- Rene Maltete
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René Maltête
rené Maltête René Maltête Naissance 8 mai 1930
Lamballe, FranceDécès 28 novembre 2000
La Ferté-Villeneuil, SartheNationalité Française Activité(s) Photographe, écrivain, poète Formation école de la rue Maître Jacques Prévert René Maltête (1930-2000) est un photographe français dont la particularité était de fixer sur sa pellicule des images insolites et humoristiques. Il a aussi publié des recueils de poèmes.
Sommaire
Biographie
Version condensée
René Maltête est né le 8 mai 1930 à Lamballe dans les Côtes d'Armor. Il commence à prendre des photos dès l’âge de 16 ans.
1951 : Il « Monte » à Paris pour être assistant-réalisateur et se retrouve, en 1952, assistant-metteur-en-scène-stagiaire de Jacques Tati et de Claude Barma. Les temps sont durs, il doit pratiquer plusieurs petits métiers pour subsister.
En 1958, il intègre la célèbre agence Rapho.
En 1960, il réussit à faire publier son livre « Paris des rues et des chansons », muni de textes de Prévert, Vian, Brassens, Trenet, Mac Orlan. D’autres livres suivront.
Photographe vagabond, poète, humoriste, écologiste avant l'heure, René Maltête avait le talent de piéger avec son objectif des situations insolites de notre vie quotidienne. Drôles, poétiques, tendres, les photos de René Maltête ont été publiées dans la presse du monde entier, « Stern », « Life », « Epoca », « Camera », « Asahi Camera », « Punch », et de nombreuses expositions et cartes postales ont contribué à populariser son oeuvre.
René Maltête est mort le 28 novembre 2000.
Version longue (Préface d'Anne Certain au livre "des yeux plein les poches")
René Maltête, du vieux français « mauvaise tête », comme il se plaisait à le préciser, est né en 1930 sur la côte nord de l'Armorique. Il avait des hommes de ce pays la stature et les yeux bleu océan. À 21 ans, après abus de somnolence durant des études chaotiques, il monte à Paris. Il ne rêve que de cinéma. Il vit dans la grande ville de 24 métiers et de 36 misères et décroche, à l'occasion, des emplois subalternes dans la production de Jour de Fête de Tati ou dans celle du Dindon de Barma, d'après Feydau. En 1956, trop impatient pour grimper barreau après barreau l'échelle qui conduit au ciel de la réalisation cinématographique, trop pauvre aussi pour se procurer une caméra, il s'achètera un appareil photo Semplex 6-6 et, à défaut de 24 images/seconde, il se contentera d'un cliché de temps en temps.
Marcheur à l'aventure et chasseur d'images, il débusque le Paris d'après-guerre, ce Paris-Prévert des petites gens, des quartiers populaires, des bistrots à rideaux, des jardins publics, des clochards et des pêcheurs à la ligne amarrés aux quais de Seine, des avaleurs de sabres et autres cracheurs de feu, le Paris des grandes roues de la fortune, ce Paris gris et décrépit qui grouille de vie, de tendresse et de poésie. C'est ce Paris-là que Maltête, dédaigneux de l'autre Ville-Lumière en toc, guette, piège et range en magasin. Quatre ans plus tard, il met en scène et sonorise Paris des Rues et des Chansons, album concept dans lequel s'épousent miraculeusement ses photos-gags cocasses et les voix gouailleuses ou nostalgiques de Prévert, Mouloudji, Chevalier, Mac Orlan, Hardellet, Lemarque, Trénet, Gainsbourg, Brassens, Fallet, Ferrat, Breton... presque tous, eux aussi, des piétons amoureux de ce Paris à la fois réel et invisible, mort aujourd'hui.
Photo-gag : le mot est lâché. Le photographe humoristique reste une espèce rarissime dont René Maltête est l'un des pionniers et des plus brillants représentants. Inutile de cacher que quelques grands noms du milieu professionnel de la photographie l'ont parfois considéré avec une méfiance suspicieuse, ce qu'il savait leur faire payer en menue monnaie de mots féroces d'une justesse de frappe imparable.
C'est que Maltête est un photographe humoristique d'une espèce marginale, à la fois voleur d'images, raconteur d'histoires éclairs et metteur en scène en coulisses. Le regard de Maltête est celui d'un poète grand ouvert au « vent de l'éventuel » qui détecte, là où vous ne voyez rien, l'insolite miraculeux qu'offre le hasard, le décalage saugrenu, les glissades subreptices de la réalité. Il s'agit de fixer dans la boîte cet instant-là où deux plans de la réalité étrangers l'un à l'autre se télescopent fortuitement car, de cette seconde court-circuit, zigzaguent le gag lumineux, le scénario éclair. Tour de force irréalisable, parfois, que d'enregistrer cet instantané fugitif, si vite évanoui que l'objectif n'a pu le piéger sur le vif. Pour capturer le miracle qui lui a échappé, le photographe, avec la patience inusable du guetteur, revient sur les lieux mêmes où le hasard lui a offert un moment de drôlerie, attend la lumière ou l'environnement qui conviennent le mieux, imprime le nécessaire coup de pouce... l'escadrille des religieuses croisant celle des sept péchés capitaux a été repérée un dimanche et photographiée huit jours plus tard, dans des conditions idéales...La rigueur et la précision de la composition et du cadrage sont les gages indispensables d'une photo-gag réussie, aimait à répéter Maltête. Rien ne doit venir parasiter l'effet à produire pour que la lecture soit immédiate et le rire spontané. Pour autant le cliché doit sembler avoir été volé au monde qui continue de tourner. Maltête, était aussi nourri à la mine de crayon des Bosc, Siné, Quino, Gébé, Reiser, Cabu, Serre, Gourmelin, Carelman ou Topor, et comme eux il mettait en scène sur la pellicule des situations insolites, cocasses ou absurdes que la réalité complotait toute seule.
