- Symphonie nº 4 de Bruckner
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La Symphonie n° 4 en mi bémol majeur dite "Romantique" a été écrite par Anton Bruckner en 1874 et reste avec la 7e et la 8e l'une des plus célèbres de ses neuf symphonies.
Le titre "romantique" a été donné par le compositeur lui-même. Il a annoté plusieurs passages : "ville médiévale", "chevaliers se lançant au-dehors sur de fiers chevaux" pour le premier mouvement, "amour repoussé" pour le second, "danse pour le repas de chasse" pour le troisième… Seul le dernier mouvement n'a pas de sous titre littéral.
Sommaire
- 1 Orchestration
- 2 Les différentes versions
- 3 Description de la version de 1874
- 4 Description des versions ultérieures
- 5 Discographie sélective
- 6 Notes et références
- 7 Liens externes
Orchestration
En plus des cordes l’orchestre requiert deux flutes, deux hautbois, deux clarinettes, deux bassons, quatre cors, trois trompettes, trois trombones, un tuba (à partir de la deuxième version) et deux timbales. La symphonie se compose de quatre mouvements et son exécution dure un peu plus d'une heure.
Les différentes versions
Au moins sept versions authentiques de la quatrième symphonie peuvent être identifiées.
Version 1874
La version originale de la symphonie a été composée du 2 janvier au 22 novembre 1874. Cette première version qui n’a été ni exécutée ni publiée durant le vivant du compositeur, a été publiée en 1975 par Leopold Nowak et a été enregistrée la même année par Kurt Wöss.
Lorsqu’on la compare aux versions suivantes, cette version se caractérise par une plus grande couleur instrumentale (utilisation plus large des bois et des cors) et une grande complexité rythmique, avec notamment, outre celle du rythme brucknérien « 2 + 3 », l’utilisation de quintolets.
Version 1878
Après avoir terminé la composition de la version originale de la symphonie, Bruckner initia celle de la cinquième symphonie. Après avoir terminé celle-ci Bruckner revint à celle de la quatrième. Il effectua du 18 janvier 1878 au 5 juin 1880 une profonde révision des deux premiers mouvements et remplaça le scherzo original par un nouveau scherzo, « La Chasse ». Il remplaça par ailleurs le finale original par un nouveau finale, le Volksfest (« Fête populaire »). Ce nouveau finale a été publié en appendice à l’édition de 1936 de Robert Haas et séparément par Leopold Nowak en 1981.
Version 1880 (aka 1878/1880)
Après avoir composé son quintette à cordes, Bruckner revint une année plus tard une nouvelle fois à la quatrième symphonie. Il remplaça le Volksfest finale par un nouveau finale – le troisième, basé toutefois sur le même matériel thématique que les deux précédents. Cette version est pour le reste identique à celle de 1878. C’est la version qui a été utilisée lors de la première du 20 février 1881 par l'orchestre philharmonique de Vienne par Hans Richter.
Version 1881 (aka 1878/1880)
La version 1881 est la même que celle de 1880 hormis quelques modifications qui ont suite à la première – notamment une coupure dans le mouvement lent et quelques changements dans le finale. Cette version a été éditée par Robert Haas en 1936.
Version 1886 (aka 1878/1880)
La version 1886 version est quasi identique à celle de 1881. Cette version a été éditée par Nowak en 1953.
Version 1887
Avec l’aide de Ferdinand Löwe, et probablement aussi de Franz et Joseph Schalk, Bruckner révisa une nouvelle fois la symphonie en 1887 dans le but de la publier. Cette version est celle qui a été utilisée lors première viennoise par Hans Richter.
Version 1888
Après la première de 1887, Bruckner révisa une dernière fois la symphonie. Cette version a été publiée en 1889 par Gutmann. En 2004 Korstvedt a réédité la version 1888 pour l’insérer dans la Kritische Gesamtausgabe.
Gustav Mahler fit un arrangement de la version 1888, qu’il abrégea et réorchestra. Cet arrangement a été enregistré par Gennadi Rozhdestvensky.
