SF Sorrow

SF Sorrow

S.F. Sorrow

S.F. Sorrow
Album par The Pretty Things
Sortie décembre 1968
Enregistrement Studios EMI, Londres
Durée 40:59
Genre(s) Rock psychédélique
Producteur(s) Norman Smith
Label Columbia
Critique Allmusic[1]: 4/5
Rolling Stone[2] : non noté
Albums de The Pretty Things
Emotions
(1967)
Parachute
(1970)

S.F. Sorrow est un album du groupe de rock anglais The Pretty Things, paru en 1968.

Il s'agit de l'un des premiers opéras rock : basé sur une nouvelle écrite par le chanteur et guitariste Phil May, l'album est structuré comme un cycle de chansons racontant l'histoire de la vie d'un dénommé Sebastian F. Sorrow, qui connaît l'amour, la guerre, la folie et le désenchantement de la vieillesse.

En 1998, à l'occasion du trentième anniversaire de S.F. Sorrow, la formation des Pretty Things à l'origine de cet album l'interpréta dans son intégralité en live aux studios Abbey Road, avec David Gilmour à la guitare et Arthur Brown lisant l'histoire du livret. Ce concert, retransmis en direct sur Internet, a fait l'objet de l'album Resurrection, sorti en 1999.

Sommaire

Enregistrement

S.F. Sorrow est enregistré au cours de l'année 1967 dans les fameux studios EMI (devenus « studios Abbey Road ») à Londres, tandis que dans les mêmes studios, les Beatles et Pink Floyd enregistraient respectivement Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (studio 1) et The Piper at the Gates of Dawn (studio 3), avec un budget nettement supérieur à celui des Pretty Things (3000 £ en tout). L'argent manque tellement que Phil May doit se charger lui-même de la pochette et Dick Taylor des photos.

Les Pretty Things travaillent avec le producteur Norman Smith, qui a enregistré les premiers albums des Beatles, et l'ingénieur du son Peter Mew. Ils expérimentent les dernières innovations sonores, comme le mellotron ou les premiers générateurs de sons électroniques, utilisant souvent des techniques et des gadgets conçus sur place par les techniciens d'EMI et jouant sur les instruments des Beatles (notamment le sitar de George Harrison) lorsque ces derniers sont absents. Phil May a par la suite déclaré avec emphase que Smith était le seul à EMI qui soutenait vraiment ce projet, le qualifiant de « sixième membre du groupe », et que son expérience technique fut inestimable pour le résultat final. Cette attitude contraste nettement avec les difficultés rencontrés par Pink Floyd avec Smith[3].

Le batteur Skip Alan quitte le groupe durant l'enregistrement de l'album, et les Pretty Things doivent lui trouver un remplaçant. Ils s'arrêtent sur Twink, mais pour convaincre ce dernier de les rejoindre, doivent lui accorder une part de leurs bénéfices en lui créditant la moitié des titres de l'album, alors que ce dernier était déjà entièrement écrit à son arrivée. Twink quittera le groupe moins d'un an plus tard pour incompatibilité d'humeur avec Wally Waller, et Alan reprendra sa place de batteur.

Histoire

Le style de narration de S.F. Sorrow est différent de celui de la plupart des autres concept albums/opéras rock : là où Tommy (The Who) ou The Wall (Pink Floyd) utilisent les paroles des chansons comme moyen de faire progresser le récit, l'essentiel de l'histoire de Sebastian F. Sorrow est raconté dans de petits paragraphes intercalés entre les paroles des chansons dans le livret de l'album. Ces notes explicatives furent également lues à haute voix par Arthur Brown durant le seul concert où le groupe interpréta cet album, en 1998.

Comme The Wall et Tommy, S.F. Sorrow s'ouvre sur la naissance du personnage principal. Sebastian F. Sorrow nait au « numéro trois », dans une petite ville sans nom et de parents ordinaires. La ville est soutenue par une usine connue sous le nom de Misery Factory, « usine à misère » (S.F. Sorrow is Born). L'enfance banale du petit Sorrow, un garçon doté d'une grande imagination, s'achève brutalement lorsqu'il a besoin d'un travail. Il part travailler avec son père à la Misery Factory, où de nombreux employés viennent d'être renvoyés. Cette embauche fait de Sebastian un objet de haine, dans la mesure où il est considéré comme un briseur de grève, ou peut-être comme un jeune arriviste venu prendre la place d'un homme plus âgé (Bracelets of Fingers).

