- Psychomotricite
-
Psychomotricité
La psychomotricité est l'ensemble des fonctions motrices tenant compte de la synergie de ces fonctions avec les activités psychiques.
Sommaire
Un peu d'histoire au sujet de la psychomotricité
Le terme psychomotricité aurait été initialement conçu en Allemagne en 1844 par Wilhelm Griesinger fondateur de la neuropsychiatrie (Lehmans & Cornu, 1999) et repris ensuite en France par Jean Dupré au début du XXe siècle.
Le concept a été investi et développé dans divers champs de recherche : pédagogie, psychiatrie, psychologie. Il n'a cessé d'occuper une place prépondérante dans les recherches et les travaux des plus grands pédagogues, des psychiatres et psychologues. Citons pour mémoire, les travaux de J. de Ajuriaguerra, de G.B. Soubiran, de J.Bergès, de N. Galifret-Grangeon, de R. Zazzo, de H. Santucci ou de M. Stambak qui ont été le véritable creuset à partir duquel a été créée la profession de psychomotricien.
Le concept de psychomotricité
Le concept même de psychomotricité rend compte de la liaison constante entre corps et psychisme ; ces deux entités ont souvent été pensées séparement.
De longues années de débats philosophiques n'ont pas réussi à résoudre la dichotomie corps-esprit. Le corps ne serait-il que "matière"? et l'"esprit" ne nous offrirait-il qu'un supplément d'âme?
Nous savons aujourd'hui, qu'il n'y a pas de "substance fixe", mais une activité qui s'accroît. Celle-ci provient de l'expérience. Le trait d'union entre psycho-motricité n'a plus raison d'être lorsque l'on conçoit que ce sont les nombreuses activités que l'être humain a la possibilité de réaliser, tout au long de sa vie, qui vont permettre le développement de l'expérience. Ainsi, équipement, équipement de base et fonctionnement sont trois notions indispensables pour comprendre la dimension psychomotrice de l'être humain.
L'équipement (biologique, génétique, etc.) est donc une donnée de base qu'il convient de nommer structures. Toutefois, et dans tous les cas, dès la naissance au moins, ce sont les relations avec l'entourage qui vont fonder l'équipement de base. L'équipement de base c'est l'équipement qui se développe dans les relations mutuelles, en particulier la relation réciproque mère-enfant. Le bébé rencontre l'autre/les autres avec lesquels il va développer des échanges, un accordage affectif et des liens. Le milieu pour l'être humain, c'est le groupe social, le langage et la culture. Le terme de psychomotricité évoque donc cette interdépendance constante entre le sujet et le monde.
L'organisation psychomotrice est constituée de quatre paramètres fonctionnant en synergie dont l'un peut être source de perturbation ou peut servir de point d'appel pour le soin :
- l'activité neuro-motrice dépendant des lois du développement et de la maturation (tonus, équilibres coordination-dissociation, équipement sensoriel et moteur, genèse de la latéralité) ;
- la dimension tonico-émotionnelle, sensori-motrice et affective qui, dès les premiers échanges de la vie relationnelle, va influencer la qualité de la posture, la gestualité intentionnelle et permettre la construction du schéma corporel ;
- la dimension cognitive qui conduit le sujet à intégrer et à maîtriser les rapports qu'il entretient avec l'espace, le temps et sa corporéité ;
- la dimension de l'identité qui se construit dans l'interaction du sujet avec son environnement familial et social.
Les troubles psychomoteurs se manifestent par un déséquilibre des fonctions psychomotrices qui retentit sur le comportement, les conduites et les compétences.
La discipline professionnelle
Au sujet des formations
L'intérêt pour la psychomotricité et la reconnaissance de son efficacité ont conduit le gouvernement français à créer un diplôme d'État de psychomotricien en 1974. Plusieurs formations reconnues existent en France et conduisent au diplôme d'État (2 à Paris, 1 à Lille, 1 à Toulouse, 1 à Bordeaux, 1 à Lyon et 1 à Marseille).
En Suisse, à Genève, une formation a été créée par J. de Ajuriaguerra lui-même en collaboration avec Mme S. Naville qui a ensuite été la directrice de l'école à Zurich. Une troisième école existait à Bâle mais elle s'est fermée. Actuellement la formation à Genève qui fait partie de la HES-SO est de niveau bachelor.
Ailleurs, au Danemark, la psychomotricité s'est développée dès les années 1930, à partir de techniques de conscience corporelle, comme l'Eutonie, dont l'une des pionnières était Gerda Alexander. Depuis 2002 la formation en psychomotricité est une formation publique au niveau Bachelor (3 1/2 ans) et elle est proposée par deux écoles supérieures.
