- Romain (Doubs)
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Romain Administration Pays France Région Franche-Comté Département Doubs Arrondissement Arrondissement de Besançon Canton Canton de Rougemont Code commune 25499 Code postal 25680 Maire
Mandat en coursJean-Luc Boudeau
2008-2014Intercommunalité Communauté de Communes du Pays de Rougemont Démographie Population 99 hab. (1999) Densité 20 hab./km² Géographie Coordonnées Altitudes mini. 294 m — maxi. 458 m Superficie 4,85 km2 Romain est une commune française, située dans le département du Doubs et la région Franche-Comté.
Sommaire
Géographie
La commune de Romain se situe entre deux vallées : Doubs et Ognon ; entre deux milieux : forêt et prairie. Elle s’étire sur une côte accusée (entre 294 et 458 m d’altitude) puis sur une pente qui vient mourir doucement dans le val de Montmartin. Le plateau rocheux qui la surplombe lui a valu d’être renommée Romain la Roche par vote du conseil municipal en 1918.
Le parcours adopté par la route départementale en 1985, partage le territoire de la commune, entre une partie non bâtie et le village : la côte constituée de bois, vergers, et friches se singularise par un très riche patrimoine naturel, archéologique et géologique. Le village rebâti en contrebas après les guerres du 15 ° siècle, était conforté sur ses pentes par des murs de pierre sèche dont il subsiste quelques traces.
Hier majoritairement vignerons ou éleveurs, puis ouvriers (les cars de ramassage Peugeot circulent encore en 2010), la population active est aujourd’hui diversifiée.
Il n’y a plus de paysans au village et on ne voit plus passer deux fois par jour Rose, Mimosa, Guiguite, Hortensia, Gazelle, Pépette, Blanchotte, Rosette, Charmante, Yiyitte et Fifille, les vaches d’un des derniers agriculteurs de Romain.
Les deux dernières vignes de Romain ont disparu avec leurs propriétaires à la fin du XX° siècle. Seuls héritages de ce passé séculaire, le cadastre en lanière sur la Côte et la toponymie (lotissement les basses vignes par exemple) ainsi que de belles caves et pressoirs de pierre.
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Histoire
Le village dans l'histoire
Des abris, visibles dans la roche qui surplombe le village, semblent être à l’origine du peuplement. Le plus vaste abri sous roche est désigné par la tradition orale comme « le puits de Jacob ». Pour s’y rendre, on peut emprunter les anciens cheminements : chemin des Bouverottes et chemin de la Pierre Virante …
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Le village aurait été détruit par deux fois, lors de la guerre entre Charles le téméraire et les Suisses en 1479 et lors de la guerre de dix ans (1635-1644), puis reconstruit en contrebas.
L’axe ancien est ouest, qui descend des abris sous roche vers la vallée, est bordé de maisons remarquables de part et d’autre de la rue (actuelle rue des deux Fontaines). L’une de ces demeures peut être datée grâce à une plaque qui mentionne les initiales de son constructeur : A P 1627, la dernière le « Château » possède un linteau de cheminée qui indique la date de 1733.
Selon l'Abbé Alfred Bouveresse, ancien curé de Cuse et Adrisans, en charge du village de Romain jusqu’en 1997 et auteur d’ouvrages relatifs au canton, il s’agissait d’Antide Pegaud et de la famille Guillaumot, tabellions du château de Montmartin qui domine le val.
Lors des travaux de la route départementale en 1985, des sarcophages de l’ancien cimetière auraient été mis à jour et prestement recouverts du fait du passage du tour de France ; on note la présence d’un sarcophage réemployé dans l’abreuvoir du haut de la rue des fontaines.
L’axe moderne Nord Sud correspond au tracé de l’ancienne route nationale qui reliait Baume les Dames et Rougemont.
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La tradition orale
On rapporte que le village n’avait pas bonne réputation : on cite cette exhortation « Fouette cocher, on arrive dans un pays de brigands ».
