Régions durant la Seconde Guerre mondiale

Régions durant la Seconde Guerre mondiale

Régionalisme durant la Seconde Guerre mondiale

Devant les bouleversements de la Seconde Guerre mondiale, et notamment lOccupation, un nouveau cadre émerge, les régions.

LAllemagne nazie, tout dabord, découpe les anciennes nations, qui perdent leur unité. Cherchant à obtenir des soutiens locaux, le cadre régional lui facilite la tâche : soit parce que des mouvements régionalistes pré-existaient durant lentre-deux-guerre, soit parce quil crée lui même de nouvelles régions (gau de Flandres à la fin de la guerre, Alsace-Lorraine).

En France, le maréchal Pétain, dans le cadre de la Révolution nationale, qui est en fait une contre-révolution, célèbre les identités régionales (notamment la provençale, sous l'influence du Félibrige, quil érige en modèle), et tente de reconstituer les anciennes provinces de France.

Sommaire

Pétainisme et régionalisme

Articles détaillés : Révolution nationale et maurrassisme.

L'idéologie du régime de Vichy est largement influencé par les thèses contre-révolutionnaires de Charles Maurras. Ce courant catholique traditionaliste, royaliste et antisémite cherchait à éradiquer toutes les « abstractions » issues de la Révolution française auxquelles il opposait le « pays réel ».

Pour Maurras, le « pays légal », c'est-à-dire, le régime républicain, ses administrations centralisées, ses partis politiques et ses institutions démocratiques, constituent un masque grotesque", tyrannique et inefficace, qui est artificiellement superposé au « pays réel », le pays « qui travaille et qui vit ». En conséquence, Maurras propose une large décentralisation des provinces chapeauté par une monarchie autoritaire : « la monarchie, c'est l'autorité en haut et les libertés en bas ».

C'est la raison pour laquelle, le pétainisme se montre favorable aux thèses régionalistes et dès 1940 le Maréchal Pétain enjoignait les Français à retrouver leurs « particularismes » au sein de leurs anciennes provinces.

Le gouvernement pétainiste tentera d'ailleurs, à travers deux lois (1941, 1942), dintroduire pour la première fois à lécole primaire lenseignement des « langues dialectales » (breton, occitan, ...). Le Maréchal Pétain entérina une recomposition territoriale régionale par la publication du décret du 30 juin 1941 attribuant à certains préfets les pouvoirs des préfets régionaux et portant division du territoire pour l'exercice de ces pouvoirs portant application de la loi du 19 avril 1941 réorganisant certaines anciennes provinces de France en groupant des départements entre eux[1]. Ces dispositions seront, comme lensemble des mesures prises par le gouvernement de Vichy, abrogées à la Libération.

Cette idéologie rencontre les aspirations des militants régionalistes :

« La vérité, cest que nos maîtres [français] de lheure nous arrachent morceau par morceau le sentiment de ce que nous sommes afin de nous remplir dun ardent amour pour une prétendue patrie, patrie marâtre déjà adoptée par ceux qui ignorent leur mère patrie... Le sang quon nous a fait verser ne témoigne rien, si ce nest quon nous a déjà fait faire fausse route, que nous avons peut-être renié une nationalité effective pour adopter une nationalité fictive à laquelle notre sang, notre race sont complètement étrangères (sic)[2]. »

Les régions

LAlsace-Lorraine

Organisation administrative

Dès le 17 juillet, et à lencontre des dispositions de larmistice du 22 juin 1940, lancien land dAlsace-Lorraine (Elsass-Lothringen de 1871 à 1918) est rattaché à lAllemagne :

Le reste de la Lorraine (Vosges, Meuse et Meurthe-et-Moselle) est située dans la zone interdite (ou zone du Nord-Est) et rassemblée au sein dune région Lorraine par Vichy en juillet 1941, bien que relevant du commandement militaire de Paris.

Exploitation économique

Ces deux régions françaises sont vidées de leurs habitants :

  • il y a dabord les 200 000 Mosellans évacués dès septembre 1939 vers le Centre-Ouest (car habitant en avant de la Ligne Maginot),
  • des centaines de milliers de personnes ont fui lavance allemande en mai-juin 1940 (et qui nont pas le droit de revenir dans la zone interdite). Ainsi, larrondissement de Briey est à 50 % de sa population davant-guerre en octobre 1940[3],
  • 90 000 Mosellans francophones sont expulsés, dans le cadre de la politique daryanisation nazie[4] (gauleiter Bürckel).

Les terres agricoles non-exploitées, ou « mal exploitées », sont réquisitionnées et confiées à lorganisme de colonisation agraire Ostland, qui accapare 165 000 hectares entre juillet 1940 et le printemps 1941 (pour lensemble de la zone interdite). Celui-ci constitue des exploitations de grande taille (400 ha ou plus), dirigées par des Allemands, et dont la main-d'œuvre est constituée en partie de familles polonaises déportées et salariées (8000 Polonais fin 1944)[5].

Dès lété 1940, les mines de fer lorraines et luxembourgeoises sont placées sous lautorité dun délégué général. Les entreprises de sidérurgie passent sous contrôle allemand (mais restent propriété française).

