- Syndrome du QT long
-
Le syndrome du QT long est un syndrome phénotypiquement et génétiquement hétérogène qui se caractérise par un allongement de l'espace QT sur l'électrocardiogramme de surface associé à un risque élevé de torsades de pointe ou de fibrillation ventriculaire pouvant entraîner syncope et mort subite.
Sommaire
Génétique
Des mutations responsable de ce syndrome ont été décrits sur une dizaine de gènes, l'essentiel concernant LQT1, LQT2 et LQT3, chacun de ces derniers codant pour un canal ionique cardiaque[1]. Certains syndromes sont de type autosomique dominant, d'autres sont de type autosomique récessif.
Épidémiologie
Une mutation est présente environ chez une personne sur 2000[2]. A la naissance, un bébé sur 2000 aurait cette anomalie électrocardiographique[3].
Description
Il peut se présenter de manière isolée ou sous forme d'un syndrome associant plusieurs malformations :
- Le syndrome de Romano-Ward
- Le syndrome de Jervell-Lange-Nielsen
- Le syndrome d’Andersen-Tawil
- Le syndrome de Timothy
Le syndrome peut être découvert à l'occasion d'un malaise, voire d'une syncope. Sa première manifestation peut être celle d'une mort subite. Il est rare que la première manifestation se fasse après l'âge de 40 ans.
Il peut être également découvert lors d'un électrocardiogramme fait pour une raison autre, ou lors d'une enquête familiale lorsque l'un des membres de la famille est porteur de ce syndrome.
Diagnostic
Il repose sur la mesure de l'intervalle QT sur l'électrocardiogramme : durée entre le début de l'onde QRS, synchrone de la dépolarisation des ventricules, et la fin de l'onde T, correspondant à la repolarisation des ventricules.
La probabilité est forte si la mesure de l'espace QT suivant la formule de Bazett : QT corrigé = QT/racine carré de l'espace RR précédent est supérieur à 440 millisecondes. Il faut, naturellement, éliminer les autres causes de prolongation du QT : prises de certains médicaments, hypokaliémie (taux bas en potassium sanguin). Le QT peut être faiblement prolongé, rendant le diagnostic plus difficile. Le « score de Schwartz », reposant sur différents critères dont l'aspect de l'ECG, les antécédents de syncopes et les antécédents familiaux, peut aider dans ces cas[4]. Le diagnostic peut également être aidé par la mesure de l'intervalle QT quelques minutes après une épreuve d'effort[5].
Le risque de faire une syncope ou une mort subite semble proportionnel avec la durée du QT[6]. Il est également plus important en cas d'antécédent de syncope[7].
Le typage de l'anomalie génétique est intéressant dans un but pronostic, certaines mutations étant plus graves que d'autres. De même, certaines mutations peuvent présenter des tableaux particuliers : une atteinte du gène LQT1 donne typiquement des syncopes à l'effort[8] répondant particulièrement bien aux médicaments de type bêta-bloquants et avec très peu de morts subites sous traitement. Au contraire, une mutation du gène LQT2 entraîne des syncopes pluôt aux émotions et plus rarement à l'effort, avec une efficacité moindre des bêta-bloquants et un risque de morts subites nettement plus important[9], les porteurs d'une mutation sur le gène LQT3 ayant un pronostic comparable. Le typage génétique a permis de découvrir des formes à « QT normal » de la maladie, témoignant d'une pénétrance faible[10].
Traitement
Les médicaments bêta-bloquants ne diminuent pas le QT mais abaissent le risque de complications[11]. Ils seraient plus efficaces chez les porteurs d'une mutation sur le gène LQT1[12].
Chez les patients jugés à haut risque de complication, la pose d'un défibrillateur implantable doit être proposé[13].
L'exercice physique reste fortement déconseillé dans tous les cas.
Notes et références
- Long-QT Syndrome, N Eng J Med, 2008;358:169-176 Roden D,
- How really rare are rare diseases? The intriguing case of independent compound mutations in the long QT syndrome, J Cardiovasc Electrophysiol, 2003;14:1120-1121 Schwartz PJ, Priori SG, Napolitano C,
- Prevalence of the congenital Long-QT Syndrome, Circulation, 2009;120:1761-1767 Schwartz PJ, Stramba-Badiale M, Crotti L et Als.
- Diagnostic criteria for the long QT syndrome: an update, Circulation, 1993;88:782–784 Schwartz PJ, Moss AJ, Vincent GM, Crampton RS,
- Derivation and validation of a simple exercise-based algorithm for prediction of genetic testing in relatives of LQTS probands, Circulation, 2011;124:2187–2194 Sy RW, van der Werf C, Chatta IS et al.
- Risk stratification in the long-QT syndrome, N Engl J Med, 2003;348:1866-1874 Priori SG, Schwartz PJ, Napolitano C, et als.
- The long QT syndrome: prospective longitudinal study of 328 families, Circulation, 1991;84:1136–1144 Moss AJ, Schwartz PJ, Crampton RS et al.
- Therapeutic strategies for long-QT syndrome: Does the molecular substrate matter?, Circ Arrhythmia Electrophysiol, 2008;1:290-297 Ruan Y, Liu N, Napolitano C, Priori SG,
- Genotype-phenotype correlation in the long-QT syndrome: gene-specific triggers for life-threatening arrhythmias, Circulation, 2001;103:89–95 Schwartz PJ, Priori SG, Spazzolini C et Als.
- Low penetrance in the long-QT syndrome: clinical impact, Circulation, 1999;99:529–533 Priori SG, Napolitano C, Schwartz PJ,
- Long QT syndrome in adults, J Am Coll Cardiol 2007;49:329-337 Sauer AJ, Moss AJ, McNitt S, et als.
- Association of long QT syndrome loci and cardiac events among patients treated with beta-blockers, JAMA, 2004;292:1341-1344 Priori SG, Napolitano C, Schwartz PJ, et als.
- ACC/AHA/ESC 2006 guidelines for management of patients with ventricular arrhythmias and the prevention of sudden cardiac death, Europace, 2006;8:746–837 Zipes DP, Camm AJ, Borggrefe M et Als.
Wikimedia Foundation. 2010.