René Maltête, qui ne cessait de clamer son dédain de la photo sophistiquée qui se contorsionne dans des acrobaties techniques inouïes, est un franc-tireur de la photographie. Et, qu'on ne s'y trompe pas, avant d'être un photographe talentueux, il est un humoriste qui manie tour à tour le crayon, le stylo ou l'appareil photo, au service exclusif de l'humour dont il professait qu'il est « l'une des manifestations les plus claires d'intelligence, d'honnêteté et de santé mentale ». Il avait fait de l'humour, - « ce sperme froid dans l'orgasme de l'habitude... ce coup bas aux tabous, réglements et codes confortables » - le point focal de son existence et sa règle de vie. Militant ardent et inventif, il avait engagé l'humour sous la bannière des causes qu'il défendait, la protection de la planète et la condamnation de la guerre... ses amis complices se souviennent pour longtemps des dépôts solennels de gerbes en l'honneur « des futurs morts des prochaines guerres » en pleine cérémonie officielle avec sous-préfet compassé et fanfare militaire bégayante. Combien d'entre nous avons passé en sa compagnie des 8 mai ou des 11 novembre au poste de police !...
Mais, par-dessus tout, l'humour était l'antidote à l'esprit de sérieux qu'il haïssait et l'oxygène dont il avait besoin quotidiennement pour tenir à distance respectable le sentiment du tragique de l'existence qui le hantait. « Rien de plus nécessaire que l'humour, a-t-il écrit et vécu, qui nous évite de subir les événements, dans notre impuissance individuelle à pouvoir les modifier. »
René Maltête est mort le 28 novembre 2000. La vie, la poésie et le rire continuent de triompher dans ses photos.
Anne Certain
Petite interview de Robin Maltête, son fils
Vous avez créé une galerie web où vous exposez quelques photos réalisées par votre père René Maltête. Pouvez-vous nous rappeler qui était votre père?
Un photographe assez atypique ! Anarchiste, anti-conformiste, non-violent, anti-militariste, pacifiste, etc. Pas de sécurité sociale, pas de patron, pas de retraite, pas de contraintes mode de vie assez difficile à vivre pour les proches... Il travaillait pour l'agence Rapho, comme Robert Doisneau, en tant que "photographe illustrateur", de façon totalement indépendante.
René Maltête avait l'art de capter des situations incongrues et drôles. Quelle était la part de spontanéité ou au contraire de mise en scène dans son travail?
La plupart du temps, il observait une scène qui lui donnait une idée de photo, qu'il reconstruisait ensuite. Dans les années soixante, il était quasi obligatoire de prétendre à la spontanéïté (influence de l'"instant décisif" de Henri Cartier-Bresson); on sait maintenant que ce n'était que rarement le cas ( cf. l'histoire du "Baiser de l'hôtel de ville" de Robert Doisneau).
Votre père était un photographe mais aussi un poète (cf. Bibliographie ci-dessous), comment abordait-il ses deux expressions artistiques?
De front. Vers la fin de sa vie, seule la littérature comptait. Il était très concerné par les questions écologiques et méditait beaucoup.
Œuvres photographiques
Ses photos[1] sont basées sur l'incongru avec un décalage inattendu, le trait d'humour est constamment présent, mais bien plus qu'une simple image, on y trouve une réflexion philosophique.
On peut, par exemple sur une des créations, voir en premier plan un panneau indiquant des travaux et en deuxième plan, un homme endormi sur un tas de sable. Ou bien, sur une autre photographie, un joueur d'échec face à un grand miroir, donnant l'impression qu'il joue avec sa propre image comme adversaire (plaisir solitaire)[2].
La majorité...
Ouvrages poétiques
- Paris des rues et des chansons, 1960, Éditions Port-royal/Robert Laffont (épuisé). Réédité chez Pierre Bordas en 1995.
- Au petit bonheur, la France, 1960, Éditions Hachette.
- Intervention à coeur ouvert, 1962, Éditions Grassin.
- Graines pour les sans jardin, 1980, Éditions Firmin-Didot.
- Scribouillages, 1985, chez Plessier. Poèmes et photos
- Cent poèmes pour la paix, 1987, Éditions Le Cherche Midi (préface de Bernard Clavel, couverture de Roland Topor).
- 100 poèmes pour l'écologie, 1991, Éditions Le Cherche Midi (préface d'Hubert Reeves).
- À quoi ça rime ?, 1995, Éditions Donner à voir. Poèmes et photos.
- Des yeux plein les poches, 2003, Éditions Glénat.
Références
- ↑ rene.maltete.com
- ↑ René Maltête, Des yeux plein les poches, Ed. Glénat
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