Comme le relief est favorable à la culture de la vigne et des fruitiers au détriment des pâtures, la consommation des produits du cru, vin et goutte a parfois été préférée à celle du lait, ce qui a pu occasionner des débordements :
On relate la veillée qui a fait suite à la mort d’un brave ; dignement fêtée sur plusieurs jours et au son d’un accordéon, les camarades auraient fait danser la dépouille de leur défunt compagnon de bamboche.
Un romain se serait endormi suite à des libations prolongées, ses compagnons l’auraient alors enduit de cirage noir puis déposé au petit matin à l’église du village le plus proche, Mésandans. La dame pieuse l’ayant découvert se serait alors enfuie, criant partout qu’elle avait vu le diable.
Les traces de l'histoire dans le bâti
Des informations précieuses sont lisibles sur les façades et linteaux (note de Jean-Marie Viprey à l’occasion de la fête du village en 2008) :
1 Les dates de 1574 et 1679 sont visibles sur un remploi au carrefour entre les rues « Au Chanois » et « Au Village» près de l’abreuvoir dénommé le Cul de Four par les anciens. Selon Alfred Bouveresse, il s'agit en effet de l'ancien Four Banal.
2 On peut admirer un linteau daté de 1626 sur la Maison Coulardot, rue des deux Fontaines, il comporte les initiales EG CC et la formule JHS (Jesus Hominorum Salvator, c'est-à-dire Jésus Sauveur des Hommes)
3 Un cartouche de la rue des deux Fontaines comportant une partie martelée présente l’inscription 1627 AP (selon le registre paroissial, il s’agirait d’Antide Pegaud)
4 La formule DIEU SOIT B et la date de 1689 figure sur la maison PICHON « AU VILLAGE »
5 Un linteau comportant la date de 1732 et un dessin représentant une équerre et un fil à plomb figure sur l’ancienne maison de Maurice et Eliane Coulardot (maison Bianchi en 2010) dans la partie haute de la rue des deux fontaines
6 L’oratoire consacré à Notre Dame de Pitié comportait un linteau arborant les initiales JAG SB 1774 (recouvert du fait d’une restauration de la fin du vingtième siècle)
Les donateurs peuvent être identifiés grâce au registre paroissial : il s’agit de Jean-Antoine Goguey, et de Servoise Barbier, son épouse
7 Le linteau de l’Eglise fait apparaître la date de 1777
8 Une maison qui devait être rénovée pour des personnes en difficulté, dans la rue des deux Fontaines (projet de ferme de l’Espérance de la fin du XX°siècle) présente un nom : COQUILLARD JF et une date : 1842
9 La maison du maire de 2008 Jean-Luc Boudeau, fait apparaître une date et des initiales : 1846 AD
10 Les cadrans de l’Eglise sont au nombre de deux, le fabricant a pour nom MOREL
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Les archives
D'autres renseignements peuvent être recueillis dans les archives communales, il en est ainsi des patronymes relevés dans le registre paroissial de Romain au XVIII siècle (note de Jean Marie Viprey pour la fête du village en 2009) :
Le recensement de 1790 donne pour Romain une population de 370 habitants.
A partir du dernier registre paroissial conservé en mairie et couvrant la période 1763-1792, un relevé nominatif permet d’identifier 355 personnes.
Parmi celles-ci, 111 répondent au nom de Goguey, soit 31,26 % du total des habitants. Fréquents sont les mariages entre membres de cette pléthorique famille. Et pourtant les liens de parenté des futurs conjoints sont suffisamment distendus pour qu’ils rendent inutile le recours à la dispense écclésiastique de consanguinité (obligatoire jusqu’ au 4 ° degré).
Les autres patronymes rencontrés à Romain au début de la révolution française sont dans l’ordre décroissant :
POUVRET/POUVERET : 22 membres JACQUIN : 20 membres PICHON : 13 membres BOUVARD : 10 membres GRIVET : 9 membres PEGUAUD : 8 membres
Viennent ensuite avec 7 membres chacun / HUMBERT, LABBE, MAIRE et PREDINE ; avec 6 membres chacun : BERGER, CORNET et CRETENET ; Avec 5 membres chacun : CLERC, DOUCOT/DOUSSOT, LAFFOND/LAFFONT, LAMBERT, LAVOCAT, MARMET, MILLOTet TAILLEUR ; et enfin avec 4 membres chacun : PAILLON/PALLION, PETON, POURTIER, RONOT, TAVERNIER et TISSOT.
