Saint Ignace d'Antioche

Saint Ignace d'Antioche

Ignace d'Antioche

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Saint Ignace d'Antioche
Ignatius of Antiochie.jpg

Martyre de saint Ignace
Évêque et Martyr, Théophore, Père de l'Église
Naissance vers 35
Syrie
Décès vers 110 
Rome
Fête le 17 octobre
Saint patron Églises du Proche-Orient, Églises d'Afrique du Nord
Serviteur de Dieu • Vénérable • Bienheureux • Saint

Ignace d'Antioche ou saint Ignace, né vers 35 d'origine syrienne, mort probablement en 107 ou 113, fut le troisième évêque d'Antioche, après saint Pierre et Evode, à qui Ignace a succédé vers 68.

Ignace, qui se donnait aussi le nom de « Théophore » (c'est-à-dire, qui « porte Dieu » en lui), avait été probablement un disciple des apôtres Pierre et Jean.

Plusieurs de ses lettres nous sont parvenues. On le considère en général comme l'un des Pères apostoliques (les premiers des Pères de l'Église).

C'est un saint pour l'Église catholique, qui le fête le 17 octobre, et pour les Églises Orthodoxes et catholiques orientales, qui le fêtent le 20 décembre.

Fête : 17 octobre pour l'Église catholique (pendant longtemps le 1er février), le 20 décembre en Orient.

Sommaire

Histoire

Ignace fut arrêté par les autorités et transféré à Rome pour être mis à mort dans l'arène, pendant la persécution de Trajan. On espérait ainsi faire un exemple afin de freiner l'expansion du christianisme. Au contraire, il rencontra et encouragea de nombreux chrétiens sur son chemin et il écrivit des lettres aux Éphésiens, aux Magnésiens, Tralliens, Philadelphiens, Smyrniens, et aux Romains, de même que la lettre à Polycarpe, qui selon la tradition était évêque de Smyrne et un disciple de Saint Jean l'Évangéliste.

Son désir très fort de martyre sanglant dans l'arène peut sembler étrange au lecteur moderne : il conçoit le martyre comme une libation, un sacrifice envers le Christ comme le veut l'Évangile.

Lettres authentiques et apocryphes

Vu le faible nombre d'écrits de cette période de l'Église, ces lettres (CPG 1025-1036) eurent une influence dans le développement de la théologie chrétienne. Elles semblent avoir été écrites en grande hâte et sans véritable plan, comme une succession non systématique de pensées.

Ignace est le premier écrivain chrétien qui nous soit parvenu dont les écrits insistent fortement sur la loyauté à l'évêque de la ville, assisté par les presbytres (prêtres) et les diacres. Les écrits antérieurs mentionnent en effet soit les évêques soit les presbytres, et donnent l'impression qu'il y avait plusieurs évêques par communauté. Ignace insiste aussi sur la valeur de l'Eucharistie, et l'appelle un « médicament pour la vie éternelle ». Il montrait que l'Église romaine avait primauté sur les autres Églises, car elle présidait à l'amour.

Cependant, sur la quinzaine d'épîtres qui nous sont parvenues sous le nom d'Ignace d'Antioche, seules sept sont aujourd'hui considérées couramment comme authentiques. Les problèmes d'authenticité ne concernent pas seulement le nombre d'écrits, mais aussi leur contenu.

En effet, certaines de ces lettres nous sont parvenues sous trois « formes » : une brève, une moyenne et une longue. L'ensemble des critiques – parmi lesquels il convient de nommer Tischendorf – s'accordent pour reconnaitre à la forme « moyenne » les caractères d'originalité, la forme brève (pour les lettres à Polycarpe, aux Romains et aux Ephésiens, en syriaque) s'avérant une forme abrégée de ces lettres, tandis que la forme longue (présente dans les manuscrits contenant les lettres reconnues comme pseudépigraphes) est une recension interpolée dans une optique théologique ultérieure. Les lettres, dans la forme « moyenne », nous sont parvenues en différentes langues : quelques manuscrits grecs présentent les lettres à Polycarpe, aux Ephésiens, Magnésiens, Tralliens, Philadelphiens, et Smyrniotes, un autre la Lettre aux Romains. Cette lettre « aux Romains » se trouve aussi insérée dans un manuscrit syriaque du Martyre de St Ignace. Une version latine, faite sur le grec, de ces lettres est aussi connue, ainsi qu'une version arménienne, faite sur une traduction syriaque. Enfin, la Lettre aux Smyrniotes est aussi connue par une version copte. L'ensemble de ces versions a permis de rétablir le texte des épîtres dans un degré de probabilité tout à fait remarquable. D'autre part, les lettres aux Tarsiens, Antiochiens, Philippiens, au diacre Héron, à l'apôtre Jean, à la Vierge Marie, ainsi que la correspondance avec la prosélyte Marie, présentes dans les manuscrits offrant la forme « longue » (interpolée) des lettres d'Ignace sont reconnues comme des pseudépigraphes nettement plus tardifs.

Quant au récit du Martyre de St Ignace, quoiqu'il ait été abondamment utilisé pour rédiger les « biographies » d'Ignace, il est malheureusement tardif. Les divers anachronismes qu'il comporte ne permettent absolument pas d'y voir un document historiquement fiable : c'est un de ces innombrables "actes de martyrs" où l'imagination du rédacteur supplée au manque d'information.

