme sans histoire, Edmond Dantès, qui devient dans la littérature française l’archétype du vengeur.
Comme pour toute œuvre de fiction, le lecteur peut utiliser plusieurs clés de lecture. Le roman pose la question centrale du mal et de la justice : l’homme a-t-il le droit de se substituer à Dieu silencieux pour appliquer la loi du talion ou doit-il pardonner ? Le cheminement du héros est soutenu par les talents de dramaturge de Dumas qui procède par une succession de scènes rapides, assorties de dialogues étonnamment modernes. Le récit s’inscrit dans une description réaliste et dénonciatrice de la France bourgeoise de la monarchie de Juillet.
Thèmes du roman
- Récit d’aventures mélodramatique : la victime innocente et naïve est opposée à de cyniques scélérats, mais elle obtient les moyens de se venger ; les justes sont consolés, les méchants sont déshonorés et punis, après une série de rebondissements dont certains sont trop extraordinaires pour être vraisemblables, mais plaisent au lecteur amateur d’action.
- Illusion de la vérité par l’Histoire : le récit est inséré dans les événements géopolitiques (société française sous la monarchie de Louis-Philippe, guerres d’Orient, commerce maritime, etc.) Mais l’Histoire n’est pas un intérêt dominant pour l’auteur : « C’est un clou auquel j’accroche mes romans. » [1]
- Condamnation de l’iniquité des pratiques judiciaires de l’époque : arrestations arbitraires, conditions de détention, corruption des magistrats.
- Critique de la haute société contemporaine à l’auteur : arrivisme cynique, culte de l’argent, parvenus dont la réussite sociale a fait oublier les malversations passées ; un pêcheur devient noble et pair de France, un employé devient banquier et baron.
Roman populaire au succès immense et durable, souvent adapté au cinéma, il contient tous les ingrédients qui favorisent une lecture aisée : péripéties nombreuses, appel aux émotions et aux sentiments, illusion de véracité historique, morale conforme à la tradition, tout cela exprimé dans un style vivant et agréable.
Contexte politique
Le rapport de Dumas avec le bonapartisme était compliqué et contradictoire. Cela datait de son père, qui, fils d'une esclave, était devenu général sous la révolution avant de condamner le retour de l'esclavagisme. Dans un petit écrit publié en 1857, État civil du Comte de Monte-Cristo[2], Alexandre Dumas raconte que l’idée du roman lui est venue à un moment où il avait des contacts fréquents et intimes avec des membres de la famille Bonaparte. Dumas se trouvait en 1841 à Florence où résidait également le prince – et ex-roi – Jérôme Bonaparte, frère de Napoléon Bonaparte. Dumas était un visiteur quotidien dans la maison du prince et lorsque le fils de Jérôme, Napoléon, revint d’Allemagne pour vivre dans la maison paternelle, son père demanda à Dumas d’accompagner le jeune homme en voyage en Italie. Ce qui fut fait. Les deux voyageurs visitèrent ainsi l'Île d’Elbe, partant de Livourne dans un petit bateau. Après Elbe, ils voulurent chasser et mirent le cap sur l’Île de Monte-Cristo. Finalement ils se contentèrent d’en faire le tour, car l’aborder les aurait contraints à une quarantaine au retour. Le jeune prince demanda à Dumas : « À quoi cela sert-il de faire le tour de cet îlot ? » et l’écrivain répondit : « À donner, en mémoire de ce voyage que j’ai l’honneur d’accomplir avec vous, le titre de L’Île de Monte-Cristo à quelque roman que j’écrirai plus tard. »
Où en était le bonapartisme en 1841 ? Depuis une année les cendres de Napoléon I étaient en France. Le bonapartisme avait donc un centre qui allait devenir lieu de culte et pélerinage. Un autre neveu de Napoléon I, Louis-Napoléon, était en prison pour avoir fomenté des tentatives de coup d’état en 1836 et 1840[3]. Il réussit à s’échapper en 1846 - sous déguisement – et s’exila en Angleterre. Puis il revint en France pour se joindre au mouvement républicain en 1848 et devenir le premier président de la France. Bien qu'il n'eût aucune expérience politique, il fut élu avec une énorme majorité, (mais contre l’avis de Dumas, qui était dans le camp de Cavaignac). Or, le triomphe du roman de Dumas se situe dans les années 1844 à 1848. Son statut de « livre à succès » mondial fut rapidement acquis et déjà en 1848 le roman était traduit et connu dans le monde entier.[4] Il existe donc à la fois une similarité entre les destins d’Edmond Dantès et de Napoléon III (le prisonnier à vie qui s’évade et revient dans le monde comme un être puissant et impénétrable) et une simultanéité entre la création du roman et l’avènement du Second Empire. Dumas n’explique pas cette similarité, mais l'État-civil du Comte de Monte-Cristo suggère une certaine interdépendance - involontaire ou subconscient de la part de l'écrivain - entre la fiction et la réalité.
