Rêve (psychologie analytique)

Rêve (psychologie analytique)

Rêve (psychologie analytique)

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Article principal : psychologie analytique.

Le rêve est pour Jung, comme il l'est pour Freud, «la voie royale» menant à l'inconscient.

Etudier ses rêves devient ainsi une préconisation de la psychanalyse jungienne, mieux nommée psychologie analytique. Cette étude doit être vue comme un dialogue avec soi, on parle alors de dialogue intérieur (psychologie analytique).

« La fonction générale des rêves est d'essayer de rétablir notre équilibre psychologique à l'aide d'un matériel onirique qui, d'une façon subtile, reconstitue l'équilibre total de notre psychisme tout entier. C'est ce que j'appelle la fonction complémentaire (ou compensatrice) des rêves dans notre constitution psychique. » C.G. Jung " L'homme et ses symboles ", Robert Laffont, 1964 p 49.

"La complexité de la psychanalyse jungienne tient au fait que toutes les instances psychiques sont en étroites relations les unes avec les autres. Décrire isolément un concept donne de lui une vision forcément partielle car ne tenant compte ni des rapports dynamiques avec les autres instances ni de l'ensemble du système psychique. Tout est lié, tout est en mouvement." in La psychanalyse jungienne, Collection Essentialis, ED. Bernet-Danilot, Avril 2002

Sommaire

Le rêve d'un homme

L'ensemble des détails des rêves décrits dans ce passage et les enjeux analytiques peuvent être découvert dans l'ouvrage collectif " Les grands mystères, Mystères de la personnalité, Freud et Jung : deux voies différentes, p.146 à P.163, Le livre de paris 1979".

L'histoire

Un jour, un homme fit le rêve suivant. Il se rêva être dans une maison. Il était seul et à l'étage. Curieusement cette maison lui était inconnue et c'était la sienne. A cet étage de la maison, il vit de beaux et vieux meubles, mais aussi des tableaux au mur et les trouva beaux. Il poursuivi alors son exploration, il descendit alors l'escalier. Il découvrit un rez-de-chaussée, le mobilier était de style médiéval ( ...) plus bas encore il découvrit une cave , le style architectural, lui, était roman; il découvrit alors une dalle qui pouvait se soulever et descendit encore. Il découvrit alors de la poussière et des poteries. Il fit aussi la découverte de deux crânes ... et il se réveilla.

Cet homme relata son rêve à un spécialiste de la question des rêves qui évidemment le questionna sur les crânes en lui demandant qui cela pouvait être pour lui ? Notre rêveur comprit que notre spécialiste voulait lui suggérer son désir de mort pour quelqu'un ... alors celui-ci déclara qu'il s'agissait effectivement de deux personnes qu'il connaissait: sa femme et sa belle-sœur. Ceci donna satisfaction au spécialiste.

Ce rêve n'aurait rien été de plus qu'un rêve de plus dans l'histoire humaine si ce n'est que notre rêveur était Jung et notre spécialiste Freud. Jung n'était pas à cette époque encore prêt à tenir la controverse avec son aîné sur ses conceptions des rêves, en particulier ici le concept d'inconscient collectif.

A peu près à la même période, Jung fit un seconde rêve. Il se trouvait à un poste frontière entre l'Autriche et la Suisse, pays situés dans une région montagneuse. Là se tenait un douanier en vieil uniforme impérial, avec l'air "maussade". Un homme indiqua à Jung que ce vieil homme n'était pas là mais était en fait un fantôme , un être qui par son destin particulier ne pourrait pas vraiment mourir comme les autres hommes et qu'il resterait hanter la terre.

Jung pensa alors que le terme "frontière" suggérait la limite entre conscient et inconscient et le mot "douane" suggérait la censure . Sa désillusion de Freud et d'une partie des théories freudiennes était ,selon lui, symboliquement exprimée.

C'est ainsi que naquit une démarche particulière , celle de la psychologie analytique.

"Le rêve des deux crânes de Jung" : Un témoignage de Carl Gustav Jung

Carl Gustav Jung raconte ce premier réve fondateur dans le détail. Il est d'usage de nommer ce rêve : "le rêve des deux crânes de Jung".

