Saumaise

Saumaise

Claude Saumaise

Claude Saumaise

Claude Saumaise, Claudius Salmasius en latin, le 15 avril 1588 à Semur-en-Auxois et mort le 3 septembre 1653 à Spa, était un humaniste et philologue français.

Erudit français, d'origine bourguignonne, protestant de religion; il refusa toutes les propositions de s'installer à Paris; en revanche il accomplit de nombreux voyages à l'étranger, en particulier à Heidelberg et à Leyde, il occupa la chaire laissée par Scaliger.

Ses nombreux ouvrages d'érudition et ses polémiques lui ont valu une célébrité universelle.

La plupart des ouvrages d'érudition conservés à la bibliothèque de Bourgogne, sont écrits en latin et n'ont pas faits l'objet d'une traduction qui les rendrait accessibles au plus grand nombre.

Un certain nombre de ses lettres en français ont été recueillies et sont actuellement accessibles sur Gallica[1]

Sommaire

Biographie

Fils d'un érudit bourguignon, Bénigne de Saumaise, il est à Semur-en-Auxois, le 15 avril 1588 (Papillon), dune famille noble, quun de ses admirateurs a voulu faire remonter au temps du roi Robert (La Monnoye, Menagiana, t. 1er, p. 62). Son père voulut lui enseigner le latin et le grec.

Si lon en croit même le plus ancien biographe de Saumaise (Antoine Clément), dès lâge de dix ans, le jeune élève expliquait Ménage, il ne le cédait à aucun de ses contemporains.

A seize ans, il fut envoyé à Paris pour y compléter ses études, et cest que commencent ses liaisons avec Casaubon, dont linfluence fit incliner bientôt le jeune savant au protestantisme. Recommandé par ce grand helléniste à Denis Godefroy et à Gruter, Saumaise court, malgré son père, à luniversité de Heidelberg, abjure les croyances catholiques, et, impatient de faire marcher de front avec létude du droit celle des antiquités grecques et romaines, il senferme avec Gruter dans la bibliothèque Palatine, la plus riche en manuscrits qui fût en Allemagne, consacre deux nuits sur trois au travail le plus opiniàtre, et tombe malade dépuisement avant davoir publié son premier ouvrage.

Cet ouvrage était les deux livres des Nilus, archevêque de Thessalonique, et 'celui du moine Barlaam sur la primauté du pape, lun et lautre enrichis de corrections et de notes et dédiés à lavocat général Servin, dont la bienveillance avait été précieuse à Saumaise lorsquil étudiait à Paris.

Une édition de Florus suivit de près. On le voit dès lors correspondre avec Joseph Juste Scaliger, qui le comblait de louanges, et résoudre les doutes des plus habiles sur les difficultés sans nombre quoffraient à cette époque les manuscrits sétaient conservés les classiques dAthènes et de Rome. En 1610, il consent, par déférence pour son père, à sinscrire au nombre des avocats au parlement de Dijon. Mais il ne parut point au barreau : préoccupé du désir de compléter lAnthologie grecque, il ne put être distrait de cette entreprise que par la dispute qui sétait élevée sur la détermination des provinces et des Eglises suburbicaires, entre le P. Sirmond et Jacques Godefroy, dont le père avait initié Saumaise dans la science des lois. Le savant bourguignon se déclara contre le jésuite, et ce combat dérudition, dont lavantage resta tout entier à Saumaise, nétait point encore fini lorsquil fit imprimer à Paris un travail bien autrement remarquable : Historiæ Augustæ scriptores, 6, El. Spartianus, Jul. Capitolinus, El. Lampridius, Vulcatius Gallicanus, Trebellius Polio, Fl. Vopiscus. Cétait comme une continuation de la Vie des douze Césars de Suétone. Les remarques de Saumaise embrassaient toute lhistoire des empereurs.

De ce moment, il prit rang au-dessus de tous les commentateurs qui aspiraient à recueillir lhéritage littéraire de Casaubon et de Scaliger. Linfatigable critique préparait presque en même temps une édition du livre de Tertullien De pallio, qui lui servit de texte pour passer en revue tout ce qui tient aux vêtements des Romains. Un aussi zélé protestant ne pouvait laisser tomber cette occasion dattaquer encore un jésuite, et, suivant la mode du temps, de linjurier. Le P. Pétau ne crut point être obligé à plus de mesure dans sa réponse à un hérétique, qui, en outre, avait le tort dêtre lagresseur. Six brochures se succédèrent ; mais, à force dérudition, la lutte demeura indécise, et il ne resta de toute cette dispute que le souvenir des épithètes de pecus, dasinus et autres semblables, que les adversaires sétaient prodiguées.

