Rabbi Akiba

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Rabbi Akiva

Rabbi Akiva ben Yosseph (judéo-araméen babylonien : רבי עקיבא בן יוסף ; judéo-araméen galiléen : רבי עקיבה בן יוסף) est l'un des plus importants maîtres de la troisième génération de docteurs de la Mishna (Ie et IIe siècles).

Contributeur central à l'élaboration de la Mishna et du Midrash halakha, il est considéré comme l'un des premiers fondateurs du judaïsme rabbinique[1].
Rabbi Akiva est en outre une importante personnalité politique de son temps, mandaté plusieurs fois par les Judéens comme ambassadeur à Rome. Traditionnellement associé à la révolte de Bar Kokhba, il est l'un des dix morts en martyrs pour avoir défié le pouvoir romain.

Sommaire

Éléments biographiques

La vie de Rabbi Akiva ne peut être, en l'absence d'autres sources, être connue que par la tradition rabbinique. Les faits sont donc fortement émaillés de légende. L'une de celle-ci est que, comme Moïse et Hillel l'Ancien, Rabbi Akiva aurait vécu 120 ans[2] ; toutefois, il est possible que la vie de Rabbi Akiva ait été, comme l'affirme cette tradition, constituée de trois périodes, à l'instar de ses deux prédécesseurs.

Première période

Les débuts de Rabbi Akiva font l'objet d'une tradition dont la première version se trouve probablement dans les Avot deRabbi Nathan[3], et dont le Talmud possède plusieurs variantes passablement romancées[4],[5].

Selon cette tradition, Rabbi Akiva est né en terre d'Israël dans une famille convertie au judaïsme[3] et exerce le métier de berger[3],[4],[5],[6].

Il est, jusqu'à ses 40 ans[3], un am haaretz, parfait ignorant, dédaigneux des études[7], lorsqu'il décide d'apprendre la Torah. Encouragé par Rachel, fille de son employeur, Kalba Savua[8], l'un des notables de Jérusalem[4],[5] (selon une autre version, fille de son fils[8]), qui lui promet de l'épouser, il part étudier. Kalba Savua ne tarde pas à l'apprendre, et devant cette mésalliance, déshérite sa fille et fait vœu de ne plus la revoir[4],[5]. Akiva débute à l'école de sa ville, Lydda, dans les classes primaires où l'on apprend à lire l'hébreu, aux côtés de son propre fils[3]. Il ne cessera dès lors de s'étonner de tout et de poser des questions comme un enfant, en ne prenant rien pour acquis, devenant rapidement l'élève des plus grands, Rabbi Yehoshoua et surtout Rabbi Eliezer[3], avec lequel il est souvent mis en contraste : alors que ces deux maîtres ont commencé leurs études à l'âge adulte au milieu de nombreuses privations, et sont tout deux devenus des gdolei hador (grands de la génération), Rabbi Eliezer est d'un caractère fier et sans compromis, ce qui mènera à son excommunication, alors que Rabbi Akiva se caractérise par sa modestie et son effacement[9].
Il étudie également auprès de Nahum de Gimzo[10], qui lui apprend, outre ses principes exégétiques, à considérer que les choses se produisent, en dépit des apparences, toujours pour le mieux[11]. Un autre de ses maîtres, Rabbi Tarfon[12], reconnaît sa grandeur et le considérera comme un collègue, voire comme son propre maître[13].
Après un certain nombre d'années (13[3] ou 24[4],[5]), pendant lesquelles Rachel a enduré les pires privations[3] et humiliations[4],[5], il enseigne la Torah en public, auprès de nombreux élèves. Lorsqu'après 12 ans, il revient chez lui, c'est pour repartir aussitôt 12 années de plus. Et lorsque des étudiants veulent éloigner cette gueuse méconnaissable qui se présente devant leur maître, il leur dit que « ce qui est à moi et ce qui est à vous est à elle[4] . » Dans l'autre version, Kalba Savua, venu faire annuler son vœu auprès du Sage de passage, tombe à ses pieds lorsqu'il apprend son identité et lui fait don de la moitié de ses possessions[5].

Dans d'autres sources, c'est un certain Josué qui est mentionné spécifiquement comme beau-père de Rabbi Akiva[14].

Rabbi Akiva demeure à Lydda[15], probablement jusqu'aux derniers jours de Rabbi Eliezer, auquel il vient rendre visite lors de sa maladie[16]. Il établit ensuite sa propre académie et son tribunal à Bnei Brak, à cinq miles romains de Jaffa[17] (ce qui le situe plus près de la localité de Messoubim que le site actuel de Bnei Brak). Il semble également avoir habité quelques temps à Tziphron[18].