" Je me trouvais dans une maison à deux étages , inconnue de moi. C'était "ma" maison . J'étais à l'étage supérieur. Une sorte de salle de séjour avec de beaux meubles de style roccoco s'y trouvait. Aux murs, de précieux tableaux étaient suspendus. J'étais surpris que ce dût être ma maison et je pensais :"pas mal!" Tout à coup me vint l'idée que je ne savais pas encore quel aspect avait l'étage inférieur. Je descendis l'escalier et arrivai au rez-de-chaussée. Là tout était plus ancien: cette partie datait du XVe ou du XVIe siècle; l'installation était moyenâgeuse et les carrelages de tuile rouge; tout était dans la pénombre. J'allais d'une pièce à l'autre , me disant : je dois maintenant explorer la maison entière! J'arrivai à une lourde porte , je l'ouvris. Derrière, je découvris un escalier de pierre conduisant à la cave. Je le descendis et arrivai dans une pièce très ancienne , magnifiquement voûtée. En examinant les murs je découvris qu'entre les pierres ordinaires du mur étaient des couches de briques, le mortier en contenant des débris . Je reconnus à cela que les murs dataient de l'époque romaine . Mon intérêt avait grandi au maximum. J'examinai aussi le sol recouvert de dalles . Dans l'une d'elle je découvris un anneau. je le tirai: la dalle se souleva, là encore se trouvait un escalier fait d'étroites marches de pierres, qui conduisait dans la profondeur . Je le descendis et parvins à une grotte rocheuse, basse. Dans l'épaisse poussière qui recouvrait le sol étaient des ossements ;des débris de vases, sortes de vestiges d'une civilisation primitive. Je découvris deux crânes humains , probablement très vieux, à moitié désagrégés. - Puis je me réveillai"

La naissance de la préconisation

En 1916 Carl Gustav Jung publie Allgemeine Gesichtspunkte zur Psychologie des Traumes (Points de vues généraux de la psychologie du rêve) où il développe sa propre compréhension des rêves qui diffère beaucoup de celle de Freud.

Pour lui, les rêves sont aussi une porte ouverte sur l'inconscient, mais il élargit leurs fonctions par rapport à Freud. Les rêves deviennent chez JUNG la porte d'un développement personnel.

"Développement personnel", entendu ici, non pas comme "ce que j'ai envie d'être" ou "ce que j'ai envie de développer en moi ou de moi " mais comme un accès à ce que j'adviens de moi même : une prise de conscience.

« Ce n'est pas moi qui me crée moi-même : j'adviens plutôt à moi-même. » ( C.G. Jung, Le symbole de la transsubstantiation dans la messe, in les racines de la conscience, Paris, Buchet Chastel, 1971, p.281.)

Il n'y a pas de maîtrise, de contrôle de ce développement là. Il y a au mieux un dialogue intérieur , qui n'est certes pas sans "influences" sur notre développement mais nous ne pouvons pas nous limiter qu'à une obéissance servile et illusoire de notre plan intellectuel, sous peine de nous écarter de nous même en développant un faux-self et d'entrer dans la pathologie. Dans la pensé jungienne ce développement personnel est nommé individuation.

« L'individuation n'a d'autre but que de libérer le Soi, d'une part des fausses enveloppes de la persona, et d'autre part de la force suggestive des images inconscientes.» ( Carl Gustav Jung dans Dialectique du Moi et de l'Inconscient (ISBN 2-07-032372-2) ).

Ainsi nous nous "arrachons" des images inconscientes, des fausses enveloppes, des fausses croyance de notre raison sur nous même etc. cette prise de conscience ( parfois douloureuse) devenant aussi moteur de l'individuation.

Celui qui sait ne sait plus de manière aussi naïve que celui qui ne sait pas. Ainsi dans cette perspective le processus d'individuation fait entrer l'individu dans un cercle vertueux de lui même. Plus il se connait, plus il va se connaitre , plus il va advenir et agir conformément à ce qu'il est.

Fondements théoriques sur le rêve

Selon Jung, une des principales fonctions du rêve est de contribuer à l'équilibre psychique. Il constate que tout ce que nous vivons dans la journée n’arrive pas dans la conscience.

