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Salyens
Les Salyens ou Salluviens (parfois aussi orthographié Salliens ; en latin Salluvii) sont une fédération de peuples du midi de la France, qui réunissait les habitants des Bouches-du-Rhône, d'une partie du Vaucluse, du Var et des Alpes-de-Haute-Provence à la fin de la protohistoire.
Cette « alliance » comprenait les Gaulois établis entre le fleuve Var, le Luberon et le Rhône. Elle constituait vraisemblablement l'entité la plus importante de Provence au IIe siècle av. J.-C., jusqu'à la conquête romaine de la Narbonnaise (vers -120).
Sommaire
Entremont, la « ville » des Salyens
La « capitale », ou « ville » principale, des Salyens était vraisemblablement l'oppidum d'Entremont (voir [1]), situé à 367 mètres d'altitude sur la bordure méridionale du plateau qui domine Aix-en-Provence au nord et s'incline en pente douce jusqu'à la vallée de la Durance.
Fouillé à plusieurs reprises depuis 1946, le site – dont le nom actuel est médiéval (du latin Intermontes) – a dévoilé de nombreux témoignages de la culture aristocratique des Salyens, mais aussi de leur économie et de leur organisation, témoignages qui ont largement contribué à la redécouverte des Gaulois du midi par l'archéologie durant la deuxième moitié du XXe siècle.
Parmi les apports d'Entremont à la connaissance de la protohistoire provençale, il faut ainsi citer une statuaire relativement riche, comprenant notamment des « guerriers assis », et en laquelle on a pu voir l'objet d'un culte d'ancêtres héroïsés. Des éléments de portiques attestent l'existence d'un culte des têtes (coupées), qui recoupe les témoignages écrits de Diodore de Sicile. Enfin, des traces de polychromie, présentes sur la statuaire, furent les premières connus pour le monde celtique.
Formation et disparition de la fédération des Salyens
La fédération des Salyens ne se forma probablement qu'à la fin du IIIe siècle av. J.-C., à partir de la réunion des « Celto-ligures » de Provence autour de centres proto-urbains, placés sous le contrôle soit d'une aristocratie nouvelle, soit d'une aristocratie préexistante dont le pouvoir s'était renforcé et concentré. Pour expliquer cette évolution, plusieurs hypothèses ont été formulées, parmi lesquelles il faut citer celle d'un effet des tensions causées par la pression de Marseille.
Les voisins les plus proches des Salyens, en effet, étaient les Massaliotes[1] au sud (les Cavares[2] et les Albiques[3] occupaient quant à eux les territoires situés au nord des Salyens).
La fédération salyenne s'avéra être un voisin « encombrant » pour les Massaliotes : ces derniers avaient par ailleurs fondé plusieurs établissements sur le territoire provençal, ce qui avait provoqué de nombreuses tensions économiques et sans doute culturelles, dont rendent compte les auteurs antiques (notamment Tite-Live et Strabon).
Dans un premier temps, de telles tensions avec les indigènes avaient entraîné plusieurs interventions militaires des Grecs dans l'arrière-pays marseillais : celles-ci sont attestées par l'archéologie, notamment à travers la destruction violente de sites comme l'oppidum de l'Arquet.
En tous cas, à partir de -181, Marseille commença à faire appel à Rome pour l'aider à mettre fin aux pillages des indigènes et à défendre ses colonies.
Dès lors, la présence romaine s'établit durablement en Provence : c'est finalement celle-ci qui mit fin à l'indépendance des Salyens. La fédération disparut, en effet, sous les coups du consul Caius Sextius Calvinus, entre -125 et -123, devenant ainsi la « première victime » de la conquête romaine.
Après la prise d'Entremont, en -123, la « ville » des Salyens fut vraisemblablement reconstruite et occupée pendant quelques dizaines d'années. Sextius fonda dans le même temps la ville d'Aix-en-Provence[4] (-122), précisément là où il avait établi une garnison, au pied de la place-forte salyenne et à proximité d'une source d'eau chaude.
Le site d'Entremont fut encore abandonné au profit de la plaine à la suite d'une nouvelle destruction violente, survenue entre -110 et -90 ; celle-ci marque le terminus postquem du site.
Strabon, vers l'an 15, évoque le peuple Salyen : … Avançons nous donc à partir de MASSILIA dans le pays compris entre les Alpes et le Rhône. Nous y trouvons d’abord les Salyens dont le territoire mesure 500 stades (soit 80 km) jusqu’au DRUENTIAS (Durance). Puis par le bac nous passons à Cavaillon et la nous mettons le pied sur le territoire des CAVARES[5].
Liste des sites associés aux Salyens
- Vallée de l'Arc
- Entremont, « ville » (?) des Salyens (commune d'Aix-en-Provence)
- Roquepertuse, sur la commune de Velaux (site traditionnellement associé à un sanctuaire)
- Alpilles
- Glanum ou Glanon, « ville » des Glaniques (commune de Saint Rémy de Provence)
- Arrière-pays de Marseille
- oppidum de la Cloche (commune des Pennes-Mirabeau)
- oppidum du Baou roux (commune de Bouc-Bel-Air)
- Pourtour de l'étang de Berre
- Martigues (quartier de l'île), « ville » des Aviatiques
- habitat protohistorique de Saint-Pierre-les-Martigues
- habitat protohistorique de l'Arquet
- habitat protohistorique de Tamaris
- site de Saint-Blaise (commune de Saint-Mitre-les-remparts)
- Vallée du Verdon et haute Provence
- Riez, « ville » des Riei (Alpes de Haute-Provence)
- Ouest varois
- oppidum de la Courtine (Ollioules)
- oppidum du Garou (Sanary)
Note
- ↑ nom des habitants grecs de Marseille (Massalia), fondation phocéenne vers -600.
- ↑ probablement une autre fédération de peuples gaulois établie dans la plaine de la Durance ; elle a donné son nom à Cavaillon.
- ↑ une fédération de peuples établie dans le pays d'Apt (nord-Luberon) qui a donné son nom au plateau d'Albion.
- ↑ le nom français d'Aix-en-Provence vient du latin aquae sextiae, présent sur une dédicace aquae sextiae salluviorum : cette inscription est la principale « preuve » qui permet d'associer Entremont à la « ville » des Salyens mentionnée par les auteurs antiques.
- ↑ cf. Géographie, livre IV §11
Bibliographie et liens
- Collectif, Voyage en Massalie. 100 ans d’archéologie en Gaule du Sud, Musées de Marseille, 1991 (Catalogue d'exposition) (ISBN 2-85744-496-6)
- Les Gaulois en Provence : l'oppidum d'Entremont : http://www.culture.gouv.fr/culture/arcnat/entremont/fr/ (sur le site du ministère de la culture, notamment sur le « guerrier assis »)
- Dominique Garcia, La Celtique méditerranéenne, Paris, Errance, 2004 (ouvrage de synthèse) (ISBN 2-87772-286-4)
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