Pèlerinage de Lourdes

Pèlerinage de Lourdes
Statue de la Vierge Marie dans la grotte de Massabielle
Médaillons souvenirs, symboles du commerce lié au tourisme et pèlerinage du sanctuaire de Lourdes

Lourdes est le plus grand centre de pèlerinage catholique français depuis qu'une jeune fille de quatorze ans, Bernadette Soubirous, a vu une Dame déclarant être l'Immaculée Conception, quatre ans après la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception par le pape Pie IX. Les apparitions commencèrent le 11 février 1858 dans la petite grotte de Massabielle, non loin du village, le long du gave de Pau et durèrent plusieurs mois. Au total, Bernadette déclara avoir vu dix-huit fois la Vierge. Après enquête, l'Église catholique a reconnu ces apparitions en 1862.

Ces évènements se produisent pendant le règne de Napoléon III, l'impératrice, catholique ultramontaine, étant acquise au culte marial.

Morte en 1879 à Nevers, Bernadette Soubirous - qui était entrée chez les Sœurs de la Charité de Nevers - fut canonisée en 1933.

La ville de Lourdes accueille depuis de nombreux pèlerinages, atout majeur pour l'économie locale.

Sommaire

Pèlerinages

Les premiers pèlerinages ont eu lieu dès 1858. En effet, Bernadette a rapidement été accompagnée par des centaines, voire des milliers de pèlerins.

Chaque année, de mars à octobre, le sanctuaire accueille des pèlerins venant de toute l'Europe ou même de plus loin. Les pèlerinages les plus connus et les plus importants en nombre de participants sont :

Mais la grande masse des pèlerinages sont organisés au départ de chaque diocèse : les pèlerinages diocésains amènent des pèlerins de toute l'Europe.

La ville de Lourdes fut métamorphosée par les pèlerinages, sources importantes de revenus touristiques alors qu'elle n'était qu'une petite ville perdue dans une vallée des Pyrénées. Aujourd'hui, la gare de Lourdes est une des plus actives de France, et un aéroport géré en commun avec la ville de Tarbes dessert la région.
Avec plus de 300 hôtels, Lourdes est la troisième ville hôtelière de France après Paris et Nice.[réf. nécessaire]

Pèlerinages des papes

  • Jean-Paul II est venu une première fois en pèlerinage à Lourdes les 15 et 16 août 1983 pour son 19e voyage pastoral. Il est revenu une seconde fois les 14 et 15 août 2004, lors de son 104e et dernier voyage pastoral, à l’occasion du 150e anniversaire de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception, malgré un état de santé très fragile.
  • Benoît XVI arrive en pèlerinage à Lourdes le 13 septembre 2008 après être allé à Paris. Il parcourt les premières étapes du Chemin du Jubilé, se recueillant notamment devant la Grotte de Massabielle, avant de conclure dans la soirée la procession mariale. Le lendemain, il célèbre sur la prairie des Sanctuaires une messe à laquelle assistent près de 170 000 personnes, et prononce un discours devant les Évêques de France avant de conclure la procession eucharistique. Le lundi 15 septembre au matin, il achève le Chemin du Jubilé en se rendant à la chapelle de l'hôpital avant de célébrer une messe à l'intention des malades sur l'Esplanade du Rosaire.

Eau de Lourdes

Bernadette Soubirous a déclaré que la Dame lui a dit : Venez boire à la fontaine et vous y laver. Depuis, les pèlerins boivent cette eau ou s'y baignent aux piscines. Cette eau est en libre disposition et la vente en est bien sûr interdite. Cependant, un commerce d'objets de piété, de bouteilles pour rapporter de l'eau de Lourdes, et d'autres souvenirs divers s'est développé parallèlement au pèlerinage : médailles, statuettes et objets usuels à l'effigie de la Vierge sont vendus partout, même dans les épiceries[2]. C'est l'Oeuvre de la Grotte, gérée par le clergé, qui vend au détail l'essentiel de la production locale de cierges (700 tonnes, soit 3 millions de cierges de 40 g à 70 kg). Le fabricant, la Ciergerie lourdaise, fondée en 1928, emploie 30 salariés[3],[4].