Les pratiques psychomotrices et leurs champs d'application.
La profession existe aujourd'hui dans de nombreux autres pays européens, comme par exemple en Allemagne, en Autriche, en Espagne, au Portugal. Les pratiques psychomotrices en France font partie de la médecine curative.
En Suisse les praticiens exercent principalement dans les domaines pédago-thérapeutiques et médico-thérapeutiques.
Buts des interventions
La thérapeutique psychomotrice a pour objet de prévenir ou de traiter les troubles psychomoteurs ou les handicaps, conçus comme une altération du développement psycho-moteur et de l'organisation psychomotrice d'une personne, d'un patient à tous les âges de la vie.
Le psychomotricien intervient dans le dépistage, la prévention et le traitement des troubles psychomoteurs. Certaines de ses interventions peuvent également être à visée éducative, en particulier dans le cadre de la petite enfance.
Les interventions ont pour but de favoriser l'intégration sociale, mais aussi les apprentissages scolaires quand il s'agit d'enfants, de permettre une meilleure intégration sensori et psychomotrice, afin de favoriser l'activité du sujet, sa participation sociale, mais aussi le développement de sa personnalité tout entière.
L'être humain est en interaction permanente avec son environnement concret, familial et culturel. L'affectivité et l'intelligence, les possibilités d'agir sur le monde extérieur dépendent donc des conditions du milieu et de la qualité des relations qu'il entretient avec autrui. De ce fait la spécificité de l'approche psychomotrice réside autant dans l'écoute et l'attention particulières portées aux manifestations psycho-corporelles et à leurs significations qu'à l'attention portée aux possibilités effectives du sujet à être en relation, situé dans l'espace et le temps, orienté et capable d'anticipation.
La construction de l'organisation ou de la prévention des troubles, ainsi que la réduction des facteurs d'altération de la vie psychique et relationnelle par la mise en oeuvre de l'expérience corporelle sont visées par les multiples outils de médiation utilisés par les professionnels, comme par exemple, le jeu, la relaxation, etc.
Au sujet des troubles psychomoteurs
Dans la CIM 10 et dans le DSM-IV-TR plusieurs entités diagnostiques sont des troubles psychomoteurs authentiques tels que le Trouble Déficit de l'Attention/Hyperactivité, le Trouble de l'Acquisition de la Coordination, les tics (Corraze, 1999).
La CFTMEA R- 2000, met en évidence la catégorie des troubles psychomoteurs, chez l'enfant. Par ailleurs, de nombreuses déficiences, retards mentaux entraînent des retards de développement qui se manifestent par un décalage par rapport à une norme habituellement reconnue dans l'évaluation des compétences psychomotrices, à chaque âge de la vie en rapport à une culture donnée.
Voir aussi la définition des fonctions psychomotrices dans la Classification internationale du fonctionnement (CIF, OMS).
La détérioration et l'involution consistent en une diminution des facultés, des possibilités et des performances d'un patient par rapport à ce qu'elles étaient antérieurement.
Bibliographie
- Ajuriaguerra, J. de & Bonvalot-Soubiran, G. (1959). Indications et techniques de rééducation psychomotrice en psychiatrie infantile. Psychiatrie de l’Enfant, 2, 423-494.
- Albaret, J.-M. (2001). Les troubles psychomoteurs chez l'enfant. Encyclopédie Médico-Chirurgicale, Pédiatrie, 4-101-H-30, Psychiatrie, 37-201-F-10, Paris : Elsevier.
- Corraze, J. (1973). Schéma corporel et image du corps. Toulouse : Privat.
- Corraze, J. (1999). Les troubles psychomoteurs. Marseille : Solal.
- Corraze, J. (2009). La psychomotricité : un itinéraire. Marseille : Solal.
- Corraze, J. & Albaret, J.-M. (1996). L'enfant agité et distrait. Paris : Expansion Scientifique Française.
- Gérard, C.-L. & Brun, V. (Eds.) (2005). Les dyspraxies de l’enfant. Paris : Masson.
- Geuze, R.H. (2005) (Ed.). Le Trouble de l’Acquisition de la Coordination. Evaluation et rééducation de la maladresse chez l’enfant. Marseille : Solal.
- Griesinger, W. (1844). "Neue Beiträge zur Physiologie und Pathologie des Gehirns" (psychisch-motorische Seite). Arch. F. Physiolog, 46-79.
- Lehmans, J.-M., & Cornu, J.-Y. (1999). Histoire et évolution du concept psychomoteur. Evolutions Psychomotrices, 11(46), 195-201.
Voir aussi
Article connexe
- Portail de la médecine
- Portail de la psychologie
Catégorie : Psychopathologie
Wikimedia Foundation. 2010.