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Sœur Sourire
Sœur Sourire Caricature de Sœur Sourire dessinée par J-N Lafargue.Alias Sœur Luc-Gabriel
Luc Dominique
The Singing NunNom Jeanne-Paule Marie Deckers Naissance 17 octobre 1933
Bruxelles BelgiqueDécès 29 mars 1985 (51 ans)
Wavre BelgiqueProfession(s) Religieuse
ChanteuseGenre(s) Chanson populaire Instrument(s) Guitare Années actives 1963-1985 Label(s) Philips Jeanne-Paule Marie (dite Jeanine) Deckers, en religion Sœur Luc-Gabriel, de son nom de scène Sœur Sourire (The Singing Nun en anglais), puis Luc Dominique, née le 17 octobre 1933 à Bruxelles[1] et morte à Wavre le 29 mars 1985, est une religieuse et chanteuse belge des années 1960.
Entrée chez les dominicaines en 1959, elle connaît un succès mondial en 1963 avec la chanson Dominique qu'elle écrit, compose et interprète au profit de son ordre.
Ayant renoncé à la vie religieuse, poursuivie par l'administration fiscale belge, elle finit par se suicider de désespoir avec sa compagne en 1985.
Sommaire
Biographie
Jeanine Deckers est née à Bruxelles le 17 octobre 1933. Elle connaît une enfance et une jeunesse qu'elle décrit comme mornes, puis tente de devenir professeur de dessin sans y parvenir.
Cherchant sa voie pour fuir l'autorité de sa mère, elle entre dans l'ordre catholique des dominicains en 1959, où elle devient Sœur Luc-Gabriel au couvent de Fichermont, à Waterloo. Très vite, elle se fait apprécier des autres sœurs du couvent pour ses compositions musicales.
Sa hiérarchie décide de lui faire enregistrer un disque et négocie un contrat avec Philips. Ni son nom, ni son image n'apparaîtront sur les pochettes. Le pseudonyme Sœur Sourire, lui-même, dont elle dira plus tard qu'elle le trouvait ridicule, est choisi par un panel d'auditeurs-test, il reste la propriété des contractants : son éditeur et son couvent. Les droits normalement dévolus à l'auteur-compositeur-chanteur reviennent au couvent. En vertu de ses vœux de pauvreté et d'obéissance, Jeanine signe.
Un succès mondial
La chanson Dominique, dédiée à Dominique de Guzmán, fondateur de l'ordre dominicain dont elle fait partie, obtient un succès mondial. La fraîcheur de sa voix et de ses textes, la simplicité apparente de sa foi lui attirent la sympathie d'un public qui ne se limite pas aux catholiques.
« Dominique-nique-nique s'en allait tout simplement,
Routier pauvre et chantant.
Il ne parl'que du Bon Dieu. »
En tous chemins, en tous lieux, il ne parl'que du Bon Dieu,Son anonymat excite la curiosité de la presse et la rumeur lui prête une beauté proportionnelle à la pureté de son âme. En 1963, The Singing Nun est no 1 au Billboard magazine américain et, l'année suivante, Sœur Sourire passe au Ed Sullivan Show — ou, plus exactement, c'est Ed Sullivan lui-même et son équipe qui se déplacent au couvent de Fichermont. En 1966, un film américain, Dominique (The Singing Nun), est consacré à son histoire avec Debbie Reynolds dans le rôle-titre. L'actrice n'a que peu de ressemblance physique avec son modèle, dont le visage reste inconnu du plus grand nombre.
À cette époque, Jeanine Deckers reprend les études et essaie, à grand peine, comme en témoigne son journal, de s'intéresser à la théologie en suivant des cours à l'Université catholique de Louvain. C'est peut-être cette parenthèse estudiantine qui l'amène à s'interroger sur le sens de sa vie. En juillet 1966, convaincue de son absence de vocation, et considérant la vie au couvent comme anachronique, elle quitte les ordres sans le moindre viatique.
La postérité avait oublié assez vite la face B du célèbre 45 tours : Les Pieds des missionnaires, et encore plus les titres du disque suivant : Une fleur ou Cœur de Dieu.
Une seconde carrière
Un contrat avec sa maison de disques lui interdit désormais d'utiliser le pseudonyme qui l'avait rendue célèbre. C'est sous le nom de Luc Dominique que Jeanine tente de poursuivre sa carrière avec des chansons comme La Pilule d'or, en 1967, qui est une ode à la pilule contraceptive. Elle écrit à cette époque des titres plutôt musclés par lesquels elle s'en prend aux mères, aux hommes (qu'elle juge violents et dominateurs), à l'Église catholique et au conservatisme (Les Con-conservateurs). Elle se passionne pour les nouvelles approches de la théologie (entre Vatican II et Mai 1968), cherche à inventer pour elle-même et pour sa compagne une nouvelle voie religieuse, qui se situe entre la vie régulière et la vie séculière. Elle refuse par ailleurs à l'époque de se considérer comme homosexuelle.
