Styles calligraphiques

Styles calligraphiques

Calligraphie

La calligraphie est, étymologiquement, l'art de bien former les caractères d'écriture. Ce mot provient des radicaux grecs κάλος / kálos (« beau ») et γράφειν / gráphein (« écrire »). Presque toutes les civilisations qui pratiquent l'écriture ont développé un art de la calligraphie. Toutefois, certaines d'entre elles l'ont élevé à un statut spécial en fonction de contextes historiques ou philosophiques particuliers.

Dans plusieurs civilisations orientales la calligraphie fait partie des sciences occultes, hiérurgie (la pensée, le pinceau, le trait et l'idée philosophique sont indissociables). Elle est aussi en occident l'art des moines copistes et enlumineurs.

Calligraphie occidentale moderne

Sommaire

Calligraphie latine

Calligraphie dans une Bible latine de 1407, exposée à Malmesbury Abbey, Wiltshire, Angleterre.

La calligraphie latine est associée à l'histoire de l'écriture en Europe avant et après l'utilisation de l'imprimerie et sur la base de l'alphabet latin des Romains. Les manuscrits (pratique de la copie manuelle d'un livre) ont poussé à pratiquer l'écriture comme un art en y associant souvent l'enluminure ou l'illustration. Elle a connu une évolution constante. Petit à petit sont nées de nouvelles lettres (le V et le J), les espaces entre les mots, la ponctuation et l'emploi des majuscules et de titrages à partir des lettres décorées.

La pratique de la calligraphie latine est traditionnellement associée à la copie de manuscrits par les moines chrétiens. Pour eux, il s'agissait de beaucoup plus qu'un travail : c'était une forme de prière, qui était à la fois une louange et une ascèse. La calligraphie, qui nécessite — ne serait-ce que techniquement - une grande concentration, une sûreté des gestes acquise par une longue pratique, donc une hygiène de vie pouvant effectivement aller jusqu'à l'ascétisme, en dehors même de toute considération spirituelle mais souvent associée de fait, était jusqu'à la fin du Moyen Âge une activité de religieux, comme les calligraphies non-occidentales.

Elle a évolué au gré des influences culturelles (la chancelière et la Renaissance), politiques (Charlemagne et sa caroline) et commerciales (la bâtarde flamande) et des innovations techniques (l'anglaise). Selon le support utilisé (cire, papyrus, parchemin et feuille), elle se pratique avec un style, un calame, une plume (plume d'oiseau, puis plume métallique), le pinceau plat ou pointu. L'écriture monumentale gravée sur la pierre, quelles que soient ses qualités esthétiques, ne peut être tout à fait assimilée à la calligraphie, dans l'impossibilité technique de pratiquer spontanément un « geste » calligraphique.

L'alphabet latin des débuts a donné naissance à une multitude de variantes regroupées en familles (dont des branches mortes) :

  • les écritures romaines :
  • les écritures insulaires (celtique) ;
  • les écritures caroline puis gothique primitive ;
  • les écritures gothiques :
  • les écritures humanistiques :
    • rotunda, capitales, chancelière (cancellaresca, ou écriture de chancellerie, également appelée pour l'imprimerie « italique ») ;
  • les écritures françaises classiques : ronde, bâtarde, coulée, en usage jusqu'au XXe siècle et souvent abusivement confondues avec l'anglaise.
  • les écritures anglaises.
  • la gestuelle (calligraphie actuelle pratiquée avec des pinceaux, divers types de plumes, des outils détournés comme le tire-ligne, le folded-pen...)
Exemple d'une police de caractère typographique imitant l'écriture calligraphiée à la plume.

L'arrivée de l'imprimerie et de la presse de Gutenberg signifie la fin des manuscrits dans les livres. À cette époque, la calligraphie latine influence tour à tour les premiers caractères en plomb (la première bible de Gutenberg, en gothique ; les bâtardes gravées de Geoffroy Tory), puis subit à son tour son influence (anglaise ou "copperplate" en anglais, qui signifie "plaque de cuivre [gravée]"). Elle a cependant continué d'être enseignée à l'école jusqu'au milieu du XXe siècle avec l'écriture à la plume fine, ses pleins et ses déliés, sur la base d'une ronde ou d'une anglaise simplifiées.