Personnalités liées à la commune
Delphin Perrot, instituteur à Romain épouse Irma Joséphine Van Linden, fille du bistro « chez le Belge » à la fin du dix neuvième siècle, il est secrétaire de mairie. La descendance de Delphin et Irma témoigne d’un parcours universitaire et social remarquable. Leurs petits enfants sont Claude-Hélène Perrot, professeur honoraire à la Sorbonne, spécialiste de la Côte d’Ivoire et François Perrot, étudiant déporté durant la seconde guerre mondiale, vice président de la Fondation de la mémoire de la résistance en 2010.
Le registre d’état civil témoigne de la présence de deux artistes en résidence à Romain en 1868, date à laquelle Eugène Rossi (57 ans) et Marie Lanser (37 ans) ont eu un enfant. Retrouver des toiles de ces deux peintres pourrait peut être témoigner de la vie à Romain au dix neuvième siècle.
Administration
Le premier maire de Romain, Pierre JACQUIN est élu le 11/01/1793. Lui succède à compter du 15/08/1800 jusqu’à son décès « en sont domicile à Romain » le 04/07/1814, Claude Etienne GOGUEY . Pierre JACQUIN reprend alors la direction de la commune jusqu’au 21/04/1820. Adjoint depuis 1815, Jean- Claude PAILLON le remplace jusqu’à la fin de l’année 1829. François Xavier CRETENET, adjoint dès 1828, exerce un court mandat (12/01/1830_ octobre 1831). Jean-Claude GOGUEY occupe la mairie du 29/12/1831 au 02/02/1846 et cède la fonction à Claude François PEGAUD pour peu de temps. Les événements de 1848 portent au pouvoir Alexis BRESSAND. Il y reste jusqu’au 31/12/1853. Après le bref intérim de l’adjoint Jean-Claude PICHON, Jean-Claude GOGUEY retrouve son fauteuil dès le 15 août 1854.
Liste des maires successifs Période Identité Étiquette Qualité mars 2001 2008 Marie-Christine Vardanega mars 2008 2014 Jean-Luc Boudeau[1] Toutes les données ne sont pas encore connues. Démographie
Évolution démographique
(Source : INSEE[2])1962 1968 1975 1982 1990 2010 74 75 59 69 93 108 Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes Patrimoine bâti
Les deux édifices religieux du village sont situés sur l’axe moderne Nord Sud qui correspond au tracé de l’ancienne route nationale.
Une église, reconstruite après la ruine du précédent édifice dans les guerres du 15 ° siècle, est consacrée en 1777 ; elle a retrouvé au début du XXI° siècle l’usage de ses cloches et ses deux horloges à l’initiative d’un foyer du village. Une Chapelle de 1774 renferme une Pieta et les modestes offrandes des fidèles.
Patrimoine préhistorique et naturel
L’aven de Romain
La présence d’ossements fossilisés dans la carrière aujourd’hui fermée, a permis de détecter en 1978, un site paléontologique et préhistorique majeur dont une série de reconstitutions sont accessibles au musée du Château de Montbéliard. La campagne de fouilles menée durant une dizaine d’années, avec le concours des habitants du village, a permis de découvrir près de 25 000 fossiles de la grande faune du quaternaire (vers – 100 000 ) disparus avec le réchauffement climatique constaté vers – 12000 : notamment rhinocéros laineux, ours des cavernes, mammouth, lion des cavernes, aurochs, élan, renne, cheval, bison des steppes, cervidés ainsi que des petits rongeurs, oiseaux, poissons, reptiles et batraciens. La présence de l’homme de Néanderthal est attestée par la découverte de silex taillés et d’aires de combustion dans ce garde manger naturel.
