Rokhaya Diallo

Rokhaya Diallo, née le 10 avril 1978 à Paris IVème arrondissement, est une militante associative française et chroniqueuse pour la télévision et la radio d'origine sénégalaise. Diplômée en droit et en marketing, elle travaille dans la production audiovisuelle^[1].D'abord impliquée dans la vie locale, elle a présidé le Conseil Local de la Jeunesse de la ville de La Courneuve tout en militant parallèlement au sein de l'association anti-sexiste Mix-Cité et auprès de l'organisation altermondialiste ATTAC

Biographie

Née de parents africains (sénégalais et gambien^[2]), un père mécanicien et une mère professeur de couture, sa famille déménage en 1989 à La Courneuve. Diplômée d'une maîtrise de droit international et européen, elle est diplômée d'une école de commerce qui la conduit à un court passage chez IBM, qu'elle quittera en 2002 s'y sentant « comme un pion »^[1], elle entreprend alors un master à la Sorbonne, Université Paris I, en marketing et distribution dans l’industrie audiovisuelle qu'elle obtient en 2003^[1]. En 2001, elle fréquente le service jeunesse de La Courneuve. Elle est ensuite sollicitée lors de la création du Conseil Local de la Jeunesse avant d'en devenir présidente et de le rester pendant deux ans. A cette époque, elle invite Houria Bouteldja, dirigeante des Indigènes de la République, dont Rokhaya Diallo a signé le manifeste^[3], à La Courneuve. Féministe convaincue, elle est militante du mouvement Mix-Cité^[4]. Elle s'engage aussi avec Attac notamment lors du festival Images mouvementées.

Les Indivisibles

En 2006, à force d'entendre « chez la plupart de mes interlocuteurs, le fait d'être noire et d'origine populaire posait problème », elle fonde l'association Les Indivisibles. « Leur regard m'associait à un imaginaire et des stéréotypes gênants »^[5]., «Quand on était petits, avec mon frère, on ne se posait pas la question avant qu’on nous demande : "D’où tu viens ?". La question liée à la provenance ne la gêne pas, mais elle n’apprécie pas que les gens plaquent sur elle leur mal d’exotisme^[1]. L'association milite pour que cesse une partition de la nationalité française selon une apparence physique ou une provenance géographique et décerne annuellement depuis 2009 les Y'a bon Awards.

Elle devient chroniqueuse radio et télévision et publie en 2011 le livre Racisme, mode d'emploi. « La France est mon pays. Je connais plus Paris que le Sénégal." Mais comment faire dans un contexte structurellement raciste ? C'est la mentalité qui doit changer y compris dans le monde des médias, et surtout quand elle évoque l'origine d'un prévenu dans un fait divers" ^[6]» La dénonciation de l'« islamophobie » prend une place grandissante, arguant que« La laïcité n'est aujourd'hui pratiquement évoquée que par rapport à l'islam, dont on veut nous faire croire qu'il n'est pratiqué en France que par des intégristes sexistes, violents et d'origine maghrébine^[4]. »

Si son association dénonce les dérives de l'UMP^[7], elle se montre très critique envers le Parti Socialiste qu'elle juge « totalement absent et irresponsable. Le vieux fonds culturel laïcard et antireligieux l'empêche de toucher et comprendre les jeunes musulmans de France^[4].»

Aujourd'hui

Depuis 2009, elle est chroniqueuse pour La Matinale de Canal Plus ainsi que pour la radio RTL^[8].Depuis 2011, elle anime « Fresh Culture » sur le Mouv’ et présente une émission mensuelle "Egaux mais pas trop" sur LCP.

En mars 2010, elle est sélectionnée pour participer au programme International Visitor Leadership : invitée du gouvernement fédéral des États-Unis, elle visite le pays pour y étudier la diversité^[9].

Avec quatre autres personnalités, François Durpaire, Marc Cheb Sun, Lilian Thuram, et Pascal Blanchard, elle lance un appel et cent propositions pour une "République multiculturelle et post-raciale"^[10].

Idées et polémiques

Antiracisme

L'action de Rokhaya Diallo s'inscrit dans la lutte contre le racisme et « les préjugés ethno-raciaux et en premier lieu, celui qui nie ou dévalorise l’identité française des Français non-Blancs » (présentation des Indivisibles sur leur site)^[11].

Militantisme identitaire noir

• Rokhaya Diallo a participé fin septembre 2011, à la réunion annuelle du Caucus noir du Congrès à Washington, une groupe parlementaire du congrès américain exclusivement réservé aux Noirs ^[12].
• Rokhaya Diallo est au sommaire du magazine Respect Mag d'octobre 2011 intitulé "100% Noirs de France" ^[13].
• Rokhaya Diallo dans l'émission Toutes les France du 11 octobre 2011 sur France Ô avec pour thème "Noirs de France", à propos des relations inter-ethniques en France, de l'évolution démographique et du futur rapport de force: "Ils (les Blancs) vont vieillir. Et n'auront plus la capacité de répondre à des gens qui seront là en capacité de répondre."^[14].

