SAS dans l'opération Nimrod

SAS dans l'opération Nimrod

Opération Nimrod

Le 5 mai 1980 à 19h23, le régiment de SAS britannique devient l’unité de force spéciale la plus célèbre du monde.
En effet, lors d’une opération qui ne dure que 11 minutes le SAS arrête 6 terroristes arabes. C’est une mission à très haut risque, un test pour les nouvelles fonctions du régiment. Les otages sont libérés sains et saufs, sa réputation et son moral en sortent renforcés.

Sommaire

Historique

Le SAS a été créé et a fait ses preuves durant la Seconde Guerre mondiale, mais lorsque le conflit prend fin, le régiment est dissous.
Au début des années 50, il est reconstitué sous la forme d’une unité régulière de l’armée britannique, pour combattre les rebelles communistes en Malaisie (Opération Claret). Là, le SAS développe de nouvelles techniques et tactiques adaptées à la jungle, dont le parachutage en foret dense pour surprendre l’ennemi. D’autres campagnes suivront : à Oman en 1972 (Bataille de Mirbat), au Yémen et à Bornéo.
A la fin des années 60, un nouveau type de guerre apparaît.
Le 6 septembre 1970 des terroristes palestiniens font sauter 3 avions de ligne en Jordanie alors même qu’on s’est plié à leurs exigences.
Puis en 1972 aux Jeux Olympiques de Munich, d’autres terroristes palestiniens frappent à nouveau. La police allemande tente de libérer les athlètes israéliens retenus en otage par les terroristes de Septembre Noir, mais tout tourne à la catastrophe. Les terroristes lancent des grenades dans les hélicoptères en attente tuant tous les otages.
Au lendemain de Munich, on ordonne au SAS de former une unité de contre-terrorisme. Elle se concentre sur le sauvetage des otages. Ils mettent au point leur propre technique et développe de nouvelles compétences.
Les SAS s’entrainent sur la base du régiment situé à Credenhill près d’Hereford, 5 ou 6 jours par semaine, en condition réelle, ils tirent de vraies balles et utilisent des grenades incapacitantes. A titre d’exemple un SAS tirait 400 balles en une matinée alors qu’un policier en tire, environ, une centaine par an.
Leur arme de prédilection est le pistolet mitrailleur Heckler & Koch MP5 9 mm. Des torches à forte luminosité améliorent leur vision dans les pièces enfumées. Ils portent aussi des pistolets Browning GP 35 9 mm. Les soldats sont vêtus de combinaison ininflammable, de masques à gaz et de moyen de communication individuel. Le SAS met au point son propre armement à base de grenade incapacitante et aveuglante et de charges explosives d’effraction. Le régiment développe aussi des techniques spécifiques aux détournements d’avion.
En 1977, 2 hommes aident à la libération des otages dans un appareil de la Lufthansa à Mogadiscio (Opération Feuerzauber).
Au fil des années 70, le terrorisme se répand.
En Grande Bretagne le SAS inventorie les cibles potentielles.
A Hereford une unité anti-terroriste est en permanence prête à intervenir.

La prise d’otages

Le mercredi 30 avril 1980 à 11h25 toute cette préparation prend son sens.
6 terroristes arabes s’emparent de l’ambassade iranienne à Londres, faisant 26 otages.
Ce sont des dissidents opposés à l’ayatollah Khomeiny en Iran.
Ils réclament la libération de leur pays.
Mais toute cette affaire a été montée par un agent de Saddam Hussein, l’ennemi juré des ayatollahs.
Les policiers arrivent rapidement sur les lieux et bouclent la zone.
La section anti-terroriste de Scotland Yard le C.13 s’installe dans l’immeuble voisin de l’ambassade et commence à rassembler des informations.
Au même instant, pendant que la police entreprend ses premiers préparatifs, 6 soldats de l’escadron B du SAS s’entrainent dans la maison de la mort à Credenhill.
On les appelle à 11h 48.
Parvenus à Londres, l’escadron B établit son camp dans la caserne de Regent's Park. Ils commencent à s’entrainer dans une reconstitution de l’ambassade. Les négociations débutent, offrant un temps précieux aux hommes du SAS. Ils ont absolument besoin d’en savoir plus sur ce qui se passe à l’intérieur.

