- S. J. Rapoport
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Solomon Judah Loeb Rapoport
Solomon Judah Löb Rapoport (1er juin 1790 à Lemberg, alors rattachee au Royaume de Galicie et Lodomérie, dépendant de l'Autriche – 16 octobre 1867 à Prague) ou Shlomo Yehouda Leib HaCohen Rapoport (hébreu: שלמה יהודה ליב הכהן רפפורט), dit le Shi"r (שי"ר) était un rabbin orthodoxe galicien et un Juif éclairé, contribuant à lancer le mouvement de la Wissenschaft des Judentums.
Biographie
Solomon Juda Lœb Rapoport naît en 1790 à Lemberg, au sein d'une famille de Cohanim renommée. Son père, le Rav Aharon Hayim Rapoport, homme versé dans l'étude de la Torah et du Talmud, lui donne une éducation juive tradition. L'enfant, mémorisant rapidement l'étude du Talmud et des décisionnaires, acquiert une réputation d'"ilouï", et se consacre uniquement à ses études jusqu'à l'âge de 20 ans. En tant qu'ilouï, il a droit à un shiddou'h particulièrement avantageux, épousant en 1810 la fille du Rav Aryeh Leib HaCohen Heller, auteur du "Ktzot haḥoshen", dont il rédige un commentaire, ainsi que des novellæ sur la Torah à la fin de son recueil, "Avanei milouïm". Il continue à manger à la table de son père, jusqu'en 1817.
Il découvre le monde de la Haskala par la lecture du Guide des Égarés, puis par l'étude de l'allemand et du français, et de la littérature profane. Il se lie aussi à Nachman Krochmal, qui habite près de Lemberg.
Un pamphlet, intitulé "Ner Mitzva", dirigé tant contre les Hassidim, rejetant l'étude, que contre les Mitnagdim, engoncés dans le monde du Talmud et du pilpoul, lui vaut l'hostilité du monde haredi, choqué qui plus est par ses accointances avec les Maskilim, qui vont jusqu'à prononcer son excommunication par le rabbin de la ville, sitôt annulé par le conseil de Galicie, suite à sa plainte. Ses liens avec les Haredim se détériorent davantage, tandis que ceux avec les Maskilim galiciens, particulièrement avec Joseph Perl, se renforcent.
Obligé de pourvoir à sa subsistance vers 1817, suite à des troubles financiers du père, il devient caissier du fermage de la taxe sur la viande, un travail pénible n'étant pas fait pour le rendre plus populaire auprès des Juifs locaux. Il avait déjà démontré un esprit critique marqué, bien que ses écrits antérieurs n'aient porté que sur des sujets légers, comme des poèmes de sa composition et des traductions, notamment de l'Esther de Racine et de la poésie de Schiller.
En 1824, il écrivit un article pour Bikkure ha-'Ittim, un journal tenu par les Maskilim, sur les tribus juives indépendantes d'Arabie saoudite et d'Abyssinie. Bien que cet article lui ait valu une certaine réputation, celle-ci fut définitivement établie par ses travaux sur Saadia Gaon et son temps (publié dans le même journal en 1829), et les biographies sur des sages juifs médiévaux qui suivirent. Il fut, bien que d'un milieu juif traditionnel, et strictement pratiquant lui-même, reconnu dans le monde scientifique, et s'y fit de nombreux amis, particulièrement S. D. Luzzatto[1].En 1832, le fermage de la viande tomba aux mains d'adversaires. Sans revenus, il parvint, avec l'aide de ses amis Zunz et Luzzatto, à obtenir un poste de rabbin à Berlin ou en Italie; il n'était cependant pas suffisamment versé en allemand pour convenir au premier poste, et ne possédait pas de diplôme universitaire, requis pour l'autre. Les intellectuels juifs de Brody créèrent donc un commerce pour lui, le faisant superintendant[2]. En 1837, il fut nommé par l'entreprise de Joseph Perl et d'autres Maskilim, rabbin de Tarnopol [3] Cependant, la congrégation, majoritairement opposée à la Haskala, ne lui ménage pas un bon accueil et, à la mort de Perl en 1839, il quitte Tarnopol pour devenir en 1840 rabbin de Prague.