La calligraphie a été pratiquée en permanence jusqu'à l'apparition de la mécanographie : tous les actes publics et privés, les édits royaux, les traités, étaient écrits à la main. Chaque souverain se devait de nommer un ou plusieurs maîtres écrivains, une belle calligraphie étant au même titre que d'autres arts une manifestation de prestige.

Le stylo à bille puis le traitement de texte l'ont fait disparaître de la vie courante, mais elle reste le lieu d'une recherche graphique plus qu'active aujourd'hui, avec l'apparition de nouveaux styles, comme la « gestuelle », l'utilisation d'outils fabriqués (foldedpen) et l'utilisation de techniques mixtes. Notons que si elle est détrônée par la typographie, grande pourvoyeuse de nouvelles polices d'écriture, elle sert souvent d'inspiration à celle-ci, puisqu'on trouve nombre de polices imitant la calligraphie manuelle (police Choc de Roger Excoffon, inspirée des coups de pinceau de la calligraphie orientale ; police Zapfino, inspirée de l'écriture « à la plume », du typographe Hermann Zapf).

De nos jours, elle est présente partout autour de nous, dans la publicité, les logos, les étiquettes de produits, les enveloppes (art postal), mais aussi sur les murs (graffiti) etc.

Une des dernières pistes de recherche actuelles de la calligraphie s'exprime à travers le lightgraff, ou calligraphie lumineuse.

Calligraphie extrême-orientale

Calligraphie d'Iris Yawén Hsú (徐雅雯)
Retraité chinois calligraphiant les classiques avec de l'eau.

La tradition veut que les caractères chinois aient été inventés par Cang Jie (~2650). Ses compositions étaient fondées sur l'observation de la nature, c'est pourquoi on disait qu'il avait deux paires d'yeux… mais c'est très probablement une légende. Une autre tradition fait remonter l'invention des caractères à Fuxi, le légendaire premier empereur.

La calligraphie chinoise est le fondement de l'art chinois au sens moderne du terme, la beauté visuelle des idéogrammes, la technique sur laquelle elle s'appuie et les enjeux plastiques qui y sont liés incarnent l'ensemble des préceptes métaphysiques de la culture chinoise. Elle est devenue un art majeur.

L'écriture chinoise est une transcription directe de la pensée sans l'intermédiaire des sons. Tous les mots sont monosyllabiques, chaque signe représente une idée et la langue écrite peut être lue dans toutes les langues de la Chine. Si la langue graphique codifiée existe depuis 4000 ans, les idéogrammes de la langue classique chinoise existent depuis presque 3000 ans (VIe siècle avant Jésus-Christ) et c'est vers 210 avant Jésus-Christ que Li Sseu déclarait : « Dans l'écriture d'un caractère ce n'est pas seulement la composition qui importe, c'est aussi la force du coup de pinceau. Faites que votre trait danse comme le nuage dans le ciel, parfois lourd, parfois léger. C'est seulement alors que vous imprégnerez votre esprit de ce que vous faites et que vous arriverez à la vérité. »

La calligraphie est la forme d'art la plus caractéristique de l'aire culturelle chinoise, et les styles de peintures traditionnels en sont directement issus. Elle est à l'origine même de l'art au sens occidental du terme, la création plastique étant indissociable des visées utilitaires de l'écriture, car la calligraphie fait partie de l'écriture.

La technique calligraphique d'origine chinoise requiert l'utilisation des « quatre trésors du lettré » :

  • le pinceau chinois ;
  • le papier, appelé par erreur « de riz » ;
  • le bâtonnet d'encre ;
  • la pierre à broyer l'encre.

L'art de la calligraphie, dans le bouddhisme Chan, s'apparente à la méditation transcendantale.

