- Système direct de translittération des caractères cyrilliques bulgares
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Système bulgare officiel de translittération des caractères cyrilliques
Sommaire
Principes
Le Système bulgare officiel de translittération des caractères cyrilliques (Streamlined System en anglais ; Обтекаема система en bulgare) a été créé par l'Institut de mathématiques et d'informatique de l'Académie bulgare des Sciences en 1995 pour la Commission bulgare pour les toponymes antarctiques.[1][2][3] Le système a été officiellement adopté par le gouvernement en 2000,[4] et est devenu la base de la loi bulgare sur la translittération en 2009 : [5]
А
AБ
BВ
VГ
GД
DЕ
EЖ
ZHЗ
ZИ
IЙ
YК
KЛ
LМ
MН
NО
OП
PР
RС
SТ
TУ
UФ
FХ
HЦ
TSЧ
CHШ
SHЩ
SHTЪ
AЬ
YЮ
YUЯ
YALe Système bulgare officiel est semblable au Système BGN/PCGN de 1952 pour la romanisation du bulgare, qui est officiel aux États-Unis et au Royaume-Uni. Toutefois, le second système transcrit les lettres cyrilliques Х, Ь et Ъ comme KH, ’ (apostrophe) et Ŭ, tandis que le premier système utilise H, Y et A dans ce but.[6]
Cette option pour une transcription orientée vers l'anglais a été prise peu avant des décisions comparables dans des pays utilisant également l'alphabet cyrillique, notamment l'alphabet russe et l'alphabet ukrainien.[7][8]
Critiques
Correspondant à une option culturelle « tout-anglais » uniformisatrice (avec comme parti-pris l'élimination des signes diacritiques dans tous les domaines, mêmes extérieurs à l'informatique) représentative d'une partie des élites post-communistes de Bulgarie, ce système rompt avec le système dit scientifique, qui est également le système préconisé par l'ONU. Culturellement cannibale et élaboré sans la moindre préoccupation culturelle, ce système, contrairement au système scientifique internationalement reconnu, présente de nombreuses incohérences, comme par exemple la graphie « zh » (inspirée de l'albanais) pour le son ž (j), qui peut prêter à confusion, par exemple dans des cas comme : izhod (pour изход, sortie : la suite зх=zh est fréquente en bulgare), ou encore plus rarement la graphie « sh » : shema (pour схема), ishemichen (= ishemičen en translittération scientifique, pour исхемичен, ischémique). En outre, le système des mathématiciens de l'ABS ne propose aucune translittération particulière pour le caractère ъ (schwa) qui constitue une originalité du bulgare dans la famille des langues slaves (translittéré à la manière roumaine ă dans la translittération scientifique). La proposition anglo-centrée initiale, qui consistait à noter cette lettre « u » (système développé par l'angliciste Andrej Dančev, 1933-1996 : Turnovo pour Tărnovo, avec un u comme dans l'anglais « must »), était totalement incohérente (la lettre u étant déjà utilisée pour noter le son ou...), ce que les mathématiciens de l'ABS ont finalement eux-mêmes remarqué, remplaçant cette translittération par a, ce qui n'est pas très satisfaisant non plus et constitue également une source de confusion. Il ne s'agit donc pas d'un système de translittération au sens classique de norme techniquement et culturellement cohérente, mais bien d'une option culturelle imposée avec des arrière-pensées politiques, la décision d'adoption revenant à quelques détails près, à la veille de l'adhésion de la Bulgarie à l'OTAN (acceptée en 2004), à imposer une norme administrative états-unienne dans un pays européen[6].
Ayant pour ambition d'unifier les systèmes de translittération en partant de l'exigence générée par les usages électroniques récents (courriels, SMS), ce système pompeusement baptisé « streamlined system » (littéralement système « aérodynamique », c'est-à-dire au sens figuré « simplifié » —- la dénomination bulgare Обтекаема система signifiant également « système aérodynamique ») ne correspond en réalité pas en tous points à « l'orthographe SMS » utilisée par les Bulgares, qui emploient par exemple le chiffre 4 (en bulgare četiri) pour translittérer la lettre ч (č, tch), le chiffre 6 (en bulgare šest) pour translittérer la lettre ш (š, ch), ou la lettre q pour translittérer le я (ja, ia). On pourra d'ailleurs légitimement s'interroger sur la logique qui consiste à partir des pratiques les plus « basiques », issues en fait de la nécessité matérielle (les téléphones portables à caractères cyrilliques sont rares, les systèmes de courriel en général peu compatibles avec des alphabets autres que le latin) dans le but de construire une norme culturelle. Le caractère contraignant de cette norme anglicisée doit d'ailleurs être relativisé, puisque par exemple, les citoyens bulgares peuvent demander que soit utilisé sur leurs passeports ou cartes d'identité un autre système de traslittération, ce dont beaucoup ne se privent pas[9]. Dans la pratique quotidienne (courriels, affichage, panneaux routiers, etc.), le système officiel n'est d'ailleurs pas toujours utilisé à l'état pur et souvent matiné d'autres graphies. En effet, la dimension politique inhérente à toute option orthographique (le cas d'école étant la Révolution des signes en Turquie) n'intéresse guère la plupart des Bulgares.