En 1979, le philologue agnostique Robert Joly a conclu, au terme d'un examen en grande partie philologique, que les sept Lettres d'Ignace d'Antioche couramment tenues pour authentiques sont un faux, issu du milieu smyrniote vers 165[1]. L'abbé Roger Gryson, professeur de patristique et d'histoire de l'Église ancienne à l'Université catholique de Louvain-la-Neuve, reconnut que R. Joly avait au moins montré que la thèse traditionnelle n'était pas aussi certaine qu'on le croyait[2].

Théologie de saint Ignace

À partir de ses lettres authentiques, il est possible de brosser un tableau de la pensée théologique d'Ignace.

À titre d'exemple, nous nous bornerons indiquer sa christologie et sa théologie eucharistique.

Tout en affirmant l'Unité de Dieu (Magn 8.2), Ignace évoque la Trinité soit par la formule "le Fils, le Père et l'Esprit" (Magn 13.1) soit "le Christ, le Père et l'Esprit" (Magn 13.2). Le St Esprit est cité à diverses reprises, outre les deux précédentes : Phil "suscr" et 7.1-2, Eph 18.2, Eph 9.1.

Tout en affirmant (contre les docètes) la réalité de la vie humaine de Jésus Christ (Smyrn 4.2, 5.2 ; Eph 7.2, 18.2, 20.2 ; Smyrn 3.1, 4.2, voir aussi Magn 11 ; Trall 9, Smyrn chap 1 à 6), Ignace affirme avec non moins de force sa divinité (Smyrn 1.1 ; Trall 7.1 ; Eph "suscr", 1.1, 15.1, 19.3 ; Rom "suscr", 3.3, 6.3 ; Polyc 3.2, 8.3 ; Magn 6.1, 7.2…)

Sa théologie eucharistique est par ailleurs très précise : Il définit en effet l'eucharistie comme un "remède d'immortalité, un antidote contre la mort" (Eph 20.2) dénonçant aux passage ceux (en l'occurrence des docètes) qui "s'abstiennent de l'Eucharistie parce qu'ils ne veulent pas reconnaître en elle la chair de Jésus Christ" (Smyrn 7.1). Il prévient de ne reconnaître comme "valide que l'eucharistie célébrée sous la présidence de l'évêque ou de son délégué". (Smyrn 8.2 ; voir aussi Philad chap 4)


Source : Les Pères apostoliques, texte grec, traduction, introduction et notes par A. Lelong, 1927

Citation

« l'Église qui préside dans la région des Romains, digne de Dieu, digne d’honneur, digne d’être appelée bienheureuse, digne de louange, digne de succès, digne de pureté, qui préside à la charité, qui porte la loi du Christ, qui porte le nom du Père.  » (Lettre aux chrétiens de Rome)

Sacrifice du porc (Roumanie)

Selon la tradition roumaine, le 20 décembre est le jour de la Saint-Ignat. La tradition veut que l'on sacrifie ce jour-là du porc d'un coup de couteau dans la gorge. Ce rituel annonce l'approche du Noël roumain.

Les enfants sont alors grimés avec le sang de l'animal. Le peuple croit que la nuit du 19 au 20, le saint apparaît aux porcs en rêve et leur annonce qu'ils vont mourir dès le lever du soleil à cinq heures. Le porc doit être sacrifié entre cinq et sept heures et toute personne qui tombe malade ce jour-là risque de mourir avant le coucher du soleil ou avant le Nouvel An. La graisse du porc est bonne pour toute sorte de désenvoûtements (descântec en roumain, un cognat du mot français désenchantement).[réf. nécessaire]

Édition moderne

  • Ignace d'Antioche, Polycarpe de Smyrne, Lettres, Martyre de Polycarpe, texte grec, introduction, traduction et notes par P.T. Camelot, o.p., Paris, Éditions du Cerf, Coll. Sources chrétiennes, 2007. (Reproduction identique, non mise à jour, d'une édition de 1969. L'étude de Robert Joly n'est pas mentionnée.)

Bibliographie

  • Robert Joly, Le dossier d'Ignace d'Antioche, Bruxelles, Éditions de l'université de Bruxelles, 1979.
  • Robert Joly, « Le dossier d'Ignace d'Antioche. Réflexions méthodologiques », Problèmes d'Histoire du Christianisme 9, Bruxelles 1980, 31-44.
  • Les écrits des Pères apostoliques, Texte intégral, Cerf, 2001.
  • Jacques de Voragine, La Légende dorée, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2004, publication sous la direction d'Alain Boure

Lien

  • Liste des saints de la Légende dorée

Liens externes

Notes et références

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  1. Robert Joly, Le dossier d'Ignace d'Antioche, Éditions de l'université de Bruxelles, Bruxelles, 1979.
  2. « il conclut à juste titre qu'on n'est pas fondé, en tout cas, à considérer l'authenticité comme assurée et qu'elle doit être tenue, à tout le moins, pour sujette à caution » (Roger Gryson, dans Revue théologique de Louvain, t. X, 1979, p. 450. Cité par Robert Joly, « À propos d'Ignace d'Antioche. Réflexions méthodologiques. », Problèmes d'histoire du christianisme, n° 9, 1980, p. 31.)
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