- Quirinus
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Quirinus, le dieu romain, et la fête des Quirinalia, célébrée le 17 février en son honneur, ne remontent pas au-delà de la Première Guerre Punique[1]. Ils reposent cependant sur une tradition très ancienne et l'origine en est contemporaine de l'établissement des trois tribus qui, autour du Palatin, ont constitué la nationalité romaine[1].
Sommaire
Origines
Quirinus était le nom ou plus probablement l’épithète[2] d'un dieu sabin[1], patron de l'une des trois tribus primitives de Rome, celle des Titienses et semblable à Mars avec lequel il fut ensuite identifié. Les Anciens déjà discutaient sur l'origine de son nom : les uns le mettaient en rapport avec Cures, ville de la Sabine située au nord de Rome, sur la frontière du Latium ; les autres avec curia, nom désignant la division des tribus primitives dont Quirinus aurait été le protecteur ; d’autres, enfin, avec quiris, qui, en langue sabellique, signifiait « lance » et qui a formé Quirites, titre d'honneur donné aux citoyens qui avaient le privilège de porter les armes. Toutes ces interprétations ont leurs partisans chez les Modernes[1] qui les justifient, soit par la linguistique, soit par l'histoire.
La plus plausible, selon J.-A. Hild[1], parait être la dernière ; la lance était, en effet, l'attribut ordinaire de Quirinus, comme elle est celui de Mars et aussi de Janus, qui tous deux sont appelés Quirinus. Cette plausibilité est contestée par Georges Dumézil qui, considérant pour des raisons étymologiques et lexicologiques, que le son /qu/ ne peut être d’origine sabine[3], lui préfère le sens de curia. Pour lui, Quirinus, aux côtés de Jupiter et de Mars, fait partie de la triade précapitoline et y incarne la fonction de production et de reproduction[4],[5].
Quirinus est, de fait, inséparable aussi bien de l'organisation des Curies que du nom des Quirites.
Romulus divinisé
Finalement, le dieu latin s’est volatilisé pour être identifié avec Romulus divinisé[6]. Tite-Live relate ainsi la légende : Après la mort de Romulus (une mort un peu suspecte, il a disparu dans un orage), les sénateurs dirent qu'il avait été enlevé au ciel par Mars son père. Le peuple n'y crut pas et demanda des preuves c'est alors qu'un citoyen digne de foi déclara qu'il avait vu en songe Romulus qui lui avait dit qu'il désirait être adoré sous le nom de Quirinus. Alors, le peuple se calma et se mit à l'adorer comme protecteur de la cité[6].
Quirinus a formé Quirinalis, adjectif qui désigne tantôt un des trois grands flamines[7] tantôt le Quirinal, la résidence primitive de la tribu des Titienses, redevable de son nom au roi Titus Tatius le Sabin. Cette colline, toutefois, ne fut ainsi désignée que postérieurement à la division de la ville par régions sous Servius Tullius[1], où elle s'appelait simplement Collina[8],[9]. Dans la vallée qui la sépare du Viminal, et faisant face à cette dernière, existait un sanctuaire de Quirinus dont l'antiquité est attestée[1] par la place qu'il occupe parmi les stations où s'arrêtait la procession des Argées. C'est ce sanctuaire qui donna son appellation à la colline tout entière[1] ; le changement, suivant toute probabilité, se fit au troisième siècle avant Jésus-Christ. À cette époque, et plus anciennement encore, Quirinus, avec le titre de Pater, figurait dans des formules d'invocation aux dieux appelés collectivement di indigetes : Jane, Jupiter, Mars, Pater Quirine, Bellona, etc.
À quelle époque le nom Quirinus, au lieu de désigner un dieu distinct ou de s'appliquer en tant que vocable, au Mars des Sabins, comme Gradivus appartient à celui des Ramnes, a-t-il été donné à Romulus ? S'il était prouvé qu'une inscription de Pompéi où le fondateur de Rome, fils de Mars, est appelé Quirinus, est la reproduction de celle qui ornait le piédestal de la statue que ce dieu avait au Capitole, on pourrait faire remonter l'identification au quatrième siècle avant Jésus-Christ[1]. Mais la chose est simplement probable, sans plus[1].
Deux autres inscriptions, l'une de l'an -236, l'autre de -204 ou de -191, ont été trouvées sur le Quirinal. Sur la première, Mars est invoqué sans vocable, la seconde lui donne celui de Quirinus : l’identification parait s’être effectuée dans l'intervalle. Le poète Ennius (-239 ± -169) chante l’apothéose de Romulus, couramment exploitée seulement par les poètes du siècle d'Auguste : on[1] peut en induire que le vocable de Quirinus devint la propriété du héros indigète Romulus, fils de Mars. Alors, le vieux Quirinus ne fut plus qu’un souvenir archéologique. Theodor Mommsen dit que, sauf l'inscription de l'an -204, il n'y a aucun témoignage positif pour affirmer la substitution de Mars lui-même au Quirinus primitif.
Culte
La fête des Quirinalia, le 17 février, coïncide avec la période où commençait à souffler le Favonius et dont on datait le printemps en Italie. Elle coïncidait avec le dernier jour des Fornacalia, la Fête des fous, Stultorum Feriae. Nous n'avons aucun détail sur les pratiques propres aux Quirinalia. Ovide les rattache à la fondation du temple qui donna son nom à la colline du Quirinal. Quant à la dédicace, elle était l'objet d'une fête spéciale fixée au 19 juin[1].
L'édifice, un des plus anciens de Rome, avait été restauré en -293 par L. Papirius Cursor, qui en avait fait un monument magnifique pour l'époque. Tombé en ruines, comme beaucoup d'autres sanctuaires consacrés aux dieux primitifs, il fut relevé par Auguste en l’an 16 avant Jésus-Christ. Quirinus avait, à Rome, d'autres temples, un notamment auprès de la porte qui lui était redevable de son nom.
On ne trouve aucune trace de son culte ailleurs en Italie, encore moins dans les lointaines provinces[1].
Iconographie
Il n'existe aucune représentation figurée de Quirinus[1] ; seule sa tête fut représentée sur des monnaies de la gens Memmia et son nom se trouve sur des monnaies de la gens Fabia qui, à l'époque de l'invasion gauloise, offrait des sacrifices au dieu sur le Quirinal.
Notes et références
- Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, Hachette, 1919. Article « Quirinus » in
- Quirinus sur le Wiktionnaire. Voyez
- Georges Dumézil - Revue de l'histoire des religions - 1951, vol 139, num 139-2, pp. 208-215.
- Georges Dumézil 1941
- Saliens de Mars et saliens de Quirinus » en ligne qui détaille la répartition des tâches entre les prêtres des deux dieux. Lire, à ce sujet, l’article «
- Tite-Live. Histoire romaine, I-16 de
- Virgile, Énéide, I, 292.
- Selon [[Varron (écrivain)|]], Lingua Latina.
- Paul Diacre citant Festus Grammaticus, qui en fait le lieu où se déroulaient les Agonalia : ejus festivitatem, sive quia agones dicebant montes. Agonia sacrificia, quae fiebant in monte. Hinc Romae mons Quirinalis Agonus et Collina Agonensis. mons Agonensis ou simplement Agonus selon
Articles connexes
Bibliographie
- Georges Dumézil, Jupiter Mars Quirinus, (3 vol.), Gallimard, 1941-1948 (ISBN 2070220680)
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