L'argent
L'argent, élément omniprésent dans cet ouvrage, on peut faire une extrapolation afin d'estimer la fortune de Monte-Cristo au pouvoir d'achat de nos jours. Plusieurs repères sont donnés au long de l'ouvrage. L'abbé Faria indique « douze-mille écus romains, soit douze à quatorze millions de notre monnaie », ce qui est corroboré à la découverte du trésor. Monte-Cristo achète l'immeuble où son père habita pour une somme de vingt-mille francs, bien qu'il ne semble en valoir que quinze-mille. De même il achète à Gênes un bateau dont le prix est de quarante mille francs. Les descriptions du bateau et de l'immeuble donnent des repères suffisants pour estimer le pouvoir d'achat de la fortune à quelques cent vingt cinq millions d'euros de nos jours.
Un détail choquant la morale de nos jours. Haydée, l'esclave achetée en Orient est à la fois présentée comme la fille adoptive du comte et comme son amante. « Tous les transports d'une fille revoyant un père chéri, tous les délires d'une maîtresse revoyant un amant adoré, Haydée les éprouva pendant les premiers instants de ce retour attendu par elle avec tant d'impatience. » (chapitre XCII).
Principaux personnages
- Edmond Dantès, comte de Monte-Cristo. Dantès emprunte les personnalités de Lord Wilmore, Simbad le marin et de l'abbé Busoni dans la deuxième partie du roman.
- Le « vieux » Dantès, le père d'Edmond, mort de faim selon Caderousse.
- Mercédès, ex-fiancée d’Edmond, devenue par la suite, après avoir porté 18 mois le deuil d'Edmond Dantès, l'épouse de Fernand Mondego.
- Fernand Mondego, l'un des dénonciateurs d'Edmond Dantès. Il est devenu le comte de Morcerf.
- Baron Danglars, Il est devenu un banquier richissime, grâce à la guerre d'Espagne et aux conséquences qu'elle a eues sur son commerce d'armes.
- Villefort, substitut du procureur, puis procureur général.
- Maximilien Morrel, fils de Pierre Morrel (employeur de Dantès, plus précisément son ancien armateur) et protégé du comte de Monte-Cristo.
- Abbé Faria, prisonnier au château d’If et ami de Dantès, ayant eu la réputation d'être un fou. Meurt des suites d'une attaque, la troisième en date de sa maladie.
- Albert de Morcerf est le fils de Mercédès et du Comte de Morcerf (Fernand Mondego).
- Caderousse, voisin de Dantès. Propriétaire de l'auberge du pont du Gard. Marié avec la Carconte (Madeleine Radelle).
- Haydée, esclave du comte de Monte-Cristo, en réalité fille du pacha de Janina qu'il a sauvée en la rachetant.
- Bertuccio, majordome du comte de Monte-Cristo.
- Benedetto, marquis Andrea Cavalcanti, fils illégitime de Villefort et madame Danglars.
- Noirtier, père de Villefort.
