- Auguste Sautelet
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Auguste Sautelet, né à Lancié le 27 janvier 1800, mort à Paris le 13 mai 1830, avocat puis libraire imprimeur, est un éditeur français. Outre le journal Le Producteur et les quotidiens Le Globe, puis Le National dont il est gérant, il édite des écrivains romantiques. Ses éditions originales sont aujourd'hui recherchées.
Sommaire
Biographie
Ancien élève de Théodore Jouffroy au collège Bourbon (aujourd’hui Condorcet), puis à la faculté des lettres, disciple de Victor Cousin dont il deviendra l’éditeur, il est aussi étudiant en droit et participe à la fondation de la Charbonnerie (1821). Il appartiendra à la même Vente qu’Augustin Thierry, Pierre Leroux, Théodore Jouffroy et Alexandre Bertrand. Il fréquente les salons romantiques et libéraux (le Grenier d’Etienne-Jean Delécluze) avec Philipp Albert Stapfer, Ampère fils, Stendhal, Courier, Eugène Viollet-le-Duc, Thiers, Armand Carrel, Augustin Thierry.
Il devient avocat puis libraire éditeur (1825). Seul ou quelquefois associé, il édite un peu plus d’une centaine d’ouvrages d'écrivains romantiques et libéraux dont il était souvent l’ami : Brillat-Savarin, Paul-Louis Courier, Mérimée, Goethe, Stendhal, Sainte-Beuve, Thiers, Delécluze, etc… Il fait connaitre Walter Scott et Fenimore Cooper en France. La famille de Saint Simon lui demande de publier pour la première fois in extenso les Mémoires de leur ancêtre tandis que le neveu du mémorialiste crée le Saint-simonisme auquel Sautelet adhèrera.
Il fait œuvre de précurseur : c’est ainsi qu’il édite les œuvres complètes de Voltaire (y compris sa correspondance) mais en trois volumes seulement : les caractères employés en sont si petits que les typographes manquent de devenir aveugles : les volumes sont d’ailleurs vendus avec une loupe ! En association avec l’éditeur Motte, il publie en 1828 le Faust de Goethe, traduit par A. Stapfer, avec 17 lithographies de Delacroix, le premier livre jamais illustré par un peintre[1]. Pour lutter sur son propre terrain contre la contrefaçon belge, il s’associe avec Bossange, Firmin-Didot, Galignani, Levrault, Treuttel et Wurtz pour fonder à Bruxelles la librairie Parisienne Française et Etrangère.
Il est l’éditeur du journal des romantiques Le Globe (1828) qui deviendra celui des Saint Simoniens, mais surtout Adolphe Thiers fonde avec lui, François-Auguste Mignet et Armand Carrel, le journal Le National (1830). Les bailleurs de fonds en sont Jacques Laffitte, Talleyrand, le Duc de Dalberg et Sautelet. Sa librairie abrite les locaux du journal et il en est le gérant responsable. Les rédacteurs en sont Thiers, Mignet et Armand Carrel.
Le premier numéro paraît le 1er janvier 1830. Le National défend la Charte de 1814: il se borne à rappeler au gouvernement que la volonté du peuple est souveraine et que les institutions d’un pays ne sont pas immuables. Mais Thiers passe à l’offensive. L'un de ses éditoriaux est interprété par le gouvernement de Charles X comme une menace contre le système gouvernemental et contre les personnes qui l’incarnent, c'est-à-dire le Roi et les ministres. Le pouvoir décide alors de poursuivre Auguste Sautelet en correctionnelle puisqu’il est le gérant responsable, et l’auteur de l’article Adolphe Thiers. Ils sont tous deux condamnés à 1000 Francs d’amende (que Thiers paiera grâce à une souscription auprès des lecteurs du journal) et singulièrement Auguste Sautelet à une peine de trois mois de prison.
Est-ce cette condamnation, un dépit amoureux (il s’était épris d’une précieuse), des tracas financiers (éditer les premiers romantiques n’était pas des plus lucratif) ? Auguste Sautelet se tire une balle dans la tête le 13 mai 1830 au petit matin, dans son appartement rue de Richelieu. Son enterrement au Cimetière Montmartre rassemble autour de ses amis une foule nombreuse[2].
Thiers sort renforcé de cette crise : il menace le régime. Si la monarchie ne devient pas constitutionnelle, ce sera la république, écrit-il à demi mot. Mais cette fois, le pouvoir se gardera de le poursuivre. Deux mois plus tard, Charles X publie les Ordonnances de Juillet suspendant la liberté de la Presse. Mais les journalistes réunis par Thiers au siège du National signent alors la Protestation de 1830, prémisse de la Révolution de juillet.
Auguste Sautelet était associé avec le libraire Paulin qui sera l’un des quatre fondateurs de la revue l'Illustration.
Sources littéraires
- Stendhal : Souvenirs d’égotisme
- Mérimée : Correspondance
- Chateaubriand : Mémoires d’Outre-Tombe
- Prince de Joinville : Vieux souvenirs Gallica BNF p.11
- Balzac : Lettres à Madame Hanska
- Sainte Beuve : Critiques et portraits littéraires
Sources documentaires
- Armand Carrel : "Une mort volontaire" in « La Revue de Paris » juin 1830
- Jean-Jacques Ampère : Correspondance crhst/cnrs
- Delécluze : Souvenirs de soixante années
- Doris Gunnel : Sutton Sharpe et ses amis français Chapître VII Le suicide de Sautelet. Ed Champion Honoré 1925
- Jean-Jacques Goblot : Le Globe 1824-1830, Honoré Champion éditeur, 1993
- Général La Fayette : Correspondance Université Cornell New York
Notes
- www.maitres-des-arts-graphiques.com) Faust de Goethe, illustrations de Delacroix (
- www.cairn.be) E. Fureix : Un rituel d'opposition sous la Restauration: les funérailles libérales à Paris 1820 - 1830 (
Catégories :- Opposant à la Restauration
- Éditeur français
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