Cependant, la joie existe toujours pour lui, sous la forme d'une jolie fille qu'il croise tous les matins et à laquelle il pense constamment. Ils tombent amoureux et sortent ensemble (She Says Good Morning), mais leurs plans de mariage volent en éclats lorsque Sorrow est enrôlé dans l'armée. Il est incorporé dans une unité d'infanterie légère et part combattre, peut-être dans la Première Guerre mondiale. Il sombre dans la stupeur et passe la guerre entière dans une peur bleue, sa vie étant rythmée par le bruit des fusils et des canons. Sorrow survit à la guerre et s'installe dans un pays nommé Amerik, qui fait clairement référence aux États-Unis (la chanson Balloon Burning commence avec les mots « New York »). Pour le rejoindre, sa fiancée emprunte un dirigeable, le « Windenberg » (Hindenburg), mais un incendie éclate à bord à l'arrivée (Ballon Burning), tuant toutes les personnes à bord. Sorrow reste seul, sa fiancée bien-aimée morte (Death).

Sorrow s'enfonce dans la dépression, qui le mène dans un voyage épique au cœur de son subconscient. Errant dans les rues, il rencontre le mystérieux Baron Saturday, figure de la mythologie haïtienne, qui l'invite à partir en voyage et, sans attendre la réponse de Sorrow, « emprunte ses yeux » et entame un voyage à travers le Monde d'en-dessous (Baron Saturday).

Le voyage s'achève par un vol dans les airs, où Sorrow est emporté par le Baron Saturday. Sorrow pense qu'il vole vers la Lune, un astre qui l'a toujours fasciné, mais à la place, il découvre son propre visage. Le Baron le pousse à travers la bouche de ce visage, puis à travers sa gorge, où ils découvrent un ensemble de portes en chêne. Saturday les ouvre et attire Sorrow à l'intérieur, où il découvre une salle pleine de miroirs (The Journey). Chacun d'entre eux reflète un souvenir de son enfance, et Saturday conseille à Sorrow de bien les étudier. Après la salle des miroirs vient un long escalier en colimaçon, qui le conduit à deux miroirs opaques. Ceux-ci lui montrent les atroces vérités et révélations de sa vie (I See You).

Sorrow est détruit par son voyage, qui lui fait comprendre qu'il ne peut plus faire confiance à personne, et que la société ne fera que vous rejeter lorsque vous serez trop vieux pour la servir plus longtemps (Trust). Il se retire dans un isolement mental où il souffre d'une solitude éternelle (Old Man Going). À la fin de l'album, il s'identifie à « la personne la plus seule au monde » (Loneliest Person).

Titres

Face 1

  1. S.F. Sorrow Is Born (May, Taylor, Waller) – 3:12
  2. Bracelets of Fingers (May, Taylor, Waller) – 3:41
  3. She Says Good Morning (May, Taylor, Waller, Alder) – 3:23
  4. Private Sorrow (May, Taylor, Waller, Povey) – 3:51
  5. Balloon Burning (May, Taylor, Waller, Povey) – 3:51
  6. Death (May, Taylor, Waller, Alder) – 3:05

Face 2

  1. Baron Saturday (May, Taylor, Waller) – 4:01
  2. The Journey (May, Taylor, Waller, Alder) – 2:46
  3. I See You (May, Taylor, Waller) – 3:56
  4. Well of Destiny (Smith, May, Taylor, Waller, Povey, Alder) – 1:46
  5. Trust (May, Taylor, Waller) – 2:49
  6. Old Man Going (May, Taylor, Waller, Povey, Alder) – 3:09
  7. Loneliest Person (May, Taylor, Waller, Alder) – 1:29

Titres bonus (réédition CD)

La réédition CD de 2003 ajoute quatre titres bonus tirés de singles sortis par les Pretty Things peu avant l'album : Defecting Grey / Mr. Evasion (novembre 1967), « une petite maquette de S.F. Sorrow » selon Phil May[3], et Talkin' About the Good Times / Walking Through My Dreams (février 1968).

  1. Defecting Grey (May, Taylor, Waller) – 4:30
  2. Mr. Evasion (May, Taylor, Waller) – 3:31
  3. Talkin' About the Good Times (May, Taylor, Waller) – 3:45
  4. Walking Through My Dreams (May, Taylor, Waller) – 3:46

Musiciens

Références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « S.F. Sorrow ».
  1. Bruce Eder & Richie Unterberger, « S.F. Sorrow > Overview », allmusic.com. Consulté le 13 juillet 2009
  2. Lester Bangs, « The Pretty Things: S.F. Sorrow », 7 février 1970, Rolling Stone. Consulté le 13 juillet 2009
  3. a  et b Richie Unterberger, « Phil May Interview ». Consulté le 17 juillet 2009
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