En tout état de cause, ce système, qui rompt avec une norme cohérente et internationalement reconnue, n'a, malgré le caractère officiel qu'ont réussi à lui conférer ses auteurs dans le cadre restreint de l'État bulgare, aucun caractère contraignant pour d'autre langues que l'anglais (notons cependant que les publications en anglais d'un certain niveau utilisent la norme internationale).
La loi sur la translittération de 2009
L'activité de lobbying des auteurs du système culmina par l'adoption en mars 2009 de la loi bulgare sur la translittération, qui rend obligatoire le système Ivanov non seulement pour les organes et administrations d'État, mais aussi pour toutes les « personnes juridiques et physiques réalisant et utilisant des translittérations de noms géographiques, de noms de personnalités historiques et de réalités culturelles ainsi que des termes d'origine bulgare, dans leur domaine de compétence scientifique » (article 2, alinéa 3). L'alinéa 5 du même article précise en outre que la loi s'applique aux « personnes qui préparent, éditent ou publient des dictionnaires, encyclopédies, manuels ou ouvrages didactiques, des documents de référence didactiques, publicitaires ou autres ». Autrement dit, cette loi est censée s'appliquer également au domaine privé et à toutes les publications du pays. Elle prévoit d'ailleurs dans son chapitre 4 des dispositions pénales envers les contrevenants (amendes pouvant aller jusqu'à 5000 leva, environ 2500 euros). Cela signifie concrètement qu'une personne publiant sur le sol bulgare un ouvrage en caractères latins et utilisant par exemple le système de l'ONU de translittération de l'alphabet cyrillique (également appelé « système scientifique de translittération ») pourrait être poursuivie —- ce qui ne manque pas de provoquer l'étonnement. Si ces dispositions devaient effectivement s'appliquer, il ne fait pas de doute que les juridictions compétentes, bulgares ou européennes, auront à se prononcer sur la conformité de cette loi aux principes de liberté d'expression et de liberté académique proclamés notamment par la Constitution bulgare de 1991 et par la Convention européenne de sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales de 1950.
Articles connexes
Notes et références
- ↑ (en) L. L. Ivanov, Toponymic Guidelines for Antarctica, Antarctic Place-names Commission of Bulgaria, Sofia, 1995.
- ↑ (en) M. Gaidarska, « The Current State of the Transliteration of Bulgarian Names into English in Popular Practice », Contrastive Linguistics, XXII, 1998, 112, pp. 69-84.
- ↑ (en) L.L. Ivanov, « On the Romanization of Bulgarian and English », Contrastive Linguistics, XXVIII, 2003, 2, pp. 109-118.
- ↑ (bg) Règlements pour l'édition des documents bulgares d’identité, Journal officiel, No 14, 2000.
- ↑ (bg) Journal officiel, No. 19, 13 mars 2009.
- ↑ a et b (en) USBGN, Romanization Systems and Roman-Script Spelling Conventions, 1994, pp.15-16.
- ↑ (ru) Ordonnance N 1047 de 31.12.2003. Ministère de l'Intérieur de la Fédération de Russie.
- ↑ (uk) Résolution de la Commission ukrainienne sur la question de la terminologie légale. Record n°2 de 19.04.1996.
- ↑ Cf. Règlements pour l'édition des documents bulgares d’identité, Journal officiel, No 14, 2000, chapitre I, article 4 : « По искане на гражданите имената им, съдържащи характерни букви и буквосъчетания, могат да бъдат изписани на латиница по начин, различен от английската транслитерация в пръв документ за самоличност. Промяна в следващ документ може да става само след представяне на други официални документи, съдържащи исканото изписване, или след представяне на съдебно решение. »
Catégorie : Translittération
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