Les 68 guérisons miraculeuses reconnues par l'Église catholique

De très nombreuses personnes affirment avoir été guéries à Lourdes. En 1884, l'Église catholique a mis en place une structure, appelée « Bureau des constatations médicales », pour examiner les déclarations. Elle se montre très prudente, un seul cas authentifié à tort et démenti ensuite par la médecine pouvant avoir des conséquences graves dans l'esprit des croyants[réf. nécessaire]. Le processus d'authentification passe par trois grandes étapes :

  • Examen par le Bureau médical de Lourdes ;
  • Transfert au Bureau médical international ;
  • Investigation par le diocèse d'origine de la personne guérie.

Le diocèse d'origine de la personne guérie statue sur l'état de miracle. Le sens à donner à la guérison est alors le guide principal de l'évêque concerné (il doit s'agir d'un « signe de Dieu » et non d'une simple guérison).

68 guérisons ont, à ce jour, reçu le statut de « guérison miraculeuse » après un processus qui peut s'étaler sur plusieurs années[5].

Récipients destinés à recueillir l'eau de la grotte

La bénédiction solennelle par les prêtres et les évêques est un des rites les plus attendus par les pèlerins. Certains malades auraient guéri à ce moment précis, d'autres en buvant de l'eau de la source, en priant à la grotte ou, le plus souvent, après s'être baignés dans la piscine[6].

Article détaillé : Guérisons de Lourdes.

Examen scientifique

Seules les deux premières étapes ont un caractère véritablement scientifique (la dernière étape est essentiellement de nature religieuse) et mènent à une éventuelle déclaration du Bureau des constatations médicales sur le caractère non explicable scientifiquement au moment de la guérison. À cette étape, les médecins invités à s'exprimer (et l'avis ainsi formé) ne se limitent pas aux seuls médecins catholiques. Tout médecin présent peut tenter de proposer une explication naturelle à la guérison.

Les critères de base examinés par le Bureau des constatations médicales sont :

  • La maladie doit avoir été elle-même authentifiée et le diagnostic confirmé préalablement à la guérison supposée.
  • Le pronostic doit être totalement clair pour les médecins (y compris quand il s'agit de lésions à caractère permanent ou d'un pronostic de décès).
  • La guérison doit être complète, immédiate, sans convalescence, définitive et sans rechute.
  • Aucun des traitements ne peut être considéré comme la cause de la guérison, ni y avoir contribué.

Ces critères stricts éliminent rapidement la grande majorité des déclarations avant même examen par les autorités religieuses comme le montrent les dossiers conservés au bureau médical et librement accessibles (et cet état de fait est en opposition avec une certaine forme de foi populaire).

Statistiques officielles de l'Église catholique

Chronologie : les dates mentionnées sont celles où la guérison a été reconnue officiellement.

La moitié des miracles ont été reconnus au cours de six années successives sous le pontificat de Pie X, lequel précisa en 1905 les conditions du procès canonique à tenir dans chaque curie diocésaine[7]. Le bureau des constatations médicales, fondé en 1884 par le docteur Dunot de Saint-Maclou, est quant à lui chargé d'informer les autorités ecclésiastiques sur les guérisons qui lui semblent médicalement inexplicables, l'Église se prononçant sur la qualité miraculeuse de celles-ci[8]. Les guérisons par périodes (chiffres officiels de l'Eglise catholique) :

