- Therapeutae
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Les Therapeutae (grec : Θεραπευταί Therapeutai ; féminin : Therapeutrides) sont les membres d’une secte juive hellénisée, décrite par le philosophe juif Philon d’Alexandrie dans son De Vita Contemplativa. Ce livre en demeure le seul témoignage, aucun écrit de ce courant, apparemment disparu avant le Ier siècle EC, n’ayant subsisté. Eusèbe de Césarée, apologète chrétien du XIVe siècle, en fait des précurseurs du christianisme, voire des chrétiens.
Sommaire
Témoignage de Philon
Selon ce qu'en dit le philosophe juif Philon d'Alexandrie (environ 20 AEC - 50 EC), qui semble les avoir connus personnellement, ils s'agissait de « philosophes » qui vivaient sur une petite colline au bord du lac Maréotis, au sud d'Alexandrie[1]. Leurs conditions de vie s'apparentaient fort à celles du monachisme des laures[2], et ils étaient « les meilleurs » d'un genre d'hommes qui se vouaient à « la bonté parfaite » et qui « existe en de nombreux endroits dans le monde habité[3]. »
Philon fait dériver le nom Therapeutae/Therapeutides du grec θεραπεύω au sens de « culte » ou de « vénération » (cf. I.2), tandis que le Pseudo-Denys penche pour la signification de « serviteurs. »Philon a décrit les Therapeutae au début du Ier siècle de notre ère, dans le De vita contemplative (La vie contemplative), écrit vers 10 CE. À cette époque, les origines des Therapeutae avaient déjà disparu dans le passé, et Philon n'était même pas certain de l'étymologie de leur nom, qu'il expliquait soit au sens de médecins des âmes soit au sens de serviteurs de Dieu. Les phrases préliminaires de son essai établissent que ce dernier en suivait un autre (qui a été perdu) sur la vie active. Philon se servait d'une polarité familière dans la philosophie grecque entre la vie active et la vie contemplative, en donnant les Esséniens comme exemple de vie active, une autre secte à l'ascétisme sévère, et la vie contemplative que menaient les Therapeutae dans le désert.
Précurseurs des premiers ordres monastiques chrétiens
Selon Philon, les Therapeutae étaient très répandus dans le monde antique, parmi les Grecs et au-delà, dans le monde non grec des « Barbares », avec un de leurs principaux points de rassemblement à Alexandrie, dans la région du lac Mareotis:
- « Maintenant on peut rencontrer cette catégorie de personnes dans bien des endroits, car il devrait être normal que la Grèce et le pays des barbares prennent part à tout ce qui est parfaitement bon, et c'est en Égypte que de tels hommes se rencontrent le plus, dans tous ses districts (qu'on appelle nomes), et surtout autour d'Alexandrie, et, à partir de tous les lieux ceux qui sont les meilleurs parmi ces Therapeutae vont en pèlerinage à l'endroit qui leur convient le mieux, comme si c'était leur pays, qui est au-delà du Lac maéréotique. » Philon, Les ascètes III.
Ils vivaient chastement et dans la plus grande simplicité, ils « avaient en premier lieu prévu la tempérance comme une sorte de fondement sur laquelle l'âme s'appuierait pour construire sur cette base d'autres vertus » (Philon). Ils se consacraient à la vie contemplative, et leurs activités pendant six jours de la semaine étaient faites d'ascèse, de jeûne, de prière solitaire et de l'étude des Écritures dans leurs cellules isolées, dont chacune comportait un sanctuaire saint et séparé et une cour fermée:
- « L'intervalle tout entier de l'aube au soir, est consacré aux exercices spirituels. Car ils lisent les Saintes Écritures et traduisent en pensée et en allégorie leur philosophie ancestrale, puisqu'ils regardent les significations littérales, comme symboles d'une nature intérieure et cachée qui se révèle en idées voilées. » Philon, paragraphe 28
Outre le Pentateuque, les Prophètes et les Psaumes, ils possèdent des écrits secrets (apocryphes) appartenant à leur tradition propre, et qui comprennent des formules pour des interprétations numérologiques et allégoriques.
