- Shkodra
-
Shkodër
Shkodër Administration Pays Albanie Région Shkodër District Shkodër Géographie Latitude Longitude Altitude 13 m Superficie 1 646 ha = 16,46 km² Démographie Population 86 200 hab. (2008) Densité 5 236,9 hab./ km² Localisation Shkodër - Shkodra - ( en italien - Scutari - ou sous sa dénomination illyrienne - Scodra -) est une ville du nord-ouest de l'Albanie, la ville principale de la région et au bord du lac du même nom, le plus grand lac des Balkans (d'une surface de 370 km2), près des fleuves Drin, Kir et Buna, où passe la frontière actuelle de l'Albanie avec le Monténégro. Elle compte actuellement environ 200 000 habitants et abrite le Château de Shkodra, qui se trouve à une hauteur de 130 mètres. L'origine de son nom provient de l'endroit où passe pour se verser à l'Adriatique le fleuve Drin, de l'albanais "Shko - Drin" qui signifie "Va-Drin". Shkodra est entourée également d'un massif montagneux, incluant les montagnes de Cukal (1 722 mètres), de Maranaj (1 576 mètres), de Tarabosh et de Sheldi.
Fondée au Ve siècle avant J.-C., Shkodra est une des villes les plus vieilles de l’Albanie. C’est un centre économique et culturel important pour l’Albanie.
Sommaire
Nom
On connaît aussi Shkodër sous sa forme définie Shkodra, plus conforme à l'usage des spécialistes occidentaux, qui désignent les toponymes féminins albanais par leur forme définie et les masculins par leur forme indéfinie : d'où Shkodra, et Vlora plutôt que Vlorë, Peja et non Pejë (le "ë" fonctionne comme l'"e" muet du français : on ne le prononce donc pas au final) ; alors qu'on dit Elbasan plutôt qu' Elbasani et Prizren au lieu de Prizreni.
Histoire
Antiquité
La zone autour de l'emplacement actuel de Shkodra a été habitée depuis la préhistoire. Des traces de l'époque du Paléolithique moyen y ont été retrouvées. Les fouilles ont mis en évidence une présence humaine continue du Néolithique jusqu'à nos jours. Cela provient du fait que cette zone connaît une combinaison de facteurs climatiques rares et très favorables. Au pied de la colline de Tepe, au sud de la ville actuelle, les fouilles archéologiques ont révélé des objets de l'Âge du bronze (2000 av. J.-C.).
A cette époque, vers le IVe siècle av. J.-C., Shkodra était le centre d’une tribu d'Illyriens, les Labéates. La ville connut un développement économique important, les premières monnaies datant de 260 av. J.-C.. Ces monnaies ont révélé le nom de la ville à l'époque : Scodrinon. En 181 av. J.-C., Shkodra devint la capitale du royaume d'Illyrie, sous la direction du roi Gent (en albanais) ou Gentius (181-168 av. J.-C.) Durant le IIe siècle av. J.-C., [sur l'emplacement ?] au château de Shkodra eurent lieu une multitude de batailles contre Rome, mais les Romains finiront par l'occuper en 168. Shkodra devint alors l'un des chefs-lieux de cité|centres (?)de l'Empire Romain. Avec les réformes de Dioclétien, elle devint un centre régional. Shkodra était traversée par des routes commerciales importantes allant vers la côte dalmate au nord et à travers le fleuve Drin vers l'est (Kosovo).
Moyen Âge
Avec l'arrivée des Slaves dans les Balkans (VIe et VIIe siècles) Shkodra fut occupée et devint centre de Zeta au XIe siècle. S'ensuit une brève occupation bulgare. Au XIVe siècle, elle devint un centre important autonome possédant des institutions développées et en 1360 elle devint la capitale de la Principauté de la famille puissante des Balshaj. En 1396, elle passa sous la domination de la République de Venise, laquelle reconstruisit le château de Shkodra et appela la ville Scutari. Shkodra possédait alors des institutions et des lois comme tous les autres centres vénitiens développés autour de l'Adriatique. Les Vénitiens se retirèrent après deux révolutions populaires, en 1474 et 1478-1479, et après avoir tenu face[1] aux diverses tentatives de conquête ottomanes la cédèrent par traité à l'Empire ottoman en 1479, ce qui coïncide avec la mort du héros national Gjergj Kastrioti.