  • 1858-1870 : 7
  • 1871-1880 : 0
  • 1881-1890 : 0
  • 1891-1907 : 0
  • 1908-1913 : 33 (sous Pie X)
  • 1914-1920 : 0
  • 1921-1930 : 0
  • 1931-1945 : 0
  • 1946-1965 : 22
  • 1966-1975 : 0
  • 1976-1978 : 2
  • 1979-1988 : 0
  • 1989  : 1
  • 1990-1998 : 0
  • 1999  : 1
  • 2000-2004 : 0
  • 2005  : 1
  • 2006-2010 : 0
  • 2011  : 1

Répartition par pontificat de la reconnaissance du miracle :

  • Pie IX : les 7 guérisons de 1858 reconnues en 1862 par l'évêque de Tarbes. Aucune guérison reconnue par la suite.
  • Léon XIII  : 0
  • Pie X  : 33
  • Benoît XV  : 0
  • Pie XI  : 0
  • Pie XII  : 15
  • Jean XXIII  : 5
  • Paul VI  : 4
  • Jean-Paul I  : 0
  • Jean-Paul II : 2
  • Benoît XVI  : 2

Répartition par pays d'origine du miraculé :

  • France  : 56 (dont une Française d'Algérie)
  • Italie  : 6
  • Belgique  : 3
  • Allemagne : 1
  • Autriche  : 1
  • Suisse  : 1

Répartition par sexe :

  • Hommes : 13
  • Femmes : 55

Répartition par tranches d'âge au moment du miracle :

  • 2 et 3 ans  : 2
  • de 10 à 19 ans : 10
  • de 20 à 29 ans : 21
  • de 30 à 39 ans : 16
  • de 40 à 49 ans : 9
  • de 50 à 59 ans : 8
  • 64 ans  : 1

Évolution

On peut remarquer que le nombre de miracles reconnus par l'Église catholique à Lourdes a sensiblement baissé par rapport à ce qu'il était au début du XXe siècle. Sans certitude dans ce domaine, on peut apporter quelques observations qui pourraient l'expliquer au moins en partie :

  • Le critère de l'absence de traitement, vieux de plusieurs siècles, est actuellement rarement satisfait avec la généralisation des thérapies.
  • Certaines pathologies considérées comme impossibles à guérir ont aujourd'hui des traitements au moins partiellement efficaces.
  • L'Église est probablement devenue un peu plus critique au sujet des miracles qu'à d'autres époques[réf. nécessaire].
  • Des guérisons autrefois inexplicables sont scientifiquement explicables aujourd'hui.
  • Les pèlerins viennent davantage chercher une « guérison intérieure » qu'une guérison physique (évolution des opinions et de la foi en Europe occidentale).

Monseigneur Jacques Perrier, évêque de Tarbes et Lourdes, a résumé le 17 mars 2003 l'avis de sa hiérarchie :

« L’attitude actuelle des médecins est très respectueuse du magistère de l’Église. Comme chrétiens, ils savent que le miracle est un signe d’ordre spirituel. Ils ne veulent pas s’en faire les juges. De plus, pour un esprit moderne, il est difficile de dire, à propos de quelque réalité que ce soit, qu’elle est inexplicable. On peut seulement dire que, jusqu’ici, elle est inexpliquée. »

Centres sanitaires

Diverses œuvres charitables, financées par les dons de fidèles, accueillent les malades les plus pauvres dans trois établissements (1 500 lits et 350 employés au total)[9].

Controverse

Il faut rappeler le contexte politique : l'Église, en France, est en perte d'autorité, elle doit faire face au rationalisme, au catholicisme libéral. Les avancées de la science rendent ridicules les controverses sur la conception sans sexualité. Il fallait donc un dogme. Ce fut fait en 1854. Mais Lourdes apporte une validation populaire.[réf. nécessaire]

Rappelons l'état de la médecine en 1858 : les travaux de Semmelweis commencent à se diffuser et les médecins et chirurgiens se mettent péniblement au lavage des mains avant un acte.[réf. nécessaire]

L'état de la communication, de la presse [Quoi ?] : aux États-Unis, les Sœurs Fox montent une supercherie qui fera croire aux esprits des millions de gens.[réf. nécessaire]

