- Scandale des prêtres pédophiles
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Pédophilie dans l'Église catholique
L'histoire de la pédophilie dans l'Église catholique est mal connue, faute de documentation avérée sur ce sujet. Avant la fin du XXe siècle, le sujet était occulté par un double tabou. D'une part, le vœu de chasteté (à ne pas confondre avec le célibat) interdit naturellement aux prêtres toute relation sexuelle, et d'autre part, les rapports sexuels avec un mineur d'âge inférieur à celui de la majorité sexuelle dans le pays, sont fortement réprouvés[1].
Le thème avait été abordé par Henry de Montherlant dans Les Garçons (roman) puis La ville dont le prince est un enfant (théâtre), ainsi que par Roger Peyrefitte dans Les Amitiés particulières et par quelques autres auteurs de fiction. Mais aucun scandale public n'est constaté avant la fin du XXe siècle.
Le ministre nazi des cultes a avancé que 7000 ecclésiastiques avaient été condamnés pour crimes sexuels entre 1933 et 1937, « le chiffre réel semble avoir été 170 cas, dont une bonne part avait quitté l'état religieux avant les faits »[2]. Ces accusations faisaient partie d'une campagne de désinformation conduite par les hauts responsables du parti (dont notamment Joseph Goebbels), pour réduire l'influence de l'Église dans l'Allemagne hitlerienne durant les années 1930[3].
Sommaire
Premiers procès
Les premières affaires déclarées de pédophilie dans l'Église éclatent aux États-Unis à la fin des années 1980. Des procès retentissants, comme celui, en 1993, d'Edward Pipala - un prêtre poursuivi pour des viols commis sur une dizaine de jeunes garçons - font sortir du silence des centaines de victimes.
Ces premières affaires agissent comme un révélateur. Elles incitent les victimes à sortir du silence, permettent une meilleure appréhension de l'étendue du problème, et conduisent la hiérarchie de l'Église à prendre des sanctions et adopter une position ferme sur le sujet.
Étendue du problème
[réf. nécessaire] La connaissance de la pédophilie dans l'Église est à présent un sujet d'enquête non tabou, et son ampleur dans le monde peut être mieux évaluée. En 2004, une étude du John Jay College of Criminal Justice de New York établit à 4 400 le nombre de prêtres pédophiles aux États-Unis entre 1950 et 2002 et, à 11 000 celui des enfants victimes.
Au Canada, des milliers d'Amérindiens ayant séjourné dans des pensionnats religieux attaquent l'Église Catholique en justice pour « abus sexuels », maltraitance physique et « génocide culturel ». Pour la période 1880-1984, figurent aussi au banc des accusés le Gouvernement du Canada et les Églises Anglicane, Unie et Presbytérienne, celui-là ayant donné pour mission à celles-ci l'assimilation des Indiens (Église Catholique = 60 pour cent des pensionnats). Les parents autochtones étaient tenus d'envoyer leurs enfants dans ces pensionnats (residential schools) sous peine d'emprisonnement. Dans certaines écoles, les mauvaises conditions et la surpopulation ont causé des décès par tuberculose allant jusqu'à 69 pour cent des élèves. En raison d'allégations de meurtres en grand nombre ainsi que d'expériences médicales, certains emploient l'expression « Holocauste canadien ». En février 2000, on compte plus de 10 000 poursuites intentées contre le Gouvernement du Canada et les Églises. Au total, les dédommagements atteindront 1 milliard de dollars canadiens.
En Irlande, près de 3 000 adultes affirment avoir subi des sévices sexuels de la part de membres de leur Église.
En Espagne, plus d'une centaine de cas d'abus sexuels de la part de prêtres ont été recensés.
En France, plusieurs scandales ont éclaté, et des prêtres ont été condamnés, jusqu'à 18 ans de réclusion criminelle.
Non-dénonciation par la hiérarchie
Le 13 décembre 2002, le plus haut dignitaire catholique américain, le cardinal Law, archevêque de Boston (Massachusetts), démissionne. Démission acceptée par le Pape Jean-Paul II. Il lui est en effet reproché d'avoir couvert pendant des années des centaines, voire des milliers de prêtres accusés d'actes pédophiles. En réaction, son successeur a dit prier pour la « guérison de l'Église ».
D'autres évêchés américains, notamment ceux de l'Oregon et de l'État de New York, sont aussi concernés par des accusations du même ordre.
En septembre 2001, la condamnation de l'évêque de Bayeux et de Lisieux, Mgr Pierre Pican, à 3 mois de prison avec sursis pour non-dénonciation aux autorités des actes pédophiles commis par un prêtre de son diocèse, est une première en Europe.