L’occupation ottomane
Avec la mort du héros national Gjergj Kastrioti (Georges Castriote - Skender-Beg), qui dirigea le peuple albanais contre l'occupation Ottomane, en 1479 le Sultan Mehmet II entoure Shkodra, la dernière ville catholique non occupée de l'Albanie, avec plus de 100 000 soldats. La défense de Shkodra aura continué durant 7 mois par une garnison d'environ 1 600 personnes. Cette défense fut décrite par le premier historien albanais, témoin de ces événements, originaire de Shkodra, Marin Barleti. Son livre "The Siege of Shkodër" fut édité en Europe en 1504. Après l'occupation ottomane, la ville se dégrada petit à petit, mais se développa à nouveau au XVII s. devenant un centre important de l'Empire Ottoman. À cette époque, la ville compte plus de 1 800 maisons et commence à s'établir dans la plaine où elle se trouve actuellement. Se développèrent particulièrement le commerce, la production d'armes, le travail de la soie, du cuivre, et de l'argenterie.
Elle sera à cette époque sous la domination de la famille shkodrane des Bushat. En 1787, cette famille tente pour la première fois de créer une principauté indépendante albanaise, tentative qui fut écrasée par l'Empire Ottoman.
En 1718 sont ouvertes à Shkodra les premiers consulats et en 1730 fut fondée la Chambre de Commerce. Au XVIIIe siècle, la ville est chef-lieu de la partie nord de l’Albanie (partition réalisée, appelée « Paschallec » et administrée conjointement par les Ottomans et par les riches familles albanaises). La ville est administrée par la famille des Bushatllinj (1757-1831). Des révoltes populaires ont lieu en 1833-1836, 1854, 1861-1862 et 1869.
La ville connaît sa plus grande période de développement économique au milieu du XIXe siècle. En 1870, le nombre des habitants était de 50 000. Elle devient un grand centre commercial pour la région balkanique occidentale avec environ 3 500 commerces. Les industries de tannerie, textile, du tabac et de la poudre à canon s’y développent. En 1865 le Château de Shkodra est abandonné du fait que le lit du fleuve Drin a changé. La ville se transforme en port fluvial et continue son commerce avec l'extérieur à travers les liaisons avec Oboti, Ulqin et plus tard Shengjini et Tivar. Une école jésuite et un monastère franciscain sont créés.
En 1878 fut créée la Ligue de Prizren (mouvement révolutionnaire albanais) pour éviter le démantèlement des terres albanaises. Shkodra sera un centre important de ce mouvement national patriotique. L'armée de Shkodra lutte pour la défenses des terres albanaises de Plavë et Guci (actuellement au Monténégro), Hot (partiellement actuellement au Monténégro et au nord de l'Albanie), Ulqin et Tivar (au Monténégro actuellement). Commence ainsi une période trouble, qui a pour conséquence une diminution rapide de la population. Shkodra prit une part active à la déclaration d'indépendance de l'Albanie, notamment à travers la figure éminente de Luigj Gurakuqi.
Scutari, ville asiatique de Turquie (Anatolie), province de Stamboul sur le Bosphore.
Üsküdar est un district d'Istanbul, situé sur la rive asiatique. Il était jadis connu sous le nom de Scutari (Ouskoudar).
Scutari est considérée comme berceau de la civilisation ottomane, c'est l'ancienne Chrysopolis. Cette ville fut créée par les albanais émigrant vers l'empire ottoman de là le nom de Scitari (shkoder, Ouskoudar)
Histoire récente
Le soulèvement de 1911 de la région du Nord, secoua l'occupation ottomane en Albanie. Après la proclamation de l'Indépendance en 1912, la Ville signa un acte contre les décisions des grandes puissances occidentales (voir la Conférence des Ambassadeurs à Londres de 1913) qui laissèrent en dehors des territoires albanais plus de 40 % de ses terres (dont le Kosovo). Les habitants de Shkodra organisés dans la Ligue de Shkodra prennent part à la lutte contre l’annexion de la région de Plava et Gucia (Kosovo) et de la région de Hoti et Grudes, et dans la guerre contre les Monténégrins qui reprennent la ville d'Ulcinj.
Pendant les guerres balkaniques et la Première Guerre mondiale, à cause de sa position géographique et la sortie sur Adriatique, Shkodra devient un objectif pour la Serbie et le Monténégro. Ces derniers essaient de prendre la ville en 1912-1913 et pendant sept mois la lutte entre les habitants de la ville (les Albanais) et les armées serbes et monténégrines fut rude. En 1913 grâce à un traître (Esat Pashe Toptani) les armées serbes et monténégrines réussissent à entrer dans la ville et brûlent une bonne partie de la ville. Mais ils se retirent de la ville le 14 mai 1913 car la Conférence des Ambassadeurs à Londres attribue cette ville à l’Albanie.
En janvier 1916 Shkodra est occupée à nouveau par les armées autrichiennes, mais avec la fin de la Première Guerre Mondiale, Shkodra est sous administration internationale, et ce n'est qu'après le Congrès de Lushnja (ville au centre de l'Albanie actuelle) que Shkodra est gouvernée par le gouvernement albanais issu de ce Congrès.