Bernadette avait reçu la religion pour seule éducation ; elle ne savait ni lire ni écrire. Or, les visions qu’a Bernadette de « l’Immaculée Conception » datent de 1858, tandis que le dogme de l’Immaculée Conception (i.e., la Vierge conçue sans péché) a, lui, été promulgué par Pie IX en 1854[10] ! La source fut prétendument trouvée par Bernadette suite à ces apparitions, l'amenant à gratter le sol dont jaillit instantanément l'eau guérisseuse. Sauf que le sol n'était pas aussi sec que ce qui a été prétendu : en 1858, le Gave passait au pied de la grotte qui était inondée lorsque celui-ci entrait en crue. Paul-Éric Blanrue note que « dans certains ouvrages religieux qui parurent sur le tard les photos gênantes furent retouchées afin que le Gave n’y apparaisse point. Aujourd’hui, le sol bétonné permet de camoufler habilement l’ancien passage ».

Le Dr Valot réussit, malgré le peu de disposition de l'Église, à examiner les cas de « miraculés ». Sa conclusion est sans appel : « Aucune maladie n’ayant fait sa preuve, histologique ou bactériologique, n’est guérie subitement à Lourdes ». Seuls « certains désordres organiques dits psychosomatiques au support physico-chimique mal connu (par exemple : verrues, fistules, ulcères de l’estomac, etc.) peuvent être supprimés ». De même le Dr Mangiapan, directeur du bureau médical de Lourdes de 1972 à 1990, pourtant fervent croyant, avoue : « je ne suis pas arrivé à mettre en évidence, à prouver une intervention de Dieu, qui reste du domaine de la foi ». Le sociologue Gérald Bronner, en travaillant statistiquement sur les travaux de Brendan O'Regan et Caryle Hirshberg (analyse exhaustive des publications scientifiques de 1574 cas de guérisons inexpliquées en milieu hospitalier entre 1864 et 1992), n'obtient pas de différence statistique significative entre les miracles de Lourdes et les rémissions spontanées en milieu hospitalier (soit 1 cas pour 350 000)[11].

Films

Notes et références

  1. Pèlerinage international du Christ-Roi
  2. GEO N° 42 Août 1982 p. 67
  3. GEO N° 42 Août 1982 p. 62
  4. Pour l'anecdote, on peut noter que l'eau de Lourdes est depuis 1998 sous l'autorité de Monseigneur Perrier.
  5. Voir la 67e guérison miraculeuse sur http://www.lourdes-france.org/ Site officiel des Sanctuaires de Lourdes.
  6. GEO N° 42 Août 1982 p. 59
  7. Isabelle Samson-Ewald, Les critères d’évaluation du miracle aujourd’hui à Lourdes, dissertation de licence en Théologie - Institut catholique de Paris, 2000; en ligne sur le site assomption.org, article tiré de la revue Itinéraires Augustiniens nº 36
  8. Hervé Guillemain, Les débuts de la médecine catholique en France - La Société médicale Saint-Luc, Saint-Côme et Saint-Damien (1884-1914), article, 2003; en ligne sur le site Revue d'histoire du XIXe siècle
  9. GEO N° 42 Août 1982 p. 60
  10. Paul-Éric Blanrue, Les dessous du surnaturel - Dix ans d'enquêtes zététiques, 2004
  11. Gérald Bronner, Coïncidences : Nos représentations du hasard, Broché, Ed Vuibert, 2007

Bibliographie

  • René Laurentin, Lourdes, récit authentique des apparitions, Éditions Lethielleux, coll. « Figures spirituelles », Paris, 2002 (ISBN 2283602076)
  • Henri Lasserre Notre-Dame de Lourdes (1869)
  • Emilie Bonvin, Notre-Dame de Lourdes, prières et neuvaines, Collection Prières et Neuvaines, 2011, ISBN 9782848910925

Voir aussi

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