Certaines choses (mouvements, expressions de visages, etc.) restent subliminales Dans le rêve l’aspect caché, inconscient d’un concept peut être mis en images. [1]

La psyché de l’homme est constitué de parties conscientes et d’autres inconscientes, ces dernières s'expriment pendant les rêves. “Pour sauvegarder la stabilité mentale, et même physiologique, il faut que la conscience et l’inconscient soient intégralement reliés, afin d’évoluer parallèlement.[2]

Les rêves s’expriment par symboles, cependant un même symbole n’a pas forcément le même sens, tout comme des motifs qu’on retrouve fréquemment (la chute, voler, les poursuites...) demandent des interprétations individuelles, parce que leur sens dépend du contexte et de la vie du rêveur. [3]

Notions fondamentales sur les archétypes dans le rêve

La rencontre d'archetype dans les rêves n'est pas la rencontre de motifs mythologiques définis par une culture mais une tendance dans l'humain, a en produire, lorsqu'il dort.

« On croit souvent que le terme "archétype" désigne des images ou des motifs mythologiques définis. Mais ceux-ci ne sont rien autre que des représentations conscientes : il serait absurde de supposer que des représentations aussi variables puissent être transmises en héritage. L'archétype réside dans la tendance à nous représenter de tels motifs, représentation qui peut varier considérablement dans les détails, sans perdre son schème fondamental. » in " Carl Gustav Jung,L'homme et ses symboles ", Robert Laffont, 1964 p 67.

La rencontre avec de telle production personnelle , inscrite chez tout Homme est bouleversante car elle existe chez tout le monde , et dans notre production personnelle il y a de l'élévation vers l'universelle. C'est-à-dire qu'en état d'inconscience, le sommeil, spontanément nous nous élevons dans nos valeurs. Cela ne va pourtant pas de soit est nécessite un vrai travail sur soi, un dialogue. Et cela peut avoir des aspects effrayants, terrifiant parfois. Car la nature de l'Homme comporte ses zones d'Ombre.

« Ceux qui ne se rendent pas compte de la tonalité affective particulière de l'archétype ne se retrouveront qu'avec un amas de concepts mythologiques, que l'on peut sans doute assembler de façon à montrer que tout a un sens, mais aussi que rien n'en a. Les cadavres sont tous chimiquement identiques, mais les individus vivants ne le sont pas. Les archétypes ne se mettent à vivre que lorsqu'on s'efforce patiemment de découvrir pourquoi et comment ils ont un sens pour tel individu vivant. » in ,Carl Gustav Jung," L'homme et ses symboles ", Robert Laffont, 1964 p 96.

La découverte des archétypes en nous, même s'ils nous paraissent obscurs, effrayants, non moraux ( a notre réveil ) sont toujours présents en nous et ils tirent les ficelles malgré nous. En se succédant les uns aux autres tout le long d'une journée et de notre vie. Ils forment finalement un tapis, plus ou moins conscient, sur lequel nous pensons et ressentons, agissons bref vivons etc.

« Un archétype s'inscrit toujours dans une trame factice, avec des représentations à double emploi. L'archétype s'inscrit dans une trame de représentations apparentées entre elles, conduisant toujours à d'autres images archétypiques et se chevauchant constamment les unes les autres, et dont l'ensemble forme le singulier tapis de la vie. » Carl Gustav Jung," Sur l’Interprétation des rêves ", Albin Michel, 1998 p 220.

Le rêve et la psychologie archétypale

Selon James Hillman, analyste jungien, le moi qui rêve n'est pas le même que le moi éveillé. Il existe entre les deux une relation de gémellité : ils sont les ombres l'un de l'autre[4].

Le moi qui rêve, c’est-à-dire le moi imaginal, se mêle aux images du rêve et sait qu'elles ne lui appartiennent pas. Le moi est lui aussi une image, une figure complètement subjective, un fantôme, une ombre vidée du "Je" qui s'abandonne au sommeil[5].
Le rêve n'appartient pas au rêveur, celui-ci n'a qu'un rôle dans celui-là. Le moi, le "Je", doit réapprendre à se familiariser avec le rêve, à créer une intimité avec lui, parler son langage, l'apprivoiser, sans chercher à le "violer" par des interprétations abusives.