En Belgique, une victime a porté plainte contre l'évêque médiatique Léonard pour ne l'avoir pas aidé et avoir toujours protégé le prêtre pédophile, le procès est toujours en cours. Plainte déposé en 2006. le site internet de la victime
Démissions et sanctions prises dans l'Église
Les accusations d'actes pédophiles s'adressent également à des prêtres qui se sont élevés dans la hiérarchie de l'Église. En Autriche, à la suite des accusations d'anciens séminaristes, l'archevêque de Vienne, le cardinal Hans Hermann Groër, est contraint de démissionner en 1995. En Pologne, l'archevêque de Poznań doit lui aussi démissionner en 2002.
Suite au scandale suscité par ces affaires, au moins 330 prêtres de l'Église américaine ont dû démissionner.
La Grande-Bretagne sanctionne 21 religieux entre 1995 et 1999, et la Belgique à peu près autant.
Réactions de l'Église
Les procès et le scandale associé conduisent, pour la première fois, la hiérarchie catholique à prendre position sur le problème et à formuler des excuses publiques.
En Irlande, en janvier 2002, l'Église s'entend avec l'État pour indemniser les victimes, en échange de l'abandon des poursuites judiciaires.
En avril 2002, Jean-Paul II convoque onze cardinaux, tous venus des États-Unis. À cette occasion, il déclare : « les gens ont besoin de savoir qu’il n’y a pas de place dans la prêtrise ni dans la vie religieuse pour ceux qui font ou feraient du mal aux jeunes gens ». Il ajoute être « profondément peiné » et tient à exprimer sa « solidarité aux victimes des violences sexuelles et à leurs familles où qu’elles soient ».
Au début du XXIè siècle, l'Église a décidé de réagir au problème de pédophilie d'une manière très claire, en condamnant ces actes et en prenant des mesures pour que cela soit définitivement écarté. Exemple de cette volonté de l'Église de condamner sans ambiguïté de tels agissements: en octobre 2006, l'évêque de Meaux est partie civile dans le procès d'un prêtre de son diocèse accusé d'atteinte sexuelle sur un jeune garçon.
Récemment, l'archidiocèse de Los Angeles a déboursé la somme de 660 millions de dollars en dommages et intérêts à 508 personnes ayant été victimes d'attouchements. L'Église aurait déjà déboursé plus de 2 milliards de dollars suite à diverses affaires pédophiles.
Irlande
En Irlande, Un rapport de la commission d'enquête sur les abus commis sur des mineurs, rendu public le 20 mai 2009, dénonce en 2600 pages les abus subis par de nombreux enfants accueillis par des structures financées par l'Etat et gérées en grande partie par l'Eglise catholique. Le mandat de la commission concerne quatre types d'abus : physiques, sexuels, de négligence et psychologiques[4].
En Irlande, le Conseil permanent des évêques irlandais avoue en 2009 : « Nous présentons nos excuses à tous ceux qui, durant leur enfance, ont été si cruellement victimes de violences lorsqu'ils étaient à l'école ou dans des maisons d'accueil catholiques" »[5]. En 2002, un accord avait été conclu avec le gouvernement irlandais sur les indemnisations à verser aux victimes d'abus dans des institutions catholiques, et dont le montant avait été fixé à 128 millions d'euros. En réalité, le montant global des contributions s'élève à plus d'un milliard d'euros, presque entièrement versé par l'Etat à environ 12.500 des 14.500 victimes. La somme versée aux victimes oscille entre 65.000 et 300.000 euros selon la gravité des cas[5].
Cinéma
En Espagne, ce sujet est traité par Pedro Almodóvar dans son film La Mala Educación (La Mauvaise Éducation), présentée en mai 2004 au festival de Cannes.
References
Notes
- ↑ En France, ces « attentats à la pudeur » étaient autrefois punis par les articles 330 et suivants du code pénal; voir à présent les articles 222-24 et 222-29 du code pénal, qui en 2000 punit de vingt ans de réclusion criminelle le viol sur mineur, et sept ans de prison "les agressions sexuelles autres que le viol" commises sur un mineur de moins de 15 ans.
- ↑ Michael Burleigh, Sacred Causes (HarperPress, 2006)
- ↑ Evans, Richard J. « The Third Reich in Power » ISBN 0-7139-9649-8 page 244-245
- ↑ Zenit, 22 mai 2009 en ligne
- ↑ a et b Zenit, 29 mai 2009 en ligne
Liens internes
- Pédophilie
- Abus sexuel sur mineur
- Délivrez-nous du mal, documentaire de 2006 sur l'affaire Oliver O'Grady aux États-Unis
Liens externes
- (fr) Jean-Pierre Langellier, "Plus de cent cas de pédophilie reconnus par l'Église irlandaise" dans Le Monde web, 10/03/2006
- Hidden from History: The Canadian Holocaust, par Kevin Annett, http://canadiangenocide.nativeweb.org/intro2.html
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