Une galerie de portraits
- Edmond Dantès ressemble un peu au père de Dumas (métis de Saint-Domingue, soldat héroïque devenu persona non grata, mort dans la misère en 1806). Capitaine courageux, victime de faux témoignages et de malversations politiques, il accomplit sa vengeance avec obstination et méthode, mais il reste soucieux d’équité, capable de générosité (envers Haydée, par exemple).
- Ses ennemis, Fernand, Danglars et Villefort sont des arrivistes et des escrocs prêts à tous les crimes pour assouvir leur soif de richesse, de pouvoir, ou leur libido ; ils sont lâches et corrompus. Ils vont périr par où ils ont péché.
- Mercédès, qui n’a pas su rester fidèle, ne mérite plus de goûter le bonheur dans l’amour d’Edmond, et s’exilera.
- L’abbé Faria, prisonnier politique, savant ou fou, est le compagnon de douleur en prison, qui devient, par le don du secret, l’instrument de la justice divine, en offrant à Edmond Dantès les moyens de se venger.
Citations
- « Ainsi, la plupart des mauvaises actions des hommes sont venues au-devant d’eux, déguisées sous la forme spécieuse de la nécessité; puis, la mauvaise action commise dans un moment d’exaltation, de crainte, de délire, on voit qu’on aurait pu passer auprès d’elle en l’évitant. Le moyen qu’il eut été bon d’employer, qu’on n’a pas vu, aveugle qu’on était, se présente à vos yeux facile et simple; vous vous dîtes: comment n’ai-je pas fait ceci au lieu de faire cela ? »
- « Robespierre, place Louis XVI, sur son échafaud ; Napoléon, place Vendôme, sur sa colonne; seulement l’un a fait de l’égalité qui abaisse, et l’autre de l’égalité qui élève ; l’un a ramené les rois au niveau de la guillotine, l’autre a élevé le peuple au niveau du trône. »
- " S'il eût été riche il (Faria) ne serait pas en prison"
- " Mercure, ce Dieu des commerçants et des voleurs, classes que nous avons faites séparées et que l'Antiquité rangeait dans la même catégorie"
- « Qu’est-ce que la mort ? Un degré de plus dans le calme et deux peut-être dans le silence. »
- « Il y a des vertus dont l’exagération serait un crime. »
- « Insensé, le jour où j’avais résolu de me venger, de ne pas m’être arraché le cœur. »
- « Avant d’avoir peur, on voit juste; pendant qu’on a peur, on voit double, et après qu’on a eu peur, on voit trouble. »
- « Qu’est-ce que la vie ? Une halte dans l’antichambre de la mort. »
- « Les amis d’aujourd’hui sont les ennemis de demain. »
- « La lampe s’éteignit quand il n’y eut plus d’huile : elle (Mercedes) ne vit pas plus l’obscurité qu’elle n’avait vu la lumière, et le jour revint sans qu’elle vit le jour. »
- « "Ah ! Ma foi", dit Danglars, "si l’on était responsable de tout ce que l’on dit en l’air !"
"Oui, lorsque ce que l’on dit en l’air retombe sur la pointe." » - « Il faut le malheur pour creuser certaines mines mystérieuses cachées dans l’intelligence humaine. »
- « Attendre et espérer »
- « On n'aime bien qu'une fois... »
- « Il n'y a ni bonheur ni malheur en ce monde, il y a la comparaison d'un état à un autre, voilà tout »
Exploitation touristique
Des visites de la « cellule d’Edmond Dantès » sont encore organisées de nos jours au Château d'If, au large de Marseille. Le "réalisme" est poussé jusqu'à avoir creusé une galerie entre la cellule supposée de Dantès et celle de l'abbé Faria.
Adaptations
- Adaptations théâtrales
Alexandre Dumas a tiré trois drames de son roman :
- Monte-Cristo (en deux soirées) au Théâtre-Historique les 2 et 3 février 1848.
- Le Comte de Morcerf à l’Ambigu-Comique le 1er avril 1851.