Le moi de veille est naturellement résistant à sa dissolution dans les images du rêves. James Hillman emploie souvent le terme underworld pour désigner le royaume souterrain, celui où notre âme survit, mais pas notre corps. L' underworld c'est le royaume de la mort du moi, comparable au royaume d'Hadès. La terminologie d'Hillman est toute emprunte de la mythologie grecque, mieux à même de décrire les archétypes qui structurent le psychisme humain.

Les animaux vus en rêve sont pour lui des porteurs d'âmes, c’est-à-dire qu'ils permettent une entrée dans l'underworld. . Pour savoir ce qu'ils sont, il faut revenir à l'image plutôt qu'à nos réactions vis à vis d'elles. Pour Hillman, mieux vaut aller au zoo pour découvrir ce qu'est un ours polaire vu en rêve, plutôt que d'ouvrir un dictionnaire des symboles.

  • Le rêve et la psychologie archétypale

Selon James Hillman, un analyste jungien, le moi qui rêve n'est pas le même que le moi éveillé. Il existe entre les deux une relation de gémellité : ils sont les ombres l'un de l'autre[4]. Le moi qui rêve, c’est-à-dire le moi imaginal, se mêle aux images du rêve et sait qu'elles ne lui appartiennent pas. Le moi est lui aussi une image, une figure complètement subjective, un fantôme, une ombre vidée du "Je" qui s'abandonne au sommeil[6].
Le rêve n'appartient pas au rêveur, celui-ci n'a qu'un rôle dans celui-là. Le moi, le "Je", doit réapprendre à se familiariser avec le rêve, à créer une intimité avec lui, parler son langage, l'apprivoiser, sans chercher à le "violer" par des interprétations abusives.

Le moi de veille est naturellement résistant à sa dissolution dans les images du rêves. James Hillman emploie souvent le terme underworld pour désigner le royaume souterrain, celui où notre âme survit, mais pas notre corps. L' underworld c'est le royaume de la mort du moi, comparable au royaume d'Hadès. La terminologie d'Hillman est toute emprunte de la mythologie grecque, mieux à même de décrire les archétypes qui structurent le psychisme humain. Les animaux vus en rêve sont pour lui des porteurs d'âmes, c’est-à-dire qu'ils permettent une entrée dans l'underworld. . Pour savoir ce qu'ils sont, il faut revenir à l'image plutôt qu'à nos réactions vis à vis d'elles. Pour Hillman, mieux vaut aller au zoo pour découvrir ce qu'est un ours polaire vu en rêve, plutôt que d'ouvrir un dictionnaire des symboles.


Approche d'Hillman

Son approche est plus phénoménologique qu'analytique (qui casse le rêve en plusieurs parties différentes) et interprétative/herméneutique (qui fait de l'image du rêve "autre chose" que ce qui apparaît dans le rêve). Sa citation, bien connue, est de regarder le rêve avec l'intention et dans un processus de rester"coller à l'image".

"Par exemple, Hillman discute d'un rêve avec un patient. Il voit un énorme serpent noir. Sa proposition est "garder le serpent" et de le décrire plutôt que d'en faire autre chose qu'un serpent comme par exemple le symbole d'un pénis. Hillman fait remarquer " A partir du moment où vous avez défini le serpent, vous l'avez interprété, vous avez perdu le serpent, vous l'avez arrêté et le client a perdu une heure et s'en va avec un concept sur sa sexualité réprimée ou ses froides passions noires. Il s'agit de se renseigner sur le serpent comme il est présenté dans le rêve et par la psyché. Le serpent est énorme et noir, mais quoi d'autre ? Mue-t-il et perd-il sa peau ? Est-il au soleil ou sur une roche ? Digère-t-il sa proie ? Cette stratégie descriptive maintient l'image en vie, à l'opinion d'Hillman et offre la possibilité de comprendre la psyché"

Sources : wiki anglais/américain

  • Réflexions sur le rêve à partir de la psychologie analytique de Jung :

Ce qui suit est issue de "Le rêve dans la psychologie analytique de Jung", Pinterovic' A., Tournai/Bruxelles, 1982, éd. la corne d'abondance (prochainement publié sur lulu.com uniquement)