Description de la version de 1874
I. Allegro
Sur un tremolo des cordes en pianissimo le cor introduit le premier groupe thématique par un motif en quinte, qui est ensuite repris en canon par les bois. Ce motif est suivi par un tutti caractérisé par un motif typique « 2 + 3 ». Le deuxième groupe thématique contient deux motifs : un motif champêtre en contrepoint et un motif sautillant. Le troisième groupe thématique contient également deux motifs : un motif en tutti dérivé du premier groupe thématique et un motif wagnérien d’allure, qui ressemble à celui du leitmotiv du feu de l’Anneau du Nibelung. Le développement, introduit par le motif de la Walkyrie qui avait déjà été cité dans la troisième symphonie, concerne essentiellement le premier groupe thématique et expose en alternance au cor et en tutti ses deux motifs avec vers la sixième minute une combinaison rythmique complexe, se poursuit par un somptueux choral dérivé du premier motif. Il se termine par une variante du motif sautillant du deuxième groupe thématique. La réexposition des trois groupes thématiques est suivie par une coda basée sur le motif initial.
II. Andante quasi allegretto
Le deuxième mouvement en forme lied (ABA’B’A’’) est une sorte de marche funèbre lente comprenant dix différentes prescription de tempo. Dans le premier groupe thématique un motif, où les instruments à corde avec sourdine et les bois alternent, est suivi par un motif descendant aux bois qui introduit le second groupe thématique. Le second groupe est une cantilène à l’alto sur un fond de pizzicati des autres instruments à corde. Dans la deuxième partie les deux groupes thématiques sont réexposés et largement développés. Dans la partie finale le premier motif est développé une seconde fois et s’éteint en pianissimo.
III. Scherzo. Sehr schnell - Trio. Im gleichen Tempo
Le scherzo, introduit par une sonnerie de cor, se poursuit par un thème exposé par les bois sur un fond fougueux aux instruments à cordes. Le trio, dans le même tempo, utilise un matériel similaire donné aux hautbois. La reprise du scherzo se termine par une puissante coda.
IV. Finale. Allegro moderato
Le premier groupe thématique commence par une introduction comportant un rappel du thème initial de la symphonie, qui est suivie par un tutti en unisson, une fanfare et un rappel du scherzo, et se termine par un nouveau rappel du thème initial de la symphonie. Le deuxième groupe thématique est constitué par un thème contrapuntiques à allure de Ländler, qui comporte de difficiles quintolets. Le troisième groupe thématique est à nouveau un tutti en unisson. Dans le développement complexe, qui est basé sur les deux premier groupes thématiques, s’insèrent à nouveau un rappel du thème initial de la symphonie et une réminiscence du second mouvement et du scherzo. Après la reprise, une puissante coda basée sur le premier groupe thématique se conclut sur un rappel du thème initial de la symphonie.
Description des versions ultérieures
I. Bewegt, nicht zu schnell
Dans les version ultérieures diverses parties du premier mouvement initial sont supprimées, notamment la fin du second groupe thématique, la seconde partie du troisième groupe thématique, ainsi que, au cours du développement, les deux citations de la Walkyrie, la combinaison rythmique complexe et la partie finale après la deuxième citation de la Walkyrie.
II. Andante quasi allegretto
Dans les version ultérieures diverses parties du deuxième mouvement sont supprimées. L’exposition du premier groupe thématique est abrégée. Dans la deuxième partie le développement du premier groupe thématique est raccourcie et celui du second groupe thématique est supprimé. La partie finale est également abrégée.
III. Scherzo. Bewegt - Trio. Nicht zu schnell, keinesfalls schleppend
Dans les versions ultérieures le scherzo initial est remplacé par un nouveau mouvement en 2/4, le célèbre « scherzo de la chasse », où des sonneries de cors évoluent en accord. Le trio, plus lent et mélodique, s’inscrit comme une courte pause entre le scherzo et sa reprise.
IV. Finale. Allegro moderato (1878) / Bewegt, doch nicht zu schnell (1880)
Le finale Volkfest de 1878 et celui de 1880 sont basés sur le même matériel de base que celui de 1874, mais traité différemment.
Le finale Volkfest est en quelque sorte une version simplifiée du finale de 1874, avec entre autres le remplacement des difficiles quintolets par des « 2 + 3 »[1].
Dans la version de 1880 un motif lyrique supplémentaire est en outre introduit au début du deuxième groupe thématique et le troisième motif en unisson est supprimé.