En outre, la nature non phonétique des sinogrammes entraîne un répertoire graphique quasi infini (10 516 caractères sont répertoriés en 121 et plus de 40 000 le sont dans l'édition de 1717), car l'imprimerie, d'origine chinoise, loin de freiner l'usage du pinceau, a contribué à la diffusion des répertoires de styles calligraphiques et de leur pratique[réf. nécessaire]. Tout ceci explique en grande partie l'équivalence entre écriture et art en Chine.

Calligraphie arabe

Article détaillé : styles calligraphiques arabes.
Folio de Coran en coufique, XIe siècle

L'utilisation de l'écriture comme un art est l'une des composantes les plus caractéristiques des arts de l'Islam.

L'arabe est la langue de la révélation coranique pour la religion musulmane. Cette langue se diffuse très rapidement dans tout le monde islamique, pendant la conquête musulmane. L'écriture fait de même, puisque très tôt, le Coran est recopié, et l'écrit devient un des principaux moyens de diffusion du message religieux. Si la langue est à la fois un outil liturgique, de communication et de transmission de savoir, l'écriture possède donc, parallèlement, une triple fonction : religieuse, utilitaire et ornementale. L'écriture varie selon la nature et la destination des écrits et des supports.

Calligramme en arabe

On compte de nombreux styles calligraphiques, divisés en deux grandes catégories : le kufique, aux caractères angulaires, qui naît très tôt avec l'écriture hijazi des premiers Corans et se développe, tant en Égypte qu'en Iran et le cursif, aux caractères déliés. Ces deux grands types varient énormément, selon le pays et l'époque où ils sont employés. On peut citer par exemple, pour les calligraphies angulaires, le kufique tressé, où les hampes se mêlent, ou encore le kufique animé, dont les lettres se terminent par des visages humains et animaux. Dans les cursifs, on distingue en général six styles canoniques :

  • le naskhî, l’un des premiers à se développer, rapide et lisible, très utilisé dans le monde arabe. Une de ses variantes, le maghribî, est usitée en Al-Andalus et au Maghreb ;
  • le muhaqqaq, en faveur sous les Mamelouks, penché vers la gauche ;
  • le thuluth, également très utilisé à la période mamelouke en Égypte, qui se caractérise par la hauteur des hampes ;
  • le rayhânî ;
  • le riqâ’, proche du thuluth, qui sert uniquement dans des documents administratifs ;
  • le tawqî’, à propos duquel on peut faire la même remarque.

Pour les langues étrangères à l'arabe (persan, turc, berbère, ourdou, croate ou encore swahili), d'autres styles se développent, comme le nasta'lîq, écriture inclinée, mélange du naskhî et du ta'lîq, qui sert en particulier dans les manuscrits persans.

La déclinaison en un vaste corpus de calligraphies n'empêche pas une unité rarement présente dans le reste de l'art islamique : l'écriture est donc un symbole fort d'unification et de distinction, qui mène parfois à la création de pseudo-calligraphies, illisibles, mais marqueurs forts d'une identité islamique.

Voir aussi

Arabesque orienté Graffiti (Photo: Nuno de Matos)

Bibliographie

  • Claude Mediavilla, Calligraphie, Paris, Imprimerie nationale Éditions, 1993 (ISBN 2743301597)
  • Martin Andersch, Traces, signes, lettres, Paris, Ulysse édition, 1989
  • Véronique Sabard, Vincent Geneslay et Laurent Rébéna, Calligraphie latine : initiation, éditions Fleurus, 1999 (ISBN 2215021306)
  • Laurent Pflughaupt, Lettres latines, Paris, éditions Alternatives, 2003 (ISBN 2862273376)
  • José Frèche, La Chine, XO (ISBN 2-84563-248-7)
  • François Cheng, L'Écriture poétique chinoise, Seuil (ISBN 2-02-004534-6)
  • Jean-François Billeter, L’art chinois de l’écriture, Skira 2001
  • Ghani Alani, Calligraphie arabe : initiation, éditions Fleurus, 2001 (ISBN 221507065X)

Articles connexes

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Voir « calligraphie » sur le Wiktionnaire.

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