Ils renonçaient à la propriété et suivaient une discipline sévère:
- « Ces hommes abandonnent leurs biens sans subir l'influence de toute attraction prédominante, et ils fuient loin d'eux sans même retourner la tête. »
Ils « professaient un art de guérir qui l'emportait sur celui qu'on pratiquait dans les villes » note Philon, et il faut rappeler la réputation de guérisseur dont jouissait saint Antoine parmi ses contemporains du IVe siècle. Depuis Alexandrie on affluait pour pouvoir le trouver.
Le septième jour, les Therapeutae se réunissaient dans une maison pour y entendre des prédications, les hommes d'un côté et, par pudeur, les femmes de l'autre. Une fois toutes les sept semaines, ils se réunissent pour une longue veillée nocturne, après un banquet où ils se servent les uns les autres, parce qu'« ils ne disposent pas d'esclaves, ils jugent en effet que posséder des serviteurs quels qu'ils soient est contraire à la nature qui a engendré tous les hommes en leur donnant la même liberté »(Philo, para.70) et ils chantent des hymnes antiphonés jusqu'à l'aube.
Eusèbe de Césarée
Dans son Histoire ecclésiastique, un auteur chrétien du IVe siècle, Eusèbe de Césarée, décrit les Therapeutae de Philo comme les premiers moines chrétiens, identifiant leur renonciation à la propriété, leur chasteté, leurs jeûnes et leurs vies solitaires à l'idéal cénobitique des moines chrétiens.
Eusèbe était si sûr de son identification des Therapeutae comme des chrétiens qu'il en déduisit que Philon, qui les admirait ainsi, devait lui-même avoir été chrétien, du fait qu'il ignorait la date de l'essai de Philon, et les lecteurs chrétiens le croyaient encore jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Comme les premiers ermites chrétiens du désert égyptien, ils vivaient en ermites ou anachorètes, plutôt qu'en communauté, comme plus tard devaient le faire les communautés monastiques chrétiennes.
- « Le caractère semi-anachorétique de la communauté des Therapeutae, la renonciation à la propriété, la solitude pendant les six jours de la semaine et le rassemblement du samedi pour la prière commune et le repas en commun, la sévérité du jeûne, la sauvegarde vivante de la mémoire de Dieu, la prière continue, la méditation et l'étude de l'Ecriture Sainte sont également des pratiques des anachorètes chrétiens du désert d'Alexandrie ». Scouteris, Les Therapeutae de Philon et les moines comme Therapeutae selon le Pseudo-Denys
Pseudo-Denys
On connaît une référence secondaire aux Therapeutae grâce au Pseudo-Denys l'Aréopagite (Ve siècle), qui signale que « Certaines personnes ont donné aux ascètes le nom de « Therapeutae » ou de serviteurs, alors que d'autres leur ont donné celui de moines ». Le Pseudo-Denys cependant décrit déjà un ordre chrétien ascétique extrêmement organisé.
Influences dans la formation
tradition hébraïque
On a émis des hypothèses sur diverses influences qui peuvent être à l'origine des Therapeutae. Le Livre d'Hénoch et les Jubilés sont des exemples de la tradition hébraïque sur les valeurs mystiques des nombres et les interprétations allégoriques, sans qu'il faille remonter à Zoroastre ou aux Pythagoriciens.
Notes et références
- De vita contemplativa I.2
- Ibid. III.22
- Ibid. III.21
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Therapeutae » (voir la liste des auteurs)
- Cet article comprend du texte provenant de la Jewish Encyclopedia de 1901–1906, article « THERAPEUTÆ » par Kauffmann Kohler, une publication tombée dans le domaine public.
Annexes
Lien externe
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