- Saint Brendan
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Brendan de Clonfert
Saint Brendan de Clonfert ou Bréanainn de Clonfert (né vers 484 à Ciarraight Luachra ou Kerry-Luachra, province d'Altraich-Cuile du royaume de Munster (dans l'actuel comté de Kerry), mort en 574 ou 578 à Enachduin ou Annaghdown/Annadown).
Surnommé le Navigateur, Saint Brendan est l’un de ces saints moines du christianisme irlandais dont la légende a occulté l'histoire.
Sommaire
Biographie
Baptisé par l'évêque Erec, Brendan est contemporain de saint Benoît. Il a 11 ans quand saint Patrick, l'évangélisateur de l'Irlande, meurt.
Brendan (aussi orthographié Brandan, Brendaine, Bridoine…) se prépare à la vie monastique à l'abbaye de Llancarfan, dans le royaume de Gwent, auprès de clercs qui lui enseignent le latin, le grec, la littérature, les mathématiques, l'astronomie et la médecine.
Vers 515-524 son premier grand voyage le conduit aux îles Féroé et en Islande à bord d'un coracle.
Dans la tradition celte de l'immram il part ensuite pour une quête de sept ans à la recherche du jardin d'Eden. Il s'aventure sur l'océan Atlantique avec une petite embarcation (probablement un currach) et plusieurs moines, probablement vers l'an 530. Il revient en Irlande en affirmant avoir découvert une île qu'il assimile au Paradis ; le récit rapidement propagé de ses aventures attire de nombreux pèlerins à Aldfert, le village d'où il avait pris son départ.
D'après le récit médiéval, "Navigatio Sancti Brendani abbatis", Saint Brendan aurait effectué deux longs voyages en mer, sur des navires de type ponto. Le premier vers 530 l'aurait conduit vers les îles Fortunées (îles Canaries) ; le second voyage, plus tardif, vers 544-545, l'aurait conduit, selon la saga irlandaise, vers l'archipel des Açores et peut-être même les Antilles qu'il aurait comparées au Paradis.[1]
Selon la tradition, saint Brendan a écrit des règles monastiques sous la dictée des anges. Il voyage dans les îles Britanniques et en Bretagne pendant près de vingt-cinq ans. À l'estuaire de la Rance, il fonde un couvent à Aleth (à côté de Saint-Malo).
En 561, il retourne en Irlande où il fonde le monastère de Clonfert dans le comté de Galway.
Il meurt entre 574 et 578 auprès de sa soeur cadette abbesse fondatrice d'Enach Dvin.[2]
Après avoir d'abord condamné Brendan de Clonfert, le Pape Zacharie le canonisa en 1243[3], fixant sa fête au 16 mai.
Interprétations du récit
Le récit de son voyage se rattache à une tradition irlandaise de voyages initiatiques contenant des passages obligés (les imrama, dont Immram Brain maic Febail - Bran Mac Febail - est le plus connu), il a été interprété comme un récit symbolique se rapportant à la liturgie pascale (les voyages de saint Malo sont essentiellement identiques), mais de nombreux détails sont la preuve qu'il a été au moins écrit par quelqu'un ayant pratiqué la navigation en haute mer sur un petit bateau médiéval.
En 1976, l'Irlandais Tim Severin construit une barque en peaux de bêtes tendues et en atteignant Terre-Neuve par les îles Féroé et l'Islande, prouve que le voyage de Brendan jusqu'en Amérique était techniquement possible. Des spécialistes de littérature médiévale et de géographie historique s'accordent cependant à ne pas voir dans la navigation la retranscription exacte d'un authentique voyage et considèrent qu'il n'y a pas de preuves que Brendan ait pu dépasser l'Islande[4],[5].
Six éléments ont pu laisser penser le contraire et que Saint Brandan aurait atteint des îles tropicales:
- une description de noix de coco;
- une description de feuilles de palme, mais les palmiers étaient connus en Afrique du Nord;
- des descriptions de fruits exotiques, mais ces descriptions peuvent tout aussi bien s'interpréter comme des hyperboles;
- la mention de la chasse et de la consommation de tortues;
- la mention d'un courant marin ressemblant à un fleuve vert dans la mer, mais ce pourrait être une exagération de n'importe quel courant qui n'est pas le golf stream;
- la durée du séjour de deux ans de Brandan dans l'île, ce qui est un indice de distance et de difficulté à préparer le retour (cf. le cas de Colomb).
Le récit reste un récit fabuleux à vocation d'édification, sinon de divertissement, et n'est en rien un document du genre du "Voyage de Bougainvilliers".
Annexes
Bibliographie
Texte
- Le merveilleux voyage de Saint Brandan à la recherche du Paradis, par Paul Tuffrau, L'Artisan du Livre, 1925
- La Navigation de Saint Brendan (Terre de Brume, 1996), traduction française du 'Navigatio Sancti Brendani Abbatis présentée et commentée par René-Yves Creston
- Benoît : Navigation de saint Brendan à la recherche du paradis, in éd. par Francis Lacassin, Voyages aux pays de nulle part, Robert Laffont, coll. "Bouquins", 1320 p.
Études
- Louis Kervran, Brandan, le grand navigateur celte du VIe siècle, Robert Laffont, coll. « les grandes énigmes de l'univers », 1977, 290 pages.
- Tim Severin, Le Voyage du Brendan, Albin Michel, 1978.
Articles connexes
- Saint Maclou
- Saint Gildas
- Saint-Brandan, commune de Bretagne porte le nom du saint qui y aurait séjourné.
Liens externes
- (fr) Site du texte illustré du voyage de St Brandan
- (fr) Vie, Icônes et présence de saint Brendan dans la Liturgie Orthodoxe
- (fr) Analyse des Vitae et de la Navigatio
- (fr) Biographie du Dictionnaire biographique du Canada en ligne
- (fr) Archives textes médievaux
Notes et références
- ↑ http://saintbrendan.d-t-x.com/pages/pnotes03.html
- ↑ http://www.netmarine.net/tradi/celebres/brendan/index.htm
- ↑ selon G.Vincent.
- ↑ « Brendan was an actual historical figure who may have made western voyages, perhaps as far as Iceland, known to have had an Irish monastic colony at the time of Norse colonization in the ninth century (Oleson, 1964). Although, as with the purported journeys of Phoenicians and Greeks, there is no evidence to suggest a North American landfall for Brendan or other Irish clerical explorers, the Brendani literary cycle was a significant part of late Medieval geographical lore » J.L. Allen, « From Cabot to Cartier : The Early Exploration of Eastern North America, 1497-1543 », Annals of the Association of American Geographers, 82(3), 1992, pp. 500-521.
- ↑ Selon John D. Anderson on ne peut accepter les lectures littérales qui envoient Brendan en Amérique - dont la reconstitution de 1976 - « The navigatio brendani : a medieval best seller », The Classical Journal, 83, 4, 1988, pp. 315-322 et surtout pp. 315-316.
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