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La Ville dont le prince est un enfant
La Ville dont le prince est un enfant est une pièce de théâtre en trois actes d'Henry de Montherlant, publiée pour la première fois en 1951.
Sommaire
Genèse de la pièce
La Ville dont le prince est un enfant (dont le titre est tiré d'un verset de l'Ecclésiaste : « Malheur à la ville dont le prince est un enfant ») a été l'une des premières œuvres de Montherlant, ébauchée dès 1912 sous le titre de Serge Sandrier, puis reprise et transformée pendant presque 40 ans avant d'être publiée en 1951 (version définitive: 1967). Elle s'inspire de l'adolescence de Montherlant, et particulièrement de son renvoi du collège Sainte-Croix de Neuilly en 1912. Il s'y représente sous les traits d'André Sevrais. Il publiera en 1969, peu de temps avant sa mort, un roman, Les Garçons, qui reprend et approfondit la même histoire (dans cette version, André Sevrais devient Alban de Bricoule, qui servit déjà de double à Montherlant dans Le Songe et Les Bestiaires).
Trame dramatique
Dans un collège catholique, Serge Souplier, jeune garçon un peu rebelle, mais touchant de naturel, attire l'attention de l'abbé de Pradts et d'André Sevrais, un de ses camarades plus âgés. L'amour trouble et exigeant qu'éprouvent ces deux personnages pour le jeune garçon, va les faire entrer en conflit après une tentative de coopération. Emporté par sa passion, l'abbé utilisera sa position d'autorité pour tenter de manipuler son rival adolescent, au prétexte de protéger le cadet, et finalement il sera entraîné par les événements qu'il aura provoqués.
Représentations
- Montherlant fera représenter la pièce pour la première fois en 1952 à Genève (Suisse) par une troupe de comédiens amateurs, afin de tester les réactions du public[1].
- En 1963, le premier acte est joué au théâtre des Mathurins, à Paris, en lever de rideau d'une autre pièce de Montherlant, Fils de personne.
- Elle sera enfin jouée en totalité en 1967 au théâtre Michel, à Paris, avec Paul Guers dans le rôle de l'abbé de Pradts, Didier Haudepin jouant Sevrais.
- Une représentation du Théâtre Michel est diffusée en 1969 sur la 1re chaîne de l'ORTF.
- En 1974, elle est reprise au théâtre des Mathurins.
- En avril 1994 elle est remontée au Théâtre Hébertot. C'est Christophe Malavoy qui joue le rôle de De Pradts. Il jouera par la suite dans un téléfilm adapté de la pièce.
- En 2006, la pièce est montée à Paris, au Théâtre du Nord-Ouest, avec une interprétation remarquée de Sevrais par le jeune Maxime Raoust[2].
- En 2007, la pièce est montée à Bruxelles, à la Comédie Claude Volter.
Publication
- 1951 - Paris, Gallimard
- 1952 - Paris, Plon
- 1967 - Paris, Gallimard (texte remanié)
- La Pléiade - Volume II, avec les premières ébauches de la pièce.
- 1971 - Le Livre de Poche
- 1973 - Folio (réédité en 1994)
Adaptation cinématographique
Christophe Malavoy réalise en 1997 un téléfilm, La Ville dont le prince est un enfant, où il reprend le rôle de l'abbé de Pradts ; Michel Aumont y est le Supérieur et Clément Van Den Bergh Souplier.
Article détaillé : La Ville dont le prince est un enfant (téléfilm).Commentaire
« Montherlant a ciselé avec beaucoup de soin les situations et les dialogues. L'univers un peu suranné du collège est bien rendu, et la force des émotions éprouvées par les personnages est évoquée sans emphase, restant toujours entre le naturel du quotidien et l'exaltation des sentiments. »[3] Le personnage de l'abbé de Pradts est extrêmement complexe et attachant, tiraillé entre ses désirs humains et ses exigences spirituelles. Il dit au jeune Serge : « Dieu a créé des hommes plus sensibles que les pères, en vue d'enfants qui ne sont pas les leurs, et qui sont mal aimés, et il se trouve que vous êtes tombé sur un des ces hommes-là ». Il dit à Sevrais qui vient d'être renvoyé et qui refuse cette fatalité : « Vous sourirez de tout cela quand vous aurez vingt ans » ; à quoi le garçon répond : « Non, je n'en sourirai jamais ! ». En effet, Montherlant sera toute sa vie hanté par cet amour de jeunesse, qui lui avait valu le renvoi du collège Sainte-Croix de Neuilly en 1912.
Montherlant a pris beaucoup de précautions pour aborder ce thème des amitiés particulières et de l'amour inavouable d'un adulte pour un enfant, surtout dans un environnement catholique. Craignant d'écrire un texte qui aurait dévalorisé la religion, il s'en est expliqué dans la longue préface et dans les appendices publiés avec la pièce.
Notes
- ↑ Voir l'article Yves Sandrier apportant une anecdote inédite sur cette représentation
- ↑ Maxime Raoust
- ↑ Georges Sion, Les Beaux-Arts, 1955
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