- Fiction
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Une fiction est une histoire fondée sur des faits imaginaires plutôt que sur des faits réels. Les personnages qui y sont décrits sont dits « personnages fictifs »[1]. Une œuvre de fiction peut être orale ou écrite, du domaine de la littérature, du cinéma, du théâtre ou de la radio.
Sommaire
Étymologie
Le mot fiction vient du verbe latin « fingere, fingo, is, fixi, fictum », signifiant « manier », « toucher », « caresser » (en pressant), « composer », « coiffer », « friser », « modeler », « feindre », « faire semblant », « inventer », « se figurer », « imaginer ». Et plus directement de l'accusatif « fictionem » du mot latin « fictio, -nis ».
Fiction et réalité
Tous les faits présentés dans une fiction ne sont pas nécessairement imaginaires ; c'est le cas par exemple du roman historique, qui se fonde sur des faits historiques avérés, mais qui profite des vacuités de l'Histoire pour y introduire des personnages, des événements, tirés de l'imagination de l'auteur (comme dans Les Pardaillan de Michel Zévaco).
Mais si les événements ou les personnages sont imaginaires, ils ne doivent pas pour autant être irréels : pour qu'une fiction fonctionne, il semble nécessaire que le récipiendaire de la fiction puisse adhérer à ce qui est décrit. Des événements absurdes, des personnages incohérents sont autant de choses qui coupent le lecteur ou le spectateur du récit.
La fiction doit donc créer une impression de réel : l'individu à qui la fiction s'adresse doit pouvoir croire, pendant un temps limité, que ces faits sont possibles.
Cette suspension de l'incrédulité est la plus évidente dans le cas de fictions dépourvues d'éléments fantastiques, comme le roman policier, ou le roman historique. Les événements qui y sont relatés, malgré ou grâce à leur esthétisation, peuvent arriver à quelqu'un. Dans le cadre de la science-fiction, ils doivent représenter un futur plus ou moins plausible. Les avancées technologiques de l'humanité ne sont pas nécessairement à l'origine de ce genre de travaux, mais en représentent souvent le cadre.
Le cas du fantastique est encore différent. H.P. Lovecraft ou Stephen King décrivent souvent des individus au quotidien banal dont la vie dérape plus ou moins soudainement, l'œuvre décrivant alors la manière avec laquelle ces personnages tentent de réagir (souvent assez mal) à ces situations auxquelles rien ne les a préparés. La suspension de l'incrédulité est plus forte ici que dans les romans plus classiques, ce qui explique probablement pourquoi cette littérature est souvent considérée comme un genre mineur. Comme pour la série X-Files, ces récits reposent sur la question : « et si c'était vrai ? »
Pour les contes ou le médiéval fantastique (heroic fantasy), il ne s'agit pas pour le lecteur/spectateur de croire temporairement en la véridicité des faits présentés. Les contes décrivent alors de manière métaphorique l'univers dans lequel vit l'enfant[2]. Dans le cadre du médiéval fantastique, c'est la cohérence de l'univers qui permet au récipiendaire de croire en la plausibilité des événements, dans un univers fonctionnant selon d'autres règles que le nôtre.
Le philosophe Hans Vaihinger a développé dans La Philosophie du « comme si » (1911) une théorie selon laquelle toute connaissance, même scientifique, est fiction. Nous ne connaissons que les phénomènes, et construisons des modèles scientifiques pour les penser, mais ne pouvons pas à proprement parler connaître l'essence des choses... Avant lui, le philosophe italien Giambattista Vico, auteur de "La Science nouvelle" (édité de 1725 à 1744), avait souligné la portée ontologique de la "fiction" depuis sa parenté étymologique avec le "fait". Depuis lors, les développements de la linguistique (et de la poétique), de la phénoménologie comme de la philosophie analytique ou de la psychanalyse (en particulier avec Jacques Lacan qui parle de la "structure de fiction" de toute théorie) ont développé des conceptions à la fois plus larges et plus précises de la fiction. Les questions suscitées par la relation entre réel et fiction ont amené entre autres à distinguer le "réel" irréductible à toute représentation et la "réalité", toujours façonnée par des langages et donc toujours marquée de "fiction". Les progressions des sciences et des techniques n'ont fait que souligner ce questionnement radical dont l'inflation actuelle du mot "virtuel" constitue le symptôme.
Nouvelle fiction
Jean-Luc Moreau a créé en 1992 le concept romanesque de Nouvelle fiction (Éd. Criterion) dans lequel se retrouvent des auteurs tels que François Coupry, Hubert Haddad, Frédérick Tristan, etc.
Notes et références
- « Vouloir mettre la fiction à la place de la vérité (Newton. »
- Bruno Bettelheim : Psychanalyse des contes de fées, Robert Laffont, Paris, 1976
Eric Clémens, La fiction et l'apparaître, Paris 1993, éd. Albin Michel, coll. Bibliothèque du Collège International de Philosophie. Gérard Genette, Fiction et diction, Paris, 1991, éd. du Seuil, coll Poétique. Thomas Pavel, Fictional Worlds, Harvard, 1986, Harvard University Press (trad. française, Univers de la fiction, Paris, 1988, éd.du Seuil, coll. Poétique).
Voir aussi
Liens externes
- entrée "fiction" du site fabula
- Chambre avec vie blog fiction illustrée par Catherine Riva et Denis Kormann
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