La main-dœuvre lorraine passe elle aussi en Allemagne :

  • dabord individuellement, attirée par les hauts salaires (1940-1941, jusquà linstauration dune carte obligatoire du travail par le préfet de Meurthe-et-Moselle, puis régional Jean Schmidt) ;
  • puis par réquisitions de l'Occupant, secondé efficacement par ladministration française, à partir de fin 1942[6].

Mouvements de collaboration et mouvements de résistance

Articles détaillés : Paul Schall et Hermann Bickler.

Malgré la confiance généralement accordée au maréchal Pétain, confiance encouragée par les notables et lÉglise catholique, très tôt des manifestations de résistance à loccupant apparaissent en Lorraine. On aide dabord les prisonniers à passer en zone libre, dès lété 1940 ; des filières dassistance à ceux qui fuient le Reich se constituent en 1941, mais la répression empêche tout développement jusquà lété 1943. Ce nest quau printemps quune force résistance véritablement organisée existe réellement, au sein de la région C des FFI.

LAlsace est dans une situation particulière en 1939. La longue séparation davec la France (1871-1919) a provoqué des problèmes lors du retour de cette province, notamment linguistiques, très peu dAlsaciens connaissant le français. Une grande partie des partis politiques, de la droite catholique (UPR) au parti communiste (KPD), demandent, à des degrés variables, une part dautonomie pour la région (de lautonomie culturelle à lautodétermination pour les communistes). Les plus radicaux se rassemblent au sein de la Landespartei (parti national), qui participe au congrès de Rosporden en 1927. Après une phase répressive (procès de Colmar en 1929, Joseph Rossé, UPR, figure parmi les inculpés accusés de recevoir des financements allemands), lattitude des différents gouvernements sassouplit, et les divers courants régionaux sont freinés dans leurs revendications par la montée du nazisme en Allemagne.

Lors de lannexion, les régionalistes (Camille Dahlet du PP, certains chefs de lUPR comme Michel Walter, en exode à Périgueux pour toute la guerre), disent non au régime nazi, voire se retirent de la politique. La tendance autonomiste de lUPR saligne sur lidéologie du régime nazi, voire collabore. Cependant, certains changent dorientation en 1942-43, Jean Keppi allant jusquà simpliquer dans le groupe Goerdeler (opposant à Hitler). À lopposé, dautres dirigeants de lUPR sont encore plus engagés, et les militants forment larmature de lHilfsdienst, chargée de distiller le catéchisme nazi.

Les membres de la Landespartei (Paul Schall, Charles Hauss et René Schlegel), de la Jungmannschaft (dont Hermann Bickler) et des divers groupes germanophiles ou séparatistes[7] formés à la fin des années 1930, rallient tous lAllemagne nazie à lannexion, fin juin 1940. Ils obtiennent des postes parfois importants dans la hiérarchie nazie, et restent fidèles jusquau bout.

Au total, les différents courants régionalistes, autonomistes et séparatistes, ont été assez largement suivi dans la population. En 1945, 20 000 dossiers dépuration sont ouverts contre des Alsaciens, aboutissant à 12 000 condamnations, soit 1,2 % de la population[8].

Cependant, la proportion dAlsaciens morts dans les camps, ou morts dans les combats de la Libération, par rapport à la population de 1939, est la plus élevée de tous les départements français[9]. La Meuse et la Meurthe-et-Moselle sont libérées à la fin de lété 1944, avec l'ouest des Vosges, et Nancy le 15 septembre. La progression alliée sarrête à ce moment-, et des centaines de maquisards meurent dans les Vosges avant la reprise des offensives à lhiver. LAlsace est elle libérée seulement durant lhiver et au printemps 1945.

La Bretagne

La Corse

Article détaillé : Petru Rocca.

Les Flandres

La Provence

Le Pays Basque

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Sources

Notes

Jean-Jacques Monnier: "Résistance et conscience bretonne, 1940-1945, l'hermine contre la croix gammée", édition Yoran embanner, 400 p, octobre 2007.


  1. Une copie de ce décret est disponible sur le site du Comité pour l'unité administrative de la Bretagne.
  2. Morvan Marchal, La Bretagne fédérale, n° 1, novembre 1931.
  3. Jean-Pierre Harbulot : La région de Nancy : en zone interdite, p 63-75. dans les Actes du Colloque Bretagne et identités régionales pendant la Seconde Guerre mondiale (15-17 novembre 2001), dirigé par Christian Bougeard. Brest : Centre de recherches bretonnes et celtiques, 2002. ISBN 2-901737-53-6, p 67
  4. Jean-Pierre Harbulot, même article, p 66
  5. Jean-Pierre Harbulot, même article, p 70
  6. Jean-Pierre Harbulot, même article, p 72
  7. Parti ouvrier et paysan, la Jungmannschaft et lUnion paysanne
  8. Alfred Wahl. Les courants autonomistes alsaciens durant la Seconde Guerre mondiale. p 167-176 dans les Actes du Colloque Bretagne et identités régionales pendant la Seconde Guerre mondiale (15-17 novembre 2001), dirigé par Christian Bougeard. Brest : Centre de recherches bretonnes et celtiques, 2002. ISBN 2-901737-53-6. p 176
  9. Alfred Wahl, opcit., p 167
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