- Arthur Rimbaud et Douai
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Arthur Rimbaud et Douai
Arthur Rimbaud poète, séjourna deux fois à Douai en septembre et octobre 1870, après une fugue l'éloignant de Vitalie Rimbaud, son acariâtre mère. Il fut hébergé chez les sœurs Gindre (au 27 rue de l'Abbaye-des-Prés, mais la numérotation a beaucoup changé depuis), tutrices de Georges Izambard, son professeur de rhétorique qui l'avait sorti d'une prison parisienne. Les sœurs Gindre sont probablement les "Chercheuses de poux". Au bureau de recrutement de Douai, il essaya en vain de s'engager dans la garde nationale, voulant suivre l'exemple d'Izambard (Paris était alors cerné par les Prussiens). Rimbaud écrivit quand même, au nom de cette garde sous-équipée, une pétition (conservée au Musée-bibliothèque Rimbaud de Charleville-Mézières) au maire de Douai pour réclamer davantage d'armes. À l'insu d'Izambard, Rimbaud écrivit pour le Libéral du Nord le compte-rendu d'une assemblée électorale publique (tenue rue d'Esquerchin), qui traitait avec ironie quelques notables de la ville (dont l'ingénieur Jeanin, co-directeur des sucreries de Lambres). Dans l'espoir d'être édité, Rimbaud déposa le 26 ou 27 septembre 1870 au poète douaisien Paul Demeny (au 39 - aujourd'hui 171 - rue Jean de Bologne) une liasse de quinze poèmes, certains recopiés ou composés (?) à Douai. Rages de Césars a peut-être été écrit à Douai. Il écrivit plus tard : "Brûlez, je le veux, et je crois que vous respecterez ma volonté comme celle d'un mort, brûlez tous les vers que je fus assez sot pour vous donner lors de mon séjour à Douai." Heureusement Demeny n'en fit rien. Cinq poèmes de Rimbaud ne sont connus que par le Recueil Demeny ou Recueil de Douai (Rimbaud n'a donné aucun titre), qui contient notamment le Bal des pendus et Les Effarés. Demeny vendit le recueil de Douai à Rodolphe Darzens, premier biographe du poète (qui ne l'a pas connu). Il passa ensuite entre les mains de l'éditeur Léon Genonceaux, du collectionneur Pierre Dauze et celles de Stefan Zweig qui les acheta aux enchères de l'hôtel Drouot en 1914 et les conserva jusqu'à sa mort en 1942 à Petrópolis au Brésil. La belle-famille de Zweig le céda à la British Library de Londres en 1985 où il est encore aujourd'hui. Ces poèmes furent publiés entre temps grâce à des fac-similés.
D'après son biographe Jean-Jacques Lefrère (Fayard), Rimbaud, choyé par les trois sœurs, passa à Douai "les journées les plus heureuses de sa jeunesse, peut-être de sa vie". Izambard, craignant d'être accusé par la mère Rimbaud et par sa hiérarchie de détournement de mineur, le raccompagna à Charleville, contre la volonté du poète. Certains premiers biographes du "clan Rimbaud", prenant la défense de la mère, accusèrent Izambard d'avoir enlevé et corrompu l'adolescent. Vitalie le menaçant de la pension, Rimbaud s'enfuit de nouveau au début du mois d'octobre 1870 et revint à Douai, chez les sœurs Gindre. Il profita de ce second séjour pour livrer à Demeny sept nouveaux sonnets, dont Ma bohème et Le Dormeur du val. Pendant plusieurs années, ces poèmes de Rimbaud dorment dans un tiroir de l'appartement douaisien de Demeny, avant d'être publiés séparément. Vitalie faisant appel à la gendarmerie pour ramener son fils à Charleville, Rimbaud fut contraint de quitter définitivement Douai le 1er novembre 1870 ; quelques jours plus tôt, il avait célébré ses seize ans avec les sœurs Gindre. Il écrivit sur leur porte un poème d'adieu, disparu aujourd'hui.Notes et références
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