- Critique de l'approche freudienne du rêve :

Rappelons simplement que pour Freud, le rêve se définit essentiellement comme une "réalisation du désir"; que le désir se définit à son tour essentiellement comme un désir de nature sexuelle (qu'il ne s'agit pas de confondre avec la génitalité!); que c'est cette nature sexuelle même qui contraint en quelque sorte l'instance productrice de rêves à un "travail" (Traumarbeit) dont le but est de rendre le message onirique plus acceptable pour la conscience du moi; que ce "travail" consiste, sous l'égide de la "censure" émanant du "surmoi", à déformer le désir, principalement au moyen de 2 procédés, la condensation et le déplacement, dans lesquels Lacan a cru bon de retrouver les 2 vieilles figures de rhétorique, la métaphore et la métonymie. Le rêve se présente donc, pour Freud, essentiellement comme un retour de refoulé, camouflé sous un langage symbolique.

La première notion que Jung a critique est celle de la censure. Jung refuse de parler de "façade" du rêve, de même qu'il rejette la distinction freudienne classique entre "contenu latent" et "contenu manifeste", parce qu'il considère que les rêves "n'illusionnent pas, ne mentent pas, ne déforment pas ni ne maquillent; au contraire, ils annoncent naïvement ce qu'ils sont et ce qu'ils pensent. (...) Leur incapacité à être encore plus clairs correspond à l'incapacité de la conscience à comprendre ou à vouloir comprendre le point en question" (C.G. Jung : Psychologie et éducation, Buchet/Chastel-Corrêa. Paris. 1963. pp 71-72. GW : XVII, paragraphe 189). L'incompréhension n'est donc pas due à une quelconque "intention inconsciente de la dissimulation", mais à la nature même du langage onirique, qui est fondamentalement imaginal, cette "deuxième forme de pensée", pensée "pré-logique de Levy-Bruhl, à laquelle Jung avait consacré le capital chapitre d'introduction de l'ouvrage par lequel il s'était démarqué en 1912 de la conception freudienne de l'âme (C.G, Métamorphoses de l'âme et de ses symboles. Librairie de l'Université. Georg. Genève. 1953. GW : V). Nous ne pouvons non plus, dans le cadre de ce bref exposé de manière plus approfondie de l'image, le matériau de base du rêve (J. Hillman : An inquiry into Image. Spring 1977. Spring publications. Zurich-Dallas. 1977. pp. 62-88. J Hillman : Further Notes on Images. Spring 1978. Id. pp. 153-182). Disons simplement que pour nous, l'image se définit comme une représentation chargée d'énergie émotive et qui fut à l'origine (de l'humanité de l'individu), une sensation chargée d'énergie d'abord.

- Les problèmes d'interprétation :

Pour Jung, il n'est pas question de situer le véritable sens du rêve dans le contenu "latent" (caché) derrière un contenu dit "manifeste (ensemble des images comme produit du travail du rêve). La question reste posée cependant : d'où vient l'obscurité du rêve ? Suivant Jung, elle n'est pas due à une intention dissimulatrice qui proviendrait d'une censure qu'exercerait le "surmoi", mais qu'elle est simplement l'incapacité de la conscience rationnelle à saisir le sens des images (Psychologie et éducation p72).

- Vouloir que comprendre l'inconscient par les symboles (pire par les mots)ne permet pas d'appréhender l'image et de la comprendre :

Quoi qu'il en soit, les images des rêves, ces "créatures de la nuit", apparaissent tantôt comme favorables, tantôt comme défavorables; tantôt comme véridiques, tantôt comme trompeuses. Il faut parfois aussi pouvoir se défendre contre elles. L'interprétation, la lecture des rêves, n'est qu'un moyen parmi d'autres pour leur rendre justice. On peut se demander si nous, interprètes modernes des rêves, tenons suffisamment compte de ce fait. Devant le rêve, nous pouvons avoir 2 attitudes différentes : comprendre ou agir, c'est-à-dire interpréter ou "expier". Et chaque fois que nous considérons les rêves uniquement comme des images ou des symboles -ou pis encore, comme des mots,- nous oublions l'aspect "expiation" et courons le danger d'offenser les dieux (archétypes). Et la sanction est presque toujours une mauvaise compréhension ou plus simplement l'incompréhension du message divin.