Dans les années 1924 à 1939 Shkodra connaît un développement industriel avec quelques petites fabriques principalement dans l'alimentation et le ciment. En 1939 elle a environ 70 fabriques et durant cette période de monarchie albanaise, la ville est administrée par les puissances européennes, possédant ainsi des institutions et subissant des réformes progressistes. En 1939 l'Albanie est occupée par l'armée fasciste de l'Italie.
En 1945, la dictature communiste commence, et la ville souffrira durant 45 ans de l'écrasement communiste qui avait pour but de défaire Shkodra de ses traditions démocratiques, économiques et culturelles provenant de ses relations étroites avec le monde extérieur. Des personnalités éminentes et importantes de Shkodra seront alors poursuivies et exécutées, les institutions culturelles et religieuses seront transformées selon la nouvelle idéologie. Tout fut mis en œuvre pour que Shkodra perde son identité millénaire. Néanmoins, Shkodra donnera les premiers signaux du rejet du communisme et de l'ouverture vers le chemin de la démocratie en janvier 1990.
Culture
L'héritage culturel de Shkodra pour la nation albanaise commence au XVe siècle par les premiers écrits du clergé catholique de la langue albanaise, tout le nord d'Albanie étant alors sous la dépendance de l'Église catholique de Rome (alors que le sud de l'Albanie fût sous la dépendance de l'Église orthodoxe byzantine).
Aux XVIIIe et XIXe siècles, se développent l'art, le sport, les musées, les bibliothèques, la photographie, l'édition et plus tard, le cinéma et l'énergie électrique. On parle notamment de la bibliothèque de la riche famille des Bushatllinj, de la société littéraire, et des différentes organisations culturels et sportives (les sociétés « Bashkimi » (l’Union) et « Agimi » (l’Aube)).
Les premières revues albanaises diffusées à l’intérieur des frontières de l’Albanie sont imprimées à Shkodra. En 1878 on y fabriqua la première bande musicale, et les photographes albanais de la famille Marubi y travaillèrent — la photothèque de ces photographes était très riche. C’est aussi à Shkodra que la Fête du Travail du 1er mai est fêtée pour la première fois en Albanie.
Le lac de Shkodra/Skadar
Article détaillé : Lac de Shkodra.Le lac de Shkodra (Liqeni i Shkodrës en albanais), aussi connu sous son nom serbe de « lac de Skadar » (Skadarsko jezero en serbe), sous son nom italien de « lac de Scutari » (Lago di Scutari en italien), est le plus grand lac de la péninsule balkanique.
Archevêché
- Archidiocèse de Shkodër-Pult
- Cathédrale Saint-Stéphane de Shkodër
Personnalités nées à Shkodër
- Gjon Buzuku (date de naissance inconnue), auteur du premier écrit édité en langue albanaise, Le missel ("MESHARI"), contenant la formule dite de baptême, en 1555.
- Marin Barleti [Marinus Barletius – en latin / Marino Barlezio – en italien] (1450-1513), humaniste, prêtre catholique, le premier historien albanais.
- Pjeter Budi (1566-1622), prêtre, vice-administrateur des diocèses de Serbie, évêque de Sapa et Sarda.
- Frang Bardhi [Franciscus Blancus – en latin, Francesco Bianchi – en italien] (1606-1643), évêque de Sapa et Sarda.
- Pjeter Bogdani [Pietro Bogdano – en italien, Petro Bogdano - en latin] (1625-1689), prêtre, évêque, archevêque, théologien, et écrivain albanais, auteur du traité théologique Cuneus Prophetarum (La cohorte des prophètes), 1685, premier livre en prose écrit essentiellement en albanais et en italien.
- Pashko Vasa (1825-1892), un des premiers leaders les plus connus du mouvement national albanais, gouverneur général du Liban, à Beyrouth, de 1883 à 1892.
- Filip Shiroka (1859-1935), poète lyrique.
- Ndre Mjeda (Pater/At) (1866-1937), prêtre et poète albanais.
- Gjergj Fishta (Pater/At) (1871-1940), prêtre franciscain, dit « militant de la littérature albanaise » et « poète de la nation des Albanais ».
- Luigj Gurakuqi (1879-1925), une des figures les plus brillantes de la Renaissance nationale albanaise.
- Millosh Gjergj Nikolla, dit Migjeni (1872-1924), poète.
- Kolë Idromeno (1860-1939), peintre, pionnier de la photographie et du cinéma.
Notes et références
- ↑ Description du siège par Giorgio Merula, composé en latin, édité en septembre 1474.
Voir aussi
Catégorie : Ville d'Albanie
Wikimedia Foundation. 2010.