- Tabou politique
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Tabou
Pour les articles homonymes, voir Tabou (homonymie).Tabou est un mot que l'on retrouve dans toutes les langues polynésiennes sous la forme tapu[1], kapu[2]... Il fut popularisé en Europe par James Cook au retour de sa première circumnavigation durant laquelle il séjourna à Tahiti. Il désigne, dans la littérature ethnologique, une prohibition à caractère « sacré » dont la transgression entraîne un châtiment surnaturel[3]. En tahitien entre autres, le contraire de tabou se dit noa, ce qui est ordinaire, accessible à tous.
Par extension, le terme tabou désigne, dans son acception la plus générale, un sujet qu'il est préférable de ne pas évoquer si l'on veut respecter les codes de la bienséance d'une société donnée. Par exemple en Occident, la sexualité, la drogue et les excréments sont autant de sujets tabous.
Sommaire
Tabou et religions
Les ethnologues ont fait de ce mot polynésien un terme générique s'appliquant à toutes les interdictions d'ordre magique, religieux ou rituel, quel que soit le peuple qui formule ces interdictions.
Émile Durkheim estime qu'il est fâcheux d'étendre ainsi l'acception d'une expression étroitement locale et dialectale. Il n'y a pas de religion où les interdictions ne jouent pas un rôle considérable. Les termes interdit ou interdiction seraient préférables. En outre, tabou désigne aussi bien l'interdiction que la chose interdite.
- Le tabou est un phénomène religieux qui peut être vu comme la forme négative du sacré . Il exprime à la fois son caractère contagieux et dangereux. Il comprend trois éléments : une croyance dans le caractère impur ou sacré de telle personne ou de telle chose; une prohibition : l'interdiction de toucher ou d'user de cette personne ou de cette chose; la croyance que la transgression de cet interdit entraîne automatiquement la punition du coupable, qui verra, par exemple, son corps enfler ou dépérir; il aura un accident, perdra ses récoltes ou bien ses parents mourront. La transgression du tabou est punie de mort ou au moins d'ostracisme.
- Le tabou, toujours en tant que phénomène religieux, peut aussi être vu comme un avertissement : une chose, une personne est chargée de puissance. La violation du tabou n'entraine pas forcément un châtiment mais une réaction de la puissance . Celle-ci fascine l'être humain mais engendre aussi de la crainte . À tel point que le tabou fait éviter la parole, par peur de la puissance . "Quand elle persiste, la crainte se fixe en une observance ... nous saisissons dès lors comment, à la longue, le frisson devait nécessairement passer à l'état d'observance, et la crainte vivante dégénérer en formalisme[4].
Le premier tabou de l'humanité est le tabou de l'endogamie : interdiction d'avoir des relations sexuelles avec sa parentèle. Il évoluera ensuite en tabou de l'inceste avec la complexification des sociétés humaines consécutives à son application. Ce tabou de l'inceste, issu des groupes tribaux et fondé aujourd'hui sur des lois de la génétique, est devenu loi universelle. Il interdit des mariages ou simplement des unions entre personnes ayant des liens de consanguinité. Il est à noter que ce tabou n'est pas spécifique de l'espèce humaine, il a été retrouvé dans le monde animal, en particulier chez les deux espèces de chimpanzé : Pan troglodytes (le chimpanzé commun) et Pan paniscus (le bonobo).
Avec l'affaiblissement ou la disparition des interdits sexuels qui concernent des pratiques consenties ou des personnes consentantes, les tabous sexuels sont massivement transgressés, dans le vécu mais aussi dans leur expression sociale. Dès lors, ces tabous perdent de leur importance, selon les individus et selon les groupes ou sociétés.
Tabou dans son acception générale
Aujourd'hui, le tabou est passé dans la langue courante et ne se limite plus seulement aux faits religieux mais aussi aux faits militaires ou de justice voire culinaire. Par exemple, évoquer l'affaire Dreyfus a été très longtemps tabou dans la société française.
Exemples
- La maladie (surtout le sida ou le cancer), la mort ;
- Les odeurs corporelles, les excréments, le manque d'hygiène dans les lieux publics ;
- La sexualité et le désir, en particulier dans leurs formes déviantes, typiquement l'inceste dans les sociétés traditionnelles et la pédophilie dans les sociétés modernes ;
- L'argent et la mendicité ;
- L'affaire Dreyfus, à l'époque[Quand ?] ;
- Les peintures d'Hitler, les svastikas, l’expérimentation médicale nazie;
- la collaboration;
- La critique de la religion;
- Les tabous de société trop tabous pour être nommés ici.[Pourquoi ?]
Bibliographie
- Florence Samson, Tabous et interdits, gangrènes de notre société, L'Harmattan, Collection Questions contemporaines, 2009 (ISBN 978-2-296-07910-6).
- Sigmund Freud, Totem und Tabu, (1912-1913).
Notes et références
- ↑ En tahitien, maori de Nouvelle-Zélande, maori des îles Cook, Samoan, Tongien.
- ↑ Hawaiien
- ↑ Les interdits de nature "profane" sont désignés par les terme rahui, ra'ui...
- ↑ G.Van Der Leeuw La religion dans son essence et ses manifestations Payot, Paris 1970
Liens externes
- Salomon Reinach, De l’origine et de l’essence des tabous, Cultes, mythes et religions, Tome II, Éd. Ernest Leroux, Paris, 1906, p. 18-22.
- Salomon Reinach, Coup d’œil sur les divers tabou, Cultes, mythes et religions, Tome II, Éd. Ernest Leroux, Paris, 1906, pp. 23-35.
- Salomon Reinach, La prohibition de l’inceste et le sentiment de la pudeur, Cultes, mythes et religions, Tome I, Éd. Ernest Leroux, Paris, 1905, pp. 157-172.
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