Les préparatifs

Le deuxième jour, une ouverture se présente, l’un des otages est souffrant et sa libération est négociée.
Le même jour, profitant de l’obscurité de la nuit le groupe d’assaut de l’escadron B vêtu en civil se rend dans l’immeuble voisin à bord de voitures de location.
En premier lieu, ils repèrent un point d’entrée sur le toit de l’ambassade. Pendant ce temps la police et d’autres unités passent des micros et des caméras miniatures à travers les murs contigus des 2 immeubles. Pour ne pas alerter les terroristes avec le bruit des perceuses, la compagnie du gaz entreprend des travaux dans une rue voisine et on détourne les vols de l’aéroport d’Heathrow au dessus du quartier.
Le chef du SAS en ce moment est le général Peter de la Bilière qui dirigera les forces britanniques pendant la 1ère guerre du golfe. Ancien SAS lui-même, il participe à l’élaboration de l’assaut.
A l’aide de plans de l’ambassade, le SAS en construit une reproduction et il localise les terroristes et l’endroit où sont retenus les otages.

Le plan

Le plan du SAS implique un assaut simultané sur les 6 étages pour éliminer la menace terroriste le plus rapidement possible.
2 sections d’assaut seraient déployées :

  • l’équipe rouge prendrait le contrôle des 3 étages supérieurs,
  • l’équipe bleue les autres étages et le sous-sol.

Après une explosion de diversion sur le toit ils attaqueraient conjointement de face et par l’arrière.
Les renseignements révèlent que les fenêtres du rez de chaussée et du 1er étage sont blindées. Par conséquent 4 hommes de l’équipe bleue graviraient la façade jusqu’au balcon et se fraieraient un passage à l’aide d’explosif.
Dans le même temps profitant de la diversion sur le toit, d’autres membres de l’équipe bleue jailliraient de leur position d’attente derrière le bâtiment pour nettoyer le rez-de-chaussée et le sous-sol.
Depuis l’arrière du toit de l’ambassade, un groupe de 4 hommes de l’équipe rouge, descendrait en rappel sur le balcon du 2ème étage, d’où ils pénètreraient dans la pièce où l’on pense que les otages sont retenus.

Le siège

Tandis qu’on prépare l’opération, Salim le chef des preneurs d’otages, réclames une diffusion sur les ondes de ses revendications.
Il ne relâchera aucun otage jusque-là.
Le service international de la BBC diffuse le message, mais rien ne se passe.
L’initiative suivante des terroristes déclenchera, l’intervention du SAS.
C’est toujours l’impasse à l’ambassade iranienne et les discussions entre les terroristes et la police sont de plus en plus tendues.
Progressivement les options semblent se restreindre : le commissaire de police David Macknee qui intervient à la télévision :
«Les preneurs d’otages à l’ambassade iranienne doivent savoir qu’il n’est pas en notre pouvoir de répondre à leurs exigences, quelles que soient la façon dont ils considèrent leur cause. Je les supplie de rester calmes.»
Des chefs religieux et plusieurs ambassadeurs arabes essaient d’intervenir sans succès.
Les badauds n’ont pas conscience de la tension qui grandit.
Le siège de l’ambassade d’Iran entre désormais dans son 6e jour, et les preneurs d’otages change brusquement et violemment d’humeur.
A 18h50 les évènements prennent une tournure dramatique, les terroristes arabes, choisissent l’attaché de presse de l’ambassade et le tue.
Ils jettent sont corps devant la porte d’entrée.
C’est le sinistre signal qu’attendait le SAS. Le temps est maintenant compté pour les terroristes. En effet il était prévu que le SAS n’entre pas en action tant qu’il n’y aurait pas de mort.