- Villefort à l’Ambigu-Comique le 8 mai 1851.
- Adaptations cinématographiques
- 1918 : Le Comte de Monte-Cristo réalisé par Henri Pouctal
- 1929 : Monte Cristo réalisé par Henri Fescourt avec Jean Angelo, Lil Dagover, Gaston Modot, Marie Glory, Pierre Batcheff, Jean Toulout.
- 1934 : Le Comte de Monte-Cristo réalisé par Rowland V. Lee avec Robert Donat dans le rôle d’Edmond Dantès.
- 1943 : Le Comte de Monte-Cristo, réalisé par Robert Vernay, avec Pierre Richard-Willm, Michèle Alfa, Aimé Clariond, Marcel Herrand, Lise Delamare, Henri Bosc
- 1948 : Le Secret de Monte Cristo réalisé par Albert Valentin
- 1955 : Le Comte de Monte-Cristo, réalisé par Robert Vernay, avec Jean Marais, Lia Amada, Roger Pigaut, Jacques Castelot, Paolo Stoppa, Jean-Pierre Mocky
- 1961 : Le Comte de Monte-Cristo, réalisé par Claude Autant-Lara, avec Louis Jourdan, Yvonne Furneaux, Pierre Mondy, Bernard Dhéran, Claudine Coster, Yves Rénier, Mary Marquet
- 1968 : Sous le signe de Monte-Cristo, réalisé par André Hunebelle, avec Paul Barge, Claude Jade, Anny Duperey, Pierre Brasseur, Michel Auclair, Raymond Pellegrin
- 2002 : La Vengeance de Monte-Cristo, réalisé par Kevin Reynolds, avec Jim Caviezel, Guy Pearce, Dagmara Dominczyk, Richard Harris
- Adaptations télévisées
- 1975 : Le Comte de Monte-Cristo, téléfilm réalisé par David Greene, avec Richard Chamberlain, Kate Nelligan, Trevor Howard, Louis Jourdan, Tony Curtis, Donald Pleasence, Isabelle de Valvert
- 1979 : Le Comte de Monte-Cristo, feuilleton réalisé par Denys de La Patellière avec Jacques Weber, Carla Romanelli
- 1998 : Le Comte de Monte-Cristo, de Josée Dayan, avec Gérard Depardieu, Ornella Muti, Pierre Arditi, Jean Rochefort, Inés Sastre, Florence Darel, Roland Blanche
- Adaptations en animation
- 2004 : Gankutsuou (Le Roi de la Caverne), série d’animation japonaise en 24 épisodes réalisée par Mahiro Maeda
- Adaptations en comédie musicale
- 2006 : Le Comte de Monte-Cristo, de Emmanuel Incandela et Arnaud Thouvenel
- 2007 : Il Conte di Montecristo "The Musical" de Francesco Marchetti Mise en Scene Jocelyn Hattab[1](Italie)
- Adaptation en musique
- 2006 : Christ 0 de Vanden Plas, concept-album.
- Adaptations en bande-dessinée
- 2007 : Dantès T1 - La chute d’un trader, de Pierre Boisserie, Philippe Guillaume et Erik Juszezak [2]
Notes et références
- ↑ Le Monde, numéro du 21 avril 2001
- ↑ Se trouve comme annexe dans l'édition de la Pléiade
- ↑ Dumas a trouvé le moyen de mentionner le nom de la citadelle où était enfermé le jeune Napoléon III: Ham, ce qui est autant plus significatif, que c'est sans lien avec l'action. Page 140 dans l'édition de la Pléiade
- ↑ Traduction en danois : 1845-1848, en anglais : 1846. Les dates témoignent du succès immédiat du roman. Pour l'étendu de ce succès les chiffres manquent. La préface de l'édition de la Pléiade note qu'il y a eu, avant 1972, 28 adaptations cinématographiques, et que les rééditions sont innombrable .
Liens externes
- La figure du héros dans le Comte de Monte-Cristo, mémoire de maîtrise en lettres modernes
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