- Retraite de Russie
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La retraite de Russie (1812) désigne le repli de l’armée napoléonienne de Moscou jusqu’en France, à l’issue de la campagne de Russie et qui décima la quasi totalité de l’armée impériale. Le terme de "retraite" toujours utilisé est discutable: Napoléon avait pris Moscou après avoir battu l'armée russe de Koutouzov à la Moskova en septembre. Un mois plus tard, il décide de quitter Moscou et de ramener la Grande armée en Europe. S'agissant d'une décision volontaire (toutefois confortée par la défaite de Winkowo), il est plus juste de parler de "retour" que de "retraite". Le désastre que constituera ce déplacement est parfois assimilé à un échec militaire, ce qui pourrait expliquer le mot de "retraite", mais cela ne suffit pas puisque ce désastre a été dû aux rigueurs de l'hiver et non pas à un échec au combat.
Sommaire
Déroulement
La retraite de Russie débute dans la soirée du 18 octobre 1812, par l’ordre de retraite donné par Napoléon, à la suite de la bataille de Winkowo, remportée par le général Koutouzov. Napoléon sort de Moscou le 19 octobre, par un temps encore clément. En novembre, la température baisse brutalement. En décembre, par des températures de -35 °C, les derniers restes de la Grande Armée de Napoléon battent péniblement en retraite en direction de Vilnius (Lituanie), les Cosaques du tsar Alexandre Ier à leurs trousses. Environ quarante mille de ces soldats auront trouvé la mort les quelques semaines suivantes.
Durant cette retraite, l’armée française doit traverser un fleuve presque gelé, la Bérézina. Deux ponts sont rapidement construits, tandis qu'a lieu la Bataille de la Bérézina. Les pertes subies au cours de cet épisode tragique sont évaluées à 45 000 morts ou prisonniers.
Archéologie
Une des fosses communes où leurs corps ont été sommairement ensevelis a été mise au jour par l’équipe des archéologues et des scientifiques, dirigée par le docteur Rimantas Jankauska, pathologiste à l’université de Vilnius. Il en ressort que les soldats ne sont pas morts au combat, mais de froid, de privation et de maladie (au moins 30% de ces soldats seraient morts d’une maladie transmise par les poux, comme la fièvre des tranchées ou le typhus[1]).
Postérité littéraire
- Balzac: dans Adieu publié en (1830), met en scène une femme séparée du militaire français qu'elle aimait lors du passage de la Bérézina, et devenue folle depuis. Le héros Philippe de Sucy brosse le tableau le plus effrayant de cet épisode : « En quittant sur les neuf heures du soir les hauteurs de Stubzianka qu'ils avaient défendues pendant toute la journée du 28 novembre 1812 le maréchal Victor y laissa un millier d'hommes chargés de protéger jusqu'au dernier moment deux ponts construits sur la Bérézina qui subsistaient encore(…) ». Il décrit ensuite les soldats mourant de faim qui tuent son propre cheval (celui de Philippe), pour se nourrir et la mort du mari de Stéphanie de Vandières, tué par un glaçon[2]. La bataille de la Bérézina et la retraite de Russie est aussi évoquée dans La Peau de chagrin où le grenadier Gaudin de Witschnau a disparu .
- Dans Le Médecin de campagne le commandant Genestas en fait un récit apocalyptique et il décrit la débandade de l'armée : « C'était pendant la retraite de Moscou. Nous avions plus l'air d'un troupeau de bœufs harassés que d'une grande armée[3]. ».
- On retrouve aussi cet affreux épisode guerrier dans le récit du général de Montriveau dans Autre étude de femme : « L'armée n'avait plus, comme vous le savez, de discipline et ne connaissait plus d'obéissance militaire. C'était un ramas d'hommes de toutes nations qui allaient instinctivement. Les soldats chassaient de leur foyer un général en haillons et pieds nus[4]. ».
Notes et références
- Les soldats de Napoléon battus par les poux », Futura-sciences, 10 janvier 2006. Consulté le 6 septembre 2010 Didier Raout, «
- Adieu, Bibliothèque de la Pléiade, 1979, t.X, p. 987-1001, (ISBN 2070108686)
- Le Médecin de campagne, Bibliothèque de la Pléiade, 1978, t.IX p.529-534(ISBN 2070108694)
- Autre étude de femme, Bibliothèque de la Pléiade, 1976, t.III, p. 703, (ISBN 2070108589)
Bibliographie
- Et s’il avait fait beau ? De l’influence de la météo sur les grands événements de l’Histoire. Laura Lee. Acropole. 2007.
Wikimedia Foundation. 2010.