Attachement au Sénégal

Dans une interview de juin 2010^[15], elle explique supporter son pays d'origine (le Sénégal) lors de rencontres de football et ne cache pas la joie qu'elle a ressentie de voir le Sénégal battre la France en Coupe du monde de football de 2002.

Soutien à la Palestine

Rokhaya Diallo participe à des actions de soutien à la Palestine. En juin 2011 elle intervient lors d'une conférence organisée par le Comité Action Palestine à Bordeau^[16].

Polémiques

Courrier de l'Atlas

Dans son numéro d'octobre 2011, le mensuel Courrier de l'Atlas - qui s'adresse à la communauté maghrébine en Europe - publie un dossier intitulé « Les dérives de l'antiracisme ». Une double page est consacrée à Rokhaya Diallo dans laquelle lui sont reprochés sa proximité avec des groupes ethnicistes comme les Indigènes de la République et ses liens avec d'autres groupes proches des Frères musulmans. Le mensuel dénonce aussi son approche différenciée des racismes, citant de nombreux extraits de son livre "Racisme, mode d'emploi"^[17].

Le 5 octobre, le site Afrik.com critique très violemment le mensuel dans un article intitulé les « dérives du Courrier de l’Atlas » ^[18]. Interviewée, Rokhaya Diallo répond aux accusations d'antisémitisme et de racisme anti-Blanc en reprochant au journaliste du Courrier d'avoir "peut-être lu mon livre, mais les propos cités sont dénaturés".

Le 7 octobre, le Courrier de l'Atlas répond à la missive en publiant sur son site internet une mise au point qui raille l'exagération du journal Afrik.com en commençant par "Ils ne seraient pas un peu Marseillais à Afrik.com?" ^[19]. L'édito du jour est également consacré à la véritable tempête sur les réseaux sociaux^[20]. Le 7 novembre, le journaliste du Courrier de l'Atlas, Yann Barte, s'explique à nouveau dans une interview réalisée par Afrik.com Le verbe est précis, mais le ton cette fois, beaucoup plus cassant^[21].

Éric Zemmour

Elle s'est notamment illustrée en provoquant à deux reprises des propos polémiques d'Eric Zemmour et qualifiés de racistes par plusieurs associations :

• dans l'émission Paris-Berlin sur Arte le 13 novembre 2008, au cours de laquelle Eric Zemmour déclare "j'appartiens à la race blanche, vous appartenez à la race noire" ^[22].
• dans l'émission Salut les Terriens le 6 mars 2010^[23] où il déclara que : « les Français issus de l'immigration étaient plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont Noirs et Arabes... c'est un fait. »^[24]. La LICRA décidera de le poursuivre en justice pour diffamation raciale mais sera déboutée^[25]. Il sera néanmoins condamné pour d'autres propos tenus le même jour sur une autre chaîne.

Ben Laden

A une question sur les menaces d'Oussama Ben Laden contre la France « Si la France est en droit d’interdire aux femmes libres de porter le voile, n’est-il pas de notre droit de pousser au départ vos hommes envahisseurs en leur tranchant la tête ? », elle répond: « Ce que dit Ben Laden n’est pas faux. On lui donne des arguments pour nous menacer^[26]. »

Police en banlieue, une « force d'occupation »

Quelques jours avant le procès de cinq jeunes de Villiers-le-Bel en juin 2010 mis en examen pour attaques contre la police en 2007, elle est co-signataire d'une tribune publiée dans Libération^[27] de soutien aux inculpés très critique envers la police. La qualification de la police de « force d'occupation » est critiquée par certains observateurs^[28]. Sur I-Télévision, quelques jours avant le verdict du procès en appel, elle dénonce une "poursuite"^[29] de la police avec les jeunes, alors que l'accident a été causé par un choc frontal à une intersection.

Sur l'Islam

Au fil des années, Rokhaya Diallo et son association se centrent de plus en plus sur la dénonciation de l'islamophobie^[17]. Protestation contre la loi interdisant le voile intégral sur la voie publique^[30], débats publics^[31], tribune avec 19 autres personnes dont Houria Bouteldja et Pierre Tevanian contre le soutien à Charlie Hebdo^[32] après l'incendie de ses locaux, participation à des conférences sur l'islamophobie avec le très controversé Michel Collon...

Critiques d'Alain Finkielkraut

Quelques jours après les attentats du 22 juillet 2011 en Norvège, Rokhaya Diallo fustige le fait que des intellectuels français soient présents dans le pamphlet de l'auteur des crimes, notamment un passage d'Alain Finkielkraut à propos de l'antiracisme en France. Sur RTL, elle déclare^[33] : « On peut s’interroger sur la responsabilité des intellectuels, y compris les intellectuels français. […] Dans le rapport de 1500 pages de ce terroriste, il cite plusieurs fois Alain Finkielkraut. »

Bibliographie

• Racisme, mode d'emploi (Larousse, coll. « Philosopher »), mars 2011, (ISBN 2035847907).

Notes et références

Liens externes

• La « revue de presse » de Ce soir (ou jamais !), 20 octobre 2010, sur les manifestations de la jeunesse et l'affaire Guerlain.
• Blog de Rokhaya Diallo

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