L’assaut

L’ordre émanant directement de Downing Street, donnait pourtant l’ordre de ne pas négocier avec les preneurs d’otages. Margaret Thatcher n’hésite pas, une note écrite de sa main transfert l’autorité de la police au SAS sous le contrôle du lieutenant colonel Michael Rose.
Pour faire diversion, les négociateurs de la police proposent aux terroristes de leur fournir un bus pour Heathrow et un avion pour le Moyen Orient.
Pendant ce temps le SAS se prépare à agir.
Lors de premières phases les SAS prennent leurs positions près du bâtiment, près de la porte de derrière et sur le toit et attachent et préparent les cordes.
La seconde phase consiste à atteindre les positions d’assaut.
A 19h18, ce soir là, 1h30 après l’exécution du premier otage, les caméras de télévision entre-aperçoivent des silhouettes vêtues de noir qui se déplacent sur le toit de l’ambassade. Dissimilés à la vue de tous, les hommes de l’équipe rouge s’attachent aux cordes de rappel qu’ils ont prédisposé.
Ils portent déjà leurs masques équipés de respirateurs.
Le compte à rebours est lancé, ils enjambent le parapet et entament la descente.
Sur la façade l’équipe bleue rejoint ses positions sur le balcon.
Les terroristes continuent à négocier. En liaison avec le QG ils indiquent :
- On entend des bruits… des mouvements suspects.
- Il n’y a pas de mouvements suspects
- D’accord
- Salim !
- Oui une minute, je reviens. Je vais vérifier.

Une explosion sur la façade, l’équipe bleue se rue dans la pièce du 1er étage.
Sur l’arrière l’équipe rouge descend jusqu’au balcon.
Mais dans la manœuvre la corde d’un soldat se coince.
Le rideau de la fenêtre inférieure avait pris feu à cause d’une grenade que les SAS avaient lancée et les flammes commençaient à jaillir par la fenêtre.
Les membres du commando l’entendaient hurler par la radio, mais ils ne pouvaient strictement rien faire étant sur le balcon. Ceux restés en haut du parapet pouvaient couper la corde, mais s’ils coupaient la corde au mauvais moment leur compagnon risquait de s’écraser 12 mètres plus bas.
Ils ont donc essayés de le libérer lorsqu’il est revenu au dessus du balcon. Ils ont réussi et il a eu la vie sauve. Pendant ce temps, un premier otage apparait sur le balcon de façade.
A l’intérieur, Salim le chef des terroristes se rue sur son arme, un otage (un policier), se rue sur lui et l’envoie contre la porte. A ce moment, la porte s’entrouvre, un SAS lance une grenade incapacitante et aveuglante, qui expose, le SAS pénètre dans la pièce et mitraille Salim qui meurt sur le coup.
A l’arrière l’équipe bleue rentre aussi par les fenêtres du rez de chaussée.
Ils commencent à libérer toutes les pièces et le sous-sol. Ils lancent des grenades incapacitantes et aveuglantes dans les pièces et ouvrent les portes fermées à coup d’automatique.
Les SAS se lancent à la poursuite des terroristes dans les couloirs obscurs et enfumés. Le faisceau des torches montées sur les MP5 ont vite fait de les débusquer. Quelques coups de MP5, et c’en est fini pour eux.
Les incendies provoqués par les grenades se répandent dans toute l’ambassade.
Dans la salle des télex, un terroriste ouvre le feu sur les otages tuant l’un d’eux et en blessant 2 autres, il est rapidement éliminé par l’équipe rouge.
La chasse aux terroristes continue.
Certains d’entre eux se font passer pour des otages, mais les vraies victimes les pointent du doigt.
L’immeuble étant complètement en feu, les soldats se passent les otages un à un pour les évacuer sans ménagement par l’escalier.
L’un des terroristes se glisse dans les otages armé d’une grenade, il sera autopsié avec 27 balles dans le corps.
A l’extérieur les otages sont attachés au cas où des terroristes auraient survécus.

Conclusion

C’est un grand succès, seul 1 otage est mort lors de l’assaut, 1 terroriste a survécu, il est capturé alors qu’il essaie de se cacher parmi les otages.
Ce soir la Margaret Thatcher se rend à la caserne de Regent Park pour remercier en personne l’équipe du SAS.
Le succès de l’opération transforme les SAS en héros du jour au lendemain.
Comme l’a fait remarquer le créateur du régiment David Stirling, après avoir suivi l’évènement à la télévision, c’était la première fois que le SAS traquait sa proie en public.
Le régiment aurait préféré rester dans l’ombre, mais une chose était claire et le message était pour les terroristes :
Si vous venez dans notre pays, pour y tuer des gens, vous ne rentrerez pas chez vous.

Liens internes

Liens externes

Sources et références

  • Commandos des SAS – L'affaire de l'ambassade d'Iran à Londres


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