L'orthodoxie de SJL Rapoport, mêlée de Haskala, n'excluait pas le recours à la raison et à la critique, se situant entre Samson Raphael Hirsch et Zacharias Frankel, qu'il soutint, encore que tièdement, envers les attaques du premier.
Cependant, c'est en défenseur de la tradition juive qu'il écrivit "Torah Or", en réaction aux opinions radicales exprimées par Abraham Geiger dans son "Urschrift," critiqua Jost pour avoir suivi la même voie dans son "Ṭokaḥat Megullah" (une lettre ouverte à l'assemblée rabbinique de Francfort-sur-le-Main en 1845, publiée avec une traduction allemande de Raphael Kirchheim, Francfort-sur-le-Main, 1846), et s'opposa ouvertement à cette convention rabbinique de Francfort-sur-le-Main en 1845, qui jetait les bases de la généralisation de la réforme du judaïsme en Allemagne.Ses nombreuses polémiques, avec les Maskilim radicaux et réformés, avec S.D. Luzzato, Zvi Hirsch Chajes, Elyakim Carmoly et d'autres, etc., le détournent de la recherche,et diminuent sa méthode et ses opinions aux yeux de ses collègues.
En 1860, il se voit offrir à l'occasion de ses 70 ans une édition spéciale. Il parvient encore, dans ses dernières années, à influencer le jeune Peretz Smolenskin, de passage à Prague, où il décède en 1867. La plupart de sa correspondance est éditée à titre posthume.
Travaux
Solomon Judah Löb Rapoport se distingua particulièrement par son investigation critique, précédé dans cette voie par Zunz, Jost et Krochmal, bien qu'il se montrât indépendant d'eux dans ces recherches. De plus, il se différencie des deux premiers par la profondeur et la complétion de ses recherches, du troisième par sa précision et son détail. C'est à l'aide de ces qualités qu'il parvient à établir dans la plupart de ses recherches des dates historiques. Il fut donc le premier à apporter des éclaircissements sur la vie et l'époque de Saadia Gaon[4], avant d'en faire de même pour Nathan ba'al haAroukh, Haï Gaon, Eleazar ha-Ḳalir[5], Rabbenou Hananel et Rabbenou Nissim[6], etc.
Parmi ses autres travaux, les plus importants sont:
- ses notes à la traduction anglaise des Voyages de Benjamin de Tudèle (Londres, 1840-41)
- ’Erekh Millin, un dictionnaire encyclopédique sur le judaïsme (part i., Prague, 1852), demeuré inachevé
- Dibre Shalom we-Emet, pour la défense de Zacharias Frankel contre les attaques des orthodoxes (ib. 1861)
- Naḥalat Yehouda, contre les Ḥassidim (1861)
- Naḥalat Yehouda, contre le Urschrift de Geiger (Cracovie, 1868)
- Naḥalat Yehouda, amendements sur le Ben Yoḥai de M. Kuniz (Lemberg, 1873)
- Zikkaron la-Aḥaronim, lettres à S.D. Luzzatto (Vilna, 1881)
- Iggerot Shir, autres pièces de correspondance (Przemysl, 1885)
- Un article dans "Kerem Ḥemed" (v. 197 et seq.) sur les Khazars, les Dix Tribus Perdues, et les Karaïtes (lequel article lui permit de regagner l'amitié de Luzzatto)
- Divers articles sur des sujets similaires.
Références
- (he) Shlomo Yehouda Rapoport sur le site daat
- (en) « Solomon Judah Loeb Rapoport », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [détail de l’édition] [lire en ligne]
- Cet article comprend du texte provenant de la Jewish Encyclopedia de 1901–1906, article « Solomon Judah Löb Rapoport » par Isidore Singer, Jacob Zallel Lauterbach, Emil Jelinek, A. S. Waldstein, Peter Wiernik, M. Seligsohn & Frederick T. Haneman, une publication tombée dans le domaine public.
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