Le début de la coda est paisible et, après un passage lyrique aux cors, se poursuit, avant de conclure, par une « échelle céleste »[2] - à l’instar de celle du mouvement lent de la cinquième symphonie, dont Bruckner venait juste de terminer la composition.Discographie sélective
Version originale de 1874 (Nowak, 1975)
- Kurt Wöss avec la Philarmonie de Munich, 1975. Cet enregistrement historique peut être téléchargé à partir du site de John Berky[3]
- Eliahu Inbal avec l'Orchestre symphonique de la Radiodiffusion de Francfort, 1982 - Teldec CD 242960
- Gennadi Rozhdestvensky avec l’Orchestre du Ministère de la Culture de l’URSS,1987 - BMG/Melodiya CD 74321-68458-2
- Kent Nagano avec l'Orchestre de l'Opéra de Bavière, 2007 - Sony Classics SACD 88697368812
- Simone Young avec la Philarmonie de Hambourg, 2007 - Japan BMG SACD BVCO 37453
“Volkfest Finale” de 1878 (Nowak, 1981)
- Gennadi Rozhdestvensky avec l’Orchestre du Ministère de la Culture de l’URSS,1987 - BMG/Melodiya CD 74321-68458-2
- Georg Tintner avec le Royal Scottish National Orchestra, 1998 - Naxos CD 8.554432
Version 1881 (aka 1878/80) (Haas, 1936)
- Oswald Kabasta avec l'Orchestre philharmonique de Munich, 1943 - Arkadia CD 78527
- Hermann Abendroth avec l'Orchestre symphonique de la Radiodiffusion de Leipzig, 1949 - Arlecchino CD ARL 107
- Bernard Haitink avec l'Orchestre Royal du Concertgebouw, 1965 - Philips CD 442 044-2
- Herbert von Karajan avec l'Orchestre philharmonique de Berlin, 1975 - DG CD 415 277-2
- Sergiu Celibidache avec l'Orchestre philharmonique de Munich, 1988 - EMI CDC 5 56690 2
- Günter Wand avec l'Orchestre philharmonique de Berlin, 1998 - BMG CD BVCC-37606
- Simon Rattle avec l'Orchestre philharmonique de Berlin, 2004 - Karna Musik KA-197M
Version 1886 (aka 1878/80) (Nowak, 1953)
- Eugen Jochum avec l'Orchestre philharmonique de Berlin, 1965 - DG CD 427 200-2
- Karl Böhm avec l'Orchestre philharmonique de Vienne, 1973 - Decca CD 411581
- Gennadi Rozhdestvensky avec l’Orchestre du Ministère de la Culture de l’URSS,1987 - BMG/Melodiya CD BVCX38009/10
- Philippe Herreweghe avec l'Orchestre des Champs Elysées, 2005 - Harmonia Mundi HMC 901 291
- Claudio Abbado avec l'Orchestre du Festival de Lucerne, 2006 - Lucerne Festival CD 120455
Version 1888 (Korstvedt, 2004)
- Akira Naito avec le Tokyo New City Orchestra, 2005 - Delta Classics DCCA 0017
- Osmo Vänskä avec l'Orchestre symphonique du Minnesota, 2009 - Bis SACD 1746
Version 1888 revue par Ferdinand Löwe (Gutmann, 1889)
- Bruno Walter avec le NBC Symphony Orchestra, 1940 - Pearl CD 9131
- Wilhelm Furtwängler avec l'Orchestre philharmonique de Vienne, 1951 - DG CD 427 403-2
Version 1888 revue et réorchestrée par Gustav Mahler
- Gennadi Rozhdestvensky avec l’Orchestre du Ministère de la Culture de l’URSS,1984 - BMG/Melodiya CD 74321-68458-2
Notes et références
- Nicolas Couton, Réflexions sur les problèmes de tempo dans les symphonies d’Anton Bruckner, p. 8, 2008
- ISBN 2-8251-0880-4 Paul Gilbert Langevin, Bruckner, p. 25, l'Age d'Homme, Lausanne, 1977 –
- Téléversement libre de la version 1874 de la symphonie par Kurt Wöss
Liens externes
- (en) Discographie complète par John Berky
- (en) Synopsis des symphonies
- (en) La version 1980 de la symphonie « Romantique » d’Anton Bruckner par James Keller
- Livret par Manfred Wagner du CD Teldec 8.42921 (version 1874 par Eliahu Inbal)
- Livret par Georg Tintner du CD Naxos 8.554432 (Volksfest finale)
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