- Serpent (musique)
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Le serpent est un instrument à vent de la famille des cuivres, pouvant être considéré comme la basse du cornet à bouquin et comme l'ancêtre du tuba.
Le serpent est un instrument à vent basse, à embouchure. Bien qu'il soit en bois recouvert de cuir, il fait partie de la famille des cuivres, en raison du procédé d'émission du son : le musicien fait vibrer ses lèvres dans une embouchure comparable à celle des cuivres actuels, de taille proche de celle du trombone. On peut aussi le rapprocher de la basse de cornet à bouquin, mais sa perce est plus large.
L'instrument se présente sous forme de S, particularité qui lui a donné son nom. Il est percé de six trous, ce qui permet de jouer tous les tons chromatiques dans un registre proche de la voix de baryton. Il comporte, à son extrémité, un bocal métallique (ou branche d'embouchure), sur lequel s'adapte l'embouchure souvent faite en ivoire ou en corne.
Sommaire
Origines
Dans ses Mémoires concernant l'histoire ecclésiastique et civile d'Auxerre, seul écrit connu proposant une date précise d'invention du serpent, l'abbé Lebeuf attribue l'invention du serpent à un chanoine d'Auxerre, Edmé Guillaume. Il date cette invention de 1590. L'auteur ne cite malheureusement aucune source. L'origine du serpent reste, en l'absence de documents précis, difficile à définir.
Le serpent aurait été conçu pour accompagner les chœurs dont il renforçait les basses lors des offices religieux[1]. Il remplaçait notamment l'orgue dans les lieux où il n'y en avait pas. Il était donc, dans un premier temps, essentiellement voué à la musique religieuse dans des formations vocales. Il restera un des instruments principaux à l'église jusqu'au milieu du XIXe siècle où il fut remplacé petit à petit par d'autres instruments pour accompagner le chœur.
Dès le XVIIIe siècle, le serpent connaît, en parallèle à cette fonction religieuse, une utilisation toute différente au sein des musiques militaires. Il va devenir un des instruments principaux de ces formations proches de l'orchestre d'harmonie actuel. Cette nouvelle fonction induit une évolution technique de l'instrument. Sa forme change pour permettre une meilleure prise en main lors des défilés à pieds ou pour jouer à cheval. L'ajout de clés permet une meilleure intonation et une plus grande virtuosité. De très nombreuses œuvres sont écrites pour le serpent en tant qu'instrument militaire.
Au XIXe siècle le serpent est également utilisé dans l'orchestre symphonique. Ce nouvel emploi est souvent lié à la forte charge symbolique religieuse de l'instrument ; Mendelssohn lui consacre une partie dans son oratorio Paulus ; Berlioz l'utilise dans le Dies Irae de la Symphonie fantastique.
En Bretagne et en Normandie, le serpent est utilisé dans quelques églises jusqu'à la Première Guerre mondiale.
Aujourd'hui
Après un abandon progressif dès le milieu du XIXe siècle, le serpent est redécouvert vers les années 1980, tout d'abord en Angleterre par Christopher Monk, qui est le premier à fabriquer des serpents sur un modèle du facteur français Baudoin. En France, ce sont Bernard Fourtet puis Michel Godard qui le ré-introduisent en musique ancienne, et par la suite, en jazz. On peut encore l'entendre joué par Volny Hostiou. Il apparaît également dans le clip de Frontier Psychiatrist de The Avalanches.
Bernard Herrmann emploie cet instrument pour composer la musique du film La Sorcière blanche[2].
Discographie
- Michel Godard, Le Chant du Serpent, Label la Lichere LLL 37, Night and Day Distribution.
Voir aussi
Liens externes
Le serpent par le biais de l'iconographie musicale, par Jean-Louis Couturier : http://www.jeanlouiscouturier.com/content/show/38-Autres+Instruments+-+Other+Instruments.php
Notes et références
- Guy de Maupassant - La maison Tellier : « Devant le lutrin, trois hommes debout chantaient d'une voix pleine. Ils prolongeaient indéfiniment les syllabes du latin sonore, éternisant les Amen avec des a-a indéfinis que le serpent soutenait de sa note monotone poussée sans fin, mugie par l'instrument de cuivre à large gueule. »
- EUGENE Jean-Pierre, La Musique dans les films d'Alfred Hitchcock, Paris, Dreamland, 2000
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