Source : op cit, p30

- Concernant les associations libres du moi sur le rêve :

Pour Jung, en effet, le rêve est un phénomène psychique sui generis qui doit être examiné et étudié en tant que tel et non simplement comme un outil pour dévoiler les complexes sous-jacents dont il ne serait que l'expression. Ceci ne veut pas dire que dire que le rêve, pour Jung, n'ait aucun rapport avec les complexes. Bien au contraire. C'est précisément Jung qui a défini le rêve comme une personnification dramatique des complexes (in l'Homme à la découverte de son âme, p189) Mais on pourrait se demander dès lors ce qui différencie exactement sa conception du rêve de celle de Freud, s'il n'avait pas pris la précaution de nuancer son point de vue. Ce qu'il reproche à la méthode des associations libres, c'est qu'elles "peuvent laisser le contenu du rêve parfaitement de côté et s'enliser dans des complexes qui ne sont pas nécessairement essentiels (...). Les rêves, eux, traitent des faits essentiels, spécifiques, efficaces, par-delà ce que la nature de chacun peut avoir de généralement veule et de coupable. (...) les associations doivent être canalisées, limitée à la périphérie de ne retenir que le matériel qui se groupe autour de la représentation onirique à élucider et qui en forment le contexte, et non pas ceux qui, de prend en proche peuvent s'étendre à l'infini" (CG Jung in L'homme à la découverte de son âme, p277-278).

Source : op cit, p32

- Sur les qualités pour interpréter un rêve :

Tout comme le vieux Artemidore, Jung a voulu préciser les conditions d'un "bon" exégète des rêves devrait réunir. En 1er lieu, une compréhension psychologique, une faculté de pénétration intuitive et de combinaison, basée sur la connaissance du monde et des hommes, que Jung avait eu soin de décrire, dès 1912n dans son style inimitable (in L'âme et la vie p111) ;

"Celui qui veut connaître l'âme humaine, n'apprendra à peu près rien de la psychologie expérimentale. Il faut lui conseiller d'accrocher au clou la science exacte, de se dépouiller de son habit de savant, de dire adieu à son bureau d'étude et de marcher à travers le monde avec un coeur humain, dans la terreur des prisons, des asiles d'aliénés, des hôpitaux, de voir les bouges des faubourgs, les bordels, les tripots, les salons de la société élégante, la bourse, les meetings socialistes, les églises, le revival et les extases des sectes, d'éprouver sur son propre corps amour et haine, les passions sous toutes ses formes; alors, il reviendra chargé d'un savoir plus riche que celui que lui auraient donné des manuels épais d'un pied et il pourra être, pour ses malades, un médecin, un véritable connaisseur de l'âme humaine."

En second lieu, il doit disposer d'un savoir spécifique, reposant autant sur des connaissances étendues et approfondies que sur une certaine "intelligence du coeur" (in l'essence des rêves p67). Il n'en reste pas moins vrai que seules les interprétations spécifiques obtenues par un examen soigneux du contexte puissent prétendre à quelque efficacité thérapeutique.

Source : op cit, p36

- Critique de James Hillman sur l'herméneutique centrée sur le symbole :

Deux analystes de ce qu'on pourrait appeler la "tendance archétypologique", Berry et Hillman ont critiqué assez sévèrement l'approche jungienne "symbolique" de l'imagerie onirique, tout en proposant une nouvelle approche possible, plus imaginal, archétypique. Berry reproche à la méthode amplificatoire de déplacer l'image de l'espace personnel du rêveur vers un espace collectif et culturel et de perdre ainsi en précision en s'éloignant, à cause des analogies hasardeuses, de quelque chose d'absolument bien connu (dans le sens de "à portée de main") vers quelque chose de plus inconnu (de grande portée); elle n'accepte l'amplification que si elle est basée sur une analogie essentielle, parce qu'une telle analogie reste liée à l'image onirique, parce qu'elle lui fait écho au lieu de la remplacer (64).