Au milieu de ces invectives, Saumaise était occupé de pensées matrimoniales. Le 5 septembre 1623, il avait épousé Anne Mercier, dont le père était une des colonnes du parti de la Réforme en France; quant à sa femme, son caractère impérieux et tracassier rappelait lhumeur de la femme de Socrate. Ce mariage fixa Saumaise pour quelques années dans une maison de campagne voisine de Paris, et cest quil acheva son grand ouvrage sur Solin, ou plutôt sur lHistoire naturelle de Pline (Plinianæ exercitationes in C. J. Solini Polyhistora, Paris, 1629, 2 vol. in-fol.), prodigieuse entreprise qui peut être considérée comme lencyclopédie de ces temps encore tout hérissés des travaux et des erreurs de lÉcole. Saumaise ne sétait point borné à interroger lantiquité classique, il avait fouillé les monuments scientifiques des Orientaux, et la lecture des Persans et des Arabes lui donna sur la botanique en particulier de grandes lumières, quil a consignées dans un livre à part, publié longtemps après.

Cependant son père, appuyé par le Parlement, essayait vainement de lui résigner sa charge. Le garde des sceaux Marillac fut inflexible, et toute la réputation de Saumaise ne put vaincre les scrupules du magistrat sur le danger de faire asseoir un protestant sur les fleurs de lys.

On ne sait si les refus de Marillac contribuèrent à lexil volontaire du docte commentateur. Venise, Londres, La Haye lappelaient depuis longtemps. Il préféra la Hollande, et accepta dans luniversité de Leyde la place honorable que Scaliger y avait occupée au-dessus des professeurs.

Des craintes de peste le ramenèrent un moment en France ; toutes les séductions furent épuisées pour ly retenir. Le titre de conseiller dÉtat, le collier de St-Michel, alors le second des ordres français, la promesse dune pension égale à celle dont avait joui Grotius, ne purent balancer longtemps les espérances quil avait fondées sur ses coreligionnaires des Provinces-Unies.

Richelieu fit une deuxième tentative lorsque Saumaise revint, en 1610, recueillir la succession paternelle. Une pension de douze mille livres lui fut offerte, sil voulait écrire la vie du cardinal. Saumaise répondit quil ne savait pas flatter, et il partit pour la Bourgogne. Richelieu mourut, et Mazarin sefforça à son tour encore de fléchir la résistance du savant. Une pension de six mille livres fut accordée à Saumaise, et le brevet lui en fut expédié sans autre condition que son retour en France. Pour toute réponse à cette haute faveur, il fit imprimer son livre De primatu papa, qui souleva contre lui lassemblée du clergé de France et fut dénoncé par elle à la reine mère et au parlement.

Une polémique plus noble loccupa bientôt tout entier. Charles II, proscrit en Angleterre, lui demanda une apologie de la mémoire de son père, que les juges dévoués à Cromwell venaient de condamner ; mais une telle cause aurait voulu un Bossuet ou un Pascal, et Saumaise nétait quun érudit du XVIe siècle. Milton se chargea de lui répondre, et ceux qui lont proclamé vainqueur dans cette joute scolastique nont assurément pas lu son livre. Saumaise avait commencé le sien par ces mots : « Lhorrible nouvelle du parricide commis depuis peu en Angleterre vient de blesser nos oreilles et encore plus nos cœurs. » « Il faut, répond Milton, que celle de St-Pierre qui « coupa loreille à Malchus, ou que les oreilles « des Hollandais soient bien longues » ; car une « telle nouvelle » ne pouvait blesser que des « oreilles dâne. » Saumaise se tut dabord : mais ceux qui ont pris son silence pour un aveu de sa défaite ignorent quil avait laissé dans ses papiers une réplique, qui fut imprimée après sa mort, au moment même la question venait dêtre jugée par la restauration de Charles II, en 1660.

