- Stephen Liegeard
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Stéphen Liégeard
François Stéphene Émile Liégeard, connu sous le nom de Stéphen Liégeard, (Dijon[1], 29 mars 1830 - Cannes, 29 décembre 1925) est un écrivain et poète français. Il est l'inventeur du terme « Côte d'Azur » pour remplacer la dénomination « Riviera », terme toujours utilisé en Italie et par les Anglais. Il inspira à Alphonse Daudet le personnage du « sous-préfet aux champs » des Lettres de mon moulin.
Sommaire
Biographie
Issu d'une vieille famille dijonnaise[2] qui a marqué son attachement au bonapartisme, Stéphen Liégeard est le fils de Jean-Baptiste Liégeard, maire de Dijon de 1863 à 1865 et de Catherine-Émilie Vallot.
Après de brillantes études au lycée de sa ville natale, il est inscrit comme avocat au barreau de Dijon (1854). Il gagne alors plusieurs procès. En 1857, il soutient une thèse de doctorat en droit qui lui vaut une médaille d'or. Bonapartiste, auteur en 1859 d'un poème à la gloire de Napoléon III, Les Abeilles d'Or, il entre en 1856 dans l’administration préfectorale comme conseiller à la préfecture de Valence. Il est nommé en 1859 sous-préfet à Briey (Meurthe-et-Moselle), où il épouse Mathilde Labbé. En 1861, il est sous-préfet à Parthenay, puis est ensuite nommé à Carpentras (1864). C’est là qu’Alphonse Daudet, son voisin, trouvant des rimes sur le bureau de Stéphen Liégeard, eut l’idée du conte Le sous-préfet aux champs, qui parut dans L’Événement du 13 octobre 1866.
En 1867, il quitte l’administration pour se présenter comme candidat officiel aux élections législatives à Briey, où son beau-père, Joseph Labbé, maître de forges, exerce une importante activité industrielle. Il est élu député de la Moselle le 24 mars 1867, puis est réélu en 1869. Fidèle à ses convictions, il abandonne la politique à la chute du Second Empire le 4 septembre 1870 et s'inscrit à nouveau au barreau de Dijon tout en se consacrant à la littérature.
Dès lors, il partage son temps entre son appartement parisien rue de Marignan, son hôtel dijonnais rue Vauban (hôtel Legouz-de-Gerland) qu'il fait remanier à la fin du siècle et sa résidence de Brochon. Il passe l'hiver à Cannes, Villa des Violettes, dont son épouse, Mathilde, a hérité en 1873. Lors de ces derniers séjours, il parcourt les rivages de la Méditerranée. Sa fortune colossale lui permet de faire construire en 1895, sur son domaine de Brochon, non loin de Dijon, un château néorenaissance[3].
Stéphen Liégeard, membre depuis 1891 de l'Académie de Dijon, est par trois fois candidat malheureux à l'Académie française (1891, 1892 et 1901). Malgré les amitiés qu'il a su y tisser, il n'a pu lutter face à Pierre Loti, Edmond Rostand ou Émile Zola. D'aucuns diront, non sans humour, qu'il fut victime du Chambertin : en élisant le prétendant, certains académiciens risquaient de ne plus recevoir les bouteilles offertes avant chaque élection !
Malgré un train de vie fastueux qui défraie parfois la chronique, Stéphen Liégeard reste un homme bon et généreux. Sa devise en témoigne : Il est beau d'être grand, être bon est meilleur. Mécène et donateur, il devient président de la Société Nationale d'Encouragement au Bien (SNEB) en 1897; il ne quittera l'organisme qu'en 1921, après des adieux émouvants. Son fils, Gaston, peut aisément faire ses voyages d'aventure et en ramener des reportages photographiques. Stéphen Liégeard est fait officier de la Légion d'honneur le 12 août 1866, commandeur en 1920, ainsi qu'officier de l'Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand.
Il s'éteint à plus de quatre-vingt-quinze ans, le 29 décembre 1925 à Cannes. Son nom a été donné à une rue située en face de sa maison natale à Dijon, à une avenue de Nice et à une rue de Cannes. C'est dans cette dernière rue que se trouve la Villa des Violettes où Stéphen Liegeard vécut de nombreuses années.