Hillman, lui, va encore plus loin dans sa critique. Il reproche à la conception symboliste des rêves principalement d'abstraire des images de leur contexte et de les transformer en hypostases figées qui ne livre plus dès lors que des sens littéraux (65). Car, dit-il avec raison, "l'image n'est pas l'image d'un objet. Elle se met elle-même en image (it imagines itself). Elle imagine". Aussi, distingue-t-il 2 approches possibles de l'image onirique : la scientifique qui considère les mots-véhicules du texte onirique comme des concepts et la poétique qui les perçoit uniquement comme images. Dans l'approche scientifique, les mots acquièrent leur sens du référent - qui peut être un symbole!- dans la mesure où le symbole lui-même n'est pris qu'en tant qu'il se réfère, à autre chose, ) savoir un concept universel, abstrait, correspondant à un hypothétique "objet interne", construction toute théorique qui n'est qu'un effet de l'image, et qui détourne, dès lors, l'image de sa fonction; dans l'approche poétique, les "mots sont saisis exclusivement dans l'image, comme une image, inséparables de leur aspect d'image" (66).

En conclusion : "Parce que les paroles du rêve ne sont pas des concepts qui se réfèrent à, aucun rêve ne peut être ramené interprétativement à d'autres référents. "Un rêve ne peut qu'être réimaginé interprétativement, comme on le fait avec n'importe quel autre morceau de poésie (67)". Hillman considère donc que toute "symbolisation" est une sorte de "littéralisation", parce que conceptualisation, un concept appelant toujours un référent.


- Dangers de l'interprétation à outrance :

Le danger paranoïaque d'interpréter à outrance et à tout prix n'apparaît que si la quête de sens évacue complètement le mystère. Compensatoirement, tout devient alors inconsciemment mystère ou, mieux, tout devient suspect; le sens n'est évidemment possible que si le mystère est accepté; on ne peut comprendre que si l'on admet d'abord que l'incompréhensible et l'incompris existent réellement.

- Réconcilier les herméneutiques :

Une 1ère phase de l'histoire de la conscience occidentale fut marquée par une herméneutique prométhéenne qui cherchait à découvrir le sens, comme un feu ardent qui illumine les profondeurs obscures de l'âme. Aujourd'hui, nous sommes peut-être davantage disposés à réagir contre herméneutique aveuglante et, avec un Hillman ou un Solié, à revenir aux demi-teintes hermétiques et imaginales du langage de l'âme. Le temps n'est sans doute pas encore venu à une autre herméneutique, une herméneutique nouvelle qui réunirait Prométhée et Hermès, le désir ardent de comprendre du 1er et l'impénétrable et obscur mystère du second.

Op-cit, p50

De l'interprétation de rêves

On s'interprète

Pour interpréter un rêve, il faut donc connaître le contexte conscient et savoir que l’inconscient a une tendance compensatrice par rapport au conscient

Autrement ce que nous rêvons n'a de sens que pour nous même dans notre réalité quotidienne, nos rêves ont tendances a compenser ce que nous désirerions être ou avoir. Mais il n'est pas pur désir ou expression totale d'un désir, il n'indique qu'une tendance. Jung se distingue ici, de Freud.

Dans la perspective junguienne, on ne peut donc pas trouver de livre tout fait expliquant nos rêves, on doit faire l'effort de trouver seul. Néanmoins un psychanalyste jungien peut aider a faire de nos rêves un processus de changement et d'évolution. Se livrer seul(e) a comprendre ses rêves comporte un double dangers mortifères a la longue :

  • Soit de les dé-considérer : En se disant par exemple que les rêves ne sont "rien" ils ne sont que des ramassis de souvenir des journées passées. Au mieux, pour les gens dans cette optique, selon Jung : l'inconscient est alors vue, comme une sorte poubelle et encore s'ils estiment qu'ils ont un inconscient.
  • Soit de les sur-considérer : En allant vers les versants destructeurs des réves. Ce qu'ils ne manquent pas d'être, surtout en début de regard sur ses rêves ou au démarrage d'une psychothérapie ou a certains moments clefs.

Le rêve s’exprime toujours à l’aide de paraboles et d’allégories. S’occuper des rêves, c’est réfléchir sur soi-même.