Saumaise navait pas besoin de ce nouveau titre pour être recherché par les rois. La reine de Bohême avait brigué lhonneur de sa correspondance, et Christine de Suède le pressait depuis longtemps de se rendre auprès delle. Le prince des commentateurs, entraîné par sa femme, accourut à la voix dune souveraine qui lui écrivait en latin des lettres de sept pages et qui lassurait quelle ne pouvait vivre contente sans lui. Mais, dans son second voyage, il ne tarda pas à être réclamé par les curateurs de lacadémie de Leyde, qui écrivirent à leur tour à la reine que « le monde ne pouvait pas se passer de la présence du soleil, ni leur université de celle de Saumaise », et Christine se laissa persuader.

A son retour, Saumaise fut admis par le roi de Danemark à sa table et reconduit à ses frais, comblé de présents, jusquaux frontières du royaume ; mais sa constitution, naturellement débile, ne put se relever des fatigues de ce voyage. Il suivit en vain sa femme aux eaux de Spa : il mourut auprès delle, entre les bras dun théologien calviniste, le 6 septembre 1653.

Christine lui fit faire une oraison funèbre et se chargea de léducation de son troisième fils. Tel avait été son enthousiasme, peut-être un peu factice, pour le père que, sur le seul avis quIsaac Vossius préparait un livre pour réfuter plusieurs des opinions de Saumaise, elle lui avait retiré la charge de bibliothécaire quil tenait delle et lui avait défendu sa présence.

Sa célébrité universelle

La mort de Claude Saumaise fut un événement en Europe. Son immense érudition, qui faisait dire hyperboliquement à Guez de Balzac que ce qui avait échappé à un tel homme manquait à la science et non à son génie, sa vaste correspondance, lardente persévérance de ses recherches avaient fait de son cabinet le centre des travaux de la philologie contemporaine. Le petit nombre de lettres qui ont été conservées de lui nous le montrent dominant, par lautorité de son nom et luniversalité de ses études, les plus savants hommes de cette époque : le P. Dupuy, Rigault, Daillé, Peiresc, Bochart et Ménage, en France ; en Hollande, un Grotius, un Gronovius (Fréd.), le médecin Beverwick, le célèbre orientaliste Golius, Nicolas Heinsius et une foule dautres. Cet homme faible et valétudinaire avait appris sans maître le persan, le chaldéen, lhébreu, larabe et le copte. Il tenta même de deviner la langue étrusque, dont il ne nous reste que des fragments mutilés. On cite de lui des prodiges de mémoire. Dans une conversation avec Golius, il lui arriva de citer plusieurs versets dun Pentateuque persan quil navait lu quune fois, il y avait plus de dix années. Une grande partie de ses écrits, et notamment lapologie de Charles Ier, ont été composés sans le secours daucun livre et plus dune fois avec tant de précipitation quil lui échappait des erreurs quun écolier aurait relevées. Cest ainsi que, dans son traité de la transsubstantiation, il reproche aux catholiques de ne point mêler le vin à leau dans le divin sacrifice.

Bibliographie

Ceux qui désirent une bibliothèque complète de ses ouvrages peuvent recourir à la Bibliothèque des auteurs de Bourgogne: Lauteur porte à quatre-vingt le nombre de ceux qui ont été imprimés et ceux qui sont restés manuscrits à soixante.

  • les deux livres des Nilus, archevèque de Thessalonique, et celui du moine Barlaam sur la primauté du pape (1609)
  • Florus (1609)
  • Historiae Augustae scriptores, 6, El. Spartianus, Jul. Capitolinus, El. Lampridius, Vulcatius Gallicanus, Trebellius Polio, Fl. Vopiscus.(1620)
  • Solin ou plutôt sur lHistoire naturelle de Pline Plinianae exercitationes in C. J. Solini Polyhistora(1629)
  • De usuris, Leyde, 1638, in-8° ;
  • De modo usurarum, Leyde, 1639, in-8°;
  • De foenere trapesitico, ibid., 1640.
  • Diatriba de mutuo non esse alienationem, Leyde, 1640
  • De lingua hellenistica (1643)
  • Interpretatio Hippocratei aphorismi de calculo, avec une réponse aux doutes de Beverwick.

Polémiques

  • De primatu Papae (1645)
  • Defensio regis pro Carolo I (1649)

Posthumes

  • Epistolae (1656)
  • De re militari Romanorum (1657).

Enfin Saumaise condamna aux flammes ceux de ses écrits polémiques qui navaient pas vu le jour avant sa mort (voy. VORST).

Notes et références


Voir aussi

Articles connexes

Sources

  • Biographie universelle ancienne et moderne (Michaud) - Saumaise Claude

Liens externes


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