Activité littéraire
En 1852, à vingt-deux ans, son premier recueil, Souvenirs de quelques soirées d'été, est édité. Il y mêle poésie et courtes pièces de théâtre. Il est suivi de poèmes dédiés à l'empereur (1859). L'Académie des Jeux floraux de Toulouse le nomme maître ès-jeux en 1866 et couronne ses oeuvres à plusieurs reprises.
Entre 1866 et 1872, il fait de fréquents séjours à Luchon, dans les Pyrénées, dont il décrit la société animée dans des pages brillantes. Par ailleurs, il livre également un témoignage de sa vie politique (1871 et 1873), sans renoncer à la poésie. Les Grands coeurs, pour lequel les critiques ont été unanimement élogieux, sont couronnés par l'Académie française en 1894.
En 1887, il écrit à Brochon son ouvrage le plus célèbre, La Côte d’azur, publié à Paris en 1888. Il y décrit les villes et les sites de cette plage baignée de rayons qui mérite notre baptême de Côte d’Azur[4].
C’est probablement à Hyères qu’il a eu l’idée de cette expression, par analogie avec le nom de son département natal, la Côte-d'Or.
Œuvres
- Souvenirs de quelques soirées d'été, Dijon, Loireau-Feuchot, 1852, 32 p. [Premier recueil édité]
- Les Abeilles d'or ; Chants impériaux, Paris, E. Dentu, 1859, 264 p. [Poèmes.]
- Le Verger d'Isaure, Paris, Hachette, 1870, 234 p. [Poèmes.]
- Le crime du 4 septembre, Bruxelles, J. Rozez, 1871, 68 p. [Récit de la chute du Second Empire.]
- Trois ans à la Chambre, Paris, E. Dentu, 1873, 397 p. [Récit de son mandat de député.]
- Vingt journées d'un touriste au pays de Luchon, Paris, Hachette, 1874, 556 p.
- À travers l'Engadine, la Valteline, le Tyrol du sud et les lacs de l'Italie supérieure, Paris, Hachette, 1877, 491 p.
- Les Grands coeurs, Paris, Hachette, 1882, 242 p. [Poèmes, couronnés par l'Académie française en 1894.]
- Au caprice de la plume, Paris, Hachette, 1884, 426 p.
- La Côte d'azur, Paris, Maison Quantin, 1887, 430 p. [Prix Bordin décerné par l'Académie française.]
- Rêves et combats, Paris, Hachette, 1892, 243 p.
- Les saisons et les mois, Paris, Ancienne Maison Quantin, [1899], 100 p. [Poèmes.]
- Pages françaises, Paris, Hachette, 1902, 489 p.
- Aimer ! Paris, Hachette, 1906, 209 p. [Poèmes.]
- Brins de laurier, Paris, Hachette, 1909, 170 p. [Poèmes.]
- Rimes vengeresses, Paris, Hachette, 1916, 180 p. [Poèmes.]
Liens internes
Bibliographie
- Fromentin (Bertrand), Généalogie des Liégeard, Brochon, Bulletin municipal n°40, décembre 1996
- Fromentin (Bertrand) (dir.) Colombet (Albert), Thirard (Aimé), Brochon : Promenade dans le monde des Liégeard, Dijon, ICO, 1998.
- Bolnot (Robert), Brochon et la famille Liégeard : un roman d'amour, BMD.
Notes
- ↑ Stéphen Liégeard naît le 29 mars 1830 à l'hôtel Aubriot, rue des Forges, alors propriété familiale dijonnaise, avant le déménagement vers l'hôtel Legouz-de-Gerland (1842).
- ↑ L'église Saint-Jean-Baptiste de Dijon renferme les dalles funéraires de Jehan Liegeart et de Thiebault Liegeart, son fils, les ancêtres dijonnais des Liégeard.
- ↑ Aujourd'hui, ce château de Brochon, ainsi que son parc, sont occupés par le lycée Stéphen-Liégeard.
- ↑ Stéphen Liégeard, La Côte d'azur, Paris, Maison Quantin, 1888, p. 30.
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