L'étude scientifique des pollens a permis de déterminer la végétation présente sur le site : pin sylvestre, frêne, chêne, genévrier, aulne, noisetier et bouleau ainsi que de décrire le milieu, un boisement lâche avec lieux humides (steppe froide). L'examen des outils de pierre trouvés sur place en 1984, a mis en évidence l'utilisation d'un matériau local (débitage de galets) mais également l'emploi de pierres issues d'Audelange, commune située à côté de Dole dans le département du Jura ; ainsi que de pierres du Mont des Etrelles en Haute Saône. Les populations de chasseurs cueilleurs se déplacaient donc sur une aire allant du Sud des Vosges au Massif de la Serre.
A noter que la commune de Vergranne proche du site possède également son aven découvert dans une ancienne carrière, une dent de lait datée vers – 400000 y signale la présence de l’homme.
Les Baumes
De nombreuses grottes (baumes) sont bien connues des spéléologues, parmi les plus notables on peut citer :
La grotte du Crotot
Considérée comme une des plus belles grottes de l’Est de la France, on peut y accéder une fois l’an. Scellée du fait de déprédations, elle a été dégagée en 1978 par Rolland et Jean-Marie Brun, membres de l’association spéléologique du canton de Rougemont
La grotte du Château d’eau
Le gouffre de Valbertuy
Le gouffre de la voie de l’Isle
La grotte-perte de la Pucelle
Refuge des habitants en période de guerre et de pillages, selon la tradition orale.
La flore
Sur la côte, la flore est particulièrement riche et diversifiée, on rapporte que l’ancien pharmacien de Rougemont venait en vélo, au milieu du XX° siècle, cueillir des simples dans la carrière .
Le bois se couvre au printemps de jonquilles (les campenottes) dont la vente constituait un revenu d’appoint appréciable avant qu’un arrêté municipal vienne en interdire la cueillette ; ainsi que de perce neige, et de scilles. La pelouse sèche qui jouxte le bois abrite des orchidées, et du thym serpolet sur lequel volette le joli papillon bleu "azuré du serpolet".
La minéralogie
Particularité du canton, la présence de septaria, curiosité géologique régionale dont on peut voir une belle collection au musée de Rougemont. Il s’agit de concrétions concentriques formées autour d’un animal marin ou de tout autre noyau.
Notes et références
Exposition « Rahan à Romain la Roche » à partir du 16 octobre 2010 au Musée du Chateau de Montbéliard.
Voir aussi
Bibliographie
- Claudine Munier et Annick Richard, Fouilles et découvertes en Franche-Comté, Ouest-France, Rennes. INRAP, Paris, 2009 (ISBN 978-2-7373-4762-7)
- Roger Lécureux, Jean-François Lécureux, Rahan, Tome 11 : L'incroyable Romain la Roche [Album], Editions Lécureux 2010 (ISBN 2-913567-50-9)
- BT HISTOIRE, Il y a 150 000 ans, l’aven de Romain la Roche, un site paléontologique et préhistorique, PEMF Mouans Sartoux 1997 (ISBN 2-87875-479 5)
- Alfred Bouveresse, le Canton de Rougemont en histoire imagée, Imp. Marcel Bon Vesoul 1990
- Alfred Bouveresse, Histoire des Villages et du Canton de Rougemont, Imp Marcel Bon, Vesoul 1975
- Dictionnaire des communes du département du Doubs, dir. de Jean Courtieu, Tome 5, Besançon, Cêtre 1986 (ISBN 2-901040-347), 6 vol. 1982-1987 (ISBN 2-901040-29-2)
- Claude-Hélène Perrot, Les Eotilé de Côte d'Ivoire aux XVIIIe et XIXe siècles - Pouvoir lignager et religion, publications de la Sorbonne 2008
- Jean Grosjean, Austrasie, Gallimard 1960 (poèmes de la partie « cadastre » consacrés aux communes du val de Montmartin)
- La grotte du Crotot Romain (Doubs), Association spéléologique du canton de Rougemont, édition ASCR
- Bulletin Beunes et Empoues (spéléologie)
Articles connexes
Liens externes
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