Le succès de ses disques, très modeste, donne raison à un de ses titres de l'époque, Je ne suis pas une vedette.
Dans la chanson Luc Dominique, elle explique que Sœur Sourire est morte[2] :
« Elle est morte, Sœur Sourire,
Elle est morte, il était temps. »Son niveau de vie, très irrégulier, est néanmoins suffisant : elle tire ses revenus dans ses écrits, ses disques, des cours de guitare ou encore un travail auprès d'enfants autistes (notamment). Ses problèmes avec l'administration fiscale transformeront cette situation précaire en un drame complet.
En 1976, elle tente un come-back aux États-Unis, mais elle n'intéresse plus personne.
En 1981, elle participe à la sortie de la version remixée de son tube Dominique pour le label Scalp Records dirigé par Gilles Verlant.
Un destin tragique
Les services fiscaux belges réclament alors à Jeanine Deckers les fortunes qu'aurait dû lui rapporter Sœur Sourire. Ils restent sourds à ses protestations. Elle fit appel à son ancien couvent et à son ancienne maison de production Philips. Les sœurs lui donnaient ce qu’elles estimaient être sa part. Philips, qui touchait les plus gros dividendes (95 % du total, le reste au couvent) ne l’a jamais aidée, tandis que les religieuses se sont montrées généreuses, l'ayant notamment aidée à acquérir son appartement de Wavre, à la condition qu’elle cesse de dénigrer la congrégation et qu’elle signe un document selon lequel la congrégation ne lui devait plus rien, ce qu’elle fit.
Confrontée à une dette monstrueuse (et les intérêts accumulés), Jeanine et sa compagne, Annie Pécher, thérapeute d'enfants autistes, sombrent dans une dépression que l'alcool et les médicaments ne font qu'aggraver. Toutes deux finissent par se suicider ensemble le 29 mars 1985.
Ironie du sort, le jour de son suicide, et à son insu, la SABAM avait récolté 571 658 francs belges, soit largement plus que sa dette de 99 000 francs belges.
Ses publications
Adaptation cinématographique
Deux films biographiques ont retracé la vie de Sœur Sourire :
- en 1966, Dominique (The Singing Nun), film américain d'Henry Koster, sorti alors qu'elle connaissait encore le succès, avec Debbie Reynolds dans le rôle titre ;
- en 2009, Sœur Sourire, film franco-belge de Stijn Coninx, sorti 24 ans après sa mort, où elle est incarnée par Cécile de France.
Notes et références
- ↑ Éliane Gubin (dir.), Catherine Jacques (dir.), Valérie Piette (dir.), Jean Puissant (dir.), Marie-Sylvie Dupont-Bouchat (dir.) et Jean-Pierre Nandrin (dir.), Dictionnaire des femmes belges : XIXe et XXe siècles, Racine, 2006, 637 p. (ISBN 2-87386-434-6), « Deckers Jeanne Paule », p. 145–146.
- ↑ Sœur Sourire le 4 janvier 1968 dans l'émission de télévision Carrefour sur la TSR : elle s'exprime et chante sous son pseudonyme Luc Dominique.
Bibliographie
- (fr) Florence Delaporte, Sœur Sourire, brûlée aux feux de la rampe, Plon, Paris, 1996 (ISBN 2-259-18412-X)
- (nl) Luc Maddelein et Leen van den Berg, Sœur Sourire. Zie me graag, Davidsfonds, Louvain, 2005 (ISBN 90-5826-330-4)
- (fr) Luc Maddelein et Leen van den Berg, Sœur Sourire : Journal d'une tragédie, Luc Pire, Bruxelles, 2005 (ISBN 2-87415-483-0) [présentation en ligne]
- (en) D.A. Chadwick et Florence Delaporte, Music from the Soul: The Singing Nun Story, PublishAmerica, 2005 (ISBN 1-4137-5076-1)
- (fr) Claire Guezengar, Sister Sourire : Une pure tragédie, Léo Scheer, Paris, 2009 (ISBN 978-2-7561-0161-3) [présentation en ligne]
- (fr) Catherine Sauvat, Sœur Sourire, Jean-Claude Gawsewitch, Paris, 2009 (ISBN 978-2-3501-3168-9)
Voir aussi
- Marie-Claire Pichaud
- Père A-M. Cocagnac
- Père Duval
- Jean-Claude Gianadda
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