Seconde période

Outre ses fonctions de juge et maître à Lydda puis à Bnei Brak, Rabbi Akiva compte aussi parmi les membres de l'académie de Yavné, dans laquelle siège le Sanhédrin après la prise de Jérusalem par Vespasien. Très apprécié du Nassi Rabban Gamliel de Yavné, il représente souvent la voix de la modération, notamment dans le conflit qui oppose le Nassi à Rabbi Yehochoua[19]. Lorsque Rabban Gamliel est déposé, les membres du collège envisagent sérieusement de désigner Rabbi Akiva à ce poste, mais élisent finalement Rabbi Eléazar ben Azarya. Et lorsque Rabban Gamliel est réinstallé, Rabbi Akiva conserve sa confiance.

La réputation de Rabbi Akiva grandit rapidement dans le monde juif, atteignant selon une tradition des proportions mondiales[20], et une telle renommée que, selon une aggada talmudique, Moïse lui-même reconnaît sa supériorité[21].

Le nombre de disciples que la tradition lui attribue, de 12 000[22], 24 000[23] ou 48 000[24] répandus sur toute la terre d'Israël, est probablement exagéré, d'autant plus qu'une autre source[25] indique le nombre plus modeste de 300. Il n'en reste pas moins que Rabbi Akiva a formé de nombreux disciples dont beaucoup se sont illustrés dans leur génération ou les suivantes. Shimon ben Azaï et Shimon ben Zoma, avec lesquels il étudia les profondeurs ésotériques de la Bible, comptent parmi ses premiers disciples, ainsi qu'Elisha ben Avouya ; Hananya ben Hakinaï sera un disciple plus tardif[26]. C'est aussi de son école que sortent les maîtres de la génération suivante (milieu du IIe siècle) Rabbi Meïr, Rabbi Yehouda, Rabbi Shimon bar Yohaï, Rabbi Yosse ben Halafta, Rabbi Eleazar ben Shamoua et Rabbi Nehemia[27].

Troisième période

La dernière période de la vie est passée à affronter l'occupation romaine qui a durci son joug, dans le cadre des campagnes militaires de Trajan. C'est probablement dans ce contexte d'oppression religieuse que l'on voit Rabbi Akiva décréter l'intercalation d'un mois supplémentaire à Nehardea, en Babylonie[28].

Sur le plan théologique, le Talmud rapporte de nombreuses disputations entre Rabbi Akiva et des incroyants, parmi lesquels le gouverneur romain de Jérusalem, Tinneius Rufus, que le Talmud appelle Turnus ou Tyrannus Rufus.
Sur le plan politique, Rabbi Akiva apporte son soutien au chef de la nouvelle révolution, Shimon bar Koziva. Rabbi Akiva, impressionné par ses hauts-faits et son ascendance davidique, donne au patriote le nom, sous lequel il est actuellement connu, de Bar Kokhba (fils de l'astre), d'après le verset « Un astre s'élève de la maison de Jacob[29], » et le proclame Messie.

Malgré l'apparition de nouvelles lois visant à interdire tout enseignement de la Loi, Rabbi Akiva continue à le faire publiquement au mépris des conséquences, comparant un peuple juif sans Torah à un poisson sans eau.
Arrêté par Turnus Rufus, il est emprisonné plusieurs années[30] puis exécuté. Rabbi Akiva meurt le Shema Israël aux lèvres[31]. Sa fin apparaît aux Juifs comme un scandale incompréhensible[21].

Bien que sa mort soit traditionnellement rattachée à la révolte de Bar Kokhba, le rôle qu'il y aurait réellement tenu est sujet à controverses.
Pour les historiens de la Wissenschaft des Judentums, il est plus que douteux : les voyages qu'il a effectués à Rome, situés par Heinrich Graetz aux alentours de 95-96[32], bien avant la révolte. De plus, la raison donnée pour sa mort par le Talmud lui-même est religieuse, et non politique. Enfin, selon Zecharias Frankel, son exécution a du avoir lieu en 132, avant la répression finale de la révolution de Bar Kokhba à Beitar[33], sans quoi le délai d'emprisonnement est inexplicable[34].
Pour d'autres, les voyages de Rabbi Akiva avaient peut-être pour but de susciter des soutiens financiers et politiques en vue d'une éventuelle révolte, et la plaie qui frappa ses étudiants[23],[25] est la répression romaine de la révolte de Bar Kokhba, à la disposition duquel Rabbi Akiva aurait mis ses étudiants[35]. Par ailleurs, la ville qui aurait refusé de lui ouvrir ses portes pour la nuit alors qu'il était déjà un maître reconnu[36] serait une ville d'opposants à la révolte, dont Rabbi Akiva était un partisan notoire[37].