Réflexion sur le soi qui se déroule dans l'âme (être social, libéré de l'ego, du moi), sur l’âme obscure, la part d’inconscient en nous.

Partir de l'hypothèse que le rêve est la meilleure expression possible de l'état actuel du psychisme inconscient implique une toute autre approche clinique. Le rêve est alors considéré dans son contenu manifeste comme lien symbolique entre le moi et l'inconscient, donc comme potentialité d'unification de la psyché, c'est-à-dire d'accès au soi considéré comme totalité psychique.

Mais parler de lien symbolique implique de se référer à la conception jungienne du symbole : celui-ci est considéré par Jung comme un lien vivant entre le conscient et l'inconscient, lien vivant qui implique qu'il soit abordé dans toutes ses composantes, c'est-à-dire dans tous les éprouvés, affectifs et sensoriels, qui le constituent, et non uniquement dans son aspect d'image qui, sinon, pourrait trop facilement aliéner le moi dans un miroir narcissique mortifère. D'une certaine façon on peut dire que, pour Jung, le symbole s'enracine dans le corps.

De cette conception il s'en suit que le rêve est plus considéré, éprouvé, revécu par le sujet avec sa conscience éveillée, bien plus qu'il n'est interprété en vue d'une compréhension. Bien au contraire Jung considère que le rêve, comme tout symbole, s'épuise au fur et à mesure qu'il est compris et intégré. Il cesse alors d'être vivant, symbolique.

Mise en garde junguienne

Le rêve formant un tout complet, son sens ne doit pas être recherché au moyen de libres associations qui écartent de lui (comme le préconiserait "Freud"), mais chaque symbole demande à être éclairé à l'aide du contexte onirique et vital. La nature autonome du symbole, l'existence d'un inconscient collectif permettent d'inviter le rêveur à passer au-delà de ses associations personnelles et à examiner toute la portée possible de l'image proposée à sa conscience en utilisant les matériaux historiques qui s'y rapportent.

Cette opération est appelée amplification. Les symboles peuvent encore apparaître à l'état de veille sous forme de fantasmes, d'impressions visuelles ou auditives. Une mention spéciale doit être faite de l'imagination active. Elle consiste à fixer l'attention sur une image, souvent empruntée à un rêve, et à en examiner la libre évolution. L'imagination active, où le moi joue le rôle d'un témoin vigilant, est aux antipodes de la rêverie.

Elle peut fournir un instrument de choix en vue de la maturation des situations oniriques. Les plus belles images demeureront vaines tant que le moi ne les aura pas faites siennes par un acte qui sera, suivant le cas, intérieur ou extérieur. C'est alors seulement qu'il sera possible de parler d'intégration, de réalisation psychologique. D'un autre côté, il importe de préciser que l'activité dont il est question ici est aux antipodes de toute direction imposée ou suggérée au déroulement des images par un ego volontariste ; c'est la présence vigilante, objective et aimante d'une pure conscience, d'où sont absentes toute préoccupation d'intérêt et toute volonté de nature personnelle.

Notes et références

  1. C.G. Jung, Essai d’exploration de l’inconscient, p. 43 IN : L’homme et ses symboles, Robert Laffont, 1964
  2. ibid. p. 52
  3. ibid p. 53
  4. a  et b James Hillman La beauté de Psyché, L'âme et ses symboles Le Jour, éditeur 1993 ISBN 2-8904-4489-9
  5. Le vieux moi héroïque se dégonfle et redevient une ombre à deux dimensions
  6. Le vieux moi héroique se dégonfle et redevient une ombre à deux dimensions

Bibliographie

  • Les grands mystères, Mystères de la personnalité, Freud et Jung : deux voies différentes, p.146 à P.163, Le livre de paris 1979".
  • Carl Gustav Jung, Les Rêves d'enfants, tome 1, Albin Michel
  • Carl Gustav Jung, Les Rêves d'enfants, tome 2, Albin Michel
  • Carl Gustav Jung, Sur l'interprétation des rêves, LGF - Livre de Poche, 2000 (ISBN 2-253-90463-5)
  • Carole Sédillot, L'ABC de la psychologie jungienne, éd. J. Grancher, 2003

Voir aussi


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