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Remastering
Le remastering, ou rematriçage[1], est une technique de post-production utilisée dans les industries musicales et cinématographiques. L'objectif est d'améliorer la qualité d'enregistrements sonores ou audio-visuels vieillissants. Comme son nom l'indique, cette étape consiste à effectuer un nouveau mastering de l'enregistrement en question en partant des supports disponibles lors de la production de l'œuvre en vue de sa mise sur le marché. Plus anecdotiquement, un remaster peut aussi être l'occasion de rajouter des pistes supplémentaires à un morceau. On peut, dans ce cas, utiliser le terme remix, qui, bien que plus approprié techniquement que remaster, est principalement utilisé en musique électronique pour désigner un morceau modifié de façon substantielle, parfois jusqu'à en devenir méconnaissable.
Sommaire
Émergence du remastering en musique
Avec l'apparition du CD audio au début des années 1980 pour le grand public, (la technologie, développée par plusieurs entreprises dont principalement Philips, datant en fait de 1979) il est apparu nécessaire de proposer un catalogue d'albums important, susceptible de pousser les consommateurs à évoluer vers ce nouveau média.
Le principal argument de vente de ce type de support était à l'époque sa qualité sonore incomparable. Lors de la sortie du CD audio en 1982, les deux autres supports disponibles sur le marché de la musique enregistrée étaient la cassette audio et le disque microsillon, tous deux lus par des dispositifs analogiques. Pour sa part, le CD audio lit de la musique encodée sous forme de données numériques, donc sans perte de qualité dans le temps, à moins bien sûr que l'intégrité physique du support ne soit elle-même compromise.
Peu de studios disposant alors de l'équipement numérique nécessaire à la production de CD en tout numérique, de l'enregistrement à la gravure, les labels se sont tournés vers leur important catalogue d'œuvres tombées dans le domaine public, composé quasi-exclusivement de musique classique. Il était ainsi possible d'éviter les frais engendrés par la réalisation de nouveaux enregistrements en numériques, ces derniers étant de facto réservés à la production d'artistes contemporains. Ces enregistrements de classique, pléthoriques au début des années 1980, ont donc fait partie des tout premiers remasters disponibles dans le commerce.
Le remastering au cinéma et à la télévision
C'est principalement le lancement du support DVD qui a été le vecteur de la généralisation du remastering des œuvres cinématographiques et des émissions de télévision enregistrées à l'époque de l'analogique. Cependant, le prix extrêmement élevé de la restauration d'un film sur support pellicule a fait primer, dans ce domaine, la qualité sur la quantité. La restauration des bandes vidéo des émissions de télévision, quant à elle moins onéreuse, explique la présence sur le marché de très nombreuses séries télévisées enregistrées ces trente dernières années et remasterisées récemment.
Techniques employées en post-production
Le remastering consiste à réemployer des enregistrements effectués par le passé, et à améliorer leur qualité par l'emploi de technologies de post-production numériques. Pour ce faire, il faut disposer du master, autrement dit des supports employés en studio lors de l'enregistrement pour un morceau de musique, ou de la pellicule originale pour un film.
En musique
Pour les œuvres musicales, le master repart en studio de post-production. Si possible, les pistes sont séparées puis numérisées indépendamment avant d'être mixées à nouveau. S'il s'agit d'un enregistrement dont les bandes studio sont perdues, on se contentera des pistes gauche et droite pour un enregistrement en stéréophonie, ou de la piste monophonique pour les enregistrements les plus anciens.
Les améliorations les plus courantes avant gravure sur support numérique sont :
- la suppression du souffle, très présent sur les bandes analogiques vieillisantes et sur les disques microsillon ;
- l'amélioration de la dynamique et du rapport signal/bruit, afin de pouvoir augmenter le volume de l'enregistrement sans souffrir des effets de distortion ;
- l'application d'une nouvelle égalisation, utilisée pour mettre en valeur certaines fréquences, donc certains instruments peu audibles, ou encore pour rendre un son plus harmonieux, « chaud » ou « rond ».
Une fois les améliorations apportées, les nouvelles pistes numériques obtenues sont resynchronisées et gravées sur un CD dit gold[2], qui sera utilisé par l'industriel chargé de la gravure en série de l'œuvre musicale.
Dans l'industrie cinématographique et en télévision
Dans le cas du cinéma et des enregistrements télévisuels, on séparera tout d'abord les pistes audio et les images (pellicule ou bande magnétique) afin de les traiter séparément. La partie audio profitera du même genre d'améliorations que celles appliquées aux autres types d'enregistrements sonores (voir ci-dessus). Pour la partie images, on utilise des stations de travail particulièrement puissantes et généralement réservées à un tel usage. Selon l'ancienneté de l'enregistrement, les améliorations et modifications diffèrent. Elles consistent principalement à :
- effacer les rayures physiquement présentes sur une pellicule[3] ;
- raviver les couleurs, délavées par de trop nombreuses expositions à l'intense lumière du projecteur ;
- améliorer le contraste[4] ;
- ajouter des scènes coupées lors du montage, ou tournées a posteriori, comme dans le cas de la trilogie originale de la Guerre des Étoiles de George Lucas.
Système distinctif spécifique au CD audio
Lors du lancement du CD audio, en 1982, un système distinctif simple a été mis en place, permettant de reconnaître les différentes technologies utilisées lors de l'enregistrement, du mixage et du mastering du CD. Composé de trois lettres apposées dans un cadre rectangulaire sur le livret et/ou le disque lui-même, ce système fonctionne comme suit :
- AAA[5] : enregistrement, mixage et mastering réalisés sur matériels analogiques, le type de CD audio le plus courant sur le marché à la sortie de ce support ;
- AAD : enregistrement et mixage réalisés sur matériels analogiques, mastering numérique ;
- ADD : enregistrement sur matériel analogique, mixage et mastering numériques ;
- DDD : enregistrement, mixage et mastering réalisés sur matériels numériques.
Notes et référence
- ↑ Terme francais recommandé par le Grand dictionnaire terminologique l'OQLF.
- ↑ Ce terme vient de l'aspect doré des tout premiers CD enregistrables disponibles pour les studios d'enregistrement. Bien que ce type de support n'ait plus cette couleur caractéristique, le terme gold est toujours en usage dans ce cas précis.
- ↑ ce type de traitement, nécessitant de retravailler chaque image séparément pour un résultat optimal, est très long. Ainsi, le remastering le plus récent de Metropolis a pris cinq années de travail.
- ↑ Cette valeur, exprimée sous la forme d'un ratio de type 1:1000, exprime la différence entre le noir et le blanc. Dans le cas de cet exemple, le blanc le plus brillant observable sur le support sera mille fois plus brillant que le noir le plus profond.
- ↑ La lettre A fait référence à l'anglais analog pour analogique, le D faisant pour sa part référence à l'anglais digital pour numérique.
Voir aussi
Articles connexes
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