Œuvre

Place dans la Mishna

Le Talmud lui attribue l'initiative, ou au moins un rôle décisif, dans le compilation de la Mishna : "A quoi ressemble la vie de Rabbi Akiva? - A un paysan qui part avec son panier. Il trouve de l'orge - il l'y met, de l'avoine - il l'y met, du son - il l'y met, des fèves - il les met, des lentilles - il les met. Lorsqu'il rentre chez lui, il les trie, orge avec orge, avoine avec avoine, son avec son, fèves avec fèves, lentilles avec lentilles. C'est ce que fit Rabbi Akiva, qui rangea la Torah règles par règles " (Avot deRabbi Natan ch. 18; Talmud de babylone, traité Guittin, 67a).

Rabbi Akiva eut de nombreuses controverses, tant avec ses maîtres que ses étudiants et ses collègues. De manière générale, "lorsque Rabbi Akiva dispute avec un seul sage, la halakha est fixée selon son opinion, mais lorsqu'il débat avec plus d'un sage, ce n'est pas le cas."

Quelques enseignements

  • Tu aimeras ton prochain comme toi-même. C'est une grande règle dans la Torah ,une tradition avance même que tous le Talmud n'est que

commentaire de cette maxime

  • Un païen demanda un jour à Rabbi Akiva: 'Qui a créé le monde?'
    'Dieu a créé le monde,' répondit Rabbi Akiva.
    'Prouve-le-moi!'
    'Reviens me voir demain,' lui répondit Rabbi Akiva.

    L'homme revint le lendemain. Rabbi Akiva lui demanda:
    'Que portes-tu?'
    'Une cape, comme tu peux le voir.'
    'Qui l'a faite?'
    'Le tisserand, bien évidemment.'
    'Je ne te crois pas, prouve-le-moi!' dit Rabbi Akiva
    'De quelle preuve as-tu besoin? Ne vois-tu pas que c'est le tisserand qui a fait cet habit? Un habit se tisse t-il tout seul?'

    'Alors pourquoi me demandes-tu une preuve que Dieu créa le monde? Tu viens de donner la réponse : Ne vois-tu pas que c'est le Saint, béni soit-Il, qui l'a créé?"

Notes et références

  1. Yer. Shekalim iii 47b et R. H. i. 56d
  2. Sifri sur Vèzot HaBerakha, 354
  3. a , b , c , d , e , f , g  et h Avot deRabbi Nathan version A, 6:2 ; voir aussi AdRN version B, chap. 12
  4. a , b , c , d , e , f  et g T.B. Ketoubot 62b
  5. a , b , c , d , e , f  et g T.B. Nedarim 50b
  6. Yebamot 16a & 86b
  7. T.B. Pessahim 49b
  8. a  et b Selon une variante de lecture, Rachel est la fille du fils de Kalba Savua, et c'est ce fils qui la chasse
  9. T.B. Taanit 25b
  10. T.B. Haguiga 12a
  11. T.B. Berakhot 60b ; Sifri Devarim 47
  12. T.B. Ketoubot 84b
  13. Sifre sur Nombres, 75
  14. Mishna Yadaïm 3:5 ; selon le Tiferet Israël ad loc., cela signifie que Josué était le véritable nom de Kalba Savoua, ou de son fils
  15. Mishna Roch Hachana 1:6
  16. T.B. Sanhédrin 68a
  17. Tosefta Chabbat 3:3 (4:3 selon d'autres découpages) ; T.B. Sanhédrin 32b
  18. Sifre sur Nombres 4
  19. Mishna Roch Hachana 2:9
  20. T.B. Yevamot 16a
  21. a  et b T.B. Menahot 29b
  22. Genèse Rabba 56:3
  23. a  et b T.B. Yevamot 62b
  24. T.B. Nedarim 50a
  25. a  et b Midrash Tanhouma sur Hayye Sarah
  26. T.B. Haguiga 14b ; T.J. Haguiga 2:1
  27. T.B. Sanhédrin 76a
  28. Mishna Yevamot 16:7
  29. Nombres 24:17
  30. T.B. Sanhédrin 12a
  31. T.J. Berakhot 9 (14b) ; T.B. Berakhot 61b
  32. Graetz, Histoire des Juifs, Troisième période, chapitre premier, p. 121
  33. Mekhilta Mishpatim 18 ; après la chute de Beitar, aucun présage n'aurait été nécessaire
  34. Frankel, Darke ha-Mishnah, p. 121
  35. Adin Steinsaltz, Introduction au Talmud, éd. Albin Michel 2002, coll. Spiritualités vivantes n°135, p. 39, ISBN 2-226-13566-9
  36. T.B. Berakhot 60b
  37. (he) Zvi Yehouda Kook, Emouna 'itekha, n° 41, p. 6

Cet article comprend du texte provenant de la Jewish Encyclopedia de 1901–1906, article « AKIBA BEN JOSEPH » par Louis Ginzberg, une